Cours comptabilite financiere avancee
Cours comptabilité financière avancée
Section 1 : Objectifs et modèles de la réglementation comptable
Pour garantir la compréhension de l'information financière et sa pertinence pour tous ses utilisateurs(Etat, bailleurs de fonds, banques, actionnaires…), les documents comptables et les supports des informations fournies par l'entreprise doivent être établis en respectant certaines règles de base et méthodes de travail régissant la forme et le contenu de ces documents et supports.
En effet, à défaut de normes ou de règles régissant l'établissement et la présentation des documents comptables, chaque entreprise serait amenée à présenter ses documents de la manière qui lui parait la plus commode et la plus appropriée, d'où une infinité de méthodes ; l'accès à l'information, son exploitation et son interprétation deviendraient difficiles et parfois impossibles.
Cette situation a amené les pouvoirs et autorités responsables de la majorité des pays du monde à instituer des règles spécifiques et des normes appropriées régissant l’organisation de la comptabilité et les documents comptables des entités concernées.
Les pratiques étrangères en matière de normalisation sont fortement influencées par le régime juridico - économique (voire politique) en vigueur dans chaque pays. La diversité des régimes a donné naissance à deux principaux courants de pensées :
• L'école anglo-saxonne : la pratique anglo-saxonne consiste à confier la normalisation comptable à des organismes (publics ou privés) tout en évitant le recours à une codification stricte par des textes réglementaires (lois, décrets etc…).
Ainsi, les règles applicables ne résultent pas de textes réglementaires ou de codes, mais expriment plutôt la pensée d'organismes investis de la responsabilité de formuler des normes, c'est à dire de préciser et de définir les méthodes et techniques de présentation et de préparation de l'information financière.
• L'école "franco-allemande" : la pratique de cette école est régie par un ensemble de dispositions fixant les règles de préparation et de présentation de l'information financière ainsi que le cadre comptable à utiliser et les modalités de fonctionnement des comptes.
Les organismes et organisations professionnelles, dans ces pays, émettent des avis, recommandations et normes destinés à clarifier ou vulgariser des règles et méthodes ou de nouvelles techniques de comptabilisation, de présentation ou de contrôle.
Dans les pays où il existe une réglementation comptable, le travail et les méthodes comptables sont codifiés par des règles précises (loi comptable - plan comptable etc…). Parmi ces pays, nous citons la France, l'Allemagne, le Maroc etc…
Dans les pays anglo-saxons, on parle beaucoup plus de normalisation que de réglementation puisque les méthodes applicables et les pratiques en vigueur résultent de normes émises par des organismes professionnels et non de textes réglementaires.
En Tunisie le système mis en place se rapproche davantage des pratiques anglo-saxonnes et internationales.
La pratique internationale de l’IASB (ex IASC) présente de nombreuses similitudes avec le système Anglo-saxon.
Section 2 : La normalisation internationale : L’IASB (ex IASC)
Au niveau international, la normalisation comptable est confiée à l’International Accounting Standard Board : IASB (ex International Accounting Standard Committee).
Parallèlement, d’autres organisations gouvernementales ou professionnelles émettent des avis et recommandations destinés à clarifier des questions techniques de comptabilisation ou de contrôle et à harmoniser les méthodes de traitement, de présentation et de contrôle de l’information comptable à l’échelle mondiale.
L’International Accounting Standard Board, (IASB) :
« Comité des normes comptables internationales » est un organisme crée le 29 Juin 1973, sous l’appellation (IASC), à la suite de la signature à Londres d’un accord constitutif entre les représentants des organisations comptables de 9 pays industrialisés .
L’IASB qui a repris la succession de l’International Accounting Standard Committee (IASC) à la suite de la réforme de celui -ci en 2001, a pour mission l’élaboration et la publication des normes comptables internationales, dans l’intérêt du public, qui devraient être respectées en présentant les comptes annuels, ainsi que l’acceptation et l’application de ces normes à l’échelle mondiale.
Les normes de l’IASB constituent la pierre angulaire de la normalisation internationale des informations comptables et financières et permettent de réduire au maximum les discordances entre les pratiques comptables des différents pays.
La structure de l'IASB se présente comme suit : (source : www.iasb.org – septembre 2007 )
…
Suite à la réforme de 2001, l'IASB s'est vu doté d'un organe de direction : L'International Accounting Standards Committee Foundation (IASCF) qui est également chargé d'assurer son financement.
