Formation a propos de la finance internationale

Formation a propos de la finance internationale
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Définition d’un taux de change au comptant :
Le taux de change au comptant de la monnaie A par rapport à la monnaie B, noté A/B, exprime le nombre d'unités de B échangées au comptant contre une unité de A. Le taux de change désigne une fraction : la monnaie (A) qui figure au numérateur est toujours celle dont une unité1 est cotée en termes de l’autre (B).
Chaque devise a un code de trois lettres, les deux premières proviennent des noms des pays concernés et la dernière est la première lettre de la devise (TND ; CHF ; USD ; GBP ; JPY ; EUR).
1 Pour certaines devises, la cotation se fait par 10 unités, 100 unités ou encore 1000 unités.
Exemple : le taux de change au comptant de la livre sterling par rapport au dollar américain s'écrit : GBP/USD = 1,4107 ⇔ 1 GBP = 1,4107 USD
- Cotations sur le marché des changes :
- a) Les modalités de cotation :
Il existe deux types de cotations différentes du taux de change selon la place financière considérée :
- Une cotation à l'incertain : elle exprime le prix d'une unité de monnaie étrangère en termes de monnaie locale2 : 1 ME = x ML. Exemple : A New York, le 29 Janvier 2014 : GBP/USD=1,4107→ A New York, la livre sterling vaut 1,4107 dollar.
- Une cotation au certain : elle exprime le prix d'une unité de monnaie locale en termes de monnaie étrangère3 : 1ML = x' ME. Ce type de cotation est pratiqué principalement en Grande Bretagne, dans les pays de la zone euro, au Canada4, en Australie et en Nouvelle Zélande. Exemple : A Londres, le 29 janvier 2014 : GBP/USD=1,4107 → A Londres, la livre sterling vaut 1,4107 dollar.
- b) La double cotation affichée par les banques :
La cotation affichée par les banques sur le marché des changes au comptant se fait sous forme de deux prix :
- Un cours acheteur (bid ou demandé), (A/B)A, qui correspond au prix auquel la banque sollicitée se propose d'acheter au comptant une unité de A contre B.
- Un cours vendeur (ask ou offer), (A/B)V, qui correspond au prix auquel la banque sollicitée se propose de vendre au comptant une unité de A contre B.
Le cours vendeur de la banque sollicitée est toujours supérieur au cours acheteur. La différence, qui représente la marge de la banque par unité de devise achetée puis revendue, est appelée spread.
2 La règle de la cotation à l’incertain consiste à coter une quantité fixe de monnaie étrangère contre une quantité variable de monnaie locale.
3 La règle de la cotation au certain consiste à coter une quantité fixe de monnaie locale contre une quantité variable de monnaie étrangère.
4 Au Canada, la cotation est au certain sauf contre l’USD.
Le spread est fonction du risque du cambiste généré par la volatilité de la devise négociée. Il varie légèrement d'une banque à l'autre. Ceci s’explique par la politique commerciale de la banque, justifiée par sa part de marché, et par sa position dans la devise, justifiée par ses anticipations relatives à l’évolution future de la devise considérée.
Le spread varie légèrement d'une banque à l'autre. Ceci s’explique par :
- la politique commerciale de la banque (selon sa part de marché);
- Sa position dans la devise (selon ses anticipations relatives à l’évolution future de la devise considérée).
En général, les cambistes demandent une rémunération supplémentaire sous forme de commissions de change en fonction de la devise et de la taille des transactions.
Exemple : Cotation affichée par une banque : USD/GBP = 1,4107 - 1,4113
Le cours d'une devise est formé d'une partie entière et d'une partie décimale, généralement de quatre chiffres après la virgule. La partie entière et les deux premières décimales s’appellent la figure et le quatrième chiffre correspond au point ou pip. Dans l’exemple ci-dessus, 1,41 représente la figure et 07 et 13 représentent les points.
La banque qui affiche cette cotation est prête à acheter 1 unité d’USD à 1,4107 GBP et à la vendre à 1,4113 GBP. La contrepartie qui sollicite la banque subit la cotation. Le spread de la banque est égal à 6 points de GBP par unité d’USD achetée puis revendue.
