Cours d’introduction au finance internationale
Cours d’introduction au finance internationale
CHAPITRE 1 : LES MARCHES DES CHANGES
Section 1 : Les intervenants
Dans la quasi-totalité des pays, le marché des changes est réservé aux institution financières qui interviennent par le biais d'intermédiaires agréés.
§ 1 - Les principaux organismes
Il s'agit essentiellement des institutions bancaires commerciales, quelquefois non bancaires (émanations financières de grandes entreprises), des courtiers de change et des banques centrales.
Les institutions financières bancaires peuvent intervenir pour leur propre compte ou pour le compte de leur clientèle. Elles opèrent par l'intermédiaire de spécialistes appelés cambistes, installés dans la salle des marchés et reliés en permanence aux autres cambistes de la place et à ceux des principales banque à l'étranger.
Les banques centrales interviennent le plus généralement pour réguler le cours de change de leur monnaie.
§ 2 - Les personnes intervenant sur le marché
On trouve essentiellement deux types d'intervenant : les cambistes et les courtiers.
Les cambistes : A partir de la salle des marché, ils permettent à la banque d'être présente partout à la fois (le marché n'a pas d'existence physique). Il y a environ 250 salles de marché et plus de 4000 cambistes en France. Ils sont reliés à 2 systèmes de télétraitement concurrents, "Reuter" (GB) et "Télérate Dow Jones" (USA).
Reuter est considéré comme le système d'information de référence. Il donne en continu des informations économiques, politiques et financières.
Les courtiers : ils sont des intermédiaires actifs. Ils centralisent les ordre d'achat et de vente de devises de plusieurs banques. Ils mettent en contact les banques et donnent l'information sur les cours auxquels s'achètent et se vendent les devises, sans avoir à dévoiler le nom des institutions acheteuses ou vendeuses. Ils ne prennent pas de positions pour leur propre compte. Les courtiers sont rémunérés au % sur les transactions qu'ils effectuent.
Section 2 : Le marché au comptant
§ 1 - Les principales devises cotées au comptant
Sur les marchés des changes, les devises sont désignées chacune par un code ISO de 3 lettres dont les 2 premières indiquent le pays de la devise et la troisième l’unité monétaire :
USD pour le dollar
EUR pour l’euro
GBP pour la livre sterling
JPY pour le yen
Sur la plupart des places financières, les devises sont cotées contre le dollar.
Les 3 devises les plus traitées sont : USD, EUR, JPY. Les autres devises comme la livre sterling, le franc suisse, le dollar canadien et le dollar australien sont aussi cotées sur les places internationales, mais les cotations sont plus ou moins continues.
Les autre devises qui sont peu utilisées dans le commerce international, sont cotées seulement sur certaines places financières internationales.
§ 2 - Les cotations
(X/Y : z <==> 1 unité de X = z unités de Y)
Au certain ou à l’incertain
La cotation à l’incertain : on indique le nombre d’unités monétaires nationales correspondant à une unité monétaire étrangère (ex : aux USA on dirait 1 GBP = 1,5788 USD).
Dans tous les pays à l’exception du Royaume Uni, de l’Australie, dela Nouvelle-Zélandeet des pays de la zone euro, la cotation se fait à l’incertain.
Le cours acheteur est le cours auquel la banque achète la devise au client et le cours vendeur est celui auquel elle vend la devise au client. La différence entre cours vendeur et cours acheteur s’appelle le spread ou marge de la banque.
Toutes les cotations sont faites en termes de prix d’achat (buying price ou bid price) et de prix de vente (selling price ou ask price).
Aux USA on dira : EUR/USD : 1,4100 – 1,4150
Cours acheteur : 1 EURO = 1,4100 USD
Cours vendeur : 1 EURO = 1,4150 USD
Dans certains pays il existe encore une cotation officielle ou fixing qui est une cotation à une heure précise. Le fixing a été abandonné en France, mais les banques continuent de donner à leur client un fixing indicatif achat/vente à 13h30.
La cotation au certain : C’est celle qui prévaut au RU, en Australie en N. Zélande et dans les pays de la zone euro. On indique combien une unité de monnaie domestique vaut en monnaie étrangère. Par exemple, l’euro est coté au certain avec : EUR/USD : 1,1240 – 1,1250 signifie que la banque achète l’euro à 1,1240 USD et le vend à 1,1250 USD.
