Approches microeconomiques du developpement economique local
Introduction générale
Le développement des zones périphériques n’en finit pas de poser problème aux théoriciens comme aux praticiens du développement. L’augmentation des disparités de niveau de vie entre pays du monde ou entre régions d’un même pays, malgré des politiques nombreuses affichant un objectif de réduction des inégalités, constitue à la fois une énigme et une menace potentielle pour l’équilibre social, voire parfois politique.
Les tentatives pour trouver des régularités (convergence, loi de Kuznets…), ou d’édicter des méthodes générales (planification, plans d’ajustement structurel…) en matière de développement se sont révélées dans l’ensemble assez décevantes. Les success stories ont en général été inattendues, et les tentatives de les reproduire rarement convaincantes, qu’il s’agisse des districts industriels italiens ou des dragons asiatiques. Certains modèles théoriques prédisent que même en l’absence de différences de dotations naturelles, une divergence entre régions ou nations (en termes de niveau de vie ou de niveau d’activité) peut perdurer indéfiniment.
Cependant, une grande partie de la littérature récente sur le développement insiste sur certains facteurs négligés dans la littérature économique, comme l’importance des institutions et des réseaux sociaux dans la performance économique. Dans certains pays en développement, les hypothèses habituelles en microéconomie concernant la circulation de l’information ou le respect des contrats sont tellement mises en défaut qu’une modification importante des raisonnements économiques semble incontournable.
Dans les zones rurales des pays développés, certains phénomènes suggèrent également un rôle important des facteurs sociologiques ou institutionnels, notamment le maintien dans certaines zones d’une industrie rurale forte ou les différences de capacités de valorisation de produits de terroir ou touristiques entre régions. Du côté des praticiens du développement, le discours sur les vertus du développement local connaît une popularité qui se maintient depuis son émergence dans les années 1970.
Ce discours repose sur l’idée que des ressources latentes seraient à valoriser dans les régions périphériques, et que leur valorisation permettrait d’enclencher un développement. Il est bien difficile de faire la part des choses entre le discours incantatoire qui vise parfois avant tout à se persuader soi-même, et la réalité de ces ressources latentes, rarement explicitées, mais qui incluraient notamment des capacités d’organisation, un esprit d’entreprise adapté aux potentialités locales ou encore l’existence de réseaux d’acteurs capables d’apporter des idées et ressources nouvelles. Bien que ce type de discours s’avère bien souvent tautologique – ce qui implique qu’il ne peut être démenti et explique la pérennité de sa popularité – il a tout de même le mérite de poser la question du rôle de facteurs sociologiques dans le développement des zones périphériques.
En termes plus concrets – et plus adaptés à un test empirique – il repose sur l’idée que des différences de caractéristiques sociologiques entre régions pourraient induire des différences significatives de dynamique de développement. Au moins deux politiques importantes mises en œuvre en France parient plus ou moins explicitement sur cette hypothèse. Il s’agit, d’une part, des trois générations de programmes d’initiative communautaire (PIC) Leader, d’autre part de la politique des « pays ».
Depuis le lancement du premier PIC Leader (Liaison Entre Actions de Développement de l’Economie Rurale) en 1989, le principe de base est resté le même. De petites régions rurales se dotent d’une structure de réflexion, un Groupe d’Action Locale (GAL), incluant élus locaux et acteurs de la vie socio-économiques. Chaque GAL réalise un diagnostic de son territoire et élabore une stratégie de développement accompagnée d’une demande de financements pour des projets précis, auprès des financeurs publics, dont des fonds européens. Dans l’esprit des concepteurs du programme, la demande de fonds européens, dont l’enveloppe est modeste, est surtout un prétexte : c’est toute la procédure de réflexion et de concertation qui y aboutit qui joue le plus grand rôle dans la mobilisation collective des énergies locales et sa focalisation vers un objectif commun de développement (en pratique, il faut reconnaître que l’effet d’aubaine a été important, les crédits Leader servant souvent à compenser l’inéligibilité à d’autres programmes…).
La politique des pays est basée sur une idée similaire. Initiée par la loi d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire de 1995, elle est reprise comme un axe majeur de la loi d’orientation pour l’aménagement et le développement durable du territoire de 1999. Elle est basée sur la reconnaissance d’ensembles ayant « une cohérence géographique, culturelle, économique ou sociale », qui formulent un projet commun. Un pays peut aussi bien être urbain que rural.
Toutefois, ce sont surtout les zones rurales qui sont visées dans l’esprit de la loi. L’existence d’une cohérence territoriale est supposée par les concepteurs de la loi être un facteur éminemment favorable à la mise en œuvre d’une gouvernance locale efficace, et favorable à une dynamique de développement. La question du rôle des facteurs sociologiques dans le développement économique des régions périphériques présente donc d’importants enjeux à la fois scientifiques (évaluer l’approche du développement local) et pratiques (orienter les politiques de développement local).