En pratique, pour des raisons de rapidité, le cambiste annonce ses prix sous forme de points (07/13), car la figure (1,41) est supposée connue de la contrepartie. L’affichage d’un cours peut être comme suit : USD/GBP: 1,4107 - 13.
Si une autre banque propose la cotation suivante : USD/GBP : 1,4110 - 18. Par un cours acheteur plus élevé, cette banque cherche à acheter des USD contre des GBP. Par un cours vendeur plus élevé, elle ne souhaite pas vendre des USD contre des GBP. Au moyen de cette cotation, cette banque cherche à se constituer un stock d’USD car elle anticipe l’appréciation de l’USD/GBP.
- c) Le passage de la cotation à l’incertain à la cotation au certain :
La cotation à l’incertain et la cotation au certain traduisent une même réalité et sont parfaitement symétriques. Le produit de ces deux cotations pour une même devise à un instant donné est égal à 1.
Cotation au certain = 1/cotation à l’incertain ⇔ (B/A)A =1/(A/B)V
En double cotation : (B/A)A =1/(A/B)V
(B/A)V =1/(A/B)A
Exercice d’application :
Pour la journée du 31 janvier 2014, les cours observés sur le marché des changes au comptant tunisien sont les suivants :
Monnaie Unité Cours Acheteur Cours Vendeur
USD 1 1.4939 1.4952
GBP 1 1.7115 1.7123
* (USD/TND)A =1.4939. Le marché accepte d’acheter 1 unité d’USD contre la vente de
1.4939 unités de TND. Donc le marché accepte de vendre 1 unité de TND contre l’achat de
1/1.4939 unités d’USD.
Ainsi, (TND/USD)V =1/1.4939=1/ (USD/TND)A =0.6694.
* (USD/TND)V =1.4952. Le marché accepte de vendre 1 unité d’USD contre l’achat de 1.4952 unités de TND. Donc le marché accepte d’acheter 1 unité de TND contre la vente de 1/1.4952 unités d’USD.
Ainsi, (TND/USD)A =1/1.4952=1/ (USD/TND)V =0.6688.
La cotation du TND/USD est : 0,6688 – 94
* (TND/GBP)A =1/(GBP/TND)V=1/1.7123 =0.5840
* (TND/GBP)V =1/(GBP/TND)A=1/1.7115 =0.5842
La cotation du TND/GBP est : 0.5840-42
- Le calcul des cours croisés (Cross rates) :
Les cambistes peuvent être amenés à calculer des cours croisés pour leur propre compte ou pour répondre aux besoins spécifiques de leurs clients. Pour ce faire, ils utilisent généralement l’USD comme monnaie intermédiaire. L’USD occupe une place centrale car cette devise sert de pivot à l'ensemble des transactions. Toutes les devises sont cotées contre l’USD alors qu'elles ne sont pas nécessairement cotées entre elles.
(A/B)A = (A/C)A * (C/B)A (A/B)A = (A/C)A / (B/C)V
(A/B)V = (A/C)V * (C/B)v (A/B)V = (A/C)V / (B/C)A
Exercice d’application :
Une banque tunisienne est sollicitée par l’un de ses clients pour réaliser des transactions en USD/GBP. Ce cours n’est pas observé directement sur le marché des changes tunisien, la banque va le fabriquer pour répondre aux besoins de son client.
En reprenant les cours précédents observés sur le marché des changes tunisien, le calcul du cours croisé USD/GBP (acheteur et vendeur) se fait de la manière suivante : (USD/GBP) = (USD/TND) x (TND/GBP) = (USD/TND) / (GBP/TND)
v (USD/GBP)A est le cours auquel la banque achète 1 unité d’USD et vend des GBP à sa clientèle.
Généralement, une banque qui affiche ses cotations ne prend pas de risque car elle a la possibilité de déboucler immédiatement sur le marché les opérations qu’elle fait avec sa clientèle. Ceci revient à formuler les deux hypothèses suivantes :
- La banque ne garde pas les USD reçus du client car elle veut éliminer son risque de change USD/TND.
- La banque ne dispose pas des GBP à livrer au client à cause d’un stock insuffisant ou nul en GBP.
La banque s’adresse au marché et réalise deux opérations simultanées en passant par le TND :
- La banque vend des USD reçus du client et achète des TND au cours (USD/TND)A du marché soit 1.4939.
