Article rédigé par: Modeste Kouamé
C’est un métier qui peut paraître dangereux au premier abord, mais une chose est sûre, il souffre de nombreux clichés, reconnaissent le plus souvent les ferronniers. « Je n’ai jamais vu d’accident grave. J’en ai jamais subi», souligne Richard, ferronnier d’art. Mais il admet s’être, au moins une fois, brûlé, bien évidemment, ou avoir reçu des éclats dans les yeux, ce genre de choses. Il faut dire qu’au-delà des clichés, le métier de ferronnier d’art est de nos jours très sécurisé, avec des règles de sécurité à suivre. C’est un métier qui a beaucoup évolué, perdant au passage beaucoup de techniques, et inventant d’autres. Ceci dit, il est resté relativement technique, très physique d’où le fait qu’il soit peu exercé par les femmes, même s’il s’est mécanisé. Il ne demeure pas moins salissant. Il n’y a pas mal de tour de main à faire pour réaliser une pièce, donner une texture au matériau, des méthodes d’assemblage qui peuvent faire gagner du temps ou de la finesse. La finalité étant de réussir à sortir de la matière inerte qu’est le métal et différents alliages, une volute qui aura un élan ou une fleur qui vit. A la différence du forgeron, le ferronnier est spécialisé dans les éléments décoratifs. En somme, tant que les tâches sont réalisées dans les règles de l’art, il n’y a aucun risque.
Ferronnier d’art fait partie des métiers du métal. La ferronnerie désigne le travail du fer ou d’autres métaux ferreux, à chaud ou à froid. Le ferronnier réalise des pièces de décoration d’intérieur et des ouvrages d’extérieur de toute dimension. « Travailler à la ferronnerie, c’est faire des rampes d’escalier, des portails, des tables, du mobilier, du luminaire, des choses monumentales, mais aussi de toutes petites choses », explique Boris, un ferronnier d’art qui compte à son actif une dizaine d’années d’expérience dans le métier. Vu que le ferronnier d’art peut faire beaucoup de choses, son champ des possibilités est hyper vaste. En général, il travaille sur des plans à l’échelle et ensuite analyse d’un peu plus prêt, prend des dimensions, des côtes, réfléchit aux étapes de fabrication, sélectionne la bonne barre de fer, qu’il coupe en tenant compte des dimensions. Il donne au métal la forme nécessaire, ou la forge, etc. Ses outils de travail sont l’enclume, la forge, le feu, qui est un élément très important. « On n’a pas forcément l’œil dessus, mais on doit le conduire constamment, toujours le régler, remettre du charbon. On ne doit pas laisser trop longtemps la pièce dans le feu, on doit l’enlever au bon moment pour ne pas brûler la pièce à forger. On doit savoir faire autre chose pendant que la pièce est au feu », explique Boris. A partir du moment où le métal est à la bonne température ou de couleur orange ou blanche, le ferronnier le sort du feu pour procéder à son modelage. Cette phase consiste à donner une forme au métal inerte, en le tordant, le pliant, l’ouvrant, en le faisant aller où il veut, etc. Un peu comme de la pâte à modeler, sauf qu’il a affaire à une matière un peu plus dure. Le principe est donc le même. « Quand on donne un coup de marteau, on doit savoir s’il est porté correctement ou pas, s’il faut aller fort ou doucement, si la matière réagit comme il se doit, tous les sens sont sollicités : l’oreille, la main, les yeux pour regarder la couleur du fer. A force de forger, le ferronnier connaît la densité du fer, parfois au toucher simplement. La main est donc beaucoup sollicitée. Pas que pour tourner et retourner le métal. « C’est des compétences qui se développent au fur et à mesure de la pratique et qui font partie du métier », explique Alex, ferronnier d’art cumulant une vingtaine d'années d’expérience.
Ferronnier d’art, c’est également un métier où on apprend énormément de choses sur le tas, notamment dans un atelier. En formation, on apprend les bases. Ce qui est évidemment fondamental. Mais après, toutes les techniques s’affinent sur le terrain et dans le partage. Vous avez entre 16 et 25 ans, peu ou pas de formation artistique, plusieurs possibilités s'offrent à vous. Du Certificat d'Aptitude Professionnelle (CAP), diplôme délivré aux élèves des écoles professionnelles, au diplôme des métiers d'art (DMA), diplôme préparé en deux ans par des étudiants désireux d’intégrer une formation en arts, il existe différents diplômes permettant de se former à la ferronnerie d’art. Certains procèdent du domaine des métiers d'art, lorsque d’autres se rattachent au domaine de la métallerie. Après la troisième, vous aurez à suivre un parcours CAP de deux ans, en continue ou en alternance. Vous avez le choix entre le Certificat d'Aptitude Professionnelle (CAP) ferronnier ou le Certificat d'Aptitude Professionnelle (CAP) Serrurier Métallier. Ces deux CAP peuvent se préparer dans le cadre d’un contrat de professionnalisation. Puis, il est possible de préparer une formation complémentaire d'initiative locale (FCIL), option Escaliéteur Rampiste, qui vous spécialise et vous permet d’acquérir des compétences professionnelles requises pour exercer le métier de ferronnier d’art. Autres options : après le Baccalauréat, vous pouvez, en deux ans, suivre un parcours Brevet des métiers d’art (BMA) option ferronnerie d’art, accessible aux titulaires d'un CAP ferronnier, serrurier-métallier, bronzier ; ou encore préparer en trois ans le diplôme national des métiers d'art et du design, mention matériaux (DN Made).
