La finance islamique manuel de formation
La finance islamique manuel de formation
INTRODUCTION GENERALE E
xtrait d’une lettre envoyée par Taher Ibn Alhoussein à son fils : « You should know that property, once it is gathered and stored in treasuries, does not bear fruit, but if it is invested in the welfare of the subjects and used for giving them what is due to them and to prevent them from need, then it grows and thrives. The common people prosper, ... ».Les Prolégomènes d’Ibn Khaldun La crise économique qui a suivi celle des subprimes est sans doute la plus profonde que le monde de la finance internationale a connu ces dernières années.. A l’origine, cette crise des subprimes est issue de l’euphorie des crédits immobiliers aux Etats-Unis et de l’usage massif de la titrisation et de leurs dérives. En effet, à la fin 2006, face à de nouvelles tensions inflationnistes, la FED1 a remonté ses taux directeurs en passant de 1 à 5.75 %. Ceci a provoqué une chute du prix de l’immobilier. A la suite de cette augmentation des taux directeurs, les charges financières des ménages les plus modestes ont été considérablement alourdies, ce qui a accéléré et accentué le défaut de paiement de ces ménages et les a mis dans une situation d’incapacité à honorer leurs engagements, de même que les saisies et les ventes de maisons dont les prix chutent.
Au cours de l’été 2007, la crise des subprimes a pris une nouvelle dimension et s’est transformée en crise de liquidité. En effet, les banques refusent de se prêter entre elles comme elles le faisaient auparavant et deviennent plus prudentes vis-à-vis des emprunteurs potentiels et rationnent leur offre de crédit, ce qui correspond à une situation dite de "crédit crunch"2 . Cette situation a provoqué un assèchement de liquidité sur le marché interbancaire avec l’apparition des pertes spectaculaires par les banques anglo-saxonnes, européennes et japonaises. En conséquence, les entreprises amorcent un processus de déstockage et réduisent leurs investissements, le marché de l’emploi se dégrade, de même que les anticipations des agents, le moral des ménages chute et les ventes de logements sont durement touchées et les échanges internationaux se contractent.
La contamination de l’économie réelle se traduit par la contraction du PIB partout dans le monde par la multiplication des faillites, dont celles de firmes aussi symboliques que Général Motors, par les difficultés aigues de certains Etats, comme l’Islande qui ne parvient plus à refinancer sadette publique, et par la montée du chômage dont les taux progressent rapidement dans toutes les économies développées. La crise des subprimes s’accompagne de troubles sociaux et de la montée des croyants extrémistes. Pour remédier à cette situations, les autorités monétaires et les gouvernements ont pris un certains nombre de mesures dont on peut citer la garantie des dépôts en mettant en place un système de soutien, voire les rachats des créances et des actifs douteux ou en s’engageant à recapitaliser les banques commerciales pour qu’elle ne soient pas victimes de problème d’illiquidité risquant de dégénérer en insolvabilité et en faillites à répétition. Dans le sillage de la crise financière des subprimes, la communauté financière internationale a intensifié ses efforts pour refonder l'architecture financière internationale sur des bases plus éthiques : encadrer la responsabilité des entreprises, moraliser les comportements bancaires et boursiers, et restaurer les déontologies des métiers de la finance.
Le but final étant d'assurer stabilité et sa résistance dans un environnement plus difficile. Ces objectifs ne peuvent se réaliser sans respecter un nouveau contrat fondé sur plus d’équité sociale et de citoyenneté économique. En 2009, Le Vatican a déclaré que les banques devraient s’inspirer du modèle de la finance islamique pour restaurer la confiance chez leurs clients en ces temps de crise économique mondiale. En effet le quotidien officiel du Vatican, « l’observatoire » a publié un article « qui énonçait que les principes éthiques sur lesquels est basée la finance islamique rapprochent les banques de leurs clients et du véritable esprit qui devrait caractériser tous les services financiers ». Dans un autre article l’auteur Loretta Napoleoni, écrit que « Nous pensons que la finance islamique peut contribuer à la refondation de nouvelles règles pour la finance occidentale, vu que nous sommes confrontés à une crise qui est essentiellement une crise de confiance dans le système ».
A la fin de l’article, l’auteur dit que « les banques occidentales pourraient utiliser des produits comme les obligations islamiques, appelées sukuk, comme garanties » 3 (Bloomberg.com, by Lorenzo Totaro, March 2009). C’est au tour d’un prix Noble d’économie, Joseph Stiglitz, d’inviter le monde à se tourner vers la finance islamique. Comme l’indique l’extrait suivant d’un communiqué de presse de l’ONU «C’est un paradoxe, mais la crise actuelle, par sa gravité même, ouvre des perspectives considérables en matière de refonte systémique, perspectives qui étaient encore inconcevables il y a quelques mois, a noté Joseph Stiglitz. Selon lui, la crise redonne à des principes keynésiens presque centenaire une nouvelle jeunesse, si l’on entend par là la nécessité vitale de revenir expressément aux fondamentaux économiques.’’ Joseph Stiglitz a reconnu l’intérêt que porte la Commission à la finance islamique.
