Introduction à l’Analyse Economique

Table des matières
PREAMBULE .3
POURQUOI ETUDIER L’ECONOMIE ? ..3
COMMENT ETUDIER L’ECONOMIE ? 3
COMMENT SERA ORGANISE L’ENSEIGNEMENT DE L’ECONOMIE ? .4
COMMENT UTILISER AU MIEUX CE POLYCOPIE ? 4
1 INTRODUCTION 11
1.1 VERS UNE DEFINITION DE L’ANALYSE ECONOMIQUE 12
1.2 ECONOMIE POSITIVE ET NORMATIVE 12
1.3 MACROECONOMIE ET MICROECONOMIE .13
1.4 ANALYSES CONJONCTURELLES ET STRUCTURELLES ..14
1.5 L’ECONOMIE EST-ELLE UNE SCIENCE ? ..14 1.6 TRES (TROP) BREVE HISTOIRE DE LA PENSEE ECONOMIQUE 16
1.7 L’ECONOMIE NEOCLASSIQUE, COURANT DOMINANT 18
1.8 ANNEXES .19
1.8.1Les lauréats du prix de la Banque de Suède en l’honneur d’Alfred Nobel .19
2 MARCHE ET REGULATION ..21
2.1 LES DEFAILLANCES DE MARCHE 23
2.1.1 La non optimalité des mécanismes de marchés en présence d’externalités .24
2.1.2 La remise en cause de l’hypothèse d’atomicité et les différentes formes de marché 29
2.1.3 Monopoles publics et ouverture à la concurrence ..32
2.2 « ASYMETRIES D’INFORMATION ET NOUVELLE MICROECONOMIE » 34
2.3 CONCURRENCE SUR LE MARCHE DES BIENS ET CONCURRENCE POUR L’INNOVATION ..34
2.4 ANNEXES .36 2.4.1Fonctions de coût et économies d’échelle .36
2.4.2 Rendements de la fonction de production ..36
2.4.3 La notion d’élasticité-prix de la demande 37
2.4.4 Le surplus du consommateur 38
2.4.5 La situation de concurrence pure et parfaite .39
2.4.6 La situation de monopole 40
2.4.7 La concurrence monopolistique ..41
2.4.8 La fixation des prix par un monopole public ..43
2.4.9 L’oligopole ..44
3 ROLE DE LA MONNAIE ET FINANCEMENT DE L’ECONOMIE .51
3.1 LA MONNAIE 52 3.1.1La fonction d’intermédiaire des échanges de la monnaie ..52
3.1.2 La fonction d’unité de compte ..53
3.1.3 La fonction de réserve de valeur .53
3.2 LA DEMANDE D’ENCAISSES MONETAIRES 53
3.2.1 La monnaie est neutre pour les auteurs « classiques » ..53
3.2.2 La monnaie est « active » pour Keynes ..54
3.2.3 Friedman et la vision monétariste ..55
3.3 LE PROCESSUS DE CREATION MONETAIRE .55
3.3.1 Masse monétaire et agrégats monétaires ..55
3.3.2 Evolutions des agrégats monétaires et inflation ..56
3.3.3 Création monétaire dans un système bancaire hiérarchisé ..56
3.3.4 Le rôle de la banque centrale 57
3.3.5 Les instruments de la Banque centrale 58
3.4 LE PROCESSUS DE FINANCEMENT DE L’ECONOMIE .58 3.4.1Besoins et capacités de financement des agents ..59
3.4.2 Les deux formes de financement et le rôle de l’intermédiation 60
3.4.3 Le passage de l’économie d’endettement à celle de marchés financiers 62
3.4.4 La globalisation financière et ses risques 64
3.5 ANNEXE 67
3.5.1 Les agrégats monétaires .67
3.5.2 Le principe du multiplicateur de crédit ..67
3.5.3 L’Open market et le comportement des agents 68
3.5.4 Evolution inverse de la valeur d’une obligation et des taux d’intérêt .69
3.5.5 Valeur d’une action et condition de non arbitrage ..70
4 CONJONCTURE ET POLITIQUES ECONOMIQUES .71
4.1 LA POLITIQUE BUDGETAIRE .74
4.2 L’ENDETTEMENT DE L’ETAT 75
4.2.1 Stabilisateurs économiques 76
4.2.2 Les politiques budgétaires volontaristes ..77
4.2.3 Les limites de la politique budgétaire 77
4.3 LA POLITIQUE MONETAIRE ..78
4.3.1 Les objectifs et les instruments de la politique monétaire ..78
4.3.2 La politique de lutte contre l’inflation .81
4.3.3 La construction de l’UEM et les contraintes associées .82
