Document de formation sur la finance d’entreprise

Document de formation sur la finance d’entreprise
–INTRODUCTION–
Les conséquences de la crise économique et financière qui a démarré en 2008 et qui s’est aggravée au niveau mondial se sont faits sentir de manière accrue sur les besoins de tréso-rerie des entreprises, mais aussi sur leurs besoins de financement à moyen et long termes du fait de la baisse des investissements.
Par ailleurs, l’environnement réglementaire et législatif s’est modifié et complexifié, entraî-nant du même coup une évolution des acteurs et des métiers.
La loi sur la sécurité financière (LSF), les normes comptables internationales, l’obligation pour les sociétés cotées d’adopter les normes IAS/IFRS pour l’élaboration de leurs comptes consolidés ont contribué au renforcement des procédures et du contrôle.
La part croissante prise dans la gestion des risques, l’association plus étroite des directions financières et comptables aux stratégies de développement de l’entreprise sont autant de fac-teurs qui ont entraîné une nouvelle approche financière des entreprises et de la comptabilité.
Toutes ces évolutions ont eu des conséquences sur les métiers de la finance et de la comp-tabilité, obligeant les différents acteurs à s’adapter : contrôleur de gestion, auditeur, direc-teur financier, trésorier, responsable de la comptabilité, consolideur…
Près d’une décennie après la première étude réalisée par l’Apec sur les fonctions finance et comptabilité, il était important de revoir les métiers, d’analyser leurs évolutions en termes de missions, compétences, formations et de profils recherchés par les entreprises.
Le rôle des cadres est de plus en plus tourné vers le contrôle, le reporting, l’analyse et la mise en forme d’une information de plus en plus abondante et complexe mais néanmoins nécessaire pour éclairer, voire alerter la direction dans la mise en œuvre de sa stratégie.
Ils doivent faire remonter l’information utile et pertinente vers les instances décisionnaires, pouvoir apporter un appui aux directions opérationnelles ou encore informer les investis-seurs et les créanciers de la santé financière de l’entreprise.
17 métiers cadres dont 4 nouveaux métiers (responsable des normes comptables, responsa-ble de la communication financière, risk manager et consultant fonctionnel finance) ont été décrits dans ce référentiel. Les métiers de la finance exercés dans le secteur bancaire ont été délibérément exclus du champ de l’étude car ils font l’objet d’un référentiel métier spé-cifique.
Ils ont été regroupés en cinq grandes familles :
Les métiers de direction : directeur administratif et financier, directeur financier et direc-teur de la comptabilité.
Les métiers de la finance : credit manager, responsable de la communication financière,trésorier, responsable des normes comptables et fiscaliste.
Les métiers de la comptabilité : responsable comptable et consolideur.
Les métiers du contrôle et de la gestion des risques : contrôleur de gestion, auditeurinterne et risk manager.
Les métiers du conseil et de l’audit légal : consultant en transactions services, consultantfonctionnel finance, expert comptable et commissaire aux comptes.
…
–LES ACTEURS DE LA FINANCE D’ENTREPRISE
ET DE LA COMPTABILITÉ–
Les services financiers regroupent des métiers variés dont le point commun est le traitement d’informations et de documents comptables ou financiers nécessaires au fonc-tionnement opérationnel de l’activité de l’entreprise.
Ils font partie des fonctions support de l’entreprise ; les collaborateurs des services financiers sont ainsi au centre de toutes les opérations et transactions, ils viennent en appui à la logique de développement des affaires et des investissements et sont les garants de la sécurité financière, de la maîtrise des risques finan-ciers et de la pérennité de l’entreprise.
LA FINANCE D’ENTREPRISE
La finance d’entreprise analyse les données compta-bles et arbitre les décisions, avec pour objectifs un accroissement de la valeur de marché de l’entreprise et une augmentation des profits monétaires.
Sa gestion par les directeurs financiers, en liaison étroite avec les dirigeants, vise la performance financière, résul-tant d’un rapport optimal, calculé entre une rentabilité économique et financière et une incertitude (risque).
Ses principales composantes reposent sur :
– L’amélioration de la trésorerie par l’apport de capitaux.
– La rétribution des apporteurs de capitaux (action-naires, investisseurs, épargnants, dirigeants, acteurs internes).
– L’optimisation de la structure du bilan de l’entreprise.
– L’évaluation et le financement des projets d’investis-sement.
LA COMPTABILITÉ D’ENTREPRISE
La comptabilité d’entreprise est un système d’organisa-tion de l’information financière. Elle assure le contrôle comptable et financier des opérations de l’entreprise pour en restituer une image la plus fidèle possible. Elle saisit, traite et agrège des données sur les activités économi-ques d’une entreprise et sur son patrimoine.
Statutaire ou légale, la comptabilité s’applique dans le respect des réglementations et des normes nationales.
