Cours et exercices pour apprendre la finance internationale

Cours et exercices pour apprendre la finance internationale
Chapitre 1Les marchés des changes internationaux
Enoncés
Questions théoriques
- Question 1.Présenter brièvement les caractéristiquesinstitutionnelles des marchés des changes au comptant et à terme instaurés en Tunisie respectivement en mars 1994 et en juillet 1997.
- Question 2. Définir la notion de convertibilité et spécifier la naturede la convertibilité du Dinar tunisien instaurée à partir de décembre 1992.
Exercices
Exercice 1. Evolution du volume de transactions sur le marché interbancaire des changes
La figure ci-après retrace l’évolution de la répartition des parts de marché (Banque Centrale et autres banques de la place) durant la période (1995-1999). Commenter cette figure.
Figure 1. —
Evolution des parts de transactions de la BCT et du marché interbancaire : période (1995-1999)
…
Chiffres en millions de Dinars. Sources : rapports annuels de la Banque Centrale de Tunisie : 1995, 1996, 1997, 1998 et 1999. Figure réalisée par les auteurs.
Exercice 2. Lecture des tableaux de cotations du Financial Times Journal
Le tableau ci-dessous est un extrait des tableaux de cotations publiés par le Financial Times (Rubrique : Financial Markets, Cross Rates and Derivatives) à la date du 19 octobre 2001.
1°/ A partir de ce tableau de cotations, déterminer le prix d’une unité deDeutsche mark en termes de Francs français.
2° / Déterminer ce même cours de change à partir d’une opération dechange croisée faisant intervenir le Dollar américain.
3°/ Considérons que les coûts de transaction sont nuls, les cours dutableau sont-ils cohérents ? Justifier votre réponse.
4°/ Que devrait faire en pareilles situations un arbitragiste ? Préciser lerésultat de cette opération d’arbitrage.
Tableau 1.
Lecture des tableaux de cotations de change : extrait du Financial Times, journée du 19 octobre 2001.
Source : Financial Times, Rubrique Financial markets. Journée du 19 octobre 2001.
Exercice 3. Système de cotation sur les Spot Foreign Exchange Markets
Sur les places de Paris et Francfort, on extrait les cotations suivantes :
Tableau 1.
Cotation des cours de change sur les FX- Spot Markets
Paris GBP/DEM | 3.1550 |
Paris FRF/GBP | 10.5100 |
Francfort DEM/GBP | 3.1340 |
Source : extrait du tableau de cotations du Financial Times, Rubrique Financial Markets. Journée du 19 octobre 2001.
1°/ Expliquer les différentes cotations consignées dans le tableau 1. Endéduire les différences de cotations entre les deux marchés.
2°/ Calculer le cours de change bilatéral nominal FRF/DEM.
Exercice 4. Cotations en temps réel : le système Reuters
Le tableau ci-après est extrait des cotations en temps réel du système Reuters à la date du 03 juillet 2001 à 10 H GMT.
1°/ Vérifier par les calculs les cours (AsketBid) suivants : USD/CAD,EUR/USD, CHF/USD et GBP/USD. Commenter.
2°/ En se référant aux cotationsReuters, calculer en précisant les étapesde réaménagement de trésorerie nécessaires à la réalisation des cotations (Ask et Bid) des parités EUR/CHF et EUR/GBP.
3°/ Comparer les cours calculés à ceux observés. Quelle sera la réactiond’un opérateur averti ?
Exercice 5. Cotations des contrats à terme
Les informations suivantes sont extraites d’un tableau de cotations :
Tableau 1. — | ||
Cotations des contrats à terme | ||
Cours spot EUR/USD | 1.1825 - 31 | |
Forward | (3 mois) | 25 - 30 |
Forward | (12 mois) | 105 - 110 |
1°/ Calculer
- Les cours à terme acheteur et vendeur à 3 mois ;
- Le cours à terme acheteur et vendeur à 12 mois.
2°/ Commenter.
Tableau 1. —
Cotation en temps réel des principales devises. Format Bid/Ask.