L'IASCF comprend 22 membres "Trutees" qui ont pour fonction d'assurer la direction de l'IASBainsi que des entités qui lui sont rattachées. Les "trutees" sont nommés pour une durée de trois années renouvelable une seule fois, le président est élu en leur sein, pour un mandat de trois ans, renouvelable une fois. Les "Trutees" sont rémunérés par l'IASCF et se réunissent au moins deux fois par an. Le seul membre africain de l'IASCF est un Sud africain (Mr Roy Anderson).
Outre le fait qu'ils désignent les membres de l'IASB, de l'IFRIC et du SAC, les "Trutees" sont chargés de :
- Revoir chaque année la stratégie de l'IASB et d'évaluer son efficacité
- Approuver le budget de l'IASB et assurer son financement
- Etudier les questions stratégiques générales qui concernent les normes comptables internationales
- Promouvoir l'IASB et son travail sans toutefois s'immiscer dans ses travaux techniques
- Définir l'organisation et les procédures de fonctionnement de l'IASB, de l'IFRIC et du SAC
- Approuver les amendements à la constitution, à l'issue d'un processus de revue auquel est associé le SAC.
L'IFRIC : L'International Financial Reporting Interpretations Committee est l'organe chargéd'élaborer les interprétations servant à préciser le traitement comptable applicable pour une opération / transaction donnée lorsque les normes développées ne sont pas suffisamment précises en la matière. (L'IFRIC s'est substitué au SIC : Standing Interpretations Committee, depuis la réforme de 2001).
Les normes de l’IASB (connues sous l’appellation International Financial Reporting Standards :IFRS (pour les normes publiées à partir du 1eravril 2001, celles publiées avant cette date conserventl'appellation IAS ) n’ont aucune force de loi ; cet organisme ne dispose d’aucun pouvoir de contraintepour faire adopter ses normes.
Toutefois, les accords conclus en 1995 et 2000 entre l’organisation internationale des commissions de valeurs mobilières (IOSCO) et l’IASB feraient des normes de cet organisme une référence pour les firmes internationales et amèneraient les pays ayant des modèles différents ou non compatibles avec ces normes, à revoir leur modèle de normalisation.
Il ressort de cet accord que « les entreprises détermination de l’IASB et l’IOSCO d’aboutir à des partout dans le monde et reconnaître les avantages comptabilité ».
doivent dorénavant avoir confiance dans la normes internationales qui soient acceptables de l’utilisation des normes internationales de
Par ailleurs, le règlement européen publié le 11 septembre 2002 (règlement CE n° 1606/2002) rend obligatoire l’application des IFRS dans les comptes consolidés des sociétés cotées pour les exercices ouverts à compter du 1er janvier 2005.
Aussi, l’étude « GAAP Convergence 2002 » publiée fin février 2003, fait ressortir que prés de 90% des pays étudiés sont en train d’évoluer vers les IFRS.
Enfin et en 2006, L'IASB et le FASB (organisme américain de normalisation comptable) ont réaffirmé leurs engagements visant à améliorer la cohérence, la comparabilité et l'efficacité des marchés mondiaux, en développant des normes comptables communes de haute qualité. Actuellement (octobre 2006) l'IASB prépare une norme internationale d'information financière pour les PME (l'exposé sondage préliminaire de cette norme est déjà lancé).
L'évolution des règles et du rôle de l'IASB peut être résumée à travers les dates clés qui avaient marqué la vie de cette institution qui se présentent comme suit :
DATES-CLES
1973 : Création de l’IASC à Londres, à l'initiative de Sir Henry BENSON, premier Président élude l'IASC.
1975 : Publication des deux premières normes intitulées IAS 1 « Publication des méthodescomptables » et IAS 2 « Valorisation et présentation des stocks selon la méthode du coût historique ».
1982 : À la suite de la création de l'IFAC, les activités de l'IASC et de l'IFAC sont réorganisées,le rôle de normalisateur comptable international étant dévolu officiellement à l'IASC.
1987 : L'IASC engage un processus d'amélioration de ses normes afin de réduire le nombred'alternatives proposées et ainsi d'assurer une meilleure comparabilité entre les entreprises utilisant les IAS.
1989 : L'IASC publie son cadre conceptuel pour la préparation et la présentation des étatsfinanciers. Il permit de donner l'esprit des nouvelles normes qui furent publiées après sa parution, et notamment, la définition et l'objectif des états financiers, ses composantes
…
1990 : La Commission Européenne occupe un siège d'observateur au sein du conseil de l'IASC.
1995 : L'Organisation Internationale des Commissions de Valeurs mobilières (OICV-IOSCO), enaccord avec l'IASC, s'engage, sous certaines conditions, à recommander aux régulateurs nationaux d’accepter des états financiers présentés selon les normes comptables internationales pour toutes les émissions et cotations effectuées sur les marchés financiers internationaux, sans nécessité de réconciliation avec les normes locales. La Commission européenne encourage la signature de cet accord.