La comptabilité financière regroupe des informations destinées à être diffusées en externe et permet ainsi de remplir les obligations légales de l’entreprise en termes de communication financière. Elle réalise des états comp-tables destinés à l’État, aux actionnaires, banquiers et autres partenaires de l’entreprise, éclairant sa situation financière, en particulier les transactions économiques ou financières et les opérations monétaires passées.
La comptabilité de gestion forme la comptabilité interne à l’entreprise. Elle traite des informations et des données éclairant les dirigeants et collaborateurs d’une entreprise dans les différentes décisions de direction, planification, organisation et contrôle.
Elle associe la comptabilité générale et analytique et repose principalement sur la fonction contrôle de gestion. Ce type de comptabilité est facultatif et non normalisé.
Les cadres financiers et comptables peuvent exercer leur métier au sein des directions financières et comptables d’entreprises ou bien chez un prestataire ou cabinet de conseil. Cette distinction implique des dif-férences concrètes dans l’exercice des différents métiers.
La taille de l’entreprise détermine le périmètre des métiers de la fonction financière
et comptable
Dans les TPE et les PME, les fonctions financières exi-gent polyvalence et autonomie.
La fonction comptable ne comprend généralement qu’un seul cadre prenant en charge la totalité de la comptabilité. Il est, le plus souvent, rattaché directe-ment à la direction générale.
Les frontières entre les métiers s’estompent. Il n’est pas rare de voir un cadre occupant le poste de contrôleur de gestion ou de trésorier prendre aussi en charge le credit management. En l’absence d’un spécialiste des normes comptables, le responsable comptable doit veiller aux évolutions réglementaires et à leur bonne application.
Certains métiers exigent de se tourner uniquement vers les grands groupes puisqu’ils n’existent pas au sein d’entreprises plus petites : c’est le cas du consoli-deur, du responsable communication financière, du responsable des normes comptables…
Les métiers plus nombreux, y sont aussi plus spéciali-sés et les activités plus segmentées. La trésorerie, par exemple, est divisée en plusieurs activités : la gestion des flux financiers, la couverture des risques, le contrôle (middle-office) et les opérations (back-office) sont gérées par des équipes de trésoriers distinctes.
La comptabilité est, elle aussi, subdivisée en plusieurs services et distingue la comptabilité de gestion et la comptabilité financière. Elle est le plus souvent ratta-chée à la direction financière.
Cette segmentation du travail peut avoir l’inconvénient d’un cloisonnement des activités. Seul le cadre ayant des responsabilités au niveau du groupe aura une vue d’ensemble du métier en question. Toutefois les possibi-lités de mobilité interne sont plus nombreuses dans les structures de taille importante.
exercer leur métier dans des cabinets d’expertise comp-table, d’audit et/ou de conseil.
La branche des cabinets d’expertise comptable et d’audit est composée d’une majorité de TPE et dans une moindre mesure d’entreprises de taille intermédiaire. Enfin, on y trouve quelques groupes internationaux dont les plus connus sont Ernst & Young, Deloitte, PwC, KPMG…
Les plus petites structures sont spécialisées sur une fonction bien précise et concentrent généralement leur activité sur l’audit légal et l’expertise comptable. Le champ d’intervention des plus gros cabinets est, au con-traire, relativement large puisqu’il s’étend au conseil et à la formation.
Les cabinets d’expertise comptable, d’audit et/ou de conseil
Hormis les directions financières et comptables des entreprises, les cadres peuvent aussi, pour la plupart,
La loi de sécurité financière (LSF) de 2003, dans son article 104, entérine la séparation des activités d’audit légal et de conseil : un cabinet ne peut conseiller un client dont il certifie déjà les comptes.
LA RÉPARTITION DES ACTIVITÉS PAR TYPE DE PRESTATION ET DOMAINE D’APPLICATION SANS REPRÉSENTATION DES VOLUMES
…
Conseil
Conseil quotidien, accompagnement des dirigeants dans la gestion (volet entreprise et individuel : gestion de patrimoine)
Conseil en transactions financières, en fiscalité
Conseil en performance de la gestion financière, conseil en SI, management, qualité
Conseil en gestion de personnel : assistance à l’élaboration et la mise en œuvre d’accords d’entreprise, gestion de la relation sociale, contrats de travail, licenciements…
Conseil et assistance juridique (consitution de société, baux, apport de fonds…)
…
Source : Omeca, Observatoire des métiers de l’expertise comptable de commissariat aux comptes et de l’udit, 2010
Les cabinets de conseil en finance semblent avoir résisté aux dernières perturbations économiques. Ceci peut s’expliquer par la part de leur activité composée de presta-tions à caractère obligatoire pour les entreprises (audit légal) mais aussi par les dernières évolutions réglementai-res (les normes IFRS, la loi de sécurité financière, la loi Sarbanes-Oxley…) qui ont multiplié les missions de mise en conformité, elles aussi, indispensables aux entreprises.