Pour obtenir la cotation équivalente USD/EUR il suffit de prendre comme cours acheteur, l’inverse du cours vendeur (1 / 1,1250 = 0,8889) et comme cours vendeur, l’inverse du cours acheteur (1 / 1,1240 = 0,8897)
§ 3 - Les cours croisés
Les cours croisés sont calculés en comparant les cotations de deux devises par rapport à une troisième prise comme base, généralement le dollar US.
1 USD = 0,9552 EUR
1 USD = 1,3425 CHF
alors, le cours du franc suisse par rapport à l’euro est calculé ainsi :
1,3425 CHF = 0,9552 EUR ==> 1 CHF = 0,9552 / 1,3425 = 0,7115 EUR
Les journaux financiers ainsi que différents sites internet publient chaque jour les cours croisés entre les devises les plus importantes.
§ 4 - Les arbitrages
L'arbitrage géographique : il permet une cotation a peu près identique sur les différents marchés au même moment.
Cotation USD/CAD
Banque A |
Banque B |
|
Cours acheteur |
1,4900 |
1,4915 |
Cours vendeur |
1,4910 |
1,4918 |
Un cambiste qui dispose de 10 millions de CAD peut :
- acheter des USD contre CAD à la banque A soit :
- vendre ces USD contre CAD à la banque B, soit :
Ce qui représente un gain de 3 353 CAD
De nombreux cambistes effectuant ce type d'arbitrage, cela fait monter le cours de la banque A et baisser celui de la banque B. L'arbitrage s'arrêtera quand le cours vendeur de A sera égal au cours acheteur de B.
L'arbitrage triangulaire : il a lieu lorsqu'il y a des différences entre cours croisés. Il fait intervenir trois devises et non pas deux comme dans l'exemple précédent.
Exemple :
Cours acheteur |
Cours vendeur |
|
Banque A USD/CAD USD/EUR |
1,495 00 0,887 70 |
1,496 50 0,888 06 |
Banque B CAD/EUR |
0,588 51 |
0,588 74 |
Cours croisé acheteur CAD/EUR de la banque A est :
Pour acheter des CAD elle vend des USD à : 1 USD = 1,496 50 CAD
Pour vendre de l'EUR elle achète des USD à : 1 USD = 0,887 70 EUR
è 1,496 50 CAD = 0,887 70 EUR è 1 CAD = 0,887 70 / 1,496 50 = 0,593 18 EUR
Selon la même logique, le cours croisé vendeur CAD/EUR est donné par :
1 CAD = 0,88806 / 1,49500 = 0,59402 EUR
Le cours croisé acheteur de la banque A étant supérieur au cours vendeur de la banque B, il faut acheter des CAD à la banque B pour les revendre à la banque A en utilisant le USD comme monnaie intermédiaire.
- achat de CAD à la banque B contre EUR (10 000 000 EUR)
on obtient :
- vente des CAD contre USD à la banque A (1 USD = 1,49650 CAD)
on obtient :
- vente à la banque A des USD contre EUR
on obtient : 11 350 101 * 0,88770 = 10 075 485 EUR
- Le gain du cambiste est de 75 485 EUR
Section 3 : Le marché des changes à terme
Le marché des changes à terme permet de fixer le taux de change futur entre deux devises.
Les principales devises cotées à terme le sont contre le dollar. Généralement elles sont cotées à terme de 1, 3, 6 mois et un an, mais les entreprises peuvent obtenir auprès des banques des cotations pour des durées différentes.
§ 1 - Le calcul des cours à terme
Les cours de change à terme sont cotés en termes de report ou de déport.
Ainsi, pour obtenir le cours à terme il convient d'ajouter le report ou de retrancher le déport, au cours au comptant.
Report : le cours à terme est plus élevé que le cours au comptant,
Déport : le cours à terme est moins élevé que le cours au comptant.
Exemple :
Si EUR/USD à un mois présente un report de 0,0023 à l'achat et un report de 0,0025 à la vente, on obtiendra les cours acheteur et vendeur à un mois de la façon suivante, si la cotation au comptant EUR/USD est 1,0237 - 1,0242 :
Cours acheteur de l'EUR à un mois : 1,0237 + 0,0023 = 1,0260
Cours vendeur de l'EUR à un mois : 1,0242 + 0,0025 = 1,0267
A noter que certains journaux peuvent donner directement le cours à terme pour le Dollar.
