Examen corrige de commerce equitable session juin 2005

Examen corrige de commerce equitable session juin 2005
Question I - Documents 1A et 1B : 6 points
- (3 points : 0, 25 par pays bien placé )
Continent américain Continent africain Continent asiatique
Brésil Cuba Bolivie Mexique Nicaragua Ghana Ethiopie
Afrique du Sud Thaïlande Philippines Skri Lanka Palestine
- Non, cet article n'est pas respecté puisque les petits producteurs ou artisans des pays pauvres ne peuvent pas vivre du fruit de leur travail. (2 points)
Justification (1 point) :
- « Avec un dollar de revenu journalier, voire moins, on ne peut pas vivre et faire vivre sa famille dignement. »
Question II - Document 2 5 points
- Description des deux dessins (3 points)
- dessin 1 : petits producteurs de pays pauvres vendant à un prix très faible une grosse quantité de café
(cf. Vêtements des personnages, aspect des personnages, taille du sac ...)
dessin 2 : on retrouve l'acheteur représenté sur le premier dessin vendant à une cliente une très petite quantité de café pour la même somme.
- L'auteur dénonce les profits réalisés par les pays riches au détriment des petits producteurs des pays
pauvres, l'inégalité des termes du marché ( 2 points)
Question III - Documents 1A et 2 3 points
- Les principaux facteurs qui expliquent les difficultés que connaissent les petits producteurs agricoles ou les artisans des pays pauvres sont :
- les prix très faibles des matières premières agricoles non transformées qu'ils vendent ; (1,5 points)
- la mondialisation qui accroît les inégalité mondiales. (1,5 points)
Question IV - Document 3 5 points
- Le nom de Max Havelaar est apparu pour la première fois en 1860 (1 point).
li s'agissait du titre d'un roman et, plus particulièrement, du nom du héros qui luttait contre l'oppression des paysans indonésiens par les hollandais, « une sorte de Robin des Bois ». (1 point) On attend une seule des deux réponses.
- Aujourd'hui ce nom désigne une marque, un label-marque du commerce équitable. (1 point)
- Les expressions suivantes désignent :
« de l'autre côté de l'Atlantique » : l'Amérique (1 point)
- de ce côté-ci » : l'Europe (1 point)
Question V - Documents 1A et 3 7 points
Les deux textes évoquent une même solution pour venir en aide aux petits producteurs des pays pauvres.
- L'expression qui désigne cette solution est « le commerce équitable ». (2 points)
- Les candidats doivent avoir placé :
1860 : naissance du héros Max Havelaar ou parution du roman du même nom ;
- 1950 : projet d'Oxfam de vendre de l'artisanant chinois dans ses magasins ;
- 1864: Oxfam crée la première organisation de commerce équitable ; 1967: création de la première organisation importatrice ; 1969 : premier magasin de commerce équitable ;
- 1988 : naissance du label- marque Max Havelaar. Barème (5 points)
- échelle correcte (2 points)
- 6 dates retrouvées : 0,25 par date (1,5 points)
- 6 dates correctement placées sur l'axe : 0,25 par date (1,5 points)
Question VI - Document 4 3 points
- Les principales différences dans la définition du prix d'un paquet de café selon le système traditionnel et le système Max Havelaar sont : prix du paquet de café plus cher, en moyenne dans le système Max Havelaar
- pas de fais d'intermédiaire le système Max Havelaar;
- prix versé aux petits producteurs est plus élevé le système Max Havelaar; droit de label et frais de gestion de coopérative inexistants dans le système traditionnel. (2 points) On attend deux différences : 1 point par différences relevées.
- Le système Max Havelaar bénéficie donc aux petits producteurs. (1 point)
Question VII - Document 5 3 points
- Les principales améliorations que le commerce équitable procure aux petits producteurs sont : sociales : amélioration des maisons et instruction des enfants, plus d'hygiène, de soins médicaux ; économiques améliorations des productions grâce aux conseils techniques pour mieux produire, plants plus résistants ;
- écologiques : agriculture durable, respectueuse de l'environnement. On attend trois éléments de réponse. ( 3 points)
Question VIII 28 points
Devoir organisé, structuré (présence de paragraphes, de liens logiques entre les paragraphes, conclusion ...)
