Martin Luther King : I have a dream – Analyse –

Contenu :

Introduction

Abraham Lincoln

L’effet de la répétition

L’heure du changement

La conviction de Martin Luther King

Un discours sans pareil

Un militantisme qui continue

Conclusion

Introduction


Le 28 août 1963 à Washington, devant le Lincoln Memorial, l’un des discours les plus emblématiques du XXème siècle naquit : « I have a dream » de Martin Luther King. À l’issue de la marche pour le travail qui a rassemblé plus de 250 000 personnes, le jeune pasteur prononça son discours garni de redondances bien choisies, ainsi que de références universelles extraites de l’Histoire et de la Bible. Ce texte, qui est peut être l’un des cinq meilleurs discours dans l’Histoire des Etats-Unis, a saisi les espoirs et les rêves d’une génération toute entière, et en voici l’analyse.

Abraham Lincoln

Ce discours s’inscrit bravement dans une filiation historique. L’activiste américain avait pleinement conscience que les dix minutes qui suivirent le début de son discours allaient marquer les esprits à tout jamais. Il débute son discours en faisant allusion directe au président Abraham Lincoln « Il y a 100 ans, un homme signait l’acte d’émancipation qui mettait fin à une longue nuit de captivité ». Marthin Luther King se met dans la peau de l’héritier de celui qui, en 1863, évoquait que ces pères, 87 ans plus tôt, ont conçu la liberté et ont rappelé que tous les hommes étaient nés égaux, date qui fait référence à la déclaration de l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. Les idéaux évoqués par Lincoln dans son discours sont les mêmes que Martin Luther King remémora 100 ans plus tard, à travers son fameux discours. Trois dates se répondent pour les américains : 1776, 1863, 1963, d’où l’usage de la réthorique de la répétition tout au long du discours de Marthin Lukther King, qui à l’instar de l’Histoire, se répète aussi.

L’effet de la répétition

Les quatre premières strophes du discours commencent tous par la même expression : « 100 ans plus tard ». Une expression bien sentie pour faire le pont entre le présent et le passé, où l’esclavage devait être aboli. Mais Marthin Luther King s’empara de cette répétition pour souligner le fait que l’esclavage existe encore sous différentes formes. « 100 ans plus tard, le Noir vit toujours sur l’île de la pauvreté au milieu d’un océan de prospérité » proclama Marthin sous une tonerre d’applaudissements.

Lire le discours, c’est lui faire perdre la moitié de sa réthorique. Il est en effet fait pour être écouté , étant donné que ce qui fait le lui l’emblématique discours du XXème siècle, c’est non seulement les mots qui le composent, mais également, et surtout, les intonations et le rythme qui accompagnent les figures de répétition en crescendo.

L’heure du changement

Martin Luther King est un pasteur, et sait manier les métaphores avec beaucoup d’élégance.  Les montagnes, les rivières, les océans, le jour et la nuit, beaucoup d’expressions à la fois parlantes et bibliques qui illustrent la situation des noirs et qui ébranlent un public familier des prêches. Après avoir dressé le tableau qui met en évidence une situation insupportable subie par les Noirs, Martin Luther King fit sonner l’heure du changement en répétant quatre fois « Now is the time », en français, « l’heure est venue », en guise de menace. « Il n’y aura pas de repos en Amérique tant que les Noirs n’auront pas obtenu leurs droits de citoyenneté ». Après l’abolition de l’esclavage en 1863, il est temps d’égaliser les droits. « 1963 n’est pas une fin, mais un début », le début d’un militantisme pour l’égalité des droits. Le Noir n’a pas encore passé sa colère, et ceux qui croient ainsi ont tort, car selon Luther King, cette date sera commémorée comme la date du changement, et l’esprit militant des Noirs ne sera tranquille qu’après l’obtention des droits revendiqués. Malgré les moments difficiles traversés par la communauté noire en Amérique, Martin Luther King rêve encore de cette égalité. « I still have a dream », après l’obscurité, il nous promet la lumière.

La conviction de Martin Luther King

Martin Luther King reprend les termes de la déclaration d’indépendance, forgés 100 ans plus tôt par Abraham Lincoln. Il rêve d’une nation inspirée par l’égalité des  hommes, et fait rêver les Noirs issus des milieux dans les Etats-Unis d’Amérique où leurs droits sont bafoués : les collines rouges de la Georgie, l’état du Mississipi, l’Alabama, des collines prodigieuses du New Hampshire jusqu’aux imposantes montagnes du New York, en Californie…

Persuadé par la réalisation de son rêve, Luther King entamma la dernière partie de son discours par « Et quand cela se produira, quand nous permettrons à la liberté de retentir »,  et incarna par la suite son rêve ultime dans un geste simple, quoique dans le temps, pouvait être perçue comme une projection utopique, une image dans laquelle  tous les enfants, noirs et blancs, juifs et non juifs, protestants et catholiques, pourraient se tenir la main et jouir de la liberté en la chantant d’une voix unifiée.

Un discours sans pareil

En plus de sa grande éloquence et sa portée en crescendo, ce discours a marqué les esprits grâce à trois facteurs essentiels :

    • L’émotion vive et palpable dans l’attitude, la voix et l’intonation de Martin Luther King.
    • L’endroit bien choisi où il a été prononcé : sur les marches du président qui a aboli l’esclavage dans les pays du Sud.
    • L’audience : des Noirs qui ne sont pas complètement désemparés de l’esclavage, et qui en sentent encore le poids et celui des blancs envahis peu à peu par un sentiment de culpabilité.

Le discours emprunte au discours politique, mais aussi au sermon ou encore à la poésie. La réthorique est ici un art à part entière : Luther King fait usage de ses mots, des métaphores bibliques, se son talent d’orateur irréprochable, et convoque des références cardinales comme la Constitution pour transmettre un message simple : égalité et liberté ; « freedom » qui est matelé vingt fois.

Un militantisme qui continue

Assassiné par un Blanc en 1968 à l’âge de 39 ans, Martin Luther King serait impressionné par le progrès réalisé par la communauté noire en Amérique depuis l’époque de la ségrégation. Toutefois, d’importantes inégalités économiques persistent entre les minorités et la majorité blanche. Le taux de chômage des Noirs est quasiment le double de la moyenne. Si un progrès sociétal et civique a été en effet réalisé, un long chemin reste à parcourir quand il s’agit de prospérité, et le fait d’avoir eu un président noir ne suffit pas pour surmonter toutes les inégalités auxquelles est encore confrontée la communauté noire.

Conclusion

La figure de Martin Luther King a longtemps inspiré le grand mouvement pour la justice et les droits civiques aux Etats-Unis. Certes, sa mort prématurée l’a empêché d’agir contre la pauvreté, mais ses méthodes non-violentes ont été fondamentales pour l’accomplissement de l’égalité des droits, et n’a pas plongé le pays dans une guerre communautaire. « I have a dream » a été le déclic d’un progrès sociétal sans précédent, et l’attitude iconique qu’il a  adoptée durant ce discours  a profondément touché les 250 000 personnes rassemblées ce jour là, et ne cesse de nous donner des frissons jusqu’à présent. Ce n’est donc pas par hasard que Barak Obama s’en est inspiré 50 ans plus tard dans l’un de ses discours.

Article publié le 25 Avril 2021par Yousra Chibiane