Tout d’abord, a-t-il lancé, la Malaisie est le pays d’Asie du Sud-est qui, à l’époque, a su le mieux gérer, et de façon éthique, la crise économique asiatique. Il semblerait que la finance islamique ait gardé à l’esprit que pour qu’un système financier puisse fonctionner, il lui faut, à sa base, des liquidités réelles, a plaisanté l’économiste américain »4 . C’est dans l'optique de cette vision que la finance islamique se positionne et s’impose du fait du caractère fondamentalement moral des principes qu’elle impose à l’économie et à la finance. La finance islamique a pris forme, au cours des années 1970 et s’est développée rapidement pour permettre aux pays arabes producteurs de pétrole de placer leurs liquidités excédentaires induites par la forte hausse du prix de pétrole dans les marchés financiers islamiques. Avec, en l’occurrence, la création de la première banque islamique, la Dubaï Islamic Bank à Dubaï en 1975. D’autres pays de la région ont adopté cette nouvelle industrie comme le Pakistan, l’Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande, et Singapour. Notons que pendant cette période la finance islamique était quasi-absente dans les pays du Maghreb.
Depuis les années 1990, elle a connu un développement spectaculaire marqué par l’ouverture des fenêtres islamiques par les banques classiques implantées dans les pays musulmans, par exemple, la Gulf International Bank. Ces banques offrent des produits conformes aux préceptes islamiques afin d’attirer une clientèle musulmane. A la suite de cela, les banques conventionnelles présentes sur le territoire musulman ont également crée des fenêtres islamique comme City Bank au Bahreïn. Cet engouement a été favorisé par l’importance de la communauté musulmane ainsi que par l’accroissement de la demande des produits de la finance islamique. Par ailleurs, l’activité financière islamique s’est propagée dans les pays occidentaux principalement au Royaume-Uni avec la création d’Islamic Bank of Britain en 2004 dont l’activité est entièrement consacrée à la finance islamique. D’autres pays occidentaux suivent le même chemin comme les USA et l’Allemagne.
Dans les pays arabes, des changements se sont opérés après la crise du « printemps arabe » poussant les gouvernements à réfléchir sur de nouvelles perspectives économiques. En effet, selon une étude de l’agence Thomson Reuters consacrée aux perspectives de développement de la finance islamique au Maroc intitulé « Morocco Islamic Finance 2014 – Unlocking The Kingdom’s Potential », l’étude prévoit que le Maroc a un potentiel considérable. Dans ce domaine. Il estime que la valeur des actifs financiers islamiques pourrait atteindre entre 5,2 milliards de dollars et 8,6 milliards de dollars dont le bénéfice total qui pourrait être généré se situerait entre de 67 à 112 millions de dollars pour les fournisseurs de services islamiques. La même étude montre que 79 % des Marocains interrogés seraient intéressés par les produits conformes à la charia. Quant à la Mauritanie, elle a lancé, au cours de l’année 2014, une nouvelle institution financière islamique : la Nouvelle Banque de Mauritanie (NBM), dotée d’un capital d’environ 20 millions de dollars US. On voit bien qu’aujourd’huis, la finance islamique devient une concurrente de la finance conventionnelle. Ainsi, les banques islamiques se développent partout à travers le monde et enregistrent des taux de croissance inhabituels dans le secteur.
La finance islamique a connu une croissance rapide au cours des dernières années, mais reste concentrée dans quelques pays. Les actifs bancaires islamiques ont enregistré une croissance à deux chiffres au cours de la dernière décennie, passant d’environ 200 milliards de dollars en 2003 à 1,8 trillion à la fin de 2013 (Ernst & Young, 2014; IFBB, 2014 et Oliver Wyman, 2009). Cependant, malgré cette croissance fulgurante, les actifs bancaires islamiques restent concentrés dans la région du CCG (Conseil de coopération du Golfe), et des pays de l’Asie (cf. figure 1). Sur le plan mondial, le poids de la finance islamique est relativement faible, les actifs bancaires islamiques représentent seulement 1 % de la finance mondiale.
Les banques islamiques ont augmenté leur pénétration en franchissant le seuil de 15 % en pourcentage du total des actifs bancaires (cf. figure 2), dix pays dépassent ce seuil dont la Malaisie (20 %), l’Arabie saoudite (51 %), le Bahreïn (33 %), Brunei (48 %).