4.3.4 La politique monétaire dans un environnement complexe .82
4.4 CONCLUSION ..84
4.5 ANNEXES .86 4.5.1Le modèle IS-LM .86
4.5.2 Le chômage keynésien 90
4.5.3 Le modèle offre globale/demande globale .92
4.5.4 La règle de Taylor ..93
4.5.5 Le modèle IS-LM…sans LM ..94
4.5.6 La courbe de Phillips .95
4.5.7 Soutenabilité de la dette publique ..98
4.5.8 Le pacte de stabilité : pourquoi 3% ? 98
5 LE CHOMAGE 99
5.1 QUELQUES DEFINITIONS 100
5.2 LA REALITE DU MARCHE DU TRAVAIL .102
5.3 LES REPRESENTATIONS DU FONCTIONNEMENT DU MARCHE DU TRAVAIL 104 5.3.1La représentation néo-classique du marché du travail ..104
5.3.2 « Chômage classique » et « chômage keynésien » 105
5.3.3 Le chômage d’équilibre et les approches récentes .107
5.4 LES POLITIQUES DE L’EMPLOI ..108 5.4.1Un bref état de la situation 108
5.4.2 La baisse du temps de travail : bonne ou mauvaise solution ? .110
5.4.3 Vers des réformes plus structurelles. .111
5.5 CONCLUSION 113
5.6 ANNEXES ..114 5.6.1Le modèle néo-classique du marché du travail .114
5.6.2 Le modèle de salaire d’efficience .115
5.6.3 Le modèle de négociation salariale .116
5.6.4 Le modèle WS-PS 117
5.6.5 La courbe de Beveridge 118
5.6.6 Coût d’appariement et chômage d’équilibre 119
6 OUVERTURE INTERNATIONALE ET GLOBALISATION 121
6.1 QUELQUES FAITS 122 6.1.1D’une mondialisation à l’autre… 122
6.1.2 Les aspects essentiels des échanges mondiaux ..123
6.2 LE COMMERCE INTERNATIONAL ..125 6.2.1Les arguments pour le libre échange .125
6.2.2 Les nouvelles théories du commerce international ..126
6.2.3 Les arguments en faveur du protectionnisme .126
6.2.4 Le rôle des Firmes multinationales ..127
6.3 LA REGULATION DU COMMERCE MONDIAL 128
6.3.1 Le GATT 128
6.3.2 La mise en place de l’OMC et son agenda ..129
6.4 FINANCE INTERNATIONALE ..130 6.4.1Le taux de change 130
6.4.2 La Balance des paiements ..131
6.4.3 Le système monétaire et financier international 133
6.4.4 Vie et mort du système de Bretton Woods ..133
6.4.5 Le régime actuel de changes flottants 134
6.5 ANNEXES ..137 6.5.1Le principe des avantages comparatifs et les gains à l’échange .137
6.5.2 Effets de la mise en place d’un tarif douanier 138
6.5.3 Effets de la création d’une union douanière 140
6.5.4 Le modèle Mundell - Flemming : IS-LM-BP 141
6.5.5 Le théorème des élasticités critiques et la courbe en J .145
7 LES MOTEURS DE LA CROISSANCE : EDUCATION ET INNOVATION 147
7.1 QUELQUES FAITS STYLISES .148 7.1.1-convergence, -convergence et rattrapage ..148
7.1.2 Convergence et développement ..148
7.1.3 Résidu de Solow et paradoxe de la productivité ..149
7.1.4 « Nouvelle économie » et fin du paradoxe de Solow ? .150
7.1.5 Le retard européen en matière d’éducation et d’innovation 152
7.1.6 Croissance et environnement 153
7.2 LES EFFETS ECONOMIQUES DE L’EDUCATION .155
7.3 LES THEORIES DE LA CROISSANCE 156 7.3.1Le modèle néoclassique : l’accumulation du capital 156
7.3.2 Les modèles de croissance endogène fondée sur l’innovation .157
7.4 CONCLUSION : QUELLE POLITIQUE DE CROISSANCE ? 159
7.5 ANNEXES ..160 7.5.1Le modèle de Solow 160
7.5.2 L’exercice de comptabilité de la croissance 161
7.5.3 Le modèle de croissance endogène fondée sur l’innovation : Romer (1990) .162
7.5.4 Le modèle schumpétérien de croissance : Aghion et Howitt (1992) 166
7.5.5 Education, innovation et distance à la frontière .167