Cette thèse vise à y contribuer, tant sur le plan théorique qu’empirique, avec pour objet d’application les zones rurales françaises. La prise en compte de caractéristiques sociologiques dans l’analyse économique est typiquement prônée par des courants considérés comme « hétérodoxes » en économie. Prenant le contre-pied de ces approches à vocation pluridisciplinaire, la démarche choisie dans cette thèse s’ancre résolument dans l’analyse économique des interactions de marché. En effet, le marché parfait reste considéré comme le mode d’allocation le plus efficace des ressources, même si les dotations initiales peuvent générer des inégalités.
C’est en étudiant les imperfections de marché que le rôle potentiel des facteurs sociologiques dans le développement peut être mis en évidence. Outre le fait que les facteurs sociologiques peuvent être invoqués pour expliquer des différences de performance économique, les zones périphériques sont un terrain de choix pour étudier l’intérêt de leur intégration dans l’analyse économique. En effet, qu’il s’agisse des pays en développement ou des zones rurales des pays développés, les zones périphériques sont généralement considérées comme possédant une sociabilité et des solidarités plus fortes que dans les régions développées ou les espaces urbains.
Cette idée reçue est à relativiser car, comme nous le verrons dans la partie empirique, l’intensité de la vie sociale présente en réalité de grandes variations entre pays et/ou entre régions périphériques. Mais c’est précisément cette variabilité qui permet d’envisager un test du rôle des facteurs sociologiques sur le développement. L’ambition de cette thèse est d’apporter une contribution à la compréhension du rôle des facteurs sociologiques dans le développement des zones périphériques, à la fois par des considérations théoriques et par une étude empirique. Etant donnée la complexité du sujet, les réflexions de cette thèse se limiteront à trois thèmes dont l’approfondissement paraît particulièrement pertinent. Le premier thème est le rôle des relations sociales extérieures aux zones périphériques dans leur développement.
Alors que de nombreux débats en économie du développement concernent le rôle de l’intégration interrégionale et internationale des marchés, les réflexions sur le développement local sont souvent concentrées sur les caractéristiques internes des régions.
Or, l’ouverture à l’extérieur peut être un élément essentiel pour activer une dynamique de développement, et négliger son rôle peut être une erreur importante. Un deuxième thème est celui du rôle négatif des relations sociales. Alors que beaucoup de raisonnements économiques négligent le rôle des liens sociaux, les travaux sur le développement revendiquant une intégration d’aspects sociologiques ont parfois tendance à insister de manière excessive sur les vertus de la sociabilité et l’esprit communautaire.
Or, si les liens sociaux peuvent remédier à des imperfections du marché, ils peuvent également créer de nouvelles imperfections, notamment en favorisant des comportements de capture de rente. Le troisième thème est celui de l’importance de l’hétérogénéité des agents économiques dans la compréhension des processus de développement. Lorsque « l’esprit collectif » est invoqué comme un remède à la stagnation, la tentation peut être grande de considérer la région que l’on étudie comme une entité organique dont les éléments (les agents économiques) partageraient des intérêts communs.
Or, non seulement il est évident que des divergences d’intérêts existent entre différents agents, mais en outre omettre de considérer la diversité des agents présents sur une région peut aboutir à des conclusions fausses sur les mécanismes de développement. La première partie de cette thèse décrit le cadre méthodologique général utilisé pour traiter la question du rôle des facteurs sociologiques dans le développement économique. Dans un premier chapitre, les principaux mécanismes expliquant la localisation des activités économiques sont présentés, et l’intérêt de l’introduction de phénomènes sociologiques est discuté. Les outils disponibles dans le cadre d’une approche microéconomique sont également présentés. Le deuxième chapitre décrit plusieurs programmes de recherche qui visent à prendre en compte des phénomènes sociologiques dans l’étude du développement local. Il montre notamment les limites d’une approche insuffisamment ancrée dans l’étude des mécanismes marchands.
Le troisième chapitre de la première partie mobilise la notion de capital social comme fil conducteur de l’élaboration de la grille de lecture des mécanismes étudiés dans cette thèse. Le capital social est défini comme un ensemble de ressources économiques disponibles pour les individus à travers la structure sociale. A partir de cette définition, les mécanismes par lesquels le capital social peut influer sur la performance économique au niveau d’une région sont discutés.
L’analyse théorique de ce chapitre montre que si le capital social est par définition positif pour l’individu (c’est une ressource), il n’en est pas de même au niveau agrégé, où le capital social peut avoir des effets négatifs pour le développement. A partir de la typologie de mécanismes élaborée dans ce chapitre, deux formes principales de capital social sont distinguées. La première, dénommée bonding, consiste en des liens sociaux forts internes aux régions. Du point de vue économique, ces liens ont pour principale utilité de stabiliser l’environnement des agents, en fournissant des services tels qu’une assurance informelle ou une loyauté qui ne nécessite pas le contrôle d’institutions formelles. La deuxième forme de capital social, souvent négligée dans les travaux sur le sujet, est dénommée bridging, et consiste en des liens dirigés vers l’extérieur de la région.