Le report ou le déport peut aussi être exprimés en % sur une base annuelle. Ainsi, en prenant un cours à terme à N mois, le taux de report ou de déport annualisé s'exprime :
Si le résultat est positif, il s'agit d'un report, s'il est négatif, c'est un déport.
Exemple : EUR/USD (cours acheteur) au comptant : 1,0237
à 1 mois : 1,0260
Le taux de report annualisé est :
Soit 2,70 %
L'Euro est en report par rapport au dollar, ce qui veut aussi dire que le dollar est en déport par rapport à l'Euro.
§ 2 - Une fonction essentielle du marché à terme : la couverture du risque de change
Les opérations d’exportation et d’importation comportent généralement des délais de paiement ou de règlement. Pendant ces délais, les fluctuations de change peuvent affecter de façon sensible le montant des sommes converties en monnaie nationale.
Pour se couvrir contre le risque de change, un exportateur réglé en devises étrangères vend à terme, à sa banque, le montant de sa créance. Il fixe ainsi de façon précise le montant de monnaie nationale qu’il recevra à l’échéance.
L’importateur devant régler en devise étrangère achètera à terme, à sa banque, les devises correspondant au montant de sa dette. Il connaît ainsi avec précision le montant en monnaie nationale qu’il devra payer.
CHAPITRE 2 : LES DETERMINANTS DES TAUX DE CHANGES
Section 1 : Les taux de change au comptant
Naturellement, c'est la loi de l'offre et de la demande qui détermine les taux de change au comptant, mais l'équilibre n'est pas complètement indépendant de certains facteurs économiques et financiers. On peut citer, le taux d'inflation, les soldes de balances des paiements et le niveau relatif des taux d'intérêt.
§ 1 - Le taux d'inflation et le taux de change : la théorie de la parité des pouvoirs d'achat (PPA)
C'est en 1916 puis 1922 que Gustave Cassel propose le nom de théorie de la parité des pouvoirs d'achat pour désigner une relation entre la différence des taux d'inflation de 2 pays et l'évolution du taux de change de leur monnaies sur le marché des changes.
Si le taux d'inflation dans la zone Euro est supérieur à celui des USA, la valeur de l'Euro par rapport au Dollar devrait tôt ou tard se réajuster à la baisse pour faire en sorte que les pouvoirs d'achat des 2 monnaies se rapprochent. Ce réajustement sera théoriquement égal à la différence entre les taux d'inflation.
Pour la théorie dela PPA, c'est la différence entre les taux d'inflation qui explique l'évolution du taux de change.
Exemple :
Supposons deux Economies, Grande Bretagne et France, qui produisent toutes 2 le même bien, dans les mêmes conditions.
Si les prix de ce bien en France et en Grande Bretagne sont de 10 € et 6,50 GBP, il est facile d'en déduire qu'en l'absence d'entrave à la circulation des biens, et sous l'hypothèse d'absence de coûts de transport :
10 € = 6,50 GBP ou encore EUR/GBP = 0,65
Si ce n'était pas le cas, des opportunité de profit apparaîtraient.
Supposons que l'Euro soit sur-évalué avec un taux de change EUR/GBP : 0,70
è On enregistre alors un accroissement des importations françaises en provenance d'Angleterre car il est profitable d'acheter le bien en question en GB où il coûte 6,50 GBP, soit : 6,50 / 0,70 = 9,29 €, plutôt qu'en France où il coûte 10 €.
Pour régler ces importations, la demande de GBP contre EUR augmente etla Livre Sterlings'apprécie (l'Euro se déprécie).
De la même façon, les exportations françaises vers l'Angleterre diminuent car elles sont devenues trop chères. Les anglais achètent moins d'Euro pour régler leurs export (si c'estla Mode facturation) è Autre raison pour que l'Euro se déprécie.
Le taux de change d'équilibre est bien 1 EUR = 0,65 GBP : le pouvoir d'achat est alors identique dans les deux pays.
Supposons maintenant que le taux d'inflation en France soit de 2% et de 4% en Grande Bretagne pendant la période de temps t0 - t1.
En t1 le bien en question vaudra 10.(1,02) = 10,20 € en France
6,50.(1,04) = 6,76 GBP en Angleterre
è le nouveau taux de change d'équilibre est alors :
10,20 € = 6,76 GBP Soit, 1 € = 6,76 / 10,20 = 0,6627 GBP
Généralisation
P0,EUR = indice des prix en France à la date t0.
T0,EUR/GBP = tx de change EUR/GBP à la date 0 (1 EUR = T0,EUR/GBP GBP)
P0,GBP = indice des prix en GB à la date t0.