–LES ÉVOLUTIONS DANS LE DOMAINE DE LA FINANCE
D’ENTREPRISE ET DE LA COMPTABILITÉ,
ET L’IMPACT SUR LES MÉTIERS CADRES–

Les évolutions conjoncturelles, réglementaires et organisationnelles ont profondément modifié les métiers de la finance d’entreprise et de la comptabilité.
UN CONTEXTE ÉCONOMIQUE DIFFICILE MODIFIANT LES PRIORITÉS
DES ENTREPRISES
Entre 1995 et les années 2000, les entreprises ont connu une période d’euphorie économique, liée au développement du secteur des TIC. La « bulle Internet » a vécu son apogée boursière en 2000, puis s’est dégonflée, perdant jusqu’à 80 % de sa valeur dans les années qui ont suivi et provoquant un ralen-tissement économique général.
Pour l’entrée dans le nouveau millénaire et les data-tions, la reconfiguration des systèmes d’information, notamment financiers et comptables, s’est effectuée avec succès : les architectures des ERP comptables (Entreprise Ressource Planning) sont aujourd’hui dotées de toutes les nouvelles normes internationales, cou-vrant l’ensemble des processus financiers intégrés de l’entreprise (comptabilité analytique et générale, con-trôle de gestion, consolidation) et gérant les transac-tions en mode multidevises (euro, livre, dollar,…).
Dans le sillage de l’éclatement de la bulle Internet, la faillite en 2001 d’Enron a été un élément marquant, préfigurant de nombreux montages financiers fraudu-leux.
En 2007, la crise des subprimes et l’éclatement des « bulles immobilières » aux États-Unis ont marqué le point de départ d’une crise de liquidité et de solvabi-lité touchant la plupart des États et les banques, la raréfaction du crédit affectant particulièrement les entreprises.
À l’automne 2008, accentuée par une perte de confiance de la part des investisseurs, la crise s’est aggravée au niveau mondial, provoquant une chute des cours sur les marchés boursiers et un nouveau resserrement du crédit pour les entreprises. Cette crise économique et financière continue de faire l’actualité en 2011 et 2012, frappant non seulement la France mais la plupart des pays.
Ces événements ont entraîné une récession affectant l’ensemble de la planète et générant de nombreux ris-ques et aléas de toute nature. Les entreprises ont été contraintes de modifier leur gouvernance, leur stratégie financière et leur organisation, avec pour consé-quence le renforcement des responsabilités confiées aux cadres financiers et comptables.
Face à l’incertitude du contexte économique, les direc-tions financières des entreprises doivent avec les directions générales établir des stratégies de gestion à moyen et long termes, veillant à assurer l’équilibre financier des entreprises. Pour ce faire, certains métiers ont été renforcés et notamment le reporting afin d’aider les prises de décision de la DG, le contrôle avec l’intensification des mesures mises en place, lagestion des risques et la communication financière.
La gouvernance des entreprises et la performance financière
Deux formes de gouvernance existent en France : L’une s’appuie sur le partage des décisions entre les actionnaires et les dirigeants, avec un cumul possible des responsabilités (présidence du conseil d’adminis-tration et direction générale). On la trouve dans un certain nombre de PME-PMI.
L’autre organise la séparation des fonctions de contrôle et exécutive, donnant aux actionnaires le pouvoir de décision et confiant aux dirigeants la ges-tion des activités de l’entreprise. Ces derniers rendent compte de leur décision en fin d’exercice, sauf pour les décisions importantes pour lesquelles l’avis préalable du conseil d’administration doit être demandé et enté-riné à postériori par les actionnaires en assemblée générale.
La valeur actionnariale est, dans ce cas, privilégiée, l’objectif étant la valorisation financière du titre détenu par les actionnaires.
Afin d’éviter des risques de divergences ou de conflits d’intérêts entre les deux parties, différentes mesures réglementaires ont été prises permettant de :
– Veiller à garantir l’indépendance des actionnaires (conseil d’administration et son président) vis à vis des dirigeants, aligner les intérêts de ces der-niers sur ceux des actionnaires ou des investisseurs financiers, séparer les rôles de contrôle et de direction.
– Obliger les entreprises à communiquer des informa-tions sur leurs activités auprès des actionnaires et des investisseurs.
– Instaurer un mode incitatif de la rémunération des diri-geants (en partie liée à la performance de l’entreprise).
Ces mesures de contrôle des dirigeants par les adminis-trateurs et actionnaires tendent à se durcir notamment dans les grandes entreprises où les intérêts sont parfois divergents, ce qui n’est pas le cas dans les PME où les dirigeants sont très souvent les actionnaires principaux. La réglementation devient plus contraignante, surtout pour les sociétés cotées où le rôle de surveillance du conseil d’administration a été récemment renforcé avec la création du comité d’audit.