2006 : L'IASB et le FASB réaffirment leur engagement visant à améliorer la cohérence, lacomparabilité et l'efficacité des marchés mondiaux, en développant des normes comptables communes de haute qualité. Par ailleurs, en début d'année, l'IASB a préparé un exposé-sondage préliminaire portant sur une norme internationale d'information financière pour les PME.
Le 24 juillet 2006, l'IASB informe qu'elle n'imposera pas de nouvelle norme ou d'amendement significatif à l'une d'elles d'ici le 1er janvier 2009.
2007 : Publication par l'IASB, le 15 février 2007, de son projet d'exposé-sondage de normeinternationale d'information financière (IFRS) pour les PME.
Publication par l'IASCF, le 22 février 2007, du manuel des procédures de l'IFRIC.
La normalisation comptable internationale est passée au cours de ces trente dernières années d'une phase d'harmonisation à une phase de convergence des principes comptables. Trois étapes peuvent être identifiées dans l'histoire des normes comptables internationales :
La période 1973 -1985. C'est la période de l'inventaire des pratiques comptables, mené essentiellement par les principaux pays industrialisés ;
La période 1985-2000. C'est le temps du rapprochement, du regroupement et de la comparaison (benchmarking), avec la révision des normes antérieures et la publication de nouvelles normes techniques. L'instance internationale profite de cette phase pour se restructurer sur le plan organisationnel entre 1997 et 1999 ;
La période récente (depuis avril 2001) avec la mise en fonction de la nouvelle organisation et la publication des nouvelles normes, les IFRS (International Financial Reporting Standards).
2ème LECON : REGELEMENTATION COMPTABLE
TUNISIENNE
L'histoire de la comptabilité en Tunisie est marquée par deux importants événements; L'année 1968 a connu la publication du premier plan comptable général tunisien, alors qu'en 1996, le nouveau système comptable tunisien a été préparé et mis en place.
Section 1 : La réforme comptable
La réforme du système comptable est une action de grande envergure qui a duré environ cinq ans. Entrepris à la fin de 1991, les travaux de la réforme ont été achevés pendant le second semestre de l'année 1996. Ces travaux ont été menés par le Conseil Supérieur de la Comptabilité (ayant changé d’appellation en 1996 pour devenir le Conseil National de la Comptabilité) sans préjudice du recours aux services de cabinets spécialisés pour la réalisation des enquêtes préparatoires à la confection des documents du système.
En effet, pour définir les choix et les orientations stratégiques sur lesquels reposera le système comptable tunisien, le conseil a effectué deux enquêtes sur les pratiques comptables et le positionnement du plan comptable en vigueur par rapport aux normes internationales et celles de certains pays cibles.
1.1- Enquête sur les pratiques comptables
Cette enquête, achevée en janvier 1993, a touché un échantillon de 556 personnes (experts comptables, chefs d'entreprises, comptables d’entreprises et comptables indépendants ainsi que divers autres utilisateurs des informations financières produites par l'entreprise).
Le terme « enquête » recouvre un ensemble de recensements et d’études :
- Recensement des sources réglementaires régissant la comptabilité.
- Recensement des méthodes et pratiques comptables utilisées par les professionnels.
- Etude des méthodes utilisées pour l'analyse et l'interprétation de l'information comptable.
- Proposition d'une série d'objectifs et de recommandations.
Les principales conclusions de cette enquête sont les suivantes :
- L'information comptable fournie par les entreprises ne permet pas de les positionner sans erreur dans leur secteur.
- L’organisation comptable de l’entreprise ne favorise pas la production d’une information financière pertinente et dans des délais raisonnables.
- La comptabilité ne s'est pas totalement libérée de la tutelle fiscale ; celle-ci demeure la principale entrave à la fiabilité de l'information comptable.
1.2- Enquête sur le positionnement du plan comptable en vigueur par rapport aux normes Internationales et celles d'autres pays cibles
Cette enquête a porté sur une étude comparative du plan comptable tunisien en vigueur (à la date de l'enquête) par rapport aux normes internationales de l'IASB, celles des Etats Unis d'Amérique, du Canada et par rapport au système français et au système marocain.
L'étude a permis de fixer les grandes orientations et les principaux choix stratégiques pour l'élaboration du nouveau système comptable et de ses composantes, compte tenu des attentes des divers acteurs économiques.
1.3- Confection des composantes du nouveau système
Après avoir effectué les deux enquêtes et fixé les orientations du nouveau système, le conseil a préparé les supports et documents composant ledit système.