è Si la théorie dela PPAest vérifiée, on peut écrire (pour des indices calculés sur la même base) :
(1) P0,GBP = T0,EUR/GBP . P0,EUR (indice des px en France multiplié par ce que vaut 1 € exprimé en GBP)
On pourra écrire la même chose pour la date 1 :
(2) P1,GBP = T1,EUR/GBP . P1,EUR
Si pGBP et pEUR , représentent les taux d'inflation en Grande Bretagne et en France :
P1,GBP = P0,GBP.(1 + pGBP)
P1,EUR = P0,EUR.(1 + pEUR)
On peut alors réécrire la relation (2) :
P0,GBP.(1 + pGBP) = T1,EUR/GBP . P0,EUR.(1 + pEUR)
Mais, P0,GBP peut être remplacé par sa valeur donnée dans (1)
è T0,EUR/GBP . P0,EUR .(1 + pGBP) = T1,EUR/GBP . P0,EUR.(1 + pEUR)
è
Ou encore :
c-a-d
Lorsque pEUR est petit devant 1, on peut utiliser l'approximation :
Exemple, si l'inflation aux USA est de 4% et de 2% en Grande Bretagne,la Livresterling devrait s'apprécier de :
chaque année
Si à l'origine, on a GBP/USD = 1,585, après un an ce taux de change devrait être de :
1,585 * 1, 0196 = 1,6161
Commentaires surla PPA
La théorie dela PPArepose sur des hypothèses fortes :
- les marchés financiers sont parfait : absence de contrôle administratifs, de coûts de transactions et de fiscalité,
- les marchés des biens sont parfaits : absence de droits de douane, de coûts de transactions et de réglementations de quelque nature que ce soit,
- la structure de la consommation est identique dans les deux pays.
Cela explique qu'elle ne se vérifie que sur le moyen et long terme. Les auteurs qui ont tenté des vérifications empiriques reconnaissent dans leur quasi-totalité, d'importantes déviations à court terme, entre le différentiel d'inflation et le différentiel de change.
Les variations relatives des taux de change seraient beaucoup plus déterminées à court terme par les anticipations des agents, l'évolutions des taux d'intérêt et les mvts de capitaux que par le différentiel d'inflation.
Deux critiques essentielles peuvent être formulées à l'encontre dela PPA:
- elle néglige toute les opérations relatives aux actifs financiers. En d'autre termes, le pouvoir d'achat de la monnaie d'un pays pourrait très bien se dégrader, sans la moindre incidence sur le taux de change si un flux d'investissement à LT venait compenser le déficit des opérations courantes.
- La théorie ignore le fait qu'une devise peut servir de monnaie véhiculaire et être ainsi utilisée comme instrument de transfert par des pays tiers. Cela provoque une demande de cette monnaie sur le marché et donc tend à soutenir son taux de change.
§ 2 - Les taux d'intérêt et le taux de change
A court terme, la variation des taux d'intérêt entraîne, toutes choses égales par ailleurs, une fluctuation des taux de change au comptant.
Le mécanisme est simple : supposons que pour des raisons de po intérieure les USA soient amenés à remonter les taux d'intérêt. Cette hausse incite les investisseurs internationaux à liquider les actifs libellés dans des devises autre que le dollar, pour acheter des titres en dollar, qui deviennent plus rémunérateurs.
Cela entraîne une demande de dollar supplémentaire sur le marché des changes. Ainsi, le taux de change du dollar américain s'apprécie vis à vis des devises vendues.
Naturellement, de façon symétrique, une baisse des taux d'intérêt devrait provoquer une dégradation du taux de change.
Cela étant, la relation entre taux d'intérêt et taux de change au comptant est souvent très complexe car elle peut être perturbée par les anticipations des investisseurs.
§ 3 - La balance des paiements et le taux de change
La balance des paiements recense de façon exhaustive les transactions économiques entre un pays et le reste du monde. Une balance commerciale (partie haute de la balance des paiements) déficitaire devrait, si elle n'est pas compensée par des investissement étrangers importants dans le pays, provoquer une dégradation du taux de change.
Mais là encore, il faut rester prudent. Par exemple, une dette extérieure grandissante devrait exercer une pression à la baisse sur la mo nationale. Les USA s'en accomodent pourtant fort bien car ils ont cette particularité de rembourser leur dette extérieure dans leur propre monnaie.