8 ANNEXES GENERALES 169
8.1 LE CADRE DE COMPTABILITE NATIONALE .169
8.1.1Le Produit Intérieur Brut 169
8.2 LE PROGRAMME DU CONSOMMATEUR ..171 8.2.1Le programme statique : détermination des demandes de biens .171
8.2.2 Effet Revenu / Effet Substitution ..173
8.2.3 Le programme dynamique du consommateur : Modèle de Ramsey ..173
8.3 LE PROGRAMME DU PRODUCTEUR 175 8.3.1Programme statique : détermination des demandes de facteurs .175
8.4 LA BOITE D’EDGEWORTH .176
8.5 BREVE INTRODUCTION A LA THEORIE DES JEUX 177
8.5.1Représentation d’un jeu 177Détermination des équilibres .1788.5.2Le « dilemme du prisonnier » .179
8.5.3La « guerre des sexes » 180
8.6 LES ASYMETRIES D’INFORMATION ET LA THEORIE DES CONTRATS ..181 8.6.1La « sélection adverse » ..182
8.6.2 Le « hasard moral » 182BIBLIOGRAPHIE 185
Index des figures
Figure 1 : Les démarches scientifiques en économie ..15 Figure 2 : Classement des biens en fonction du degré de rivalité et d’exclusivité de leur usage 25 Figure 3 : Parts de marché dans quelques secteurs .30 Figure 4 : Fonctions de coût ..36 Figure 5 : Zones des rendements d’échelle ..36 Figure 6 : Demande inélastique et infiniment élastique 37 Figure 7 : Comparaison de deux élasticités ..37 Figure 8 : Surplus du consommateur 38 Figure 9 : Situations de concurrence et de monopole ..40 Figure 10 : Analyse des surplus ..40 Figure 11 : Equilibre de concurrence 41 Figure 12 : Equilibre de monopole .41 Figure 13 : Equilibe de concurrence monopolistique .42 Figure 14 : Tarification de « moindre mal » 43 Figure 15 : L’équilibre de Cournot ..45 Figure 16 : Equilibre de Stackelberg vs. équilibre de Cournot ..49
Figure 17 : Bulle sur les valeurs ..52 Figure 18 : Indice des prix à la consommation et taux directeurs de la BCE 52 Figure 19 : Evolution de M3 (haut) et de l’inflation (indice IPCH, bas) .56 Figure 20 : Financement et refinancement dans un système bancaire hiérarchisé 57 Figure 21 : Besoin net et capacité de financement 60 Figure 22 : Rencontre entre besoins et capacités de financement .60
Figure 23 : Taux d’intermédiation en France source : Comptes nationaux et Bulletin de la Banque de France .61
Figure 24 : Une nouvelle forme d’intermédiation : les OPCVM 64 Figure 25 : Indices des valeurs américaines (S&P500) 65 Figure 26 : Evolution du cours des actions et des taux d’intérêts 66 Figure 27 : « Carrés magiques de Kaldor », (années 2005 et 2006) .71 Figure 28 : Taux de croissance du PIB (rythme annuel) 72 Figure 29 : Taux de croissance de l’indice des prix à la consommation (rythme annuel) 72 Figure 30 : Déficit public en% du PIB 75 Figure 31 : Dette publique en% du PIB 75 Figure 32 : Evolution de la croissance l’indice des prix à la consommation ..81 Figure 33 : Le triangle des incompatibilités de Mundell 83 Figure 34 : Arbitrage croissance – stabilité : France et Etats-Unis .84 Figure 35 : Construction de la courbe IS .87 Figure 36 : Construction de la courbe LM ..88 Figure 37 : L’équilibre IS-LM .88 Figure 38 : Effet d’une politique budgétaire restrictive .89 Figure 39 : Effet d’une politique monétaire expansionniste 90 Figure 40 : Contrainte de débouchés et chômage keynésien ..91 Figure 41 : Le modèle Offre Globale - Demande Globale ..93 Figure 42 : Passage de la relation de Phillips originelle à la courbe inflation-chômage ..96 Figure 43 : Courbe de Phillips – Etats-Unis (1961-95) (données source OCDE) 96 Figure 44 : Courbe de Phillips – France (1961-2005) (données source OCDE) .96 Figure 45 : Dérive de la relation inflation – chômage 97 Figure 46 : Taux de chômage en France (déc.67-juin2006) en % .99 Figure 47 : Chômeur, actif occupé, inactif… ..100 Figure 48 : Stocks et flux de chômage, d’actifs employés et d’inactifs ..101
