Cours sur la servuction et marketing des services
Cours sur la servuction et marketing des services
INTRODUCTION
Avec le développement économique, une proportion croissante d’activités se déplace vers les services.
Les services comprennent de nombreux domaines : transports, banques, hôtels, location de voiture, coiffure et soins de beauté, entretien et réparation, gardiennage, ainsi que de nombreuses professions libérales : experts-comptables, avocats, médecins, consultants, etc. la plupart des offres comprennent à la fois des produits et des services. La prestation d’un psychiatre qui écoute son patient ou celle d’un quartette qui joue du Mozart sont de purs services : un appel téléphonique, quant à lui, est rendu possible par un gigantesque investissement en réseau et équipement ; un service encore plus tangible est un établissement de restauration rapide où le client consomme à la fois des biens et des services. 1
Dans ce présent exposé, on va essayer, sans prétendre à une quelconque exhaustivité, d’examiner les spécificités du Management Marketing de services toute en les illustrant par des supports iconographiques facilitant la compréhension.
La première partie intitulée la servuction fera l’objet d’une présentation des spécificités du processus de servuction en évoquant éventuellement les différents systèmes de base du processus en question.
Intitulée Marketing de services,la deuxième partie de cet exposé présentera les particularités du Marketing des services (La qualité ,le plan de marchéage,les concepts nouveaux..) en couronnant par une nouveauté dans le marketing de services,il s’agit du marketing électroniques des services ou l’e-Marketing.
NOTION DE SERVICE :
Le concept de servuction a été conçu par deux auteurs français, Pierre Eiglier et Eric Langeard, puis a été développé en associant dans des publications postérieures deux auteurs anglo-saxons, Christopher Lovelock et James bateson.
Les trois publications de référence qui marquent ce qu’on pourrait appeler l’apparition sur la scène publique (scientifique) de ces approches des services, datent de 1987, même si, bien entendu, ces publications s’appuyaient sur des travaux antérieurs : ce sont le livre de Jean-Claude Delaunay et Jean Gadrey Les Enjeux de la société de services (c’est l’école lilloise), la thèse d’André Barcet, La Montée des services, vers une économie de la servuction (c’est l’école lyonnaise, développée aussi par Joël Bonamy) et le livre de Pierre Eiglier et Eric Langeard, Servuction, le marketing des services (approche venant des sciences de la gestion).2
I- DEFINITION :
« Un service est une activité ou une prestation soumise à un échange, essentiellement intangible et qui ne donne lieu à aucun transfert de propriété. Un service peut être associé ou non à un produit physique. »
Marketing management _ 11 ème édition : Pearson éducation _ KOTLER ET DUBOIS
Un service se distingue d'un produit par quatre grandes caractéristiques :
- il est intangible alors qu'un produit est concret,
- il est périssable,
- il peut avoir un caractère spécifique (variable),
- il est consommé en même temps qu'il est produit.
Le service engage donc, en même temps, un processus de production et de livraison pour lequel le client est acheteur et producteur. C'est la notion de servuction.
II- DISTINCTION ENTRE BIENS ET SERVICES :
Cette distinction n’est pas toujours facile à établir ; le marché d’automobile par exemple, ce dernier est encore très majoritairement un marché de biens mais le marché de la location se développe rapidement. On propose maintenant couramment des locations longue durée ou avec des contrats d’entretien où tout est compris, hors l’essence, pour plusieurs milliers de kilomètres. L’achat et la location se rejoignent. Biens et services deviennent intimement liés.
Deux conditions principales permettent d’identifier les services par rapport aux biens :
Une part prédominante d’immatérialité, qui caractérise une prestation ;
L’absence d’un transfert de propriété, qui distingue cette prestation de l’acquisition d’un bien.4
LA NOTION DE SERVUCTION
I- ORIGINE DE SERVUCTION :
Comment un service, au même titre, qu’un bien quelconque, est-t-il fabriqué ? Voilà une question qui peut paraître saugrenue à un double titre. Au fond d’abord, car lorsque l’on parle de production, on pense usine et donc fabrication de biens tangibles, jamais de services ; d’ailleurs l’expression « usine de services » a -t -elle seulement une signification ? au niveau de la sémantique d’autre part : un processus de production aboutit nécessairement à un produit tangible ; les deux mots ont la même racine. L’expression « production d’un service » passe mal ; en fait il n’existe pas de mots de même racine que le mot service qui rende compte du processus de fabrication du service.