USD | EUR | GBP | JPY | AUD | CAD | CHF | |
per | 1.1825/ | 0.7087/ | 124.03/ | 1.9444/ | 1.5141/ | 1.7983/ | |
USD | 1.1831 | 0.7088 | 124.06 | 1.9463 | 1.5146 | 1.7993 | |
per | 0.8452/ | 0.5994/ | 104.90/ | 1.6446/ | 1.5141/ | 1.5219/ | |
EUR | 0.8457 | 0.5998 | 104.99 | 1.6467 | 1.5146 | 1.5244 | |
per | 1.4112/ | 1.6672/ | 174.99/ | 2.7428/ | 2.1358/ | 1.5211/ | |
GBP | 1.4117 | 1.6684 | 175.11 | 2.7464 | 2.1373 | 1.5225 | |
per | 0.8100/ | 0.9524/ | 0.5711/ | 1.2202/ | 1.4493/ | ||
JPY | 0.8100 | 0.9532 | 0.5714 | 1.2209 | 1.4504 | ||
per | 0.5138/ | 0.6073/ | 0.3641/ | 63.73/ | 0.7779/ | 0.9240/ | |
AUD | 0.5143 | 0.6081 | 0.3646 | 63.83 | 0.7790 | 0.9251 | |
per | 0.6602/ | 0.7796/ | 0.4679/ | 81.88/ | 1.2838/ | 1.1874/ | |
CAD | 0.6605 | 0.7803 | 0.4682 | 81.98 | 1.2854 | 1.1884 | |
per | 0.5557/ | 0.6565/ | 0.3938/ | 81.88/ | 0.8414/ | ||
CHF | 0.5560 | 0.6570 | 0.3942 | 81.98 | 0.8422 |
Source: extrait adapté du Reuters. Journée du 03 juillet 2001.
Exercice 6. Système de cotation sur le MIB tunisien
On vous présente un extrait des cotations disponibles sur le marché des changes interbancaire tunisien pour les parités vis-à-vis de l’Euro et du Dollar à la date du 11 juin 2001.
Tableau 1. — | |
Cotation des contrats à terme | |
Cours spot TND/EUR | 1.1825 - 30 |
Forward (3 mois) | 25 - 40 |
Forward (12 mois) | 105 - 110 |
Cours spot TND/USD | 1.4830-45 |
Forward 3 mois | 45 - 60 |
Forward 1 an | 105 - 120 |
1°/ Quel est le cours appliqué à un :
- Exportateur tunisien qui s’engage à vendre immédiatement 500
- 000 Euros ?
- Importateur tunisien qui s’engage fermement à acheter dans 3 mois 300 000 Euros ?
- Trader qui veut vendre 200 000 Dollars immédiatement ?
- Manufacturier tunisien qui s’engage à effectuer un règlement de 300 000 Euros dans une année ?
2°/ Comment peut-on expliquer la présence d’écarts entre le coursspotet les cours à terme pour les différentes échéances retenues ?
Exercice 7. Opérations d’arbitrage sur les FX- Spot Markets
Du tableau de cotations du Reuters, on extrait les cotations suivantes :
Tableau 1. —
Extrait des cotations en temps continu du
Reuters à la date du 03 juillet 2001
Parités | Bid | Ask |
USD/JPY | 0.8100 | 0.8100 |
USD/CAD | 0.6602 | 0.6605 |
JPY/CAD | 81.05 | 81.08 |
Source : extrait du Reuters du 03 juillet 2001.
1°/ En se référant à ce tableau et en supposant que les coûts detransaction soient nuls, montrer que les niveaux des cours de change affichés sur les différents marchés peuvent donner lieu à des opérations d’arbitrage.
2°/ Décrire le mécanisme de telles opérations d’arbitrage.
3°/ Calculer le profit d’arbitrage qui pourrait être réalisé pour une misede fonds initiale d’un million de Dollars.
4°/ Décrire la condition qui permet de rétablir l’équilibre sur le marché.
