1
Le principe des modèles conceptuel et organisationnel de communication est le même : décrire un flux (du modèle d’activité) par des flux d’informations. L’existence de ce flux est d’abord apparue comme nécessaire, pour assurer la cohérence de l’organisation du système. La description du flux, par des informations, prépare l’adaptation de la mémoire et des traitements à cette organisation.
Toutefois, si le principe reste le même qu’au niveau conceptuel, les contraintes de description sont assouplies : le but n’est plus de décrire la signification fondamentale des informations, mais de définir ce qui se passe dans un contexte donné. En conséquence, non seulement les redondances sont autorisées, mais le but du modèle est de les mettre en évidence, pour pouvoir décrire comment les gérer à l’aide de la mémoire (Modèle Organisationnel de Données), et des actions (Modèle Organisationnel de Traitements).
Les deux concepts de base du Modèle Conceptuel de Communication sont le document et l’état. Ils ressemblent au message, mais n’en sont pas.
Comme le message, le document et l’état décrivent un échange d’informations entre un émetteur et un récepteur. Mais l’émetteur et le récepteur ne se réduisent pas chacun à un intervenant unique (acteur-partenaire ou domaine) ; ils peuvent maintenant être un ensemble d’intervenants organisationnels (acteurs-partenaires et modules d’activité). En acceptant la redondance des activités, on accepte aussi qu’un document ou un état soit émis ou reçu par des intervenants différents, en fonction des choix d’organisation.
L’information transmise par le document, ou l’état, comme celle transmise par le message, est complexe. Pour la décrire, on établit la liste de ses composants. Ce sont apparemment les mêmes que pour un message : données et regroupements. Mais, au niveau organisationnel, on s’intéresse à l’information telle qu’elle est réellement transmise, ce qui n’est pas le cas pour celle du message.
Au niveau organisationnel, l’information communiquée par un document est complexe, mais elle n’est pas forcément cohérente : il faut tenir compte des cas où il transmet une information incomplète, erronée… Le document Commande du paragraphe 11.3.2 (consultation de la mémoire automatique sans mise à jour) est un exemple d’information (potentiellement incohérente).
L’état, lui, ne décrit qu’une information cohérente, puisqu’il représente une communication par partage de la mémoire.
Les regroupements d’un message doivent être « signifiants », c'est-à-dire définir un élément fondamental de la signification de l’information. C’est normal, puisque le but des modèles conceptuels est de définir cette signification. Mais au niveau organisationnel, ce problème est réglé, et on peut utiliser le regroupement à d’autres fins.
Un documentpeut regrouper sur un même support plusieurs occurrences d’un message, ou de plusieurs.
Nous avons montré au paragraphe 4.4.1 (un message ou plusieurs ?), comment les descriptions d’un fournisseur et de ses produits en un ou plusieurs messages, correspondent à des choix de gestion différents. Mais au niveau organisationnel, toutes ces descriptions peuvent être réalisées par le même document : un catalogue de fournisseur. Dans le cas du choix de gestion le plus probable, la description de ce document doit alors utiliser un regroupement (non signifiant), pour montrer qu’une occurrence du document peut décrire plusieurs occurrences d’un produit.
Ces regroupements non signifiants entraînent des modifications de traitements, voire de la mémoire (redondances, ou cardinalités plus strictes dans les vues externes, par exemple).
Le but du modèle n’étant plus de décrire la sémantique fondamentale, mais ce qui se passe réellement, on prend maintenant en compte la présentation effective de l’information.
Ainsi un catalogue, adressé au client, est-il perçu dans le Modèle Conceptuel de Communication comme une liste de produits – chacun accompagné de son prix – et de la période de validité de tous ces prix. Le message qui le décrit ne comporte qu’un seul regroupement (signifiant). En revanche le document décrit en plus un format de présentation : les produits sont triés en fonction d’un certain nombre de critères. Chacun de ces critères de tri est décrit par un regroupement (non « signifiant ») du document. Ces regroupements organisationnels induiront une adaptation des données (associations redondantes pour disposer des accès nécessaires à la mémoire) ou des traitements (actions de consultation modifiées), voire des traitements supplémentaires (tâches de tris sur les valeurs des propriétés).
Cette fois, un tel regroupement non signifiant concerne aussi l’état : il permet de préparer l’organisation de la mémoire, en vue des consultations effectuées par la tâche qui utilise ledit état.
Le document a un support (contrairement au message). Le support, c’est le moyen de communication. Nous considérons qu’il y a deux types de supports :
1. les supports immatériels, tels que la parole ; ils peuvent aussi bien déclencher des traitements que transmettre des résultats.
2. les supports concrets tels que papier, disquette, ou tout autre support qui se déplace, et dont on constate la présence physique.