D’un point de vue étymologique les mots « produits » et « service » ne possèdent ni le même sens ni les même connotations. D’après le ROBERT il existe trois mots cités autour de « produit » : production, produire et produit, qui se réfèrent respectivement au processus, à l’action et au résultat. La racine du mot « produire » vient du latin producere , mener en avant, faire avancer ; la signification première en français est « faire exister ce qui n’existe pas encore ». il s’agit en fait de la création, activité noble par excellence.
Autour du mot « service », on ne trouve que deux mots clés : service et servir ; ils viennent tous deux du latin servitium, signifiant esclavage. On voit tout de suite la connotation extrêmement péjorative du terme, en opposition totale avec celle de produit. Par ailleurs, si l’on trouve bien, dans « servir » et « service » les notions d’action et de résultat, il n’existe pas de mot équivalent à production pour exprimer le processus de création, de fabrication du service. C’est pourquoi, devant ce manque, un néologisme est proposé, le terme servuction, désignant le processus de création de service.
Les développements qui suivent sont consacrés à l’examen de la servuction des services, les différents éléments nécessaires à son existence, ses caractéristiques et propriétés principales, ainsi que les implications que l’on peut en tirer du point de vue de la stratégie marketing. 6
II-DISTINCTIONENTRESERVUCTIONET PRODUCTION
7Le concept de servuction a été créé pour marquer un changement de référent dans la conception des services par rapport à la conception des produits. Longtemps prédominante dans l'économie des sociétés occidentales, la production de biens a généré une culture managériale et marketing particulièrement adaptée à la logique du secteur secondaire. Pour autant, la suprématie de ces approches ne conduit pas forcément à leur adéquation avec le secteur tertiaire ; celui des services. La montée en puissance de ce secteur (les trois quarts de l'économie française reposent dorénavant sur ce secteur) est donc l'occasion d'inventer de nouvelles approches mieux adaptées à des logiques différentes.
Concevoir et fabriquer un produit fait référence à un ensemble de processus qui porte le nom de " production". Il n'existe pas d'équivalent pour les processus de création et de "fabrication" des services.
...
Se faisant, il suggère une révision de la politique marketing des entreprises de service. Nous avons bien là l'intérêt de ce concept : comprendre la logique particulière de la consommation de service pour mieux cibler l'offre (la segmentation) et pour agir au mieux sur l’aspect marketing . Il est donc fondamental de considérer la place centrale du client dans le mécanisme de fabrication du service et la spécificité de son rôle.
La recherche des spécificités de la servuction passe par une compréhension de la logique du système que nous lui opposons, celui de la production des biens. Dans un premier temps, nous allons donc tenter de représenter cette logique et d'en déduire les lois fondamentales.
Commençons par repérer les acteurs (au sens humain et matériel) des mécanismes de production. Pour fabriquer des produits tangibles, il faut :
- des machines adaptées à la transformation de la matière première
- des ouvriers utilisant les machines
- de la matière première à transformer
Le savoir-faire du personnel, mettant en œuvre des processus de transformation de la matière première à l'aide d'appareillages adaptés, permet de fabriquer des produits.
Lorsque ces produits existent, il est possible de les commercialiser dans des structures spécialisées (commerce) dans lesquelles se fait la rencontre entre le produit et le client.
La phase de fabrication est distincte de la phase de commercialisation. Le client est donc absent d'une partie du processus de fabrication. Individuellement, il n'interagit pas sur celui-ci.
- Lors de l'échange commercial, le produit EXISTE DEJA, sa production est antérieure à sa commercialisation. Ce n'est pas le cas du service qui ne se construit que pendant l'échange avec le client.
- Le bien produit et vendu est tangible : le client peut le voir et le toucher. Le marketing est donc fondé sur la possession future de cet objet. Mais le service est fondamentalement une action qui a une vie éphémère. Son marketing ne peut qu'être différent.