Exercise 8. Risk and Turnover in the Foreign Exchange Markets
Dans son article intitulé « Risk and Turnover in the Foreign ExchangeMarkets » publié dans « The Microstruture of Foreign Exchange Markets »,
Jorion [1987] procède à une modélisation du volume de transactions sur le marché des changes au comptant. L’approche empruntée par l’auteur consiste à régresser les variations quotidiennes du volume de change anticipé, approximé par le volume de transactions des contrats Futures, sur un terme de tendance et sur le volume retardé en vue de tester la stationnarité du volume. L’auteur procède, dans un second temps, à une modélisation au moyen des processus de type ARMA ( p, q ) . Le premier modèle proposé par Jorion est le suivant :
∆Log(Vt ) = a + b t +φ1Log(Vt−1 ) + µt | (1) |
Avec,
∆ : opérateur de retard ; t : terme de tendance ;
Vt: volume de transactions ; µt: terme résiduel.
Les résultats empiriques de Jorion [1987] sont consignés dans le tableau suivant :
Tableau 1. —
Les résultats de Jorion [1987]
Stationnarité : ∆Log(Vt ) = a + b t +φ1Log(Vt−1 ) + µt
ARMA : | ε t =φ1ε t −1+φ2ε t −2 | +θ1µt−1 +ηt | |||||
Cte. | Tendance | φ1 | φ2 | θ1 | R2 | ||
Stationnarité | 4.3781 | 0.0017 | -0.044* | 0.22 | |||
(23.65) | (11.50) | (-23.72) | |||||
ARMA | 9.89 | 0.00037* | 1.306* | -0.335* | 0.85* | 0.46 | |
(133.54) | (5.21) | (31.32) | (9.68) | (27.13) | |||
Les marchés des changes internationaux
Période d’étude (1985: 01-1992 : 02). Les chiffres entre parenthèses désignent les statistiques t de Student. * significativement différent de zéro à un seuil de 5%. Source : Jorion [1987], p. 28-29.
Commenter, sous un angle économétrique, les résultats de Jorion [1987].
Exercice 9. Cours de change, taux de change effectif nominal, taux de change effectif réel : modes de calculs et enseignements théoriques
Partie I.
Le tableau ci-après retrace l’évolution de la parité nominale du Dinar tunisien vis-à-vis des monnaies de quelques partenaires commerciaux de la Tunisie (FRF, ITL, DEM, USD et GBP). Les cours retenus sont des cours moyens annuels1 interbancaires et couvrent la période (1987-1997). Ils nous ont été fournis par les services des changes de la Banque Centrale de Tunisie.
Tableau 1. —
Evolutions des principales parités vis-à-vis du
Dinar. Période (1987 -1997)
FRF | ITL | DEM | GBP | USD | |
1987 | 1.4380 | 0.6365 | 4.5934 | 1.1562 | 0.8245 |
1988 | 1.4658 | 0.6562 | 4.8639 | 1.3511 | 0.8543 |
1989 | 1.5614 | 0.6891 | 5.0306 | 1.5193 | 0.9447 |
1990 | 1.6295 | 0.7298 | 5.4141 | 1.5475 | 0.8734 |
1991 | 1.6582 | 0.7420 | 5.5484 | 1.5578 | 0.9203 |
1992 | 1.7200 | 0.7153 | 5.6394 | 1.6223 | 0.8800 |
1993 | 1.7669 | 0.6367 | 6.0508 | 1.5483 | 1.0007 |
1994 | 1.8415 | 0.6256 | 6.3537 | 1.5029 | 1.0074 |
1995 | 1.9128 | 0.5980 | 6.6228 | 1.4729 | 0.9508 |
1996 | 1.9132 | 0.6534 | 6.4532 | 1.6946 | 0.9747 |
1997 | 1.8989 | 0.6542 | 6.4246 | 1.9047 | 1.1029 |
Source : statistiques financières de la BCT. Rapports annuels de la
BCT.
1°/ Commenter l’évolution de la parité nominale du Dinar par rapportaux monnaies des principaux partenaires commerciaux de la Tunisie. Le cours de change nominal peut-il constituer un bon indicateur de l’évolution du Dinar ? Justifier votre réponse.
2°/ Définir la notion de taux de change réel. Expliquer le lien entre letaux de change réel et la théorie de la PPA.
3°/ Quelle est la différence entre un cours et un taux de change ?