3 points
Respect du sujet : solutions pour rendre de commerce plus performant et présence d'une réponse personnelle justifiée (achat d'un produit du commerce équitable et pourquoi) : 2 points
Solutions et arguments clairement énoncés : 14 points
Grammaire et syntaxe » : 6 points
Richesse du vocabulaire : 3 points
… …
Exercice 1 - Synthèse de documents 13 points
Document n° 1
Quel contrôle pour le commerce équitable ?
Si tout se passe bien, le commerce équitable, qui protège les producteurs du Sud de l’exploitation, a de beaux jours devant lui... Les optimistes soulignent qu’il ne représente encore qu’une part infinitésimale des échanges internationaux mais que le concept est « porteur ». Toutefois, ce système répond à des critères précis et exigeants, difficilement compatibles avec le développement à grande échelle auquel il est appelé.
Les consommateurs occidentaux sont tout prêts à aider directement les producteurs du Sud en achetant «équitable», c’est-à-dire en consommant des produits alimentaires ou artisanaux pour lesquels ils ont la garantie qu’une juste rémunération a été versée au producteur. Ce prix doit prendre en compte ses besoins et ceux de sa famille, en termes de formation, de santé, de protection sociale, etc. Les importateurs s’engagent aussi à verser un acompte et à privilégier des relations commerciales durables avec les producteurs. [...]
Acheter « équitable » est un acte de solidarité avec des familles de l’autre bout du monde qui vivent dans le plus grand dénuement. La prise de conscience du fait que l’écart entre pays riches et pays pauvres ne fait que s’accentuer est un facteur déterminant. Le commerce international laissé à la seule main du marché libéral ne permet pas en effet aux paysans ou aux artisans du Sud de vivre dignement de leur travail : pour accroître leur compétitivité, les multinationales qui contrôlent, par exemple, les marchés mondiaux du café et de la banane, tirent sans cesse les prix d’achat vers le bas. Ce à quoi s’ajoute l’effet hautement déstabilisateur de la spéculation sur les matières premières. Pour y remédier, à leur échelle, des militants ont commencé à organiser leurs propres filières d’importation dès la fin des années 1960. [...]
Parmi les acteurs du commerce équitable, il faut distinguer les organismes « labellisateurs », qui certifient des filières d’importation par produit, et les importateurs - grossistes, détaillants ou réseaux de boutiques, comme Artisans du monde -, qui ont leurs propres contacts avec les producteurs et s’autocontrôlent, faute de mieux. Des réseaux nationaux, puis internationaux, se sont créés pour fournir des informations à leurs membres, préparer des campagnes de sensibilisation, voire faire du lobbying. [...]
En France, le développement du commerce équitable passe par l’éducation du grand public, encore peu mobilisé parce que peu informé. [...] Chaque printemps, la Quinzaine du commerce équitable est l’occasion de lancer de grandes campagnes de sensibilisation. Le reste de l’année, la rencontre avec les consommateurs, que l’on tente de convertir en consom’acteurs, se fait dans des salons, sur les marchés ou dans les centres commerciaux. Mais, déjà, le commerce équitable commence à être récupéré par des entrepreneurs au nez creux et peu soucieux de respecter les critères fondamentaux, trop contraignants. D’où la nécessité d’édicter des règles, d’autant que la grande distribution, peu réputée pour sa philanthropie, s’y met aussi. La plate-forme française du commerce équitable (PFCE), réseau des treize principales associations et entreprises françaises, a élaboré sa propre charte. Elle travaille actuellement à une grille d’évaluation pour auditer la trentaine de structures qui frappent à sa porte. Dante Sanjurjo. LE MONDE DIPLOMATIQUE | OCTOBRE 2001
Document n° 2
Commerce équitable : un enjeu de société.