L’état décrit une communication par partage de mémoire, analogue au message interne non déclenchant des modèles conceptuels. Il décrit un besoin de communication, qui se traduit dans le modèle de données par de la mémoire, et dans le modèle de traitements, par des actions de mise à jour (par l’émetteur), de consultation et de suppression (par le récepteur). Pour décrire correctement ces adaptations de la mémoire et des traitements, il est nécessaire de savoir quelles informations produites par la tâche émettrice, doivent être reprises par la tâche réceptrice. C’est l’objet de l’état.
Le but d’une description de la communication, préalable à celles de la mémoire et des traitements, est le même qu’au niveau conceptuel : décrire des données et des traitements cohérents, parce que déduits d’une même nécessité de communication.
Que cette « nécessité » soit une conséquence des choix d’organisation, et non plus des choix de gestion, ne change rien au principe du raisonnement.
Les documents du Modèle Organisationnel de Communication sont, comme les messages du Modèle Conceptuel de Communication, la description d’une communication nécessaire entre deux activités, pour assurer leur cohérence. De même que les messages, certains documents sont le phénomène déclenchant, unique, du traitement qui les réceptionne, alors que les autres devront être associés à d’autres phénomènes de déclenchement. Ces documents non déclenchants apparaissent dans le schéma du Modèle Organisationnel de Traitements, mais comme des ressources du traitement, c'est-à-dire des mémoires dégradées.
Quant aux états, ils doivent faire l’objet d’une description fine dans le Modèle Organisationnel de Communication, parce qu’il faut organiser la mémoire en en tenant compte ; mais ils pourraient, ensuite, disparaître du schéma du Modèle Organisationnel de Traitements. En effet, ce ne sont pas des phénomènes déclenchants (ils seront associés à une temporisation, ou a une décision), et ce ne sont pas davantage des ressources.
Toutefois, nous avons l’habitude de les représenter dans le schéma du Modèle Conceptuel de Traitements, et pour que cela ne puisse pas prêter à confusion, nous utilisons un symbole particulier : une flèche en pointillés. Cela permet de représenter les enchaînements des traitements – sans se servir pour autant de la synchronisation – et ainsi de se rapprocher peu ou prou de la pratique générale.
Dans le cycle de vie des objets, l’état est représenté par un symbole proche de celui du message. Il est associé, d’une part à une composante de la mémoire, et d’autre part à d’autres « événements » (par des synchronisations). Malgré notre différence de représentation, liée au refus de la synchronisation, nous devons admettre que les deux concepts semblent très proches l’un de l’autre. Rappelons toutefois qu’il s’agit pour nous de concevoir des modèles de données et de traitements cohérents, a priori, parce que déduits d’un même modèle de communication, et non pas d’une validation a posteriori. Et puis, notre représentation des états dans le Modèle Organisationnel de Traitements reprend le même symbole que celui du cycle de vie des objets, mais dans un contexte purement organisationnel.
A priori la réponse devrait être négative : il n’y a pas de raison de décrire (dans le Modèle Organisationnel d'Activité) des échanges différents par un flux unique. Nous avons accepté de le faire dans le Modèle Conceptuel d'Activité, parce que l’essentiel était que ce flux unique suffise à définir les finalités des domaines, ou les rôles des acteurs-partenaires concernés.
Il n’y a pas, non plus, à séparer des informations en deux documents, sous prétexte que le regroupement ne serait pas signifiant… puisqu’il n’a pas à l’être.
Cependant, il y a un cas où plusieurs documents pourraient décrire un même flux : c’est celui où ils auraient des supports différents (confirmation sur papier d’un message électronique ou oral, par exemple).
Elle se fait tout simplement en reprenant le Modèle Organisationnel d'Activité et en décrivant chacun des flux par un document (exceptionnellement plusieurs) ou par un état.
Certes, l’existence de l’état, ou du document (et son support), a déjà été établie pour les flux qui correspondent aux messages. Mais comme les descriptions des informations peuvent différer (liste des données et regroupements), il est bon de les détailler à nouveau, quitte à renvoyer à la description du message, s’il n’y a pas de changement.
Le principe de la construction du Modèle Organisationnel de Traitements par étapes (activité, communication, données, traitements) demande à ce qu’on sache si un problème est réglé, ou bien s’il n’a pas encore été étudié. Ne pas décrire un document, ou un état, sous prétexte qu’il est semblable au message, laisse l’ambiguïté subsister.
Figure 12-1 : MOC – fournisseur
Reprenons le schéma d’activité d’une livraison de fournisseur de la figure 11-2 (MOA – Fournisseur). En reprenant chaque flux, on précise s’il s’agit d’un document (en décrivant son support, par une icône) ou d’un état (flèche en pointillé), ainsi que le montre le schéma de la figure 12-1 (MOC – fournisseur).