4°/ Définir la notion du taux de change effectif nominal(TCEN).Quelssont les enseignements qu’on peut tirer à partir du calcul de cet indicateur ?
5°/ Présenter les étapes de calcul nécessaires à l’estimation de cetindicateur.
Partie II.
On se propose, dans ce qui suit, de calculer le taux de change effectif nominal du Dinar tunisien pour les cinq monnaies initialement retenues.
6°/ Le tableau ci-après (cf. tableau 2.) fournit des statistiques relativesaux volumes des échanges commerciaux (exportations et importations) de la Tunisie avec ses cinq principaux partenaires commerciaux. A partir de ces données, calculer les pondérations commerciales bilatérales de la Tunisie par rapport aux cinq principaux partenaires commerciaux retenus.
7°/ Calculer le taux de change effectif nominal(TCEN)du Dinartunisien durant la période (1987-1997).
8°/ Porter sur une figure l’évolution duTCENdu Dinar tunisien durantla période (1987-1997). Commenter.
9°/ Le taux de change effectif réel multilatéral est un indicateur pluscomplet et signifiant que le taux de change effectif nominal. Définir la notion du TCER ;
10°/ Présenter les différentes étapes préalables à l’estimation de cetindicateur.
11°/ Quels sont les problèmes empiriques inhérents au calcul de cetindicateur ?
Tableau 2. —
Evolution des importations et des exportations de la Tunisie, période (1987-1998).
France | Allemagne | Italie | Grande Bretagne | Etats-Unis | ||||||
Année | Imp. | Exp. | Imp. | Exp. | Imp. | Exp. | Imp. | Exp. | Imp. | Exp. |
1987 | 687.2 | 387.6 | 317.1 | 348.1 | 285.4 | 297.3 | 43.2 | 17.3 | 149.1 | 32.1 |
1988 | 785.2 | 530.6 | 400.0 | 288.8 | 421.9 | 388.7 | 53.3 | 33.9 | 224.4 | 21.5 |
1989 | 1095.4 | 685.1 | 486.4 | 358.5 | 569.8 | 520.0 | 63.0 | 42.1 | 211.9 | 64.9 |
1990 | 1345.5 | 822.3 | 602.6 | 466.2 | 767.8 | 653.4 | 81.8 | 50.6 | 251.9 | 27.9 |
1991 | 1247.5 | 862.7 | 682.4 | 561.1 | 835.6 | 674.4 | 85.1 | 43.9 | 229.7 | 22.3 |
1992 | 1448.8 | 966.0 | 797.0 | 605.7 | 1033.2 | 608.9 | 100.7 | 64.2 | 283.1 | 29.8 |
1993 | 1670.5 | 1147.0 | 811.0 | 663.4 | 1137.5 | 6922.9 | 140.4 | 50.2 | 359.6 | 26.9 |
1994 | 1824.4 | 1262.4 | 812.0 | 730.1 | 1025.0 | 907.6 | 147.9 | 70.5 | 437.7 | 49.2 |
1995 | 1912.5 | 1451.6 | 931.7 | 813.5 | 1152.8 | 965.0 | 150.4 | 77.1 | 375.4 | 65.2 |
1996 | 1829.6 | 1366.3 | 973.0 | 839.7 | 1413.6 | 1059.6 | 150.5 | 104.0 | 335.9 | 42.9 |
1997 | 1878.3 | 1404.4 | 1080.2 | 810.7 | 1522.3 | 1190.5 | 217.1 | 169.2 | 320.7 | 39.5 |
Imp. : importations, Exp. : Exportations. Source des données : institut national de la statistique. | Chiffres en millions de Dinars |
Corrigés
Question 1. Le processus de libéralisation financière engagé en Tunisiedepuis quelques années a été impulsé en décembre 1992 par l'instauration de la convertibilité courante du Dinar tunisien. Deux ans plus tard, cette décision a été consolidée au premier mars 1994 par la mise en place d'un marché des changes interbancaire au comptant. Jusqu'à ici, les opérations de changes des devises contre le Dinar tunisien s'effectuaient exclusivement avec la Banque Centrale à des cours fixés par quotidiennement pour les opérations en compte et hebdomadairement par le change manuel.