Le bridging a pour intérêt d’amener un renouvellement des idées et plus généralement des ressources nouvelles dans la région. La deuxième partie de la thèse présente plusieurs essais théoriques visant à approfondir certains phénomènes pertinents pour l’étude du développement régional. Les trois chapitres de cette partie correspondent aux trois thèmes énumérés plus haut. Le premier chapitre se concentre sur le rôle des liens sociaux extérieurs (i.e. du bridging) dans le développement. Les différents mécanismes d’action du bridging sont d’abord présentés. Ensuite, un modèle d’économie géographique étudie un mécanisme plus particulier, à savoir la capacité des réseaux sociaux à diffuser de l’information sur les produits des régions périphériques dans les marchés des régions avancées.
Les résultats montrent que la définition du bridging doit inclure non seulement des liens sociaux entre régions, mais aussi des caractéristiques internes aux régions. En outre, ils montrent que l’histoire et les considérations dynamiques peuvent avoir un rôle important à jouer dans l’efficacité du bridging. Le deuxième chapitre de la seconde partie traite des effets négatifs du capital social, qui concernent essentiellement la fermeture due à un bonding excessif. Deux modèles théoriques sont présentés dans ce chapitre. D’abord, un modèle d’économie industrielle étudie l’arbitrage entre effets positifs et négatifs de la proximité entre firmes dans un district industriel.
Le principe est qu’une plus grande proximité permet de faire des économies de coûts fixes (ou de manière équivalente de diminuer la variabilité de l’environnement), mais limite l’ouverture aux idées extérieures. Ce modèle met en évidence une relation en « U inversé » entre l’intensité d’encastrement social (ou de bonding) et la performance collective, et l’existence d’un seuil au-delà duquel les effets négatifs du bonding prédominent.
Le deuxième modèle du deuxième chapitre, inspiré de la littérature sur les effets de voisinage, étudie la captation d’une rente par un commerçant local, lorsque les consommateurs recherchent l’interaction sociale qu’ils trouvent à fréquenter son commerce. Ce modèle montre que l’existence d’une préférence pour l’interaction sociale peut en effet permettre le maintien d’une activité économique locale, mais que cette caractéristique peut aboutir à terme à fragiliser le tissu économique.
Le troisième chapitre de la seconde partie est consacré à l’étude de l’importance de l’hétérogénéité des agents dans les considérations de développement régional. Il ne contient pas de modèle formalisé, mais discute différents aspects de cette hétérogénéité : la présence de différents types d’agents et de différents secteurs, la répartition spatiale des agents, et les effets induits entre secteurs. La troisième partie de la thèse présente les résultats de deux types de travaux empiriques conduits sur l’espace rural français. D’une part, six études de cas menées afin d’examiner l’existence sur le terrain des mécanismes d’action du capital social, ainsi que la possibilité de mesure du capital social par des indicateurs statistiques.
D’autre part, une étude économétrique testant l’impact du capital social sur le dynamisme économique des espaces ruraux français. Ces deux approches, monographique et statistique, se sont révélées complémentaires pour saisir ce phénomène aussi délicat à observer et à mesurer qu’est le capital social. Un premier chapitre justifie la méthodologie choisie et présente les principaux résultats de la littérature empirique sur le sujet. Il en ressort un manque important dans la prise en compte du bridging, ainsi que des difficultés considérables à disposer d’indicateurs pertinents de capital social. Dans le deuxième chapitre, les six études de cas sont présentées.
Elles mettent en évidence l’existence de plusieurs des mécanismes par lesquels les caractéristiques sociologiques influent sur la performance économique. Cependant, elle montrent que le capital social a des effets assez différents selon les secteurs, et que sa variabilité spatiale peut être importante. C’est pourquoi l’étude économétrique du troisième chapitre utilise un niveau spatial assez fin et tient compte de la structure économique. Ses résultats suggèrent un impact positif et robuste du capital social sous ses deux formes principales, bonding et bridging. Au final, les contributions théoriques et empiriques de cette thèse convergent vers des résultats cohérents. Toutes montrent l’intérêt qu’il y a à tenir compte des phénomènes sociologiques lorsque les marchés présentent des imperfections que les institutions formelles traitent mal. Elles montrent en outre l’importance de tenir le plus grand compte des relations sociales extérieures aux régions périphériques dans l’analyse de leur développement, ainsi que des effets négatifs des relations sociales. Enfin, elles montrent qu’il est nécessaire de situer l’analyse au niveau le plus proche des agents économiques, en tenant compte de la diversité de leurs caractéristiques économiques.
Partie I
Le cadre méthodologique
Cette première partie vise à justifier la grille d’analyse théorique qui a été retenue dans cette thèse pour l’analyse du rôle des facteurs sociologiques dans le développement régional. Le premier chapitre brosse un tableau synthétique de l’analyse économique de la localisation des activités, pour montrer l’intérêt de prendre en compte des facteurs non marchands, en particulier dans l’étude des régions périphériques. Le deuxième chapitre passe en revue diverses approches théoriques possible et argumente le choix d’une démarche centrée sur les mécanismes marchands. Enfin, le troisième chapitre justifie l’intérêt de mobiliser la notion de capital social, et présente la grille d’analyse théorique qui sert de fil conducteur aux travaux des deux parties suivantes.
Chapitre 1.
L’analyse microéconomique de la localisation des activités en zone périphérique : quelle place pour les facteurs non marchands ?
