Les études universitaires à l’ère numérique : Succès ou échec ?!

Contenu :

Introduction

Qu’est devenue l’université à l’ère numérique ?

Covid-19 : déclic pour l’e-learning

Est-ce que tout le monde est connecté ?

Fracture numérique

Écart digital, écart social, ou les deux ?

Continuité pédagogique sans continuité éducative

Qu’en est-il des activités sociales à l’ère numérique ?

Conclusion

Introduction

L’heure de la digitalisation a sonné, et l’enseignement supérieur est bel et bien au rendez-vous. En tant que facteur clé du marché de l’emploi, les études universitaires sont appelées à former des profils qui puissent facilement s’adapter à une société technologique perpétuellement mouvante. Les apports des technologies de l’information et de la communication aux opérations pédagogiques sont remarquables, mais leurs effets sur la rentabilité des étudiants ne sautent pas encore aux yeux.

Qu’est devenue l’université à l’ère numérique ?

L’envahissement des classes et des amphitéâtres par les équipements technologiques  représente un aspect incontournable de la digitalisation. Les enseignants conçoient et réalisent des dispositifs numériques éducatifs tout en mettant en œuvre des nouvelles approches dans le déploiement des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) dans leurspratiques professorales. Entre créer  des communautés d’apprentissage et dispenser la totalité de certains  cours en ligne via des capsules vidéos ou des séances live, les enseignants cherchent constamment à élaborer diverses ressources numériques pouvant être mises à la  disposition des étudiants afin de leur faciliter l’accès à l’information.  Internet, ordinateurs, tablettes et smartphones sont par conséquent de plus en plus abordables et utilisés en guise de supports des opérations pédagogiques lors et en dehors des heures de cours. Cependant, l’intégration massive de tous  ces aspects de digitalisation laissent à remettre en question le conditionnement d’un parcours universitaire réussi par la présence physique d’un enseignant en face de ses étudiants dans une salle de cours et au sein d’un établissement.

Covid-19 : déclic pour l’e-learning

Cette conversion numérique a davantage été mise sous les projecteurs suite à l’arrivée du Covid-19, qui a renforcé le recours aux équipements technologiques afin d’assurer la continuité de tous types d’enseignement, notamment l’enseignement supérieur. Du jour au lendemain, la vie estudiantine devait entièrement être digitalisée, et toutes les parties concernées devaient obligatoirement adhérer à ce nouveau mode d’apprentissage. Comme mentionné aupravant, la migration vers l’université numérique ne date pas des mois précédents, mais certains de ses aspects fulgurants tel que dispenser la  totalité  des cours en ligne n’était pas explicitement envisageable avant la pandémie.  Et pas que ! Le passage des examens à distance a aussi été une nouveauté pour beaucoup d’entre nous. Intrigué par l’idée de l’augmentation des chances de fraude durant les sessions d’examens en ligne, le corps professoral a essayé de mettre en place  les mesures nécessaires pour éliminer toute tentative de tricherie, et faire en sorte de rapprocher l’étudiant le plus possible d’une session d’examen en présentiel et sous la surveillance d’un professeur, à travers des visioconférences sur les plateformes offrant ce service.

Est-ce que tout le monde est connecté ?

Quoiqu’abordé avec méfiance, l’e-learning a été mis en œuvre par les universités et écoles à travers des approches combinant entre les MOOCs, éducation ouverte connectée aux médias sociaux ou en ayant recours à des espaces numériques de travail et des plateformes comme Moodle. Ces ressources sont  donc consultables à tout moment , et à un rythme choisi par l’étudiant lui-même.  Le seul paramètre qui parait être mis en jeu est l’accès à Internet. Cet accès est conditionné par un bon débit d’Internet et des dispositifs numériques à la portée de tous les étudiants.  Or, ces conditions ne sont pas vérifiées chez tout le monde.  L’infrastructure réseau diffère d’un pays à l’autre,  et l’accès aux équipements technologiques n’est pas le même dans les quatre coins du monde, ni dans les différentes régions du même pays.