Figure 49 : Proportion du chômage de longue durée parmi les chômeurs selon l’âge et le sexe (France, 2005)101
Figure 50 : Equilibre du marché du travail en concurrence parfaite 104 Figure 51 : Chômage volontaire 104 Figure 52 : Le chômage « keynésien » .105 Figure 53 : Le chômage « classique » ..106 Figure 54 : Taux d’activité 110 Figure 55 : Le modèle WS-PS 117 Figure 56 : Courbe de Beveridge .118 Figure 57 : Courbe de Beveridge et courbe VS .119 Figure 58 : Evolution du $ euros (1€ = x$) ..134 Figure 59 : Evolution du $ et du Yen en euros ..135 Figure 60 : Equilibre d’un pays en autarcie .137 Figure 61 : Equilibre d’un pays en économie ouverte cas de l’avantage comparatif en bien 1 .138 Figure 62 : La mise en place d’un tarif douanier ..139 Figure 63 : Mise en place d’un tarif douanier (analyse des surplus) ..140 Figure 64 : Effet de la mise en place d’une union douanière ..141 Figure 65 : La droite BP 142 Figure 66 : Le rééquilibrage par entrée de capitaux 143 Figure 67 : Efficacité de la politique budgétaire en régime de change fixe (mobilité imparfaite des capitaux) ..143 Figure 68 : Efficacité de la politique budgétaire en régime de change fixe (mobilité parfaite des capitaux) 144 Figure 69 : Inefficacité de la politique budgétaire en régime de changes flottants (mobilité parfaite des capitaux)
..144
Figure 70 : Efficacité de la politique monétaire en régime de changes flottants (mobilité parfaite des capitaux).145
Figure 71 : La courbe en J ..146 Figure 72 : Rattrapage et stagnation ..149 Figure 73 : Courbe de Kuznets « environnementale » ..153 Figure 74 : Effets de subventions à la R&D quand l’offre de travail qualifié est inélastique ..158 Figure 75 : Dynamique du modèle de Solow .161 Figure 76 : Courbe d’indifférence .171 Figure 77 : Programme du consommateur .172 Figure 78 : Effet revenu et effet substitution ..173 Figure 79 : Diagramme d’Edgeworth .176 Figure 80 : Représentation d’un jeu sous forme d’un arbre de décision ..178 Figure 81 : Représentation d’un jeu sous forme matricielle 178 Figure 82 : Dilemme du prisonnier ..180 Figure 83 : La « guerre des sexes » ..181
Index des tableaux
Tableau 1 : Taxonomie des structures de marché .29 Tableau 2 : Agrégats monétaires de la zone euro en 2005 (en Milliards d’euros) .67 Tableau 3 : Les critères de convergence 82 Tableau 4 : Mouvements de main d’œuvre par grands secteurs d’activité (2004) ..103 Tableau 5 : Déformation de la structure des emplois en France (1982-2004) Progression des CSP qualifiées
(tableau du haut) Progression de la part des ouvriers qualifiés parmi les emplois ouvriers (tableau du bas) 103
Tableau 6 : Quelques rapports récents sur l’emploi 109 Tableau 7 : Taux d’indemnisation du chômage 112 Tableau 8 : L’essor du commerce mondial et des investissements directs dans différents pays développés et en développement (source : Banque Mondiale (2003), CNUCED (2003)) 123 Tableau 9 : Evolutions comparées, du commerce international et des IDE dans le monde (taux de croissance)