Actuellement, le nouveau système de cotation interbancaire de 24 monnaies de règlement se reflète à leur offre et demande sur les marchés des changes. De ce fait, le Dinar est coté durant toute la journée compte tenu, d'une part, de la volatilité des cours sur les places financières internationales et, d'autre part, de celles des niveaux de liquidité pour chaque devise sur le marché interbancaire des changes tunisien. Dans ce cadre, les entreprises interviennent en leur qualité de pourvoyeurs de ressources et de demandeurs de moyens de règlements. Leurs comportements marquent le dynamisme du marché et aiguisent la concurrence des banques opératrices dans la mesure où elles négocient avec elles les marges qui leurs sont appliquées.
Dans ce contexte global, la Banque Centrale intervient en tant que régulateur du marché en contrôlant sa liquidité. Elle met à la disposition des banques la liquidité nécessaire ou assure l'adéquation entre l'offre et la demande de devises. Les banques sont autorisées à détenir des positions de changes, en vue d'améliorer le niveau de liquidité du marché et d'en assurer le dynamisme requis ; elles sont cependant soumises aux règles prudentielles en vigueur.
A. Règles prudentielles pour la surveillance des positions de changes imposées par la Banque Centrale
S'agissant d'abord du cours à appliquer pour le calcul de la contre valeur de la position de change en une devise, il correspond au cours de change interbancaire de la veille publié par la Banque Centrale de Tunisie (cf. article, circulaire n° 94/02 du premier février 1994 de la BCT aux intermédiaires agrées). En outre, la réglementation en vigueur exige que chaque intermédiaire agrée est tenu de respecter de façon permanente :
- Un rapport maximum de 5% entre le montant de la position de change dans chaque devise et le montant de ses fonds propres nets.
- Un rapport maximum de 20% entre le montant de la position globale et le montant de ces fonds propres nets. Par ailleurs, les fonds propres sont déterminés conformément aux dispositions de l'article 5 de la circulaire de la BCT n° 91-24 du 17 décembre 1991 (article 5 de la même circulaire de la BCT).
B. Normes de comptabilisation
Quant aux normes de comptabilisation des opérations de change, les intermédiaires agrées sont tenus d'enregistrer ces opérations dans des comptes de bilan en date de mise à disposition effective des fonds et dans les comptes de hors bilan en date d'engagement. Pour les besoins de suivi des positions de changes par devises et de la réévaluation permanente de cette position et les résultats y afférents, les intermédiaires agrées doivent utiliser deux comptes de liaison par devise. Le premier compte est intitulé « position de change ». Ce compte retrace les transactions dans la devise concernée sur le marché des changes. Son solde représente à tout instant, la position de change de l'intermédiaire agrée dans les devises en question. Le second compte appelé contre valeur de la position de change : le solde de ce compte représente le prix de revient en Dinars de la position de change dans la devise concernée. Evidemment, le résultat de change quotidien par devise est constitué par la différence entre le solde du compte de liaison « position de change » réévalué au cours de change interbancaire de la veille publié par la BCT et le solde du compte « contre valeur de la position de change ». Pour permettre à la Banque Centrale un suivi continu des positions de change et par suite de la liquidité sur le marché interbancaire des changes, les intermédiaires agrées sont tenus de mettre à la disposition de la Banque Centrale des états retraçant la position de change par devise pour le dealer2tout au long de la journée et la position de change globale toutesdevises confondues en fin de journée (cf. article 9 de la même circulaire de la BCT). L’évolution des opérations en devises réalisées avec l’extérieur lors de la réalisation des transactions commerciales et financières a permis au marché des changes de confirmer les résultats positifs enregistrés au cours sa première année d’exercice. Ces résultats concernent notamment la consolidation des mécanismes du marché.