Ce premier chapitre présente un état de l’art des connaissances et des grandes questions relatives à la localisation des activités en zone périphérique. La notion de zone périphérique sera à ce stade définie de manière très générale, comme une zone moins bien dotée en activités économiques et en niveau de revenu, relativement à d’autres zones qualifiées de centrales ou développées. Après avoir rappelé les grandes forces économiques influençant la localisation (1.1), il montre la pertinence de s’intéresser aux aspects non marchands dans l’étude du développement des régions périphériques (1.2). Enfin, il présente les différents outils disponibles pour analyser ces aspects non marchands avec une formalisation microéconomique (1.3).
1.1 Bref panorama de l’approche économique de la localisation des activités
Cette section brosse un tableau synthétique des grandes approches et modèles de base pour expliquer la localisation des activités économiques. On rappelle d’abord rapidement les modèles classiques de l’économie spatiale et régionale (1.1.1), avant de détailler les avancées dues aux travaux de la nouvelle économie géographique (1.1.2). Enfin, quelques éléments sont donnés sur la relation entre espace géographique et relations sociales (1.2.3).
1.1.1 Les modèles et mécanismes de base
En termes formels, la modélisation de l’espace consiste en l’introduction l’un des deux éléments suivants : la distance (le transport est coûteux) et l’hétérogénéité (il y a des ressources différentes en différents points de l’espace). Avant les efforts de synthèse réalisés par la nouvelle économie géographique, les travaux en économie spatiale ont été développés dans des cadres très divers :
- Le modèle de Von Thünen (1826), ancêtre de l’économie urbaine à la Alonso (1960).
Il explique la répartition spatiale d’activités (ou de ménages) en fonction de l’arbitrage entre coûts d’accès au centre urbain exogène (où sont réalisés les profits/salaires) et coûts fonciers. - Les modèles de localisation des firmes issus des travaux d’Alfred Weber (1909) : ils expliquent la localisation d’activités par l’arbitrage entre coût de transport des matières premières (dont la localisation est exogène) et proximité des marchés (également exogènes). - Le modèle de Hotelling (1929) sur la différenciation spatiale compétitive. - Les travaux sur la hiérarchie urbaine de Christaller (1933) et Lösch (1940), qui introduisent des économies d’échelle dans la production pour expliquer l’existence de centres urbains de tailles différentes. - Le modèle Hecksher-Ohlin-Samuelson (1933), modèle de commerce international, qui vise à expliquer la spécialisation des nations dans les échanges en fonction de leur dotation en facteurs. Il n’y a pas en général de coût de transport dans ce type de modèl
Ces travaux permettent d’expliquer un grand nombre de phénomènes de localisation à divers niveaux géographiques d’analyse. Cependant, ils nécessitent en général d’introduire de manière exogène une hétérogénéité. De plus, ils ne permettent pas de modéliser de manière satisfaisante la rétroaction positive entre offre et demande, qui est intuitivement évidente pour expliquer la stabilité des configurations spatiales d’activité et de population. Ces difficultés sont traitées par la nouvelle économie géographique.
1.1.2 Les apports de la nouvelle économie géographique
L’origine de la nouvelle économie géographique remonte aux travaux de Krugman (1991). Son modèle permet de formaliser de manière simple la rétroaction positive entre offre et demande, les consommateurs recherchant la proximité des firmes et inversement. Aucune hétérogénéité exogène entre les différents points de l’espace n’est nécessaire : la présence d’une rétroaction positive garantit l’existence d’équilibres multiples avec une répartition asymétrique des activités et de la population entre les régions. En plus de son intérêt académique, une des avancées importantes du modèle de Krugman est qu’il fournit un résultat en apparence contre-intuitif, mais largement corroboré par les faits : une diminution des coûts de transport entre régions aboutit à un accroissement de la polarisation.
La raison essentielle de ce résultat est que la baisse des coûts de transport fait disparaître l’effet protecteur de l’espace contre la concurrence. Un autre mécanisme qui n’est pas apparent dans le modèle de Krugman (1991) est que la baisse des coûts de transport donne la priorité aux économies d’agglomération sur les considérations de marché local et de concurrence : puisqu’il est moins coûteux d’exporter, il est avantageux de se localiser là où la production est la plus efficace. Dans le modèle de Krugman (1991), la principale force d’agglomération est liée à la préférence pour la variété des consommateurs, qui fait que ces derniers recherchent à s’implanter en un lieu où les biens proposés sont nombreux. Les travaux ultérieurs ont incorporé d’autres forces d’agglomération, et en particulier les relations verticales entre producteurs de biens intermédiaires et de biens finaux (Krugman et Venables, 1995).
Un des objectifs de ce programme de recherche est de donner corps aux intuitions d’Alfred Marshall sur les effets d’agglomération. Les effets d’agglomération s’interprètent comme la conséquence de rendements croissants internes (indivisibilité ou coût fixe) ou externes. Ces derniers peuvent être dus à des rétroactions positives entre offre et demande, mais aussi à la possibilité de mettre en commun des ressources (biens intermédiaires, biens publics, risques), ainsi qu’à des effets purement technologiques (« atmosphère industrielle »), qui font que la présence de nombreuses firmes et d’une main-d’œuvre qualifiée favorise la diffusion de connaissances et de savoir-faire, ainsi que l’innovation. La modélisation de ces trois types de mécanismes est présentée en détail par Duranton et Puga (2004) sous les intitulés respectifs de matching, sharing, et learning.