- La banque vend les TND reçus contre l’achat de GBP au cours (TND/GBP)A = 1/ (GBP/TND)V du marché soit (1/1.7123)
USD
MDGBP)A _
GBP 1.7123
_ 1.4939 _ 0.8724 V 1.7123
Si la banque ne souhaite réaliser aucun gain de cette transaction de change avec son client, elle lui achètera les USD au même cours auquel elle les vendra au marché. Le cours calculé (USD/GBP)A de 0.8724 est le cours maximal que la banque pourrait proposer à son client.
Si la banque souhaite prélever un gain sur l’opération, le cours proposé sera plus faible. Par exemple, si le client vend 10 000 USD à la banque et que celle-ci veut réaliser un gain de 500 GBP, le cours proposé sera de : ((10 000 x 0.8724) – 500)/10 000 = 0.8224.
v (USD/GBP)V est le cours auquel la banque vend 1 unité d’USD et achète des GBP à sa clientèle. Les deux hypothèses formulées sont les suivantes :
- La banque ne garde pas les GBP reçus du client car elle veut éliminer son risque de change GBP/TND.
- La banque ne dispose pas des USD à livrer au client à cause d’un stock insuffisant ou nul en USD.
La banque s’adresse au marché et réalise deux opérations simultanées en passant par le TND :
ü La banque achètera des USD en vendant des TND au cours (USD/TND)v du marché soit 1.4952 ;
ü la banque achète des TND en vendant les GBP reçus du client au cours (TND/GBP)V = 1/ (GBP/TND)A du marché soit 1/1.7115,
USD
MDGBPIIIV GBPTNDV _1.4952 _ 0.8736
1.7115
A
Si la banque ne souhaite réaliser aucun gain de cette transaction de change avec son client, elle lui vendra les USD au même cours auquel elle les achètera au marché. Le cours calculé (USD/GBP)V de 0.8736 est le cours minimal que la banque pourrait proposer à son client.
Si la banque souhaite prélever un gain sur l’opération, le cours proposé sera plus élevé. Par exemple, si le client achète 10 000 USD à la banque et que celle-ci veut réaliser un gain de 500 GBP, le cours proposé sera de : ((10 000 x 0.8736) + 500)/10 000 = 0.9236.
II- l’arbitrage, facteur d’équilibre sur le marché des changes au comptant
Il existe deux types d’arbitrage : un arbitrage géographique et un arbitrage triangulaire.
- L’arbitrage géographique
Une opération d’arbitrage géographique consiste à tirer profit sans risque d’un écart existant entre les cours cotés au même moment sur deux places financières différentes. Cet arbitrage peut être effectué par un cambiste lorsque, au même moment, le cours acheteur d’une devise sur une place financière donnée est supérieur au cours vendeur de cette même devise sur une autre place.
Exercice d’application :
GBP/USD Acheteur Vendeur
New York 1.4170 1.4180
Londres 1.4160 1.4165
Un cambiste qui détient 1 million d’USD achète des GBP au cours vendeur le plus bas et les revend au cours acheteur le plus haut.
Le cambiste achète des GBP à Londres à 1.4165 USD et les revend à New York à 1.4170 USD. Le gain réalisé à la suite de cette opération d’arbitrage est :
1 000 000 × (1/1.4165) × 1.4170 – 1 000 000 = 353 USD
Pour qu’il y ait un arbitrage profitable, ce gain doit être supérieur aux coûts de transactions générés par ces opérations.
Si de nombreux cambistes réalisent la même opération, cela ramènera les cours à leur niveau d’équilibre :
- Une augmentation du cours (GBP/USD)V à Londres du fait d’une demande accrue de GBP.
- Une diminution du cours (GBP/USD)A à New York du fait d’une offre accrue de GBP.
- Un arbitrage triangulaire
Un arbitrage triangulaire met en jeu trois devises et permet au cambiste de tirer profit d’un écart entre un cours croisé calculé et un cours de change observé au même moment. Le cambiste peut réaliser un arbitrage triangulaire pour le propre compte de la banque ou pour le compte de sa clientèle. Les opérations d’arbitrage triangulaire nécessitent le calcul de cours croisés.