- Les processus de production sont stables : un ensemble de personnes dotées des moyens adéquats transforment la matière première en suivant
- des processus définis à l'avance. Le management de la production est facilité. Le management du service est plus complexe, car il doit gérer l'imprévisible et prendre en compte la présence du client dans la phase de fabrication.
Sur le même mode que celui utilisé pour rendre compte des mécanismes de production, essayons maintenant de repérer la logique d'une servuction.
...
III- ELEMENTS DE LA SERVUCTION :
Le système de servuction ou production d'un service pose un certain nombre d’éléments
- Le client est un élément primordial. Le service n’existe que lorsque leclient le consomme. Le client est le bénéficiaire du service. A l'inverse, Airbus peut fabriquer un avion et le laisser sur un parking faute de client.
- Le support physique nécessaire à la production du service est double. Il ya les instruments nécessaires au service (pour une agence de voyage, c’est la salle d’attente, le comptoir, les promontoires, pour un pays d’accueil touristique, c’est une vallée, son parc naturel, pour un hôtel c'est son bâtiment, sa piscine, etc.) et l’environnement matériel où se passe le service (le quartier, la décoration, l’agencement, etc.).
- Le personnel de contact est celui qui est en contact direct avec le client.Dans une agence de voyages, ce sont les agents de comptoir, dans un pays d’accueil touristique, ce sont les acteurs locaux.
- Le service est l’objectif du système et le résultat (réserver une placed’avion, organiser un voyage à forfait pour une semaine en Mayenne, l'accueil des vacanciers dans un parc).
- Le système d’organisation interne est la partie non visible par le client.C’est l’organisation de l’entreprise, ces différentes fonctions, la gestion, les ressources humaines, le management.
- Les autres clients sont ceux à qui le service s’adresse également dans lemême lieu et au même moment, car rare sont les services destinés à un seul client à la fois. En effet, plusieurs personnes peuvent rentrer dans une agence de voyages et demander des billets d’avion ou des renseignements.
IV-PROCESSUS DE SERVUCTION :
4.1. DEFINITION :
12La relation de service comme composante essentielle de la production des services apparaît à travers une conceptualisation plus large, visant à définir ce qu’est une activité de service et à caractériser en quoi sa production se différencie de celle d’un bien. Si la question n’est pas nouvelle, la conceptualisation proposée permet de sortir de certaines apories auxquelles conduisaient les tentatives de caractérisation des services à partir de données comme leur intangibilité ou leur non-stockabilité. C’est probablement Jean Gadrey qui, revenant sur une définition plus ancienne de Hill (datant de 1977), a formulé le plus clairement et dans ses différentes dimensions cette conceptualisation de ce qu’est un service :
« Une activité de service est une opération, visant une transformation d’état d’une réalité C, possédée ou utilisée par un consommateur (ou client ou usager) B, réalisée par un prestataire A à la demande de B, et souvent en relation avec lui, mais n’aboutissant pas à la production d’un bien susceptible de circuler économiquement indépendamment du support C ».
Le premier point important à relever dans cette définition est qu’elle opère une distinction entre le service comme processus de production, qui repose sur la mise en relation des trois pôles A, B, C, et le service comme résultat, c’est-à-dire la transformation du support C. Cette distinction permet de comprendre que, même si le service peut être considéré comme intangible, au sens où son résultat n’est pas susceptible de circuler indépendamment de son support, il peut avoir des résultats tout à fait tangibles et requérir pour sa production des moyens matériels tout à fait tangibles eux aussi. Par ailleurs, cette distinction permet aussi de prendre en compte le fait que, même si les services ne sont pas stockables, leur résultat (la transformation du support C) excède la durée de la production du service et a des effets qui, le plus souvent, s’inscrivent dans la durée.
Le second point important concerne la définition de la production du service comme processus de production construit sur la mise en relation de trois pôles, ce qui permet de qualifier trois types de relations participant de cette production. C’est d’abord le fait que la production même du service suppose la mise en relation de son producteur (prestataire) et de son consommateur (client, destinataire), c’est la relation de service.