C. Création du marché à terme interbancaire des changes : une mesure complémentaire
Trois ans après l'instauration du marché interbancaire des changes au comptant, mis par les autorités tunisiennes en vue de dynamiser et de développer le marché des changes en général, les autorités monétaires franchissent le pas de la libéralisation et décident l'institution d'un marché à terme le 9 mai 1997. Ce nouveau mécanisme, qui n'est ainsi pas le monopole de la BCT, permettra désormais aux opérateurs tunisiens et étrangers installés en Tunisie de couvrir le risque de change de leurs opérations commerciales, à l'import comme à l'exportation, directement avec les banques de la place. Dans une circulaire du 9 mai 1997, adressée aux banques de dépôts locales et offshores, la BCT autorise les intermédiaires agrées à se constituer contreparties dans les opérations de change à terme pour le compte de leurs clients résidents au titre de leurs opérations commerciales et de leurs prestations de services au profit des non-résidents. L'échéance à terme est ici fixée à un maximum de 12 mois pour les importations et à un maximum de 9 mois pour les exportations. Le cours des devises en terme de Dinar tunisien sera dés lors fonction du cours au comptant et des différentiels des taux d'intérêt. Le marché à terme concerne l'achat de devises, pour les importateurs et la vente de devises pour les exportateurs. Pour l'achat, « La couverture de change doit s'effectuer dans la monnaie de facturationdu contrat et son terme doit correspondre à l'échéance de règlement [...] à partir de la date de conclusion du contrat, pour les produits admis au régime de la liberté où à partir de la date de domiciliation de l'autorisation d'importation, pour les produits exclus du régime de liberté » (Circulaire de la BCT du 9mai 1997).
Pour la vente à terme des devises par les exportateurs de biens et de services, la couverture doit se faire aussi dans la devise du contrat, sauf dans le cas où il comporterait une unité de compte différente de la monnaie de règlement. Les délais sont là, aussi, de 9 et de 12 mois et dans les mêmes conditions que pour l'achat. La circulaire définit également les conditions d'achat à terme des Dinars convertibles pour les non-résidents. Dans ce cas, la cotation peut se faire pour une échéance maximale de 12 mois.
D. Les corrections de la circulaire du 9 mai 1997
Certaines dispositions de la circulaire BCT de 1994 créant le marché des changes interbancaire au comptant sont améliorées dans la circulaire de 1997. Ces dispositions se sont révélées, inapplicables à l'usage malgré leur bon sens apparent. D'où les corrections apportées. Il en est ainsi de la règle des 3% qui obligeait les banques intermédiaires à arrêter d'opérer en cas de pertes de changes de 3%, de solder sa position et d'aviser la Banque Centrale. A l'évidence, si la position de changes de la banque est très petite, la perte de changes est suffisante pour l'arrêt de l'opération. Pour illustrer ceci nous présenterons l'exemple suivant :
Lorsque la position de change est de 1 million de Dinars et que l'opérateur a déjà enregistré une perte de changes de 1%, il peut tenter de réduire sa position dans la devise concernée ; s'il cède 800 000 Dinars pour réduire le risque, il se trouve avec une position de changes de 200 000 Dinars. Sa perte de changes (10 000 Dinars) rapportée à sa position est de 5%. Il doit donc arrêter d'opérer. Cette insuffisance de la circulaire de 1994 a aussi été corrigée, puisqu'elle ne concernera désormais que les banques qui ont une position de changes égale ou supérieure à 200 000 Dinars. En outre, l'ancienne circulaire de 1994 ne permet pas aux intermédiaires résidents de faire des opérations de crossing ou encore la négociation d'une devise contre une autre avec les correspondants étrangers. Elle limite cela à l'interbancaire, résidents et offshore. Cette interdiction qui crée des situations de rentes pour les intermédiaires non-résidents, vient également d'être levée. Désormais, avec la nouvelle circulaire de 1997 les banques peuvent procéder à des opérations de crossing directement avec l'étranger sans limitations. Une autre nouveautéconcerne également la position de change (longue ou courte) qui engendrait un risque pour les banques et était de ce fait réglementée par la BCT. Une nouvelle réglementation qui ne permettrait aux banques qu'une position de 5% en fonds propres par devise et une position de 20% des fonds propres toutes devises confondues. Avec la nouvelle circulaire, les banques passent de 5% à 10% en position par devise. De ce fait, les banques tunisiennes sont appelées à gérer convenablement un risque de 10% de leurs fonds propres nets en devises. Une autre obligation levée par la BCT concerne la tenue de position de changes par dealer. Cette tenue était bien adaptée lorsque la spéculation par devise estprépondérante par rapport aux transactions commerciales. Avec les corrections de la circulaire de mai 1997, elle n'est plus de rigueur. S'agissant de la valorisation des positions de changes des banques, en terme de la moyenne des transactions du marché interbancaire, il a fallu auparavant souvent attendre, le temps que les services de changes de la BCT fassent leurs calculs. Le retard était significatif pendant certaines périodes telle que les jours de séance unique. Les banques étaient tenues de valoriser leurs positions de changes souvent avec des cours de cinq jours de retard, qui n'ont rien à avoir avec le cours réaliste du marché interbancaire. Avec la circulaire de 1997, le cours de valorisation est plus récent, et donc plus réaliste.