Fracture numérique

Ce qui est alarmant, c’est quand la différenciation soulevée précedemment crée un gap entre les camarades d’une même classe. Prenons l’exemple des cours qui ont été dispensés en ligne durant le confinement. Au sein d’une même classe d’un établissement public d’enseignement supérieur,  les étudiants ne sont pas tous issus du même milieu, et ce qui les situe sur un pied d’égalité, c’est justement le fait que chacun a l’opportunité de faire preuve de ses compétences académiques indépendamment de ses moyens ou de sa provenance. Dans le cas d’un cursus universitaire traditionnel, pas entièrement numérique,  les chances d’apprentissage sont égales,  ou du moins, l’accès à l’information est le même pour tous les étudiants.

Écart digital, écart social, ou les deux ?

Suite à la crise pandémique, la continuité pédagogique s’est transformée en télétravail subi,  et certains étudiants  s’y sont mis avec plus de succès que d’autres. Les étudiants disposent de débits Internet et d’équipements différents, et par conséquent, durant une séance de cours  sur MS Teams ou Zoom, certains risquent de rater quelques informations ou toute la séance suite à une congestion de leur réseau, à un faible débit ou tout simplement, suite à l’impossibilité d’accéder à Internet.  Un sentiment de frustration est donc ressenti,  et les non-équipés risquent d’être marginalisés d’un point de vue cognitif,  économique et social, et se trouvent exclus des réseaux relationnels, de savoirs et de connaissances. Cependant, ce fléau qui ne concerne que les personnes dépourvues des TIC est aussi pertinent qu’un autre fait qui met tous les étudiants sur une seule itinéraire : un cursus universitaire qui manque d’intelligence collective, de vie sociale et d’activités parascolaires.

Continuité pédagogique sans continuité éducative

Étant donné que la vie estudiantine n’est pas uniquement synonyme de cours académiques, l’université numérique se voit incapable de fonctionner identiquement à une université. Un profil ayant pour but de se faire place dans une scène professionnelle où la concurrence fait rage, ne doit certainement pas se contenter d’un cursus classique dépourvu de toute sorte d’activités sociales et de travail en équipe. Ceci est évidemment un constat indépendant de la numérisation de l’université, mais étant donné que celle-ci dissout l’idée que l’université est  un collectif incarné dans un lieu physique où l’étudiant y fait ses premiers vrais choix de formation en tissant des liens avec ses supérieurs et les gens autour de lui, la digitalisation de l’enseignement souligne davantage ce constat. En effet, ces liens ne sont pas uniquement forgés dans le cadre des études, mais aussi grâce aux activités parascolaires qui sont organisées par les écoles en dehors des heures de cours.

Qu’en est-il des activités sociales à l’ère numérique ?

Les activités parascolaires permettent aux étudiants de parcourir de nouvelles horizons et approches d’apprentissage. En combinant distraction et travail, ces activités offrent à l’étudiant la possibilité d’explorer des compétences qu’il n’aurait jamais cru avoir si toute son éducation restait condamnée aux cours. Sur base de participation volontaire, le but ultime de celles-ci reste de consolider les compétences interpersonnelles des étudiants en leur offrant la possibilité de travailler en équipe, d’apprendre à réfléchir collectivement, de développer certains réflexes face à des situations inattendues et de prendre des postes de responsabilité. Bien entendu, ces compétences ne peuvent être acquises si toute  notre vie estudiantine défile sur un ordinateur dans notre petit cocon. Contrairement aux effets des TIC sur la rentabilité des étudiants dans leurs parcours universitaires qui ne sont pas encore clairs, comme mentionné au début de l’article, la conséquence que nous venons d’évoquer est tout de même évidente.

Conclusion

Entre la facilité de l’accès à l’information, l’écart social, les inégalités et les retards de diffusion ainsi que la privation d’une vie sociale qui peuvent être générés par l’intégration massive des TIC dans l’université, les facteurs sociaux et économiques doivent tous figurer dans une équation dont la solution  puisse satisfaire toutes les parties concernées par les opérations pédagogiques, afin d’aboutir au véritable succès de l’université à l’ère numérique. Il est donc souhaitable de trouver un compromis entre les addict des nouvelles technologies, et ceux qui préfèrent encore humer les pages de leurs blocs notes.

Article publié le 24 Avril 2021 Mise à jour le Samedi, 24 Avril 2021 21:54 par Yousra Chibiane