C’est ensuite l’existence obligée de formes d’appropriation par B de la réalité transformée par A ; en ce qui concerne cette relation, il faudrait souligner ici un point important : le prestataire n’est pas propriétaire du bien ou de la réalité transformée par le service ; en d’autres termes, et à l’inverse de ce qui se passe dans la production de biens, l’appropriation ne passe pas par un transfert de propriété mais par des formes plus complexes (transfert de créance par exemple). Enfin, dernier point, pour transformer le support C, le prestataire A, outre ce qui se passe dans ses relations avec B (dans la relation de service), va mettre en œuvre un ensemble de moyens ou dispositifs propres, ce qui ouvre aux questions relatives à l’organisation du travail et de l’activité chez le prestataire. Plus que les autres aspects, c’est la relation de service – c’est-à-dire l’existence d’une relation entre producteur et consommateur dans la production même du service – qui constitue la caractéristique essentielle de la production des services, celle qui permet de la distinguer de la production des biens. Et il faut souligner, à cet égard, que l’un des enjeux, au moins à l’époque, était de comprendre et de qualifier ce qui distinguait la production des services de la production des biens. Mais, en fait, sous la même dénomination de relation de service, deux dimensions sensiblement différentes sont en jeu. La première tient au fait que le service ne préexiste pas à la demande du client (usager, destinataire) et qu’il ne sera produit qu’à la demande de celui-ci : en d’autres termes, la relation AB, avant d’être une relation liée à la production du service,
est une relation d’engagement réciproque entre A et B nouée antérieurement à la réalisation de la prestation.
La seconde dimension, concerne l’intervention du consommateur-client-usager dans la production même du service, quelles que soient ses formes. Il est clair que cette intervention, qui signifie une forme d’irruption de l’usage et des modes de consommation dans la production, alors que l’analyse de la production dans l’économie capitaliste est fondée sur la séparation entre les sphères de la production et de la consommation, soulève toute une série de questions. Il semble toutefois nécessaire d’émettre quelques réserves sur la portée des changements liés à cette relation entre production et consommation, contrairement à toute une littérature récente qui voit dans la relation de service la base d’une transformation radicale de la production, laquelle serait désormais de plus en plus fondée sur et structurée par l’usage (bref, la valeur d’usage l’emporterait sur la valeur d’échange...).
L’un des intérêts de la définition rappelée plus haut, c’est qu’elle permet de distinguer entre la servuction et son résultat. Or, d’une part, ce qui intéresse l’utilisateur, c’est n’est pas la production du service, mais son résultat et, d’autre part, les usages de ce résultat, parce qu’ils s’inscrivent dans un temps qui excède celui de la production/consommation du service, sont irréductibles à ce qui se joue dans et au moment de celle-ci ; il ne faut donc pas trop mythifier l’intervention de l’utilisateur dans la production du service en considérant que c’est toute la logique de l’usage qui intervient dans la production du service. Pour prendre un exemple banal, quand on va chez le coiffeur, certes on est obligé d’être présent pour qu’il puisse travailler et il est clair que, pour partie, la qualité du résultat et, donc, la satisfaction qu’on pourra en tirer vont dépendre de la qualité ou de la précision des informations qu’on lui aura donné sur ce que l’on souhaite ; il reste que ce qui compte, c’est le résultat, et que ce qu’on en fera par la suite n’est pas inscrit dans ce qui se passe au moment même de la réalisation de la prestation.14
4.2. LE CONCEPT DE SERVUCTION
9 Qu’est ce que la servuction ?
Le concept de servuction est très simple dans son principe : la servuction est l’organisation des moyens matériels et humains nécessaires à la prestation de service.
SOMMAIRE
INTODUCTION ……………………………………………… ……6
Première partie : servuction .....................................................7
Notion de service ………………………………….......8
Notion de servuction …………………………………….........9
Deuxième partie : marketing des services ……………………....27
Le marketing des services
Les quatre « P » des services ………………………...33
I- l’offre ……………………………………………………………..33
II- le prix …………………………………………………….............35
III- la communication ……………………………………………….39
IV- le réseau ………………………………………………………. 41
Les compléments au Mix marketing ……………………… 44
Le marketing de services à l’internet …………………………52