Etude critique d’un document d’histoire, e.g. la seconde guerre mondiale

Contenu :

Introduction

1. Les différentes phases à respecter dans une étude critique

1.1. La présentation

1.2. L’analyse

1.3. La critique et les limites du document

2. Les points auxquels il faut faire attention lors d’une étude critique

2.1. La paraphrase

2.2. L’anachronisme

2.3. La mobilisation de beaucoup de connaissances non nécessaires.

Conclusion

Introduction


L’étude critique d’un document d’histoire est un moyen permettant de relever les messages directs et latents véhiculés par l’auteur et de mettre l’accent sur les intérêts qui gisent derrière son texte.

Elle permet aussi dans le cas d’une mémoire de connaître la perception d’une ou d’un groupe de personnes vis-à-vis d’un événement, d’une loi, d’une décision politique ou autre liés à une époque précise.

Dans le cadre d’une analyse d’une mémoire de la seconde guerre mondiale par exemple, il est possible de mettre en avant la perception de la communauté juive envers les crimes et les actes de génocide des nazis de l’époque ou bien la perception des communistes en matière de leur implication et leur rôle dans l’acte de résistance notamment en 1941 … .

En plus, l’étude critique permet de confronter l’idée et l’opinion mise en avant par l’auteur avec une autre qui la contredise et l’oppose et de permettre également une relance de la réflexion et une ouverture sur d’autres perspectives.

1. Les différentes phases à respecter dans une étude critique


L’étude critique passe par plusieurs étapes primordiales qui permettent la présentation et le traitement  des idées implicites et explicites mises en valeur dans le document et leur confrontation avec d’autres non signalées dans le texte. Ces étapes s’organisent comme suit :

1.1. La présentation


Dans cette étape qui se situe généralement au niveau de l’introduction, il faut tout d’abord déterminer la nature du document en question et préciser de quoi il s’agit exactement. Pour ce faire, il faut prendre en considération le titre et le nom de l’auteur et aussi la date d’écriture (qu’il faut distinguer de la date de l’édition) afin de savoir dans le cas par exemple d’une mémoire de la seconde guerre mondiale s’il s’agit d’un journal intime d’un soldat, d’un témoignage, d’un ordre militaire … . Pour la date de l’écriture du texte, elle peut être utile notamment lors de la détermination du contexte (qui peut être lié à une des périodes phares de l’histoire tel que le temps du résistancialisme, d’amnistie, du négationnisme, etc..). Par la suite et avant d’annoncer le plan d’analyse, il est nécessaire d’extraire l’idée principale du document (qui peut être liée dans le cas échéant soit à l’amnésie de l’opinion française, le réveil de la mémoire juive, la parution de la mémoire communiste  ou autres) et de la reformuler sous forme de problématique.

1.2. L’analyse


Dans cette phase qui se situe au niveau  du développement, il faut faire appel aux connaissances déjà acquises sur le sujet en question afin de pouvoir décoder le document et d’expliquer les différentes notions auxquelles il fait référence. Il est possible dans cette étape de recourir à des citations qui existent sur le texte et de les utiliser au niveau de l’analyse, mais il ne faut surtout pas donner d’opinion ou de prendre parti, il est nécessaire de rester neutre et de se contenter uniquement de l’explication et de l’analyse.

Il faut noter aussi que cette étape doit être divisée sous forme de partie et de sous-partie munies chacune d’une petite introduction au début et une transition à la fin pour garder une sorte de cohérence  et d’harmonie entre les différents passages et pour faire preuve également de la capacité à cerner et à maîtriser le sujet.

1.3. La critique et les limites du document


Au niveau de la conclusion, il est préférable de parler du but et de l’intérêt recherché par l’auteur en écrivant ce document ( il peut être dans le cas échéant d’attirer l’attention sur l’atrocité du système nazi envers les juifs, culpabiliser le régime de vichy et évoquer sa collaboration avec les allemands, mettre l’accent sur l’implication des communistes dans l’acte de résistance etc.…)  de mentionner en matière de limites ce qui n’est pas dit et ce qui peut être rajouté et de confronter le point de vue de l’auteur avec un autre opposé.