Sommaire
Introduction générale.......................... 2
Partie I ............................................. 7
Chapitre 1. L’analyse microéconomique de la localisation des activités en zone périphérique : quelle place pour les facteurs non marchands ?............. 8
Chapitre 2. Le développement local, alternative aux raisonnements économiques ? ............... 20
Chapitre 3. La notion de capital social comme moyen d’introduire des aspects sociologiques dans les raisonnements économiques.................... 31
Partie II ............. 53
Chapitre 1. Le rôle des liens extérieurs dans le développement régional ... 54
Chapitre 2. L’arbitrage entre effets positifs et négatifs du bonding............ 77
Chapitre 3. Le rôle de l’hétérogénéité des agents dans l’effet du capital social ..................... 102
Partie III ........... 115
Chapitre 1. Vers une stratégie de test du rôle du capital social dans la performance économique ........................... 116
Chapitre 2. Analyse comparative de monographies.... 142
Chapitre 3. Etude économétrique................................ 174
Conclusion générale ........................ 197
Bibliographie...... 200
Annexes ........... 216
Annexe 1. Calculs du modèle du chapitre II.1 ................ 217
Annexe 2. Calculs du modèle de la section II.2.1........... 223
Annexe 3. Calculs du modèle de la section II.2.2........... 225
Annexe 4. Les zones d’étude............. 229
Annexe 5. Liste des institutions enquêtées lors des études de terrain........... 230
Annexe 6. Questionnaires et guides d’entretien.............. 231
Annexe 7. Profil des échantillons enquêtés..................... 237
Annexe 8. Quelques résultats d’analyse probit et de régression multiple sur les enquêtes sociologiques................... 238
Annexe 9. Indicateurs utilisés et statistiques descriptives............................. 239
Annexe 10. Les indices de bonding ................................ 241
Approches microeconomiques du developpement economique local
Introduction générale
Le développement des zones périphériques n’en finit pas de poser problème aux théoriciens comme aux praticiens du développement. L’augmentation des disparités de niveau de vie entre pays du monde ou entre régions d’un même pays, malgré des politiques nombreuses affichant un objectif de réduction des inégalités, constitue à la fois une énigme et une menace potentielle pour l’équilibre social, voire parfois politique.
Les tentatives pour trouver des régularités (convergence, loi de Kuznets…), ou d’édicter des méthodes générales (planification, plans d’ajustement structurel…) en matière de développement se sont révélées dans l’ensemble assez décevantes. Les success stories ont en général été inattendues, et les tentatives de les reproduire rarement convaincantes, qu’il s’agisse des districts industriels italiens ou des dragons asiatiques. Certains modèles théoriques prédisent que même en l’absence de différences de dotations naturelles, une divergence entre régions ou nations (en termes de niveau de vie ou de niveau d’activité) peut perdurer indéfiniment.
Cependant, une grande partie de la littérature récente sur le développement insiste sur certains facteurs négligés dans la littérature économique, comme l’importance des institutions et des réseaux sociaux dans la performance économique. Dans certains pays en développement, les hypothèses habituelles en microéconomie concernant la circulation de l’information ou le respect des contrats sont tellement mises en défaut qu’une modification importante des raisonnements économiques semble incontournable.
Dans les zones rurales des pays développés, certains phénomènes suggèrent également un rôle important des facteurs sociologiques ou institutionnels, notamment le maintien dans certaines zones d’une industrie rurale forte ou les différences de capacités de valorisation de produits de terroir ou touristiques entre régions. Du côté des praticiens du développement, le discours sur les vertus du développement local connaît une popularité qui se maintient depuis son émergence dans les années 1970.
Ce discours repose sur l’idée que des ressources latentes seraient à valoriser dans les régions périphériques, et que leur valorisation permettrait d’enclencher un développement. Il est bien difficile de faire la part des choses entre le discours incantatoire qui vise parfois avant tout à se persuader soi-même, et la réalité de ces ressources latentes, rarement explicitées, mais qui incluraient notamment des capacités d’organisation, un esprit d’entreprise adapté aux potentialités locales ou encore l’existence de réseaux d’acteurs capables d’apporter des idées et ressources nouvelles. Bien que ce type de discours s’avère bien souvent tautologique – ce qui implique qu’il ne peut être démenti et explique la pérennité de sa popularité – il a tout de même le mérite de poser la question du rôle de facteurs sociologiques dans le développement des zones périphériques.
En termes plus concrets – et plus adaptés à un test empirique – il repose sur l’idée que des différences de caractéristiques sociologiques entre régions pourraient induire des différences significatives de dynamique de développement. Au moins deux politiques importantes mises en œuvre en France parient plus ou moins explicitement sur cette hypothèse. Il s’agit, d’une part, des trois générations de programmes d’initiative communautaire (PIC) Leader, d’autre part de la politique des « pays ».