E. Marché des changes et instruments de couverture des risques de change et de taux : apports de la circulaire du 4 mai 2001 :
Dans le cadre du renforcement de la libéralisation des opérations du marché des changes et en vue de doter les intermédiaires agrées et les opérateurs économiques des outils appropriés pour une meilleure gestion du risque de change et de taux d’intérêt, il a été décidé d’étendre la possibilité d’utilisation de la couverture de change à terme aux opérations financières, d’instituer la possibilité de réaliser les opérations de swaps de change Devise/Dinar et de permettre aux banques ainsi qu’aux entreprises de couvrir le risque de taux d’intérêt sur les devises par des accords de garantie de taux d’intérêt ou « Forward Rate Agreement- FRA ». Désormais, les intermédiaires agrées résidents sont autorisés à effectuer entre-eux des opérations de swap Devises/Dinars pour une durée maximum de 12 mois3.
Question 2. La convertibilité du Dinar tunisien.
La question de la convertibilité du Dinar tunisien est inscrite dans le cadre de la stratégie de réformes engagées dans le Plan d'Ajustement Structurel (PAS). En fait, ces reformes sont conçues comme une action globale devant toucher tous les marchés : le marché des biens et des services, le marché des capitaux, le marché du travail et le marché des changes. Libéraliser les trois premiers marchés sans s'occuper du marché des changes fera supporter par ce dernier toutes les incohérences de l'économie tunisienne. En effet, la déconnexion du marché domestique du marché extérieur bloque les arbitrages des agents économiques et ne permet pas la création des conditions favorables pour une allocation optimale des ressources.
Les objectifs recherchés à travers ces réformes est d’assurer une intégration dynamique de l'économie tunisienne dans l’espace économique mondial. En effet, il est question d’encourager les exportations comme solution à l’étroitesse du marché domestique et de promouvoir les investissements directs étrangers comme solutions à l'insuffisance de l'épargne nationale. Or, il est difficile de promouvoir les exportations et les investissements directs étrangers dans un environnement ne garantissant pas la libéralisation économique et la levée des restrictions touchant des opérations de changes. La libéralisation des biens et des services est, en effet, indispensable pour promouvoir les exportations. Aussi, la suppression du contrôle des changes et l'application d’une politique de taux de change réaliste sont des instruments de nature à favoriser d’avantage les investissements étrangers.