Parallèlement au développement des produits islamiques déjà offerts aux particuliers et aux entreprises, de nouveaux produits ont été créés. Parmi eux, les Sukuks, sortes d’obligations, qui ont connu un vif engouement ces dix dernières années. En effet selon différentes sources (Zawya, Bloomberg, etc.) le marché global des Sukuk a atteint un montant record d’émission de 269 milliards de dollars pour l’année 2013. Actuellement, la Malaisie détient la part la plus importante du marché des obligations islamiques dans le monde avec 82.36 % de sukuks émis à fin 2013 devant les autres pays comme l’Arabie Saoudite qui enregistre seulement 14.69 % (cf. figure 4). Ce dynamisme des sukuks a donné naissance à un marché international et a attiré la curiosité et l’appétit des autorités publiques du monde entier. En effet, le gouvernement sud-africain a émis le 24 septembre 2014 un sakk souverain d’un montant de 500 millions de dollars. Aux Etats-Unis. La banque américaine Goldman Sachs a émis le 23 septembre 2014 des sukuks pour un montant de 500 millions de dollars. En Europe, le Royaume-Uni, a émis fin juin 2014 un sakk d’un montant de 200 millions de livres. Le Luxembourg a voté le 9 juillet 2014 une loi autorisant l’émission d’un sakk souverain.
Face au développement des banques islamiques, il est important de savoir quels sont leurs apports en termes de croissance économique, de stabilité financière et d’investissement sur le marché boursier. Il s’agit d’un sujet majeur pour les gouvernements qui veulent savoir si cette nouvelle finance éthique peut contribuer au développement économique et la stabilité financière. Les études empiriques portant sur cette question de recherche restent, cependant à ce jour étonnamment rare.
Les travaux théoriques existants étudient le rôle de la finance islamique dans l’accélération et l’amélioration de la croissance économique (Siddiqui, 1983 ; chapra, 1993; Kazarian, 1993). Par sa fonction de mobilisation de l’épargne, le système financier islamique améliore l’efficacité de l’économie et stimule la croissance économique (Zaher & Hassan, 2001; Khan & Mirakhor, 1994). Sur le plan empirique, les premiers travaux académiques consacrés à l’étude de la relation entre le développement financier islamique et la croissance économique portent sur le sens de la causalité « finance islamique-croissance » (Furqani & Mulyany, 2009 ; Majid & Kassim, 2010 ; Abduh & Omar, 2012). Une des limites de cette littérature est d’avoir généralement étudié la relation entre le développement financier islamique et la croissance économique dans le cas d’un seul pays. Peu de travaux ont étudié cette relation sur des données panel. Quant à l’existence d’une relation non linéare entre le développement finance islamique et la croissance économique, elle n’a fait à notre connaissance l’objet d’aucune étude systématique. Or, il nous a semblé pertinent de prendre en considération cet aspect de la non-linéarité.
En matière de stabilité financière, la finance islamique, en tant que finance éthique, à travers ses principes basés sur le partage des risques ainsi que sur l’adossement de tout financement à des actifs réels, peut contribuer à promouvoir une meilleure gestion du risque, à la fois pour les établissements financiers et leurs clients. Ce partage de risque rend les banques plus attentives lors de l’octroi d’un financement à maintenir la stabilité de leurs actifs nets [Hassan ,2009 ; Cihak & Hesse, 2010 ; Syed Ali, 2007). Le système financier islamique, en raison de sa stabilité inhérente, résiste mieux face aux chocs (Mirakhor, 2008 ; Siddiqi, 2008). Des recherches récentes estiment que les banques islamiques permettent de réduire la volatilité macroéconomique et de stimuler la croissance économique (Benes & kulhof 2012 ; Wolf 2014). Ainsi, des études récentes ont cherché à analyser la résistance des banques islamiques à la crise financière des subprimes. Ceci a été en particulier analysé par (Kan et al. 2009 ; Wilson 2009 ; Boumediene &, 2009 ; Asa'ad & Abdlouahab, 2012 ; Lutuf Ali Phulpoto & Turk-Ariss, 2010a) qui ont montré que les banques islamiques ont résisté plus que les banques conventionnelles durant la crise des subprimes. D’autres auteurs montrent au contraire qu’il n’y pas de différence au niveau du degré de la résistance entre les deux types de banques (islamiques et conventionnelles) par rapport à la crise financière (Thorsten, B., Asli, D., & Ouarda, M, 2013 ; Kassim & Abd Majid, 2010). De même, d'autres études ont montré que la crise financière récente des subprimes a touché le système financier mondial y compris les banques islamiques (Rashwan, 2012). Les travaux sur les indices des marchés boursiers islamiques sont peu nombreux. Ils n’ont pas beaucoup attiré l’attention de la communauté scientifique.