Plusieurs groupes de travail ont été constitués associant différentes compétences dans tous les domaines : experts comptables, universitaires, responsables financiers et comptables, juristes, cadres des banques, de la Banque centrale de Tunisie, de la Bourse des Valeurs Mobilières, du Conseil du marché Financier etc…
Ces groupes de travail ont été chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'étude, l'examen et la validation des travaux préparatoires confiés à des consultants externes.
Plusieurs réunions plénières et séances de travail de groupes restreints, tenues sous l'égide du conseil supérieur de la comptabilité ont permis de mettre au point le nouveau système dans sa version définitive qui a été soumise aux pouvoirs publics pour approbation.
Section 2 : Le système comptable des entreprises
Le système comptable tunisien comprend trois composantes :
* La loi comptable.
* Le cadre conceptuel.
* Les normes comptables qui comportent à leur tour trois sous-composantes :
- La norme générale de présentation.
- Les normes techniques.
- Les normes sectorielles.
Ce système est agencé comme suit :
LA LOI COMPTABLE
NORMES COMPTABLES
Normes sectorielles de présentation des états financiers
Norme générale de présentation des états financiers
Normes sectorielles techniques
Normes techniques
Cadre Conceptuel
Les travaux de normalisation se poursuivent de manière continue sous l'égide du Conseil National de la Comptabilité. Ce conseil a été restructuré et réorganisé à travers les dispositions du décret n°1096 du 2 mai 2007.
Les travaux en cours du Conseil portent sur l'examen des modalités de convergence du système comptable avec les IFRS (adoption des IFRS) ainsi que sur la validation des projets de normes suivants en vue de leur approbation par arrêté du ministre des finances :
- Contrat de location ;
- Comptabilité simplifiée ;
- Comptabilité des structures sportives
- Comptabilité des sociétés de recouvrement des créances.
2.1 - La loi comptable
La loi n° 96-112 du 30 Décembre 1996 relative au système comptable des entreprises comporte cinq chapitres.
Le chapitre premier, intitulé « Dispositions générales », définit le champ d’application de la loi et les composantes du système et institue le Conseil national de la comptabilité tout en précisant ses prérogatives. Ce conseil, comme il a été ci avant précisé, a été organisé par les dispositions du décret n° 2007 – 1096 du 2 mai 2007 (relatif à la fixation de la composition et les règles d'organisation du Conseil National de la Comptabilité : JORT n° 38).
Le chapitre II, concerne le « Cadre conceptuel et les normes techniques ».
Le chapitre III, traite des livres comptables. Ses Articles 11 à 17, énumèrent et définissent les livres comptables obligatoires, leur forme et les conditions de leur tenue dans le cas d’une comptabilité informatisée.
Le chapitre IV, intitulé « Etats financiers » définit le contenu de ces états, leur périodicité et leurs délais d’établissement et institue l’obligation pour les groupes de sociétés d’établir des états financiers consolidés.
Le cinquième et dernier chapitre de la loi comporte des dispositions diverses fixant le délai de conservation des documents comptables ainsi que la date d’entrée en vigueur du nouveau système comptable.
2..2- Le cadre conceptuel
§1- Genèse & définition du cadre conceptuel
L’élaboration d’une structure théorique de la comptabilité financière a débuté en 1922 lorsque l’américain William Panton publia certaines hypothèses de la comptabilité financière.
Les travaux de William Panton et des nombreux auteurs qui l’on suivi (Sweeny & Henry en 1936 – Gilman & Stephen en 1953, Skinner en 1973, Ijiri et Yuji en 1975) ont beaucoup contribué à la formation d’un consensus général sur le cadre théorique, consensus indispensable à l’élaboration d’une théorie comptable.
A travers le monde, le développement d’un cadre général des fondements théoriques de la comptabilité a été réalisé pour la première fois aux Etats-Unis, qui ont précédé le Royaume Uni, le Canada et l’IASB.
Dans ces pays, l’idée d’un cadre conceptuel est née de la nécessité de définir et d’harmoniser les concepts sous-jacents à la préparation et à la présentation des états financiers.
Au niveau international, le cadre conceptuel appelé « cadre de préparation et de présentation des états financiers » a été adopté en 1989.
Le cadre conceptuel a été défini par le Financial Acounting Standard Board « FASB » (Organisme américain de normalisation comptable) comme étant un ensemble structuré d’objectifs et de principes fondamentaux inter-reliés.
Il constitue la structure de référence théorique qui sert de support et de guide à l’élaboration des normes comptables.
Il est formé d’un ensemble de fondements théoriques, d’objectifs, de concepts et d’éléments qui entretiennent entre eux, des liens de cohérence et de complémentarité.