Depuis le lancement du premier PIC Leader (Liaison Entre Actions de Développement de l’Economie Rurale) en 1989, le principe de base est resté le même. De petites régions rurales se dotent d’une structure de réflexion, un Groupe d’Action Locale (GAL), incluant élus locaux et acteurs de la vie socio-économiques. Chaque GAL réalise un diagnostic de son territoire et élabore une stratégie de développement accompagnée d’une demande de financements pour des projets précis, auprès des financeurs publics, dont des fonds européens. Dans l’esprit des concepteurs du programme, la demande de fonds européens, dont l’enveloppe est modeste, est surtout un prétexte : c’est toute la procédure de réflexion et de concertation qui y aboutit qui joue le plus grand rôle dans la mobilisation collective des énergies locales et sa focalisation vers un objectif commun de développement (en pratique, il faut reconnaître que l’effet d’aubaine a été important, les crédits Leader servant souvent à compenser l’inéligibilité à d’autres programmes…).
La politique des pays est basée sur une idée similaire. Initiée par la loi d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire de 1995, elle est reprise comme un axe majeur de la loi d’orientation pour l’aménagement et le développement durable du territoire de 1999. Elle est basée sur la reconnaissance d’ensembles ayant « une cohérence géographique, culturelle, économique ou sociale », qui formulent un projet commun. Un pays peut aussi bien être urbain que rural.
Toutefois, ce sont surtout les zones rurales qui sont visées dans l’esprit de la loi. L’existence d’une cohérence territoriale est supposée par les concepteurs de la loi être un facteur éminemment favorable à la mise en œuvre d’une gouvernance locale efficace, et favorable à une dynamique de développement. La question du rôle des facteurs sociologiques dans le développement économique des régions périphériques présente donc d’importants enjeux à la fois scientifiques (évaluer l’approche du développement local) et pratiques (orienter les politiques de développement local).
Cette thèse vise à y contribuer, tant sur le plan théorique qu’empirique, avec pour objet d’application les zones rurales françaises. La prise en compte de caractéristiques sociologiques dans l’analyse économique est typiquement prônée par des courants considérés comme « hétérodoxes » en économie. Prenant le contre-pied de ces approches à vocation pluridisciplinaire, la démarche choisie dans cette thèse s’ancre résolument dans l’analyse économique des interactions de marché. En effet, le marché parfait reste considéré comme le mode d’allocation le plus efficace des ressources, même si les dotations initiales peuvent générer des inégalités.
Cette idée reçue est à relativiser car, comme nous le verrons dans la partie empirique, l’intensité de la vie sociale présente en réalité de grandes variations entre pays et/ou entre régions périphériques. Mais c’est précisément cette variabilité qui permet d’envisager un test du rôle des facteurs sociologiques sur le développement. L’ambition de cette thèse est d’apporter une contribution à la compréhension du rôle des facteurs sociologiques dans le développement des zones périphériques, à la fois par des considérations théoriques et par une étude empirique. Etant donnée la complexité du sujet, les réflexions de cette thèse se limiteront à trois thèmes dont l’approfondissement paraît particulièrement pertinent. Le premier thème est le rôle des relations sociales extérieures aux zones périphériques dans leur développement.
Alors que de nombreux débats en économie du développement concernent le rôle de l’intégration interrégionale et internationale des marchés, les réflexions sur le développement local sont souvent concentrées sur les caractéristiques internes des régions.
Or, l’ouverture à l’extérieur peut être un élément essentiel pour activer une dynamique de développement, et négliger son rôle peut être une erreur importante. Un deuxième thème est celui du rôle négatif des relations sociales. Alors que beaucoup de raisonnements économiques négligent le rôle des liens sociaux, les travaux sur le développement revendiquant une intégration d’aspects sociologiques ont parfois tendance à insister de manière excessive sur les vertus de la sociabilité et l’esprit communautaire.
Or, non seulement il est évident que des divergences d’intérêts existent entre différents agents, mais en outre omettre de considérer la diversité des agents présents sur une région peut aboutir à des conclusions fausses sur les mécanismes de développement. La première partie de cette thèse décrit le cadre méthodologique général utilisé pour traiter la question du rôle des facteurs sociologiques dans le développement économique. Dans un premier chapitre, les principaux mécanismes expliquant la localisation des activités économiques sont présentés, et l’intérêt de l’introduction de phénomènes sociologiques est discuté. Les outils disponibles dans le cadre d’une approche microéconomique sont également présentés. Le deuxième chapitre décrit plusieurs programmes de recherche qui visent à prendre en compte des phénomènes sociologiques dans l’étude du développement local. Il montre notamment les limites d’une approche insuffisamment ancrée dans l’étude des mécanismes marchands.
Le troisième chapitre de la première partie mobilise la notion de capital social comme fil conducteur de l’élaboration de la grille de lecture des mécanismes étudiés dans cette thèse. Le capital social est défini comme un ensemble de ressources économiques disponibles pour les individus à travers la structure sociale. A partir de cette définition, les mécanismes par lesquels le capital social peut influer sur la performance économique au niveau d’une région sont discutés.