(source : World Investment Report (2003)) 123
Tableau 10 : Tarifs douaniers sur les biens manufacturés (évolution sur longue période) (source : Bairoch (1994),
OMC (2002)) ..124 Tableau 11 : Parts des biens manufacturés dans le commerce 124 Tableau 12 : Parts des exportations intra-régionales .124 Tableau 13 : Les négociations commerciales multilatérales ..129 Tableau 14 : Les différents comptes et soldes de la balance des paiements 132 Tableau 15 : La balance des paiements pour la France (2001) 133 Tableau 16 : Comptabilité de la croissance (1913-1987), France – source : Maddison (1991) 150 Tableau 17 : Comptabilité de la croissance (1913-1987), Etats-Unis – source : Maddison (1991) .150 Tableau 18 : Effet des TIC sur la PGF, Etats-Unis – source : Oliner et Sichel (2000) ..151 Tableau 19 : Source de la croissance de la productivité du travail dans l’UE15 et aux Etats-Unis – source : van
Ark et Inklaar (2005) ..151
Tableau 20 : Dépenses intérieures brutes de R&D (en % du PIB) – source : OCDE, Eurostat ..152 Tableau 21 : Dépenses intérieures brutes de R&D (en % du PIB) des entreprises– source : OCDE, Eurostat..152 Tableau 22 : Nombre de chercheurs en entreprises (pour 1000 emplois) – source : OCDE, STI ..152 Tableau 23 : Dépenses annuelles au titre des établissements d’enseignements par élève/étudiant (en équivalent $ convertis sur base PPA) (4 grands pays pour la zone euro) – source : OCDE 152
1 Introduction
L’économie mondiale a connu de profondes mutations depuis deux décennies :
- La chute du mur de Berlin a entériné le triomphe de l’économie de marché sur l’économie centralisée (ainsi, même la Russie et la Chine basent désormais leur essor sur le développement de leur économie de marché),
- On a assisté à des développements importants des transferts internationaux : la circulation des biens et des services, des capitaux et des personnes n’a cessé de croître rendant le monde plus globalisé, plus interconnecté,
- A partir du milieu de la décennie 90, la diffusion de nouvelles technologies basées sur l’essor du progrès scientifique et technique (nouvelles technologies de l’information et de la communication, biotechnologies) a plongé l’économie mondiale dans une nouvelle « révolution industrielle », créant de nouveaux marchés et ouvrant des perspectives de croissance importantes,
- La construction européenne s’est poursuivie. Le marché unique puis la monnaie unique ont été mis en place, facilitant les échanges intra-européens et augmentant la taille du marché domestique pour les entreprises européennes.
A l’énoncé de ces faits, il pourrait sembler qu’un ensemble de forces positives placent l’économie européenne, et donc également française, dans une situation idéale et qu’une période de prospérité et de création de richesses sans précédente est en marche. Ce n’est pas exactement le cas ou, tout au moins, ce n’est pas la perception qu’on a de l’évolution de l’économie européenne de prime abord (il suffit pour s’en convaincre de regarder les niveaux des taux de chômage dans certains grands pays européens, constater l’atonie de la croissance européenne, se remémorer les débats et le résultat du référendum sur le projet de Constitution européenne en 2005…).