La réalisation d'arbitrage triangulaire exige une grande célérité car les taux de change varient très rapidement et le cambiste risque de se faire « coller ». Ces possibilités d’arbitrage sont limitées dans le temps car elles sont rapidement détectées par les nombreux professionnels qui suivent les cotations en continu.
- a) Arbitrage triangulaire pour propre compte :
Généralement, les cambistes prennent l'initiative d'effectuer ces arbitrages, pour le compte de leur banque, dès qu'ils décèlent la possibilité d'obtenir des gains. Ces opérations d'arbitrage constituent une partie significative des transactions sur le marché des changes.
- b) Arbitrage triangulaire pour le compte de la clientèle
Quand une banque intervient sur le marché des changes pour le compte de sa clientèle, elle peut procéder à des achats ou à des ventes directes de devises. Elle peut également passer par une devise tierce, en l’occurrence l’USD, dans la mesure où cet arbitrage lui donne la possibilité d'obtenir un profit supplémentaire qu’elle transférera à son client. Il s’agit dans ce cas d’un arbitrage triangulaire.
Exercice d’application :
Un client français demande à sa banque de convertir 500 000 USD, provenant d’exportations, en EUR. Les données sur le marché des changes spot sont les suivantes :
A Paris : EUR/USD = 0.8704-25
A Londres : GBP/USD = 1.4140-50
A Paris : EUR/GBP = 0.6113-18
Pour répondre aux besoins de son client, le cambiste a la possibilité d’effectuer une vente directe d’USD/EUR sur le marché ou une vente indirecte d’USD/EUR en passant par l’intermédiaire de la GBP.
1er cas : Vente directe d’USD/EUR à Paris : USD→EUR
500 000 x (USD/EUR)A = 500 000 x 1/0.8725 = 573 065.9 EUR.
2eme cas : Vente indirecte d’USD/EUR en passant par Londres : USD→GBP→EUR
500 000 x (USD/GBP)A x (GBP/EUR)A = 500 000 x 1/1.4150 x 1/0.6118 = 577 569.3 EUR. La vente indirecte est plus profitable. Le gain d’arbitrage s’élève à 4503.4 EUR. De ce gain, il faut déduire les coûts de transactions.
Si ces opérations d’arbitrage se multiplient, le cours croisé (USD/EUR)A va baisser car les cours (USD/GBP)A et (GBP/EUR)A vont baisser, jusqu’à un retour à l’équilibre.
- Un exemple de traitement d’une transaction de change au comptant :
Une société suisse a conclu un contrat d’importation d’un montant de 1 million d’USD avec un fournisseur américain. La société suisse doit payer sa dette le 17 janvier 2014. Elle doit acheter au comptant 1 million d’USD auprès de sa banque au plus tard le 15 janvier 2014 de manière à ce que son fournisseur soit payé à temps, compte tenu du délai de 48 heures nécessaires au traitement de la transaction de change.
Le 15 janvier, la société suisse contacte sa banque UBS Zurich pour lui acheter 1 million d’USD contre la vente de CHF. La cotation proposée par la banque est la suivante : USD/CHF = 1,7050-80. La société suisse donne l’ordre à sa banque de débiter son compte de 1,708 millions de CHF et de virer 1 million d’USD, avec une date de valeur le 17 janvier, en faveur du fournisseur américain qui a un compte ouvert à la Bank of NY. Cette opération se fait par l’intermédiaire de la Citibank NY, qui est la banque correspondante d’UBS Zurich aux Etats-Unis. En effet, la Citibank NY vire 1 million d’USD au profit du compte de l’exportateur américain ouvert auprès de la Bank of NY, par le débit du compte nostri d’UBS Zurich. Cette dernière crédite le compte lori de la Citibank NY de 1,708 millions de CHF par le débit du compte de son client importateur.
En réalité UBS Zurich ne possède pas les USD qu’elle a vendus à la société suisse. Pour répondre aux besoins de son client, UBS Zurich s’adresse au marché interbancaire pour acheter 1 million d’USD et vendre des CHF. Elle conclut cette transaction avec le Crédit Suisse (CS) Genève5. Le dialogue entre les deux cambistes, par téléphone ou au moyen d’un terminal Reuters de dealing, est le suivant :
5 La banque contrepartie peut être suisse, américaine ou de nationalité autre. Par souci de simplification, nous présenterons seulement le premier cas.