Les dernières évolutions de l'économie tunisienne ont réhabilité la confiance des opérateurs et rendent possible d’engager la libéralisation du marché des changes et la convertibilité du Dinar dans une atmosphère plus sereine. L’objectif est de donner à la Tunisie des chances certaines pour entrer avec sérénité et confiance dans l’espace international. Toutefois, il faut signaler que la force monétaire d’un pays dépend essentiellement de la politique monétaire mise en œuvre ainsi que des progrès réalisés par son économie, c’est à cette tache que les autorités tunisiennes sont attelées, notamment depuis l'adoption du plan d'ajustement de 1986, pour hisser l'économie du pays au niveau des standards internationaux. Par ailleurs, le risque majeur de la convertibilité et de son corollaire la suppression du contrôle de changes réside dans la fuite des capitaux. D’abord, les capitaux quittent l’espace économique domestique pour bénéficier d'une rémunération réelle plus élevée que celle obtenue sur le marché domestique. Ensuite, ils peuvent également se déplacer à la recherche des biens et services qu’ils ne trouvent en abondance sur le marché local. Eviter le déplacement des capitaux revient donc à assurer un certain équilibre de la balance des opérations courantes via une promotion des exportations de biens et services. Cela suppose au préalable une maîtrise de l’inflation afin d’offrir aux épargnants des taux d'intérêts réels suffisamment rémunérateurs. Pour l’essentiel, le problème se ramène à l’analyse de la situation de l'économie tunisienne au niveau de la croissance, de la diversification de la production, de l’équilibre des paiements et de l’endettement extérieur et de la maîtrise de l’inflation. Depuis l’adoption du plan d’ajustement structurel, la Tunisie a pu enregistrer des évolutions économiques considérables. Ces évolutions ont voulu à la Tunisie d’être classée dans le groupe des pays nouvellement industrialisés ou dans le groupe des pays exportateurs de produits manufacturés considérés comme pays en développement pouvant constituer un pôle d’intérêt pour l’investissement ou l'échange.
En somme, l'ensemble de ces acquis économiques réalisés au cours de la période (1986-1994) a permis aux autorités tunisiennes d’aboutir à la décision de rendre le Dinar tunisien convertible pour les opérations courantes. Or, l’annonce de la convertibilité courante du Dinar tunisien à été adresse à une stratégie de réformes permettant de préparer l'économie et d'adapter le comportement des agents à un environnement de convertibilité courante. Ainsi, les autorités tunisiennes se sont engagées dans une série de réformes visant la réduction du contrôle de changes.
A. Les conditions techniques préalables
Les assouplissements ont porté sur les entreprises exportatrices qui se trouvent dispensées de tout contrôle de changes pour l’importation des biens et services nécessaires à leurs activités. De même, les entreprises totalement exportatrices non-résidentes sont même dispensées du rapatriement du produit de leurs exportations. D’autre part, les entreprises qui exportent au moins 15% de leurs chiffres d’affaires sont désormais autorisées à conserver dans des comptes en devises 20% de leurs recettes d’exportations.
Elles peuvent utiliser les disponibilités de ces comptes pour importer leurs besoins en biens et services. De ce fait, elles se couvrent contre le risque de change et réalisent des économies sur la commission de change prélevée par la banque à l’occasion de toute opération de conversion Dinar/Devise. Parallèlement, le processus de libéralisation financière externe engagée depuis quelques années s’est poursuivi en 1993, notamment par la promulgation du code de commerce extérieur. Pour l’essentiel, les nouvelles dispositions en matière de commerce extérieur concernent :
- L'institution d’un droit compensateur relatif à la défense contre les pratiques déployées à l’importation4 ;
- Et la publication du code de commerce extérieur qui institue la liberté d’importer et d’exporter tous les produits à l'exception de certains notamment ceux se rapportant à la sécurité, à l’ordre public… etc. 5
En outre, et afin de garantir la conformité des produits importés et exportés aux normes nationales et internationales, un contrôle technique est exigé. De même, le code prévoit la création d’un Conseil National de Commerce Extérieur qui sera chargé, entres autres, de suivre les mesures relatives à la défense contre les pratiques de dumping et subventions et de suivre également la stratégie de promotion des exportations.
B. Spécificités et objectifs de la convertibilité du Dinar tunisien
Les objectifs qui soutiennent la convertibilité du Dinar sont les suivants : Faire d’une monnaie, une monnaie convertible, c’est de la doter d’un certain pouvoir libératoire international, au sens où elle est admise comme moyen de règlements des transactions internationales, des transactions courantes et éventuellement des transactions en capital (investissements de capitaux au titre des aides publiques). En outre, elle peut être une monnaie de réserves, un statut au quel n'accèdent que les monnaies dites fortes, émises par des économies puissantes et ouvertes sur le monde extérieur (Dollar américain, Deutsche mark, Livre sterling, Yen japonais, Franc suisse, … etc.). A coté de cette fonction de réserve, une monnaie forte peut être associée à d’autres monnaies également convertibles et fortes pour constituer une unité de compte internationale (ECU, DTS, ...). Rappelon