Le bridging a pour intérêt d’amener un renouvellement des idées et plus généralement des ressources nouvelles dans la région. La deuxième partie de la thèse présente plusieurs essais théoriques visant à approfondir certains phénomènes pertinents pour l’étude du développement régional. Les trois chapitres de cette partie correspondent aux trois thèmes énumérés plus haut. Le premier chapitre se concentre sur le rôle des liens sociaux extérieurs (i.e. du bridging) dans le développement. Les différents mécanismes d’action du bridging sont d’abord présentés. Ensuite, un modèle d’économie géographique étudie un mécanisme plus particulier, à savoir la capacité des réseaux sociaux à diffuser de l’information sur les produits des régions périphériques dans les marchés des régions avancées.
Les résultats montrent que la définition du bridging doit inclure non seulement des liens sociaux entre régions, mais aussi des caractéristiques internes aux régions. En outre, ils montrent que l’histoire et les considérations dynamiques peuvent avoir un rôle important à jouer dans l’efficacité du bridging. Le deuxième chapitre de la seconde partie traite des effets négatifs du capital social, qui concernent essentiellement la fermeture due à un bonding excessif. Deux modèles théoriques sont présentés dans ce chapitre. D’abord, un modèle d’économie industrielle étudie l’arbitrage entre effets positifs et négatifs de la proximité entre firmes dans un district industriel.
Le deuxième modèle du deuxième chapitre, inspiré de la littérature sur les effets de voisinage, étudie la captation d’une rente par un commerçant local, lorsque les consommateurs recherchent l’interaction sociale qu’ils trouvent à fréquenter son commerce. Ce modèle montre que l’existence d’une préférence pour l’interaction sociale peut en effet permettre le maintien d’une activité économique locale, mais que cette caractéristique peut aboutir à terme à fragiliser le tissu économique.
Le troisième chapitre de la seconde partie est consacré à l’étude de l’importance de l’hétérogénéité des agents dans les considérations de développement régional. Il ne contient pas de modèle formalisé, mais discute différents aspects de cette hétérogénéité : la présence de différents types d’agents et de différents secteurs, la répartition spatiale des agents, et les effets induits entre secteurs. La troisième partie de la thèse présente les résultats de deux types de travaux empiriques conduits sur l’espace rural français. D’une part, six études de cas menées afin d’examiner l’existence sur le terrain des mécanismes d’action du capital social, ainsi que la possibilité de mesure du capital social par des indicateurs statistiques.
Elles mettent en évidence l’existence de plusieurs des mécanismes par lesquels les caractéristiques sociologiques influent sur la performance économique. Cependant, elle montrent que le capital social a des effets assez différents selon les secteurs, et que sa variabilité spatiale peut être importante. C’est pourquoi l’étude économétrique du troisième chapitre utilise un niveau spatial assez fin et tient compte de la structure économique. Ses résultats suggèrent un impact positif et robuste du capital social sous ses deux formes principales, bonding et bridging. Au final, les contributions théoriques et empiriques de cette thèse convergent vers des résultats cohérents. Toutes montrent l’intérêt qu’il y a à tenir compte des phénomènes sociologiques lorsque les marchés présentent des imperfections que les institutions formelles traitent mal. Elles montrent en outre l’importance de tenir le plus grand compte des relations sociales extérieures aux régions périphériques dans l’analyse de leur développement, ainsi que des effets négatifs des relations sociales. Enfin, elles montrent qu’il est nécessaire de situer l’analyse au niveau le plus proche des agents économiques, en tenant compte de la diversité de leurs caractéristiques économiques.
Partie I
Le cadre méthodologique
Chapitre 1.
L’analyse microéconomique de la localisation des activités en zone périphérique : quelle place pour les facteurs non marchands ?
Ce premier chapitre présente un état de l’art des connaissances et des grandes questions relatives à la localisation des activités en zone périphérique. La notion de zone périphérique sera à ce stade définie de manière très générale, comme une zone moins bien dotée en activités économiques et en niveau de revenu, relativement à d’autres zones qualifiées de centrales ou développées. Après avoir rappelé les grandes forces économiques influençant la localisation (1.1), il montre la pertinence de s’intéresser aux aspects non marchands dans l’étude du développement des régions périphériques (1.2). Enfin, il présente les différents outils disponibles pour analyser ces aspects non marchands avec une formalisation microéconomique (1.3).
1.1 Bref panorama de l’approche économique de la localisation des activités
Cette section brosse un tableau synthétique des grandes approches et modèles de base pour expliquer la localisation des activités économiques. On rappelle d’abord rapidement les modèles classiques de l’économie spatiale et régionale (1.1.1), avant de détailler les avancées dues aux travaux de la nouvelle économie géographique (1.1.2). Enfin, quelques éléments sont donnés sur la relation entre espace géographique et relations sociales (1.2.3).