UBS Zurich : « Bonjour, comment est l’USD/CHF chez vous ?
CS Genève : « Un instant... l’USD à figure 50-80.
UBS Zurich : « OK, je vous prends 1 Mo USD à figure 80. Citibank NY pour mes USD. CS Genève : « Entendu. A bientôt ».
De ce bref échange, il faut retenir :
- Que la banque CS Genève doit nécessairement répondre et qu’elle doit le faire rapidement.
- Que la banque CS Genève, sauf à paraître non professionnelle, doit « serrer » ses cotations et se rapprocher au maximum des cotations du marché, c’est à dire que son spread doit être faible.
La cotation annoncée est USD/CHF : 1,7050-80.
- Que la banque CS Genève ignore l’intention (d’achat ou de vente) de la banque UBS Zurich ; elle est en asymétrie d’information, son champ d’action est limité. En sachant que la banque UBS Zurich veut acheter des USD, la banque CS Genève aurait proposé un cours vendeur plus élevé, tout en maintenant le spread au même niveau, par exemple 60/90.
- Si CS Genève cote à 60/90 et que l’UBS Zurich se révèle vendeuse d’USD, dans ce cas CS Genève serait amenée à acheter des USD à un prix (1,7060) supérieur au cours auquel elle les vend sur le marché, soit le cours acheteur du marché (1,7050). Elle subit donc une perte.
- La banque qui achète les devises doit préciser le nom de son correspondant à l’étranger. Le correspondant de la banque UBS Zurich aux USA est la Citibank NY.
Plusieurs messages sont émis quelques instants plus tard par télex ou par SWIFT :
- CS Genève donne l’ordre à son correspondant Bank of America de virer 1 million d’USD en faveur d’UBS Zurich chez la Citibank NY par le débit de son compte nostri en USD, avec une date de valeur du 17 janvier.
- Chez la Citibank NY, le compte nostri d’UBS Zurich sera crédité de 1 million d’USD.
- Chez UBS Zurich, le compte lori de la Citibank NY sera débité de la contre-valeur en CHF, soit 1,708 millions de CHF.
- Chez CS Genève, le compte lori de la Bank of America sera crédité de 1,708 millions de CEIF.
- LE MARCHE DES CHANGES A TERME (FORWARD) I- définition et caractéristiques
Le change à terme est un accord portant sur l’achat ou la vente d’un montant déterminé de devises, à un cours fixé immédiatement, mais le règlement et la livraison ont lieu à une date d’échéance future précise.
Le change à terme est un engagement ferme et définitif qui porte sur la quantité de devises, le cours de change et la date d’échéance. Ces éléments sont négociés le jour de l’accord, alors que les mouvements de trésorerie sont effectués le jour de l’échéance. L’intérêt de cet accord découle de la fixation, dès sa conclusion, du prix auquel sera exécutée l’opération de change à terme. Ainsi, le risque de change lié à une évolution défavorable des cours est éliminé. Le change à terme est une technique de couverture qui permet de figer le cours de change, mais de renoncer à un gain éventuel en cas d’évolution favorable des cours.
En pratique, pour répondre aux besoins d’une entreprise ayant des flux futurs en devises, il est difficile pour un cambiste de trouver à un même instant une contrepartie qui a le même montant à traiter, libellé dans la même devise et pour la même échéance, surtout que l’échéance peut être de quelques jours à plusieurs années. Contrairement aux opérations de change au comptant, le change à terme est une opération montée par un cambiste en plusieurs étapes. Il résulte d’une opération de change au comptant accompagnée d’une opération de trésorerie permettant au cambiste d’assurer sa propre couverture. En effet, les entreprises qui se couvrent sur le marché des changes à terme transfèrent le risque de change aux banques qui ne souhaitent pas non plus l’assumer et chercheront à l’éliminer.
Sur le marché des changes à terme, les transactions se font pour des échéances allant de 3 à 7 jours, 1, 2, 3, 6, 9, 12, 18 mois et 2, 3, 5 ans. Le dénouement effectif de l’opération s’effectue le deuxième jour ouvrable après l’échéance (J+2).