Le cadre conceptuel vise à :
* Favoriser la production d’une information pouvant répondre aux besoins des agents économiques.
* Offrir une démarche intellectuelle logique et cohérente susceptible d’entraîner la conviction.
* Fournir une référence de base à laquelle il faut revenir toutes les fois que le besoin se fait sentir.
* Standardiser l’emploi des concepts en vue de faciliter le dialogue et promouvoir la politique et la culture comptable.
Le cadre conceptuel du système comptable tunisien est approuvé par le décret n°96-2459 du 30 Décembre 1996, il constitue la principale innovation du nouveau système comptable et présente trois principales caractéristiques.
§ 2 – Structure et composantes du cadre conceptuel
Le cadre conceptuel est structuré selon la hiérarchie suivante :
Niveau
PREMIER
DEUXIEME
TROISIEME
QUATRIEME
Eléments du cadre
Utilisateurs des états financiers, identification de leurs besoins et définition des objectifs des états financiers.
Concepts fondamentaux :
Caractéristiques qualitatives de l’information financière et hypothèses sous-jacentes et conventions de base régissant son traitement.
Terminologie et règles de prise en compte des éléments des Etats financiers.
Procédés de mesure.
Mécanismes de communication de l’information.
§3 – Les utilisateurs des états financiers et leurs besoins
Les utilisateurs des états financiers sont multiples et ont des exigences parfois conflictuelles ainsi, le cadre conceptuel de la comptabilité reconnaît dans ses paragraphes 6 à 15 que chaque catégorie d’utilisateur a des besoins spécifiques dont notamment :
Les investisseurs (actuels et potentiels) : sont concernés par la rentabilité et le risque inhérentà leurs investissements ainsi que par la capacité de l’entreprise à générer des flux de trésorerie positifs.
Le personnel de l’entreprise (les salariés et leurs représentants) : sont intéressés,essentiellement, par des informations sur la stabilité et la rentabilité de leur employeur ainsi que par toute information relative à la capacité de l’entreprise à leur procurer une rémunération et des perspectives d’évolution de leur carrière.
Les prêteurs: sont intéressés par la capacité de l’entreprise à honorer ses engagements àcourt et à long terme en principal et en intérêts.
Les fournisseurs et autres créditeurs : sont intéressés par la situation financière à court etmoyen terme de l’entreprise.
Les clients : sont intéressés, essentiellement, par la continuité d’exploitation de l’entreprisesurtout lorsqu’ils en dépendent
Les autorités : sont intéressées par la répartition des revenus et des ressources pour calculerles impôts et taxes, déterminer la participation de l’entreprise à la création de la richesse nationale et pour des besoins statistiques et politiques (politique fiscale, sociale et économique)
Il est important de signaler que le cadre conceptuel de la comptabilité a accordé, implicitement, des privilèges aux fournisseurs de capitaux (investisseurs et bailleurs de fonds) en attribuant une importance à leur besoin d’information et en les qualifiant d'utilisateurs privilégiés.
§4 – Les objectifs des états financiers
L’objectif des états financiers, d’après l’IASB, est « de fournir une information sur la situation financière, la performance et les variations de la situation financière d’une entreprise, qui soit utile à un large éventail d’utilisateur pour prendre des décisions économiques »
Les décisions économiques prises par les utilisateurs de l’information financière exigent que les états financiers permettent de :
Fournir des informations relatives à l’investissement, au crédit, etc;
Présenter des informations utiles pour estimer la probabilité de réalisation des flux futurs de trésorerie, leur importance et le moment de leur réalisation;
Renseigner sur la situation financière de l’entreprise et particulièrement sur les ressources économiques qu’elle détient, sur ses obligations et sur les évènements et circonstances pouvant les modifier;
Apprécier la performance financière; Evaluer la solvabilité et la liquidité;
Apprécier la manière avec laquelle l’entreprise est gérée et renseigner sur le degré de réalisation des objectifs;
Renseigner sur le degré de conformité aux lois, règlements et autres dispositions contractuelles;
Faciliter les prédictions et les prises de décisions.
L’information contenue dans les états financiers d’une entreprise doit permettre aussi de :
Déterminer les bases d’imposition;
Aider à la préparation des statistiques nationales;
Etc.
§5 – Les caractéristiques qualitatives des états financiers
Le cadre conceptuel, dans ses paragraphes 19 à 29, retient quatre principales caractéristiques qualitatives des états financiers:
L’intelligibilité : pour être intelligible, l’information financière tel que présentée ou divulguée par les états financiers doit être immédiatement compréhensible (explicite, claire et concise) par des utilisateurs suffisamment avertis (un minimum de connaissance des affaires et de la comptabilité, et
ont l’intention d’étudier l’information de façon diligente)
La pertinence : pour être pertinente, l’information doit être utile et favoriser la prise desdécisions adéquates par les utilisateurs des états financiers en les aidant à évaluer les évènements passés et présents, à prédire le futur ou en leur permettant de confirmer ou de corriger des évaluations antérieures.