1.1.1 Les modèles et mécanismes de base
En termes formels, la modélisation de l’espace consiste en l’introduction l’un des deux éléments suivants : la distance (le transport est coûteux) et l’hétérogénéité (il y a des ressources différentes en différents points de l’espace). Avant les efforts de synthèse réalisés par la nouvelle économie géographique, les travaux en économie spatiale ont été développés dans des cadres très divers :
Il explique la répartition spatiale d’activités (ou de ménages) en fonction de l’arbitrage entre coûts d’accès au centre urbain exogène (où sont réalisés les profits/salaires) et coûts fonciers. - Les modèles de localisation des firmes issus des travaux d’Alfred Weber (1909) : ils expliquent la localisation d’activités par l’arbitrage entre coût de transport des matières premières (dont la localisation est exogène) et proximité des marchés (également exogènes). - Le modèle de Hotelling (1929) sur la différenciation spatiale compétitive. - Les travaux sur la hiérarchie urbaine de Christaller (1933) et Lösch (1940), qui introduisent des économies d’échelle dans la production pour expliquer l’existence de centres urbains de tailles différentes. - Le modèle Hecksher-Ohlin-Samuelson (1933), modèle de commerce international, qui vise à expliquer la spécialisation des nations dans les échanges en fonction de leur dotation en facteurs. Il n’y a pas en général de coût de transport dans ce type de modèl
Ces travaux permettent d’expliquer un grand nombre de phénomènes de localisation à divers niveaux géographiques d’analyse. Cependant, ils nécessitent en général d’introduire de manière exogène une hétérogénéité. De plus, ils ne permettent pas de modéliser de manière satisfaisante la rétroaction positive entre offre et demande, qui est intuitivement évidente pour expliquer la stabilité des configurations spatiales d’activité et de population. Ces difficultés sont traitées par la nouvelle économie géographique.
1.1.2 Les apports de la nouvelle économie géographique
La raison essentielle de ce résultat est que la baisse des coûts de transport fait disparaître l’effet protecteur de l’espace contre la concurrence. Un autre mécanisme qui n’est pas apparent dans le modèle de Krugman (1991) est que la baisse des coûts de transport donne la priorité aux économies d’agglomération sur les considérations de marché local et de concurrence : puisqu’il est moins coûteux d’exporter, il est avantageux de se localiser là où la production est la plus efficace. Dans le modèle de Krugman (1991), la principale force d’agglomération est liée à la préférence pour la variété des consommateurs, qui fait que ces derniers recherchent à s’implanter en un lieu où les biens proposés sont nombreux. Les travaux ultérieurs ont incorporé d’autres forces d’agglomération, et en particulier les relations verticales entre producteurs de biens intermédiaires et de biens finaux (Krugman et Venables, 1995).
Un des objectifs de ce programme de recherche est de donner corps aux intuitions d’Alfred Marshall sur les effets d’agglomération. Les effets d’agglomération s’interprètent comme la conséquence de rendements croissants internes (indivisibilité ou coût fixe) ou externes. Ces derniers peuvent être dus à des rétroactions positives entre offre et demande, mais aussi à la possibilité de mettre en commun des ressources (biens intermédiaires, biens publics, risques), ainsi qu’à des effets purement technologiques (« atmosphère industrielle »), qui font que la présence de nombreuses firmes et d’une main-d’œuvre qualifiée favorise la diffusion de connaissances et de savoir-faire, ainsi que l’innovation. La modélisation de ces trois types de mécanismes est présentée en détail par Duranton et Puga (2004) sous les intitulés respectifs de matching, sharing, et learning.
Sommaire
Introduction générale.......................... 2
Chapitre 1. L’analyse microéconomique de la localisation des activités en zone périphérique : quelle place pour les facteurs non marchands ?............. 8
Chapitre 2. Le développement local, alternative aux raisonnements économiques ? ............... 20
Chapitre 3. La notion de capital social comme moyen d’introduire des aspects sociologiques dans les raisonnements économiques.................... 31
Partie II ............. 53
Chapitre 1. Le rôle des liens extérieurs dans le développement régional ... 54
Chapitre 2. L’arbitrage entre effets positifs et négatifs du bonding............ 77
Chapitre 3. Le rôle de l’hétérogénéité des agents dans l’effet du capital social ..................... 102
Partie III ........... 115
Chapitre 1. Vers une stratégie de test du rôle du capital social dans la performance économique ........................... 116
Chapitre 2. Analyse comparative de monographies.... 142
Chapitre 3. Etude économétrique................................ 174
Conclusion générale ........................ 197
Bibliographie...... 200
Annexes ........... 216
Annexe 1. Calculs du modèle du chapitre II.1 ................ 217
Annexe 2. Calculs du modèle de la section II.2.1........... 223
Annexe 3. Calculs du modèle de la section II.2.2........... 225
Annexe 4. Les zones d’étude............. 229
Annexe 5. Liste des institutions enquêtées lors des études de terrain........... 230
Annexe 6. Questionnaires et guides d’entretien.............. 231
Annexe 7. Profil des échantillons enquêtés..................... 237
Annexe 8. Quelques résultats d’analyse probit et de régression multiple sur les enquêtes sociologiques................... 238
Annexe 9. Indicateurs utilisés et statistiques descriptives............................. 239
Annexe 10. Les indices de bonding ................................ 241