Notre vision est pessimiste, à tort ou à raison, parce qu’il existe également un certain nombre d’écueils et de problèmes qui viennent contrecarrer les éléments positifs décrits ci-dessus, éléments pourtant susceptibles de soutenir le développement économique et d’occasionner un progrès social :
- Le vieillissement de la population occidental entraîne un problème de financement des retraites et à terme un besoin de migration de main d’œuvre auquel une partie de la population européenne a parfois du mal à se résoudre,
- La concurrence des pays émergents dans les secteurs les plus traditionnels occasionne des pertes de parts de marché et donc d’emplois, ou des délocalisations qui cristallisent les angoisses des travailleurs les moins qualifiés,
- Les deux dernières décennies ont été marquées par une instabilité financière mondiale toujours plus importante (crises dans les pays émergents (crise asiatique, crise russe, crise argentine…), déficits jumeaux américains comme une épée de Damoclès sur l’économie mondiale, crise du subprime …) qui ont également des répercussions sur l’économie réelle,
- L’évolution préoccupante de l’environnement (dérèglement climatique, érosion de la biodiversité, épuisement progressif des ressources…) a abouti à la mise en place de mesures qui peuvent parfois handicaper les entreprises et oblige à prendre en compte ce problème structurel majeur dans les décisions les plus courantes.
La politique économique a donc encore un rôle important à jouer pour orienter les économies et les placer sur une trajectoire vertueuse (développement durable, croissance soutenable). Cependant la politique économique est rendue plus difficile par la compétition qui s’est instaurée entre les territoires nationaux (problème des délocalisations qui aboutissent à la nécessité d’attirer des investissements étrangers, à l’obligation d’être « compétitif » au niveau réglementaire et fiscal et au désir de posséder des infrastructures de pointe). De plus, la globalisation qui s’accompagne d’entreprises de taille de plus en plus importante et de flux financiers gigantesques et volatiles semble parfois incontrôlable et gêne les adaptations structurelles et les politiques conjoncturelles nécessaires au niveau national.
Ces problèmes, ces sujets, vous les connaissez ou vous en avez entendu parler. En effet, l'attention de plus en plus grande portée aux phénomènes économiques a rendu les concepts de l'analyse économique omniprésents. Ainsi le chômage, la mondialisation, la croissance, l'actualité boursière font-ils désormais partie de l'information quotidienne. Cette approche journalistique contribue à vous familiariser avec le vocabulaire des économistes, à vous donner un aperçu des problèmes existants, mais ne suffit pas à permettre une vraie compréhension des raisonnements et des mécanismes économiques sous-jacents.
Pour cela, il est nécessaire de parcourir les chemins de la pensée et de l’analyse économiques. C’est ce que proposent, autant que faire se peut3, ce cours et ce polycopié « d’introduction à l’analyse économique ».
En tout premier lieu, il convient de s’entendre sur une définition de l’économie avant d’aborder les différents champs de l’analyse économique.
1.1 Vers une définition de l’analyse économique
La science économique est une science humaine. Elle a pour objet d’étude l’être humain. C’est également une science sociale puisqu’elle étudie le comportement des individus au sein de la société. Toute science se donne un objet précis qu’elle tente d’analyser. La science politique procède à l’étude du pouvoir. La physique étudie les propriétés générales de la matière, de l’espace et du temps. La science économique se concentre, elle, sur l’étude de la rareté.
Le constat de départ de l’analyse économique est que les hommes éprouvent des besoins illimités mais, hélas, les ressources dont ils disposent pour les satisfaire n’existent qu’en nombre limité (d’où le phénomène de rareté). En conséquence, ils doivent faire des choix dans l’utilisation de leurs ressources (temps, budget) et dans les besoins qu’ils souhaitent satisfaire.
La rareté impose des choix. La science économique se donne pour objectif de résoudre le problème de l’allocation des ressources, c’est-à-dire d’analyser les choix imposés par la rareté, et cela en répondant aux trois questions suivantes (P. Samuelson) : Quels biens produire ? Comment les produire ? Pour qui les produire ? (Ces questions couvrent l’ensemble des problèmes économiques de l’allocation des ressources dans la consommation et la production, jusqu’au problème de distribution et d’équité…).
L'analyse économique se propose d'établir la façon dont la société décide ce qu'elle doit produire, comment et pour qui elle doit le faire.
Cette définition est cependant bien générale et il convient de réaliser plusieurs distinctions tant sur le plan des méthodes de l’analyse économique que sur le champ de l’analyse.
1.2 Economie positive et normative
La première distinction que l’on peut réaliser est celle entre analyse positive et normative.
Une analyse positive explique pourquoi les choses et les comportements sont ce qu’ils sont. Elle vise à montrer (décrire) le monde tel qu’il est. Une analyse normative cherche à définir ce que doivent être les choses et les comportements, à expliquer comment doit être le monde.