La pertinence de l’information suppose les qualités suivantes :
Valeur prédictive :l’information financière doit servir comme base de prédiction de lacapacité bénéficiaire future, de la situation financière et la capacité de l’entreprise à faire face à ses engagements à leurs échéances. La capacité à prévoir à partir des états financiers dépend de la façon avec laquelle l’information sur les transactions et les évènements passés est présentée.
Valeur rétrospective ou de confirmation :l’information financière doit permettre deconfirmer les résultats des évènements ou des prédictions antérieures.
La fiabilité : l’information est fiable si elle n’est pas entachée d’erreur ni de biais important et qu’elle est digne de confiance.
La fiabilité exige trois (quatre selon le cadre conceptuel de l'IASB) qualités supplémentaires :
La représentation fidèle :l’information, par le biais de l’application du cadreconceptuel et des normes comptables, est censée donner une présentation fidèle des transactions ou évènements qu’elle vise à présenter ou qu’on s’attend raisonnablement à ce qu’elle représente
La neutralité :l’information doit être neutre c’est à dire dépourvue de subjectivité, sansparti pris et sans recours à des artifices qui peuvent influencer les prises de décisions et les orienter dans un sens prédéterminé.
La vérifiabilité :l’information est fiable dans la mesure où elle est appuyée sur despièces justificatives ayant une force probante.
L’exhaustivité :(Selon l'IASB uniquement puisque cette qualité n'est pas prévue par leCadre conceptuel tunisien) : « pour être fiable, l’information contenue dans les états financiers, doit être exhaustive autant que le permette le souci de l’importance relative et celui du coût. Une omission peut rendre l’information fausse ou trompeuse et, en conséquence non fiable et insuffisamment pertinente » (§ 38 du cadre conceptuel de l’IASB).
La comparabilité : l’information financière doit permettre aux utilisateurs de faire des comparaisons dans le temps et dans l’espace ce qui signifie l’utilisation des mêmes méthodes de comptabilisation et de présentation d’un exercice à un autre et la nécessité d’indiquer les chiffres de l’exercice précédent pour une entreprise (comparabilité dans le temps) et que les informations relatives au choix de méthodes comptables utilisées dans la préparation des états financiers doivent être communiquées afin que les utilisateurs puissent confronter les informations financières divulguées par d’autres entreprises (comparabilité dans l’espace)
NB : Le cadre conceptuel de l'IASB a présenté les principes de prééminence de la substance sur la forme et celui de la prudence comme caractéristiques qualitatives des états financiers sous jacentes àla fiabilité alors que le cadre conceptuel tunisien les a traité comme conventions comptables.
Les contraintes à respecter
Mise en forme : Puces etnuméros
Pour avoir une information financière de qualité, trois contraintes sont à prendre en considération quant aux caractéristiques qualitatives de l’information :
L’importance relative : l’information présentée dans les états financiers doit traduire tous leséléments ayant un impact significatif sur les décisions des utilisateurs.
Ainsi, une information est significative dès lors que son omission ou son inexactitude peut influencer les décisions économiques que les utilisateurs prennent sur la base des états financiers. Avantages supérieurs au coûts : « les avantages obtenus de l’information doivent êtresupérieurs aux coûts qu’il a fallu consentir pour la produire » (§44 du cadre conceptuel)
Equilibre entre les caractéristiques qualitatives : un arbitrage entre les caractéristiquesqualitatives est souvent nécessaire du fait que certaines de ces caractéristiques sont interdépendantes, complémentaires et d’autres sont antinomiques. La finalité est d’atteindre un équilibre approprié afin de favoriser l’utilité de l’information divulguée par les états financiers et satisfaire les objectifs des états financiers. Cet arbitrage est une affaire de jugement professionnel quant à l’importance à accorder à chaque caractéristique (surtout entre la fiabilité et la pertinence) et ce, en fonction du contexte et des besoins des utilisateurs en matière de prise de décisions économiques.
§6 – Les hypothèses sous-jacentes
Le cadre conceptuel a explicitement prévu deux hypothèses sous jacentes à savoir la continuité d’exploitation et la comptabilité d’engagement. Ces hypothèses constituent une base pour l’élaboration des normes comptables et la recherche de solutions appropriées aux problèmes comptables posés.