Donc il ne s’agit pas d’une simple récapitulation de ce qui a été dit dans les phases précédentes mais il s’agit plutôt d’un passage critique qui essaye de faire ressortir les messages sous-jacents qui gisent derrière les mots et les expressions de l’auteur et de les confronter avec des affirmations contraires.

Il est même possible dans certains cas de recourir à la fin de la conclusion à une question d’ouverture qui a pour but de relancer la réflexion et d’évoquer d’autres perspectives.

2. Les points auxquels il faut faire attention lors d’une étude critique


Pour bien mener une étude critique, il y a certains points liés  à l’ensemble des phases déjà cités et qu’il faut éviter à savoir :

2.1. La paraphrase


Il faut prendre garde de recourir à la paraphrase, c'est-à-dire se contenter lors de l’étude de répéter juste ce qui est déjà dit dans le document sous une autre forme et par d’autres mots. Ce qui est censé être fait, c’est un travail structuré de présentation et d’analyse basé sur le document en question, donc il est tout à fait possible d’en tirer une ou plusieurs citations si nécessaire et de les réutiliser encore une fois mais pas l’ensemble du texte. Il faut en fait faire appel aux connaissances déjà acquises sur le sujet et de s’en servir lors de l’étude, de cette façon, il y aurait suffisamment d’informations à avancer donc,  le recours à la paraphrase va être limité et il ne serait pas nécessaire d’extraire des idées et des passages du texte pour combler l’étude.

2.2. L’anachronisme


Il est nécessaire aussi de bien contextualiser le document et de bien le situer dans le temps afin d’éviter l’anachronisme, c'est-à-dire attribuer à une époque ce qui appartient à une autre. Pour cela, il faut bien faire attention à la date d’écriture du texte en question et de repérer les événements phares de cette époque  pour ne pas se perdre. Par exemple, dans le cas d’une mémoire de la seconde guerre mondiale, il faut déterminer la période dont il s’agit et de situer le document soit dans l’époque  de restauration de la légalité républicaine et de l’amnésie collective soit dans la période de résistance et d’amnistie, ou bien au niveau de la période des procès, ou autres. De cette façon  la compréhension du document et des intérêts de son auteur va être beaucoup plus facile et par conséquent l’analyse va s’avérer plus simple.

2.3. La mobilisation de beaucoup de connaissances non nécessaires.


Certes, il est important de faire appel aux connaissances et aux informations déjà acquises pour pouvoir analyser le document, mais il ne faut utiliser que celles qui sont pertinentes et en étroite relation avec le sujet traité. Si jamais trop d’informations sont mobilisées lors de l’étude, il est probable de se perdre et de s’éloigner lors de l’analyse de ce qui est traité par le document et par conséquent être hors sujet.

Dans le cas d’une mémoire de la seconde guerre mondiale par exemple, il ne faut pas recourir aux connaissances en matière de naissance du négationnisme pour traiter un document lié au mouvement d’épuration et de la tonte des femmes en 1944 ou bien évoquer des informations liées à la loi Gayssot pour analyser un texte parlant de la restauration de la légalité républicaine. Donc le choix et la sélectivité en matière de connaissance sont très importants et conditionnent la qualité de l’étude réalisée.

Conclusion


Pour réussir l’étude critique d’un document d’histoire, il faut procéder étape par étape en commençant par la présentation, passant par l’analyse et enfin arrivant à la conclusion tout en respectant les spécificités de chacune de ces phases.

Il faut également, comme il a été signalé plus haut, de prendre garde de certaines erreurs fatales qui peuvent ruiner l’analyse telles que : la restitution des idées de l’auteur sans analyse, l’anachronisme et l’utilisation de connaissances non conformes avec le sujet traité.

Il faut aussi éviter de présenter l’opinion et le point de vue personnel lors de l’analyse et de rester par contre neutre et se contenter d’une explication objective des faits.

Article publié le 26 Avril 2021par Salaheddine Hmadna