Section 2 : Taux de change à terme et parité des taux d’intérêt
§ 1 - Exposé de la théorie
La théorie de la parité des taux d’intérêt stipule que le taux de report ou de déport d’une devise doit refléter le différentiel de taux d’intérêt entre les pays.
D’après cette théorie, un investisseur ne peut pas obtenir une rentabilité plus élevé en allant placer ses fonds à l’étranger plutôt que sur le marché domestique, même si le taux d’intérêt y est plus élevé. Ce que l’on gagne en intérêt est perdu à travers les nécessaires opérations de change.
Symboles utilisés :
- taux d'intérêt à 1 an sur le USD : rD
- taux d'intérêt à 1 an sur l'EUR : rE
- taux de change au comptant du USD contre EUR : TC,USD/EUR
- taux de change à terme du USD contre EUR : TT,USD/EUR
(cotation du type : 1 USD = TT,USD/EUR EUR)
Supposons que le taux d'intérêt sur l'euro soit plus élevé que sur l'USD et qu'un opérateur américain souhaite en profiter à travers une opération d'arbitrage.
On peut alors imaginer l'opération suivante à l'instant t0 :
- Emprunter 1 USD
- Convertir ce USD en EUR au comptant : il obtient TC,USD/EUR Euro qu'il place
- Acheter (1 + rD) USD à terme contre EUR (tx = TT,USD/EUR) ce qui lui permettra de rembourser son emprunt en dollars à l'échéance.
A l'échéance :
- La somme placée est devenue (1 + rE).TC,USD/EUR Euros
- Les USD achetés à terme sont livrés, ce qui coûte (1 + rD).TT,USD/EUR Euros
(Cette somme permet juste de rembourser l'emprunt)
L'opérateur est gagnant si la somme perçue est supérieure à celle dont il se départit :
(1 + rE). TC,USD/EUR > (1 + rD).TT,USD/EUR
Lorsque qu'une telle inégalité se produit, et en l'absence de contrôle des changes, nombre d'opérateurs réaliseront des arbitrages de ce type, si bien que le déséquilibre doit se résorber :
- le taux de change au comptant du dollar contre euro doit se déprécier
- le taux de change à terme du dollar contre euro doit s'apprécier
Il n'est pas exclu qu'il y ait en même temps des pressions sur les taux d'intérêt :
- une pression à la baisse sur le taux de l'euro, due à l'afflux de capitaux
- une pression à la hausse sur le taux du dollar, due à l'afflux des demandes d'emprunt.
L'équilibre s'établi quand plus aucun profit n'est possible, ni dans un sens ni dans l'autre, soit :
(1 + rE). TC,USD/EUR = (1 + rD).TT,USD/EUR Soit,
Si le taux d'intérêt sur l'Euro est plus élevé que le taux d'intérêt sur le dollar, le taux de change à terme du dollar contre euro est plus élevé que le taux de change au comptant. Le dollar est en report. Si c'est l'inverse, il est en déport.
Si TC,USD/EUR = 1,10 (1 dollar = 1,10 euro)
rD = 5%
rE = 8%
è TT,USD/EUR = (1,08 / 1,05).1,10 = 1,1314
1 USD à terme d'un an vaut 1,1314 EUR et le report est de : 1,1314 - 1,10 = 0,0314
Ou, exprimé en % sur la base annuelle : (0,0314 / 1,10) = 2,85 %
Le taux de report en %
c'est en fait : car : report en % =
è Report en % =
Lorsque le terme n'est pas d'une année, il convient d'ajuster en fonction de la longueur de la période, à l'aide des intérêts simples :
Pour une période de durée t, on aurait :
Dans notre exemple, le taux à terme pour 3 mois serait :
ó report = 1,1081 - 1,10 = 0,0081
La période étant plus courte, il est normal que le report soit plus faible.