La passion pour le métal et la patience font la différence. Pour certains, l’amour de ce métier est venu d’une passion pour le métal, en dépit du fait qu’il soit salissant et physique. Pour les passionnés, pratiquer le métier de ferronnier d’art procure beaucoup de joie au travail et des émotions positives qui donnent goût à la vie. A l'exemple de Loïc, ferronnier d’art passionné, pour qui travailler sur des pièces uniques artistiques permet d’augmenter la culture et se satisfaire personnellement. Résultat : il réalise de belles pièces sortant de l’ordinaire. Guidé par sa passion, il va jusqu’à fabriquer ses propres outils de travail. «Ces outils sont spécifiques pour ma main et pour le travail que j’accomplis avec. Ce sont des outils que je ne trouverai pas sur le commerce, parce que c’est moi qui les ai faits d’une part et d’autre part, ils sont spécifiques au travail et à moi », fait valoir Loïc. En définitive, « pour être ferronnier d’art, toute une vie ne suffit pas, parce qu’on apprend tous les jours », explique-t-il. Au-delà de la passion, les autres qualités requises dans ce métier sont la patience et la vigilance. Alors, si vous n’êtes pas passionné et que pour vous, exercer ce métier est juste un moyen de payer vos factures, réfléchissez par deux fois avant de vous lancer.
Faits étonnant, de plus en plus de profils que l’on ne s’attend pas à voir dans une forge changent leur costume cravate pour le tablier de ferronnier. C’est le cas pour Cédric, un artisan au parcours atypique, venu à la ferronnerie d'art sur le tard. Enseignant en informatique pendant une vingtaine d'années, en 2016, il décide de changer radicalement de profession. Pendant plusieurs mois, il part suivre une formation, puis crée sa micro entreprise dans la ville où il vit. Pour lui, nul regret d'avoir choisi ce métier, pourtant très physique. Autre changement de trajectoire tout aussi atypique. Celui de Thomas. Le jeune homme s'est lancé dans un pari risqué. Celui de créer son atelier de ferronnerie d'art à 34 ans, après des études de commerce. Il a bifurqué pour se former et se lancer dans le fer. « J'ai récupéré ce bâtiment qui est un ancien site militaire qui appartient à la communauté urbaine de la ville dont je suis originaire. Oui, je suis parti de rien. J'ai tout retapé. J'ai fait venir les machines et puis l'activité a démarré dans la foulée. L'atelier n'a que 3 ans et fait vivre trois ferronniers », explique-t-il.
Au fil du temps, le métier de ferronnier d’art a beaucoup évolué et s’est mécanisé. Pour réaliser des pièces toutes aussi différentes les unes des autres, notamment une bibliothèque avec ses étagères, des meubles de bureau sculpté à l'ancienne, ou encore des pièces très tendance comme des tabourets ou des portes en verre et métal, le ferronnier utilise aussi des technologies modernes comme des machines dont les lames coupent l’acier presque comme du beurre. Des machines qui lui permettent de façonner chaque pièce sur mesure. « Ici, rien n'est fabriqué en série. On n'est pas dans l'industrie, on invente notre propre manière de travailler. Même en travaillant sur des pièces très simples, il y a toujours de la réflexion sur la manière dont on va faire la chose », explique Thomas. Le métier de ferronnier d’art est donc très créatif. Une créativité qui s'exprime dès la conception des ouvrages. Cela n’empêche que pour modeler le métal sous différentes formes, le ferronnier des temps modernes continue d’utiliser une forge traditionnelle et d’employer souvent le même geste qu'au moyen-âge, celui du marteau qui frappe le fer poser sur l'enclume. Et comme au temps jadis, le rebond contre le métal donne la cadence aux bras.
Module 01 - Métier et formation en construction métallique - Ferronnerie d’Art
Module 02 - Hygiène et sécurité au travail en construction Métallique - Ferronnerie d’Art
Module 03 - Débiter usiner des barres - Ferronnerie d’Art
Module 04 - Soudage à l'électrode enrobée - Ferronnerie d’Art
Module 05 - Fabriquer un cadre avec un remplissage non forgé - Ferronnerie d’Art
Module 06 - Débiter, étirer et refouler à chaud - Ferronnerie d’Art
Module 07 - Fabriquer une pièce de forge - Ferronnerie d’Art
Module 09 - Fabriquer une pièce outil tranchant - Ferronnerie d'Art
Module 10 - Dessin de ferronnerie - Ferronnerie d'Art
Module 11 - Réaliser des voûtes départs et embrèvement - Ferronnerie d'Art
Module 12 - Fabriquer un panneau décoratif composé avec volutes - Ferronnerie d'Art
Module 13 - Soudage à l'O.A et brasage - Ferronnerie d'Art
Module 14 - Rénover un ouvrage de ferronnerie - Ferronnerie d'Art
Module 15 – Stage en entreprise - Ferronnerie d'Art