Pour des échéances comprises entre 3 jours et 18 mois, il est possible d'obtenir des cotations à terme pour toutes les monnaies utilisées dans les échanges internationaux. Au-delà de deux ans, quelques devises sont négociées à terme, principalement USD, JPY, CHF, GBP et EUR.
Le marché des changes à terme se subdivise en deux segments : le terme sec (forward outright) et le swap de change.
- Définition d’un taux de change à terme
Le taux de change à terme de la monnaie A par rapport à la monnaie B, noté FA/B à n mois6, exprime le nombre d'unités de B échangées contre une unité de A pour le terme en question.
Exemple : le 29 janvier 2014, le taux de change du USD par rapport au JPY pour un terme de
Cette cotation proposée par une banque signifie qu’elle est d'accord aujourd'hui pour échanger dans 3 mois 1 unité de USD contre des JPY à 1.6150 JPY, même si à l'échéance, le USD vaut n'importe quel autre prix sur le marché au comptant.
- Notions de report et de déport à terme
Le cours à terme est généralement différent du cours au comptant. Il lui est supérieur (report) ou inférieur (déport) et rarement égal (au pair). La différence s’explique par le mécanisme de formation des cours à terme où les taux d’intérêt jouent un rôle fondamental.
Les notions de report et de déport à terme sont habituellement définies pour la devise étrangère. Il est ainsi plus facile d’utiliser la modalité de cotation à l’incertain.
Si on considère une devise A et une monnaie B, la devise A est en report ou en prime (premium) par rapport à B, pour le terme considéré, si le cours à terme (FA/B) permet d'échanger davantage de B que le cours au comptant (SA/B).
FA/B > SA/B =* FA/B à n mois =SA/B + points de report (ou points de swap)
6 Le terme peut être exprimé en jours, en mois ou en années.
Exemple : USD
SEUR = 0.8620
L'EUR est en report à 1 mois par rapport à l’USD. Le report est de 7 points USD par unité d’EUR.
De la même manière, la devise A est en déport ou en escompte (discount) par rapport à B, pour le terme considéré, si le cours à terme permet d'échanger moins d'unités de B que le cours au comptant.
FA/B < SA/B FA/B à n mois = SA/B - points de déport
Exemple : USD
SEUR = 0.8620
FEUR à 3mois = 0.8608 USD
L'EUR est en déport à 3 mois par rapport à l’USD. Le déport est de 12 points d’USD par unité d’EUR.
La devise est dite au pair (square) quand le cours à terme est égal au cours au comptant :
FA/B = SA/B
Le report et le déport à terme exprimés en points ne permettent pas des comparaisons entre différentes monnaies et différentes échéances. Ils sont alors fréquemment exprimés en pourcentage annuel du taux au comptant :
Taux de report ou de déport annualisé de :
Avec FA : le cours à terme à t jours ou n mois de A/B
- Cotations sur le marché des changes à terme :
Sur le marché des changes à terme, il est habituel que les cambistes cotent les écarts par rapport au cours spot. En effet, la plupart des cambistes ne communiquent pas les cours à terme complets (le terme sec), mais ils indiquent seulement les points de terme, qui peuvent être des points de report ou de déport. Ces écarts sont également qualifiés de points de swap car ils sont utilisés dans les opérations de swap de change.
Cette modalité de cotation sur le marché des changes à terme peut s’expliquer par le fait que les report/déport, dépendant principalement des taux d’intérêt, varient peu comparés aux fluctuations quotidiennes du cours spot qui peuvent être importantes. De plus, dans les opérations de swap de change, ces écarts permettent de déterminer directement le prix de l’opération. Enfin, cette modalité permet d’expliquer si les différences de cotations d’une banque à une autre proviennent du cours au comptant retenu ou des taux d’intérêt.
Exemple de cotation en points de terme ou points de swap :
GBP/USD EUR/USD
Spot 1.4112 – 22 0.8620 – 35
1 mois 5 – 12 28 – 23
2 mois 15 – 26 41 – 32
Le cours à terme complet est obtenu en ajoutant ou retranchant au cours au comptant les points de terme de l’échéance choisie, en respectant leur ordre de présentation (acheteur, vendeur). Le problème qui se pose est de savoir par lecture directe des points de swap s’il s’agit d’un report ou d’un déport de la devise A contre la monnaie B.