L'économie positivea donc trait aux explications objectives ou scientifiques du fonctionnement de l'économie. Elle se fixe pour objet d'expliquer comment la société prend des décisions relatives à la consommation, à la production et à l'échange de biens. Cette investigation a deux finalités : satisfaire notre curiosité en expliquant pourquoi l'économie fonctionne comme elle le fait, offrir une base pour prévoir comment l'économie réagira à des changements de situation.
L'économie normativefournit pour sa part des prescriptions ou recommandations fondées sur des jugements de valeur personnels.
Avec l’analyse positive, l’économiste espère agir comme un scientifique dépassionné. Quelle que soit son orientation politique, quelles que soient ses idées sur l'avenir ou sur ce qui est « bien », il veut d'abord s’intéresser à la façon dont le monde fonctionne dans la réalité. Il n’accorde aucune place aux jugements de valeur personnels. Il s'agit de propositions telles que: si l'on change ceci, alors il arrivera cela. En ce sens, l'économie positive se compare aux sciences comme la physique, la géologie ou l'astronomie.
La démarche positive relève seule de la science. L’économie normative est pour sa part trop influencée par des valeurs que l’on cherche à respecter.
L’économiste n’a pas pour vocation première d’édicter des règles de bonne conduite. Il peut, du reste, laisser ce soin aux autres puisque les décisions en matière de politique économique sont en définitive
3 Il convient de garder à l’esprit que ce cours n’est qu’une introduction. On ne pourra aborder et expliquer l’ensemble des problèmes et phénomènes économiques. Les différents chapitres et sujets traités ne sont qu’une sélection bien entendue non exhaustive. Les références en bas de page et la bibliographie en fin de polycopié peuvent vous permettre d’approfondir vos connaissances en analyse économique.
prises par les hommes politiques qui détiennent le pouvoir politique, les décisions en matière de production et d’investissement étant prises par les industriels et les entrepreneurs.
Les économistes émettent des avis. Les hommes politiques et les entrepreneurs (mais en fait tous les individus !) prennent les décisions économiques.
Les économistes conçoivent cependant souvent comme un prolongement naturel de leur travail le fait de donner des conseils en matière de politique économique. Il paraît en effet absurde de connaître en profondeur les mécanismes à l’origine d’un problème (le chômage, la pauvreté, les volumes trop importants de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, l’absence d’innovation ou de croissance…) sans tenter de le résoudre Il est donc parfois difficile de séparer totalement le positif du normatif. L’économie conserve forcément un lien avec l’action politique même si elle aspire à être une science. Cela ne veut pas dire que la science économique ne peut jeter aucune lumière sur des questions normatives. Nous pouvons recourir à l'économie positive pour exposer les conséquences détaillées de l'un ou l'autre choix.L'économie positive peut servir à clarifier la liste des opinions parmi lesquelles la société devra finalement faire un choix normatif.
La seconde distinction a trait au niveau retenu pour l’analyse économique.
1.3 Macroéconomie et microéconomie
Les sciences sociales opposent presque toujours des conceptions holistes et des conceptions individualistes. L’économie n’échappe pas à cette opposition. L’individualisme méthodologique est une méthode d’analyse des faits économiques et sociaux qui part du principe que les phénomènes étudiés peuvent être expliqués à partir de l’analyse des comportements individuels. Le holisme est au contraire une méthode d’analyse qui considère que les comportements individuels s’inscrivent dans un contexte global prédéterminé. En conséquence, l’étude du contexte global est nécessaire pour comprendre les actes individuels. En science économique, ce débat renvoie à la séparation initiale existant entre microéconomie et macroéconomie.
La microéconomie relève de l’individualisme méthodologique et prend pour point de départ l’analyse économique à l’échelle de l’agent (l’individu représentatif que celui-ci soit un consommateur, un producteur ou les deux en même temps). Elle choisit un agent type puis propose d’agréger les décisions individuelles pour passer aux grandeurs globales. Quand l'analyse microéconomique néglige des effets induits indirects, on la qualifie d'analyse partielle (Raisonnement « toute chose égale par ailleurs »). Quand l’analyse microéconomique prend en compte l’ensemble des interactions sur tous les marchés, on débouche sur des analyses dites d’équilibre général.