La continuité d’exploitation
Cette hypothèse suppose que l’entreprise poursuit ses activités dans un avenir prévisible et qu’elle n’a ni l’intention ni l’obligation de mettre fin à ses activités ou de réduire sensiblement leur étendue. S’il existe une telle intention ou nécessité, les états financiers doivent être établis sur d’autres bases.
Lors de l’établissement des états financiers, la direction doit évaluer la capacité de l’entreprise à poursuivre son exploitation en prenant en compte toutes les informations dont elle dispose pour un avenir prévisible.
La comptabilité d’engagement
Le § 36 du cadre conceptuel considère que les transactions et les événements doivent être comptabilisés au moment où ils se produisent et non pas au moment des encaissements ou paiements.
§ 7 – Les conventions comptables
Le cadre conceptuel définit les conventions comptables comme étant des règles concrètes qui guident la pratique comptable et qui sont développées par les pratiques en conformité avec les objectifs et les caractéristiques qualitatives des états financiers.
Le respect et l'application des conventions comptables constituent la règle de base. Toutefois, la dérogation demeure toujours permise sous réserve de satisfaire à certaines conditions prévues par les textes et les normes. En effet, l'entreprise ne peut rester "prisonnière" de règles et conventions relativement jugées alors qu'elle opère dans un environnement en perpétuelle mutation. Il n'est point exclu qu'elle se trouve, à un moment ou un autre, contrainte de déroger à une convention pour que les états financiers donnent une information pertinente.
Nous développons dans ce qui suit les conventions retenues par le cadre conceptuel. La définition donnée par le cadre à ces concepts sera reproduite (en encadré) ; elle sera suivie de commentaires ou d'exemples explicatifs.
§§1- Convention de l'entité
L'entreprise est considérée comme étant une entité comptable autonome et distincte de ses propriétaires. La comptabilité financière suppose une nette séparation entre le patrimoine de l'entreprise et celui de ses propriétaires ou actionnaires.
Ce sont les transactions de l'entreprise et non celles des propriétaires qui sont prises en compte dans les états financiers de l'entité.
Une entité comptable ne représente pas uniquement une entreprise jouissant d'un statut légal. Elle s'étend à tout ensemble exerçant une activité économique et qui contrôle et utilise des ressources économiques.
Deux idées forces se dégagent de cette convention :
- La distinction du patrimoine de l'entité de celui de son (ou ses) propriétaire(s), même s'il s'agit d'une personne physique et que, juridiquement, il n'y a aucune distinction.
Par conséquent les transactions réalisées par le (les) propriétaire (s) ne sont pas enregistrées en comptabilité sauf si elles concernent l'entreprise.
L'achat d'une voiture par l'exploitant d'une entreprise individuelle pour ses propres besoins et sur ses propres fonds n'est pas enregistré en comptabilité. Par contre, l'achat d'une voiture au nom et pour les besoins de l'entreprise est enregistré dans les comptes de celle - ci.
- La comptabilité financière fournit des informations pertinentes pour la prise de décision à tous les utilisateurs et quels que soient la nature, le statut juridique, le but et l'activité de l'unité à laquelle l'utilisateur s'intéresse, il peut s'agir d'entreprise ; de succursale, de groupes de société, bref de n'importe quelle entité.
Même si la comptabilité financière concerne, dans la quasi-totalité des cas, l'entreprise, il ne s'agit pas de l'unique entité économique qui puisse être concernée.
§§ 2- Convention de l'unité monétaire
La nécessité d'une unité de mesure unique pour enregistrer les transactions d'une entreprise entraîne le choix de la monnaie comme unité de mesure (le dinar) de l'information véhiculée par les états financiers.
Seules les transactions et événements susceptibles d'être quantifiés monétairement sont comptabilisés. D’autres informations non quantifiables monétairement et exprimées dans d'autres unités de mesure peuvent être publiées, principalement dans les notes aux états financiers.
Les sommes figurant sur les états financiers sont exprimées en unités monétaires ; toute unité physique (m2 de terrain, nombre d'article en stock, nombre de tonne de produits vendus) doit être traduite et libellée en unité monétaire (le dinar tunisien).
Si le fait ne peut pas être traduit en unité monétaire (effort d'innovation, action de protection de l'environnement) ou ne peut pas être mesuré de façon fiable, il ne doit pas être enregistré en comptabilité. Il peut toutefois être signalé dans les notes aux états financiers.
§§3- Convention de la périodicité
L'information financière doit montrer l'évolution des performances de l'entreprise pour servir de base à la prise des décisions économiques. Elle doit être, en conséquence, produite et fournie à des intervalles périodiques et réguliers, la période étant désignée sous le nom d’ "exercice comptable".