Cette situation s’explique par l’historique assez récent des indices islamiques ainsi que par certains problèmes méthodologiques dûs aux différences attribuables à la taille et à la pondération sectorielle (Fowler and Hope 2007). En effet, certains travaux académiques sont focalisés sur la transmission de la volatilité et sur le lien de causalité entre indices islamiques ou entre indices islamiques et conventionnels (Rahim, 2009 ; Ajmi & al, 2013 ; Kim & Kang, 2012). D’autres montrent que les indices islamiques sont moins volatiles que leurs homologues conventionnels et qu’ils présentent moins de risque pendant la crise (Chiadmi & Ghaiti ,2012 ; Kassab ; 2013). Face à ces limites de la littérature, il nous est apparu intéressant d’étudier de manière approfondie l’apport du développement financier islamique en termes de croissance économique et de stabilité financière. La problématique analysée s’articule, en particulier, autour de trois principales interrogations auxquelles nous allons tenter d’apporter des éléments de réponse, à savoir : Quel est l’effet de la finance islamique sur la croissance économique dans les pays de MENA et l’Asie ? Existe-t-il véritablement des effets de seuils à partir duquel le développement financier islamique impacte la croissance économique ? La finance islamique résiste-t-elle mieux à la crise des subprimes ? Les produits islamiques cotés sont-t-ils moins volatiles que leurs homologues conventionnels ?
Structure générale de la thèse
Compte tenu des objectifs évoqués précédemment, la présente thèse est divisée en quatre chapitres. Le premier chapitre sera consacré, à une présentation des principes et des fondements de la finance islamique (section1). Au regard d’une exposition liminaire des axiomes de l’économie islamique, dans la deuxième section, nous proposerons le fonctionnement de l’intermédiation financière dans le système bancaire islamique. Une analyse pratique des principaux modes de financement des banques islamiques sera proposée (section 3). Dans le deuxième chapitre, nous nous intéressons à l’analyse empirique de la relation entre le développement financier islamique et la croissance économique. Dans une première étape, nous présentons, tout d’abord, les revues de littérature traitant la relation entre la finance et la croissance économique. Ensuite, nous accordons une attention particulière à la littérature existante sur la relation entre la finance islamique et la croissance économique. Nous proposons, par la suite, un examen empirique du lien entre le développement financier islamique et la croissance économique. Trois études économétriques, élaborées moyennant les données de panel relatives à 15 pays de MENA et du Sud-est-asiatique sur la période 2000- 2009, sont proposées. Au niveau de la première étude, nous testons empiriquement la relation entre les deux variables. L’objectif est de savoir si le développement financier islamique est un déterminant clé de la croissance économique dans les pays de MENA et du Sud-estasiatique. Au niveau de la seconde étude, nous analysons l’effet de la qualité des institutions sur la relation finance islamique-croissance. Les techniques d’estimation employées sont celles de MCO, des variables instrumentales, des moments généralisés (MMG) sur panel dynamique de Blundell et Bond (1998) qui permettent également de contrôler les biais liés aux estimations effectuées avec les MCO (biais d’endogénéité, biais de simultanéité et biais de variables omises). Ainsi la méthode GMM en panel dynamique a l’avantage de générer des instruments internes à partir des variables explicatives du modèle en question. Au niveau de la troisième investigation, nous relachons l’hypothèse de linéarité entre la relation finance islamique-croissance économique. Pour cela, nous utilisons trois méthodes différentes très complémentaires, il s’agit de l’approche polynomiale, l’approche semi-paramétrique additif généralisé et l’analyse non-paramétrique de Kernel.
Sommaire
Remerciements............ 3
INTRODUCTION GENERALE ......................... 5
Chapitre I La finance islamique : fondement théorique, intermédiation financière et opérations financières.................... 16
1 Les fondements d’une théorie économique islamique ........ 17
2 L’intermédiation financière dans le système bancaire islamique .......... 33
3 Les principaux modes de financement bancaires islamiques ................ 43
Chapitre 2 : Développement Financier Islamique et Croissance Economique............... 62
1 Revue de la littérature ............... 64
2 Evidence empirique sur données de panel ........................ 79
Chapitre 3 : La résistance des banques face à la crise 2007-2008............110
Etude comparative entre banques islamiques et banques classiques .......110
1 Champ de risque bancaire .........112
2 Un point sur la revue de littérature empirique ..................118
3 Données et modélisation économétrique ........122
CHAPITRE 4 : Volatilité et causalité : une étude comparative entre les indices boursiers islamiques et les indices boursiers classiques........................138
1 Présentation des indices boursiers islamiques : historique et critères de sélection des indices.......................140
2 Concept de la volatilité...............147
4 Présentation des données et résultats préliminaires...........153
5 La transmission des chocs entre marchés boursiers islamiques et conventionnels....160
6 Les modèles à volatilité stochastique de type Garch .........169
7 Estimation du modèle à changement markoviens (Markov-switching ou MS)............178
Conclusion générale......................192
Annexes.....................198
Bibliographie ............233