Chaque document, ou état, est accompagné d’une description fine, sur le modèle de celle des messages. Pour les documents, on précise le support. Si le document est conforme au message, il est inutile de s’attarder. Par exemple :
Document Bon livraison approvisionnement
Emetteur Fournisseur
Récepteur Secrétariat
Support Papier
Information Idem message
En revanche, dans les documents suivants, de nouvelles informations (décrivant l’organisation) apparaissent :
Document Copie BL vierge Document Copie BL à compléter
Emetteur Secrétariat Emetteur Manutention
Récepteur Manutention Récepteur Secrétariat
Support Papier Support Papier
Information N° BL Information N° BL
Nom Fournisseur Nom fournisseur
Date réception Date réception
n* N° produit n* N° produit
Réf. Prod. Fourn. Réf. Prod. Fourn
Nom produit Nom produit
Qté déchargée
Etat BL à rectifier Qté défectueuse
Emetteur Secrétariat Motif
Récepteur Responsable stock
Information N° BL
Nom fournisseur
n* N° produit
Nom produit
Qté manquante
Qté défectueuse
Motif
On pourrait continuer ainsi en faisant apparaître la quantité à recharger, la quantité effectivement retournée, etc. Cela ne présente pas de difficulté particulière. Ces informations permettront une amplification de la mémoire dans le Modèle Organisationnel de Données.
L’état décrit une communication par partage de la mémoire, mais ce n’est pas une raison pour se limiter à un unique identifiant (comme dans un message déclenchant). Il faut définir avec soin les données décrivant l’organisation, et aussi préparer la description des traitements utilisant l’état pour accéder à la mémoire. Pour pouvoir sélectionner l’occurrence à traiter, parmi toutes celles qui sont prêtes à être traitées, il faut en général plus qu’un identifiant.
On notera que l’état BL à valider a plusieurs émetteurs, ce qui est normal (il y a redondance d’activité). Mais le symbole de représentation n’est pas une synchronisation ! On utilise simplement un trait (en pointillés) pour rattacher l’état à chacun de ses émetteurs potentiels.
Chaque occurrence de l’état n’a qu’un seul émetteur, c’est le concept qui en a plusieurs (potentiels).
Considérons le schéma de la figure 12-3 (MCD – catalogue).
Figure 12-3 : MCD – catalogue
Il a été construit à partir du message suivant :
Nom du message Catalogue
Emetteur VENDRE
Récepteur CLIENT
Information N° catalogue
Nom catalogue
Date début
Date fin
n* N° Produit
Nom produit
Prix unitaire
Ce message ne fait pas référence aux notions de famille et de catégorie, auxquelles est rattaché le concept de produit. Si on souhaite que le client les connaisse, il faut les lui communiquer dans le même regroupement que la description du produit. L’utilisation de regroupements imbriqués définiraient de nouveaux liens et notre méthode de passage du Modèle Conceptuel de Communication au Modèle Conceptuel de Données, transformerait Ligne catalogue en une association-type ternaire ou quaternaire, ce qui serait faux. Ce qui compte dans le message, c’est de bien dire que le prix ne dépend que du catalogue et du produit.
En revanche le document, lui, décrit la communication telle qu’elle est : la façon dont les informations sont présentées compte aussi. A supposer que les produits doivent être classés par catégorie, et à l’intérieur d’une catégorie par famille, la description du document devient :
Document Catalogue
Emetteur Service publicité
Support Papier
Information Nom catalogue
Date début
Date fin
n* Libellé catégorie
n* Libellé famille
n* N° Produit
Nom produit
Prix unitaire
Les deux regroupements supplémentaires ne sont pas signifiants, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas traduits dans le Modèle Conceptuel de Données. En revanche, ils ont des implications dans la description fine des tâches, voire même dans la description de la mémoire organisée, ou dans le découpage de l’activité en modules. N’oublions pas que l’approche organisationnelle est cyclique !
Ces deux petits exemples montrent que l’adaptation des concepts de la description du message, à l’état ou au document, ne pose aucun problème théorique. En fait, la seule difficulté est de formuler les choix d’organisation de chacun des contextes envisagés.
Indépendante des choix d’organisation ou de technique.
Nous considérons ici les messages du Modèle Conceptuel de Communication, ce qui exclut le cas particulier de la fusion des messages déclenchants (qui n’intervient que dans le schéma du Modèle Conceptuel de Traitements).
Il s’agit alors de l’information nécessaire et suffisante, pour définir complètement sa signification essentielle.
Ce cas ne concerne pas l’état.
Cf. § 4.4.1.2 – Un message pour décrire le fournisseur, et un message pour décrire un produit.
Type de produit, provenance…
Toujours pas de synchronisation !
Un état concerne nécessairement un traitement automatique qui, par hypothèse, a accès à la mémoire automatique. L’état n’est donc pas une ressource propre du traitement, mais une partie d’une ressource collective : la mémoire automatique.
Selon le nombre de regroupements imbriqués : deux pour une ternaire, trois pour une quaternaire.