§ 2 - Les limites de la PTI
Accepter pleinement la théorie dela PTIrevient à considérer que les marchés financiers internationaux sont parfaitement concurrentiels, fonctionnent librement et sans contrainte. La réalité est un peu plus complexe. Plusieurs raisons peuvent être invoquées :
- la disponibilité des fonds susceptibles d'être mobilisés dans des opérations d'arbitrage n'est pas infinie et la liberté de manœuvre des opérateurs peut ne pas être totale (notamment lorsqu'il y a contrôle des changes),
- il peut exister des problèmes de fiscalité et de coûts de transaction qui font que l'équilibre ne se réalise pas complètement,
- en dehors du différentiel de taux d'intérêt, les arbitragistes peuvent prendre en compte d'autres facteurs plus qualitatifs dans leurs décisions : par exemple, la liquidité et la commodité du placement,
- en période de crise, la spéculation engendre des phénomènes perturbateurs qui se concrétisent par des reports ou des déports anomaux, très éloignés de ceux qu'engendrela PTI. Parexemple, si les spéculateurs anticipent que le taux de change de l'euro face au dollar va se dégrader rapidement dans les semaines à venir, ils vendent massivement de l'euro à terme, contre dollar. Ils espèrent ainsi, l'échéance venue se procurer des euros dévalués pour les livrer contre dollars.
CHAPITRE 3 : L'EVALUATION D'UNE POSITION DE CHANGE DE
TRANSACTION
La position de change est généralement calculée par le trésorier de l'entreprise. Elle se calcule par rapport à une monnaie de référence, généralement la monnaie nationale de l'entreprise. Pour les groupes, c'est la monnaie de la société mère, plus rarement celle d'une holding située à l'étranger.
Section 1 : la nature du risque
Un importateur français qui règle ses importations en dollars américains a une position débitrice en dollar jusqu'à la date de règlement. Son risque est de voir le taux de change USD/EUR s'apprécier par rapport à son anticipation. Dans ce cas, son importation lui reviendrait plus cher que prévu. On dit qu'il détient une position courte.
A l'inverse, un exportateur français dont la créance est libellée en dollars a une position créditrice vis à vis de son client américain. Son risque est de voir la parité USD/EUR se déprécier d'ici la date de règlement. Son exportation lui rapporterait alors moins que prévu. On dit qu'il détient une position longue.
Il faudra donc s'attacher à repérer devise par devise, les positions courtes et les positions longues puisqu'elles font courir des risques opposés.
Section 2 : L'origine et l'échéance de la position de change
L'origine :
Dans la pratique on fait souvent remonter l'origine de la position de change à la date de signature du contrat lorsqu'il y a transaction commerciale. Dans ces conditions, c'est la date de fixation officielle du prix en devises qui détermine l'origine de la position de change.
En réalité la question est plus complexe car le risque existe dès que débute la négociation entre acheteur et vendeur. En effet, les prix annoncés en devises étrangères se font sur la base d'un taux de change anticipé, mais ce risque ne se concrétisera que si le contrat est effectivement signé.
L'échéance :
Dans le cadre des opérations commerciales, l'échéance peut être considérée comme certaine dans la mesure où le délai de paiement est connu : c'est la date à laquelle le transfert de monnaie doit avoir lieu. Il en est de même pour les prêts et emprunts en monnaie étrangère. En revanche, en ce qui concerne les titres détenus en portefeuilles l'échéance est la plupart du temps incertaine car on ne sait pas, bien souvent, à quelle date ces titres seront liquidés et donc convertis en monnaie domestique. Même s'il s'agit d'obligations dont la date de remboursement est connue, rien n'empêche de les revendre avant cette date en cas de besoin.
Pour suivre régulièrement la position de change, il conviendra, dans la mesure du possible, de chercher à classer périodiquement les différentes positions de change, longues et courtes, devise par devise, en fonction de l'échéance.
Section 3 : Synthèse des positions de change individuelles
Pour une même devise, des compensations vont s'opérer entre positions longues et positions courtes, pourvu que l'échéance soit identique.
Si une position courte (débitrice) sur 1 million de USD coexiste avec 2 positions longues, chacune portant sur 500 000 USD et pour la même durée, le risque global est nul. Toute perte enregistrée sur la 1ère position (hsse du dollar) est exactement compensée par les gains enregistrés sur les 2 positions longues.
Il convient donc de repérer ces positions qui se compensent mutuellement, en fonction de la devise considérée, de l'origine et de l'échéance des positions de change.
Mais, dans la pratique il existe une multitude d'échéances possibles, si bien qu'il devient trop complexe et à la limite de peu d'intérêt de tenir une comptabilité échéance par échéance des différentes positions de change. En revanche, il est utile de tenir cette comptabilité selon une périodicité raisonnable des échéances. Cette périodicité dépendra de l'importance de l'activité internationale de l'entreprise.
Pour chacune des périodes retenues, il est possible de déterminer la position nette de change comme solde des positions longues et courtes sur chacune des devises traitées. C'est alors ce seul solde qui est exposé au risque de change.