Pour des considérations pratiques, il est admis que l'exercice comptable couvre une période de douze mois. Généralement il coïncide avec l'année civile.. Dans certains cas, l'exercice comptable débute et se termine à la date dans l’année où l’activité atteint son niveau le plus bas.
Le découpage en périodes égales et successives est prévue par l'article 22 de la loi comptable qui fixe la durée à 12 mois correspondant à l'année civile : 1er Janvier - 31 Décembre (sauf exceptions autorisées pour certains secteurs d'activités).
Ce découpage permet :
- de satisfaire à l'impératif de comparabilité : partant du principe "il faut comparer le comparable", il convient d'apprécier les performances et les situations de périodes analogués.
- De disposer de périodes de référence pour certaines opérations qui doivent être effectuées à date
fixe ( tel que le payement des impôts ).
§§4- Convention du coût historique
Selon cette convention, le coût historique (ou valeur d'origine) sert de base pour la comptabilisation des postes d'actif et de passif de l'entreprise.
Les biens et services acquis par l'entité sont en règle générale comptabilisés à leur coût de transaction soit le montant effectivement payé ou dû. Quand des transactions sont effectuées sans paiement (dons ou échange standard, ...), leur coût est défini comme étant la somme d'argent qu'il aurait fallu dépenser si la transaction avait été conclue autrement. Par ailleurs, quand il s'agit d'un poste de passif, la valeur d'origine s'applique de la même façon que dans le cas d'un actif.
Le choix du coût historique se justifie par le fait que la valeur d'origine constitue une information vérifiable reposant sur une évidence et est, par conséquent, objective.
Cette convention consiste à retenir toujours le prix, le coût ou la valeur en monnaie courante de l'époque à laquelle de la première inscription au bilan est intervenue.
Les inconvénients de ce principe ont été dénoncés et continuent de l’être, en raison de l'instabilité monétaire permanente. Il lui est reproché de donner une image faussée des actifs et de la réalité des résultats.
Toutefois, ce principe présente l'avantage de s'appuyer sur des données difficilement contestables au moment où les opérations sont enregistrées par la comptabilité.
Son fondement est universellement connu et appliqué. Cette universalité présente des avantages, car elle crée un langage commun reconnu au plan international.
§§5- Convention de réalisation de revenu
Cette convention sert de base pour l'identification, la reconnaissance et la mesure de revenu en comptabilité.
Le revenu résulte de la création de biens et de services par une entreprise durant une période spécifique de temps.
Il ne peut être comptabilisé qu'au moment où il est réalisé.
La réalisation est soumise au test du fait générateur, en d'autres termes sa prise en compte n'est effectuée que dans l'un des cas suivants :
a- Une réalisation du revenu au moment de la vente
b- Une réalisation du revenu lors de l'exécution du contrat
c- Une réalisation du revenu à la fin du processus de fabrication, etc...
d- une réalisation du revenu lors du recouvrement des ventes
La mesure du revenu correspond au montant, exprimé en espèces, du prix reçu en échange du bien cédé, des actions émises, des services rendus ou des engagements contractés. Quand il s'agit de ventes non réglées en espèces, le revenu est égal à la juste valeur marchande de l'objet de la transaction qui peut être, soit la valeur des biens et services vendus ou des biens et services reçus en contrepartie, selon celles des deux valeurs qui est la plus facile à déterminer.
Un revenu n'est constaté en comptabilité que lorsqu'il est réalisé.
La réalisation ne signifie pas encaissement du revenu, en vertu de l'hypothèse sous - jacente ci - avant développée.
Plan sommaire du cours
PARTIE PRELIMINAIRE
REGLEMENTATION & OBLIGATIONS COMPTABLES
1ère leçon : Réglementation comptable internationale
2ème leçon : Réglementation comptable Tunisienne
3ème leçon : Les obligations comptables
PREMIERE PARTIE : LES TRAVAUX D’INVENTAIRE
1ère leçon : L’inventaire physique
2ème leçon : Autres travaux de régularisation
DEUXIEME PARTIE :
PREPARATION & PRESENTATION DES ETATS FINANCIERS
1ère leçon : Considération de base pour l’établissement des états financiers
2ème leçon : Le bilan
3ème leçon : L’état de résultat
4ème leçon : L’état de flux de trésorerie
5ème leçon : Les notes aux états financiers
TROISIEME PARTIE :
TRAITEMENT COMPTABLE D’OPERATIONS SPECIFIQUES
1ère leçon : Production d’immobilisations corporelles et incorporelles
2ème leçon : Dépenses et évaluations postérieures des immobilisations
3ème leçon : Investissement de recherche et de développement
4ème leçon : Opérations sur titres
5ème leçon : Opérations en monnaies étrangères