Les cours à terme doivent respecter la condition que le spread augmente avec l’échéance en raison de l’accroissement du risque. En effet, plus l’échéance est lointaine, plus le risque supporté par le cambiste est grand car les possibilités de transactions se réduisent. Il en découle la règle suivante :
ü lorsque les PSA < PSV le calcul se fait par addition : FA/B = SA/B+PS; il s’agit alors d’un report de la devise A contre la monnaie B.
ü lorsque les PSA > PSV le calcul se fait par soustraction : FA/B = SA/B-PS; il s’agit alors d’un déport de la devise A contre la monnaie B. Dans l’exemple ci-dessus, les cours à terme complets sont alors :
GBP/USD EUR/USD
1 mois 1.4117 - 1.4134 0.8592 -0.8612
2 mois 1.4127 - 1.4148 0.8579 -0.8603
II- LE MECANISME DE FORMATION DES COURS A TERME
Une banque qui est sollicitée par un client pour réaliser des transactions de change à terme (achat ou vente à terme) doit lui fixer immédiatement le cours auquel s’effectuera l’opération à l’échéance alors que le cours au comptant à l’échéance n’est pas connu. En répondant à l’ordre de son client, la banque se met en risque de change jusqu’à l’échéance. Elle a la possibilité de l’éliminer en trouvant une contrepartie ayant des besoins à terme parfaitement symétriques, ce qui est rare en pratique. Les banques sont en réalité toujours amenées à se couvrir contre le risque de change par une transaction de change sur le marché au comptant. Pour cela, elles sont amenées à effectuer en plus une transaction de trésorerie qui peut prendre la forme d’un emprunt et d’un prêt (le terme sec) ou la forme d’un swap de change.
- Le change à terme sec (forward outright)
Le change à terme sec consiste pour une banque à effectuer une opération de change sur le marché au comptant assortie d’un emprunt et suivie d’un prêt sur le marché des eurodevises.
Le cambiste est amené à calculer un cours à terme acheteur s’il est sollicité par un client exportateur, ou plus largement par un client créancier en devises étrangères. Inversement, il est amené à calculer un cours à terme vendeur s’il est sollicité par un client importateur, ou plus largement par un client débiteur en devises étrangères.
Les calculs du cours à terme acheteur et du cours à terme vendeur de la banque seront présentés successivement. Pour illustrer ce mécanisme, nous prenons l’exemple d’un client exportateur suisse puis celui d’un client importateur suisse.
Exemple : les conditions observées sur les marchés sont les suivantes : • Cours spot CHF
SUSD : 1.7025-55
- Taux d’intérêt (en % annuel) à 6 mois sur l’euro-USD : 25/16- 27/16
- Taux d’intérêt (en % annuel) à 6 mois sur le marché monétaire suisse : 15/8- 13/4
Cours Finance Internationale
- a) Le calcul du cours à terme acheteur
Un exportateur suisse souhaite couvrir sa créance de 1 million d’USD qui sera encaissée dans 6 mois. Cet exportateur est soumis au risque de baisse de la devise dans laquelle est libellée la facture, en l’occurrence l’USD par rapport au CHF dans 6 mois.
Pour couvrir son risque de change, l’exportateur va s’adresser à sa banque pour lui vendre à terme les USD qu’il va recevoir dans 6 mois. L’exportateur transfère ainsi son risque de change sur la banque.
Pour répondre aux besoins de son client, la banque va fabriquer le cours à terme à 6 mois acheteur ( FUSDCHF 1. Elle achète à terme des USD contre des CHF auprès de son client.
Pour couvrir son propre risque de change, la banque va vendre au comptant, dès la conclusion du contrat, les USD qui lui seront fournis par son client dans 6 mois. Pour réaliser cette vente spot d’USD contre CHF, elle va devoir emprunter les USD nécessaires sur le marché de l’euro-USD. Puis elle va placer les CHF obtenus sur le marché monétaire local afin de compenser les intérêts qu’elle va payer sur son emprunt en USD.