Plusieurs organisations veulent ouvrir un débat public sur le commerce équitable. Elles refusent notamment de réduire ce type d’échanges à une aide au tiers monde.
Le manifeste que nous publions est proposé par l’association Minga « pour un développement économique du commerce équitable» et s’intitule : « Le commerce équitable n’est pas une marchandise : ouvrons le débat public ! ». Plus d’une centaine d’organisations, d’élus et d’universitaires l’ont déjà signé, à la suite d’une réflexion dressant un état des lieux du commerce équitable menée depuis plusieurs mois au sein de Minga. [...]
« On sent la nécessité d’un débat très large, public sur la question du commerce équitable, à un moment où il risque d’être enfermé dans des discussions entre experts. Ce débat doit être démocratique », souligne Michel Besson, l’un des membres de Minga. Pour lui, deux visions du commerce équitable dominent en France : « Une vision Nord-Sud, qui a tendance à réduire le commerce équitable à une nouvelle forme d’aide au tiers monde et aux producteurs. Et une autre, beaucoup plus globale, qui affirme son équité tout au long de la filière, pour tous les acteurs économiques au Nord comme au Sud, sans trahir le critère qui consiste à donner la priorité aux producteurs en situation de précarité. ». En Europe aussi, comme aux États-Unis, « il existe des producteurs en situation de précarité ou en train de disparaître pour des raisons de néolibéralisme et de rentabilité », ajoute Michel Besson, qui déplore que « les organisations existantes comme la plate-forme du commerce équitable ne lancent pas de débat sur ce sujet, même interne. » L’association Minga compte diffuser ce manifeste au niveau européen et a déjà organisé des réunions avec des coopératives italiennes, des structures espagnoles, allemandes, belges et suisses. [...]
Le manifeste de l’association Minga
Engagés à différents titres pour plus d’équité dans les échanges commerciaux, nous contestons la prétention à incarner le « commerce équitable » de quelques acteurs qui, pour tenter d’augmenter leur volume de vente, traitent avec des multinationales de la transformation, de la distribution et de la restauration rapide en les exonérant à bon compte de leurs responsabilités à l’égard de l’ensemble de leurs fournisseurs, salariés et clients.
Que ces acteurs, telle la marque Max Havelaar, croient ou feignent de croire qu’ils disposent du rapport de force nécessaire pour infléchir les pratiques de ces multinationales, c’est leur droit. Qu’ils veuillent préserver un petit secteur d’activité pour continuer d’écouler quelques produits qualifiés « d’équitables », on peut le comprendre. Qu’ils focalisent leurs arguments sur les stéréotypes de « petits producteurs défavorisés du Sud » au mépris de la qualité de leurs produits, de leur travail et de leurs luttes, d’un côté, et de « consommateurs du Nord », de l’autre, qu’ils réduisent ainsi la question de l’équité dans les échanges économiques à une problématique de « marketing éthique », c’est très dommageable. Mais qu’ils prétendent être les seuls acteurs légitimes pour définir et normaliser le commerce équitable, c’est nier les autres pratiques et refuser le débat avec tous les acteurs de la société civile, ce qui est inadmissible.
Nous nous interrogeons sur le soutien moral et financier des pouvoirs publics à une campagne de sensibilisation dont le message (« Achetez du café qui vous permette de dormir tranquille », encart publicitaire de la marque Max Havelaar France) suinte la vieille culture coloniale qui marque encore aujourd’hui nos imaginaires collectifs et notre rapport au monde : le rôle de l’État est-il de financer des opérations de «communication éthique» d’enseignes multinationales ?
Soit le commerce équitable est réduit délibérément à une des formes de la politique sociale du libéralisme, faisant prévaloir les oeuvres caritatives sur les droits sociaux, soit il est au contraire un véritable enjeu de
société. On reconnaît alors qu’il recouvre des analyses, des acteurs, des histoires et des pratiques multiples aux finalités complémentaires ou différentes, voire antagonistes. Un débat public et démocratique est donc
nécessaire ! [...]
Thierry Brun, Politis, août 2003