A l’inverse la macroéconomie s’intéresse aux relations entre les grandeurs globales. La macroéconomie insiste sur les interactions dans l'ensemble du système économique. Elle simplifie délibérément les blocs constitutifs de l'analyse pour étudier, dans un cadre qui reste maniable, la totalité des interactions au sein de l'économie.
Il n’est pas toujours possible de donner des fondements microéconomiques à l’analyse macroéconomique, ce qui peut justifier une approche purement macroéconomique pour expliquer des phénomènes que ne peut expliquer la microéconomie. En effet, les conclusions de l’analyse microéconomique ne sont pas forcément généralisables au niveau macroéconomique (problème du no bridge). Exemple :Une baisse des salaires à l’intérieur d’une entreprise peut faire augmenter les profits de celle-ci (si les salariés conservent la même productivité). Toutes les entreprises peuvent faire ce raisonnement. Cependant, les salaires des unes représentent la demande qui s’adresse aux autres. Une baisse généralisée des salaires peut faire diminuer les profits. Ce qui était vrai au niveau individuel ne l’est plus au niveau global.
Cependant les recherches les plus récentes en économie tendent à faire disparaître cette dichotomie entre microéconomie et macroéconomie (intégration des comportements des agents dans les modèles macroéconomiques…).
A propos de cette opposition entre macroéconomie et microéconomie (qui donc tend à disparaître), une petite remarque. Il est de bon ton de penser que la microéconomie et son prolongement, l’économie industrielle, vous seraient seules nécessaires dans votre formation d’ingénieur. Il me semble au contraire que la seule connaissance de la modélisation des comportements individuels ne saurait vous suffire. Il vous faut à la fois comprendre les mécanismes de détermination des choix individuels, c’est entendu, mais également savoir comment ceux-ci répondent à l’environnement économique qui entoure les individus. La macroéconomie semble donc tout aussi importante dans votre formation, car elle va vous donner les bases pour une juste appréciation de l’environnement économique de l’entreprise. Par ailleurs, le parti pris de ce cours d’aborder des problématiques économiques majeures et non des techniques économiques essentielles évacue ce débat. Ce parti pris nous amènera souvent à aborder les questions d’un point de vue d’abord macroéconomique avant de s’intéresser aux comportements microéconomiques et à leur capacité explicative des phénomènes globaux.
1.4 Analyses conjoncturelles et structurelles
Une troisième distinction peut être ajoutée aux deux précédemment abordées (analyse normative ou positive, analyse macro ou microéconomique). C’est la distinction que l’on peut faire entre l’analyse de problèmes conjoncturels et l’analyse de problèmes structurels.
Cette distinction renvoie à l’horizon d’analyse nécessaire à l’éclairage du problème abordé. Ainsi les problèmes de développement, d’environnement, de financement des retraites s’inscrivent dans le long terme. Ce sont des problèmes structurels dont l’horizon dépasse largement ce qu’on peut entendre comme le court terme. En revanche, la prévision du taux de croissance au prochain trimestre, les raisons d’une possible remontée des taux d’intérêt de la Banque Centrale Européenne, les explications possibles à l’augmentation des prix des matières premières5 sont des problèmes plus conjoncturels qui s’inscrivent dans le court ou le moyen terme. Les outils d’analyse ne sont pas les mêmes.
Les différents chapitres de ce polycopié utiliseront les analyses des deux types. Le chapitre sur « les déterminants de la croissance » est bien sûr un chapitre éminemment structurel, tandis que le chapitre « Conjoncture et politiques économiques » est, comme le titre le suggère, essentiellement fondé sur des éléments d’analyse conjoncturelle. Mais nous verrons que cela n’est pas aussi tranché qu’on pourrait le penser car, par exemple, le niveau de la dette publique (plutôt un élément structurel) influe sur le degré de liberté de la politique économique de court terme. A l’opposé, les politiques tournées vers la croissance (éducation, innovation) obligent à des investissements qui ont des répercussions sur l’allocation des ressources à court terme et donc des effets conjoncturels…