Sont particulièrement concernés par ces mesures les res-ponsables des activités finance, comptabilité, trésore-rie, audit interne, contrôle de gestion et communication financière. Leurs missions consistent à élaborer, optimi-ser les procédures, contrôler leur mise en œuvre via des indicateurs (notamment les KPI, key performance indica-tors) et mesurer la performance opérationnelle et finan-cière de l’entreprise.
Enfin, on voit apparaître en France une autre forme de valeur visant, pour l’ensemble des partenaires de l’entre-prise, la création de richesses matérielles et humaines. La performance de l’entreprise se mesure alors sur des critères sociaux, environnementaux, innovants, éthi-ques, à travers des décisions au profit d’investissements socialement responsables (ISR) dont on peut constater une percée sensible. La responsabilité sociétale des entreprises entre dans un cadre légal.
L’exigence du retour sur investissement
Le retour sur investissement s’impose pour un type d’actionnaires investissant dans les entreprises sur le court terme, poussés par des objectifs strictement financiers : obtenir une rentabilité rapide des capitaux investis. La gestion économique des activités se double ainsi d’une gestion optimisée de la performance, dictée par des objectifs financiers : augmentation des marges, réduction constante des coûts et frais (liés notamment aux risques clients), valorisation des actifs obtenue principalement par des fusions, acquisitions ou cessions avantageuses.
Le financement des entreprises
Le trésorier et le credit managerau cœur du système de pilotage de l’entreprise
Face à la raréfaction des capitaux, à la crise de la dette et du crédit, les entreprises doivent trouver d’autres moyens que le recours aux banques pour renouveler leurs liquidités et assurer leur pérennité. Parmi les moyens à leur disposition, elles diffèrent leurs investissements, utilisent leurs stocks et veillent notamment à augmenter leurs réserves de liquidités au travers d’une gestion opti-misée de leur BFR (besoin en fonds de roulement). Dans ce contexte, le trésorier et lecredit manager voient leur rôle et leurs missions renforcées pour gérer au mieux les liquidités et assurer la pérennité économique de l’entreprise. Les équipes en charge du crédit client ont affermi la gestion du risque client grâce à une ana-lyse plus poussée de la solvabilité des entreprises mais aussi par un rapprochement entre les équipes financiè-res et opérationnelles. Le credit manager travaille aujourd’hui en lien direct avec les commerciaux. Enfin le trésorier, en tant que garant des liquidités de l’entre-prise, est désormais au cœur du système de pilotage de l’entreprise : il doit veiller à optimiser la trésorerie en anticipant les flux financiers de l’entreprise, en accom-pagnant la direction dans la prise des décisions d’inves-tissement… Autant d’enjeux de taille qui renforcent cette fonction.
• Le recours au LBO
Depuis les années 2000 en France, après un développe-ment aux Etats-Unis au début des années 90, le finance-ment par l’endettement (leverage buy out, LBO) a connu un fort essor, associant dans le partage des risques les futurs dirigeants et les fonds d’investissement liés par un projet commun de rachat d’entreprise ou de prise de participation. Les banques ont exigé des entreprises plus de garanties, basées sur la notion de « rentabilité visible et démontrée » à moyen et long termes imposant aux cadres financiers (contrôleur financier, contrôleur degestion) la fourniture d’indicateurs mensuels de suivides liquidités (cash).
Dans ce type de financement complexe, le directeurfinancier ou le directeur administratif et financier apporte son expertise et conseille les futurs acquéreurs tout en étant l’interlocuteur privilégié des banques.
Un rôle plus stratégique pour le contrôle de gestion
La fonction contrôle de gestion, auparavant surtout axée sur un contrôle a posteriori, a pris une place nouvelle liée à la volonté des directions d’entreprise d’anticiper au mieux leurs activités face aux évènements financiers.
Si le reporting reste l’activité centrale du contrôleur de gestion, ses missions se sont étendues de la mesure de la performance à son pilotage, prenant ainsi une dimen-sion plus stratégique. Le contrôleur de gestion doit désormais aider la direction générale à la prise de déci-sion en mettant en place des outils d’analyse des ris-ques, et en élaborant des prévisions des états financiers de l’entreprise.
L’expert-comptable : un métier qui s’ouvre de plus en plus vers le conseil
Le conseil constitue aujourd’hui pour l’expert-comptable une activité complémentaire à forte valeur ajoutée, suscep-tible de s’exercer dans plusieurs domaines : social (règle-mentation du travail et impacts sociaux liés à la crise ou une cessation d’activité), ressources humaines (formation et recrutement des collaborateurs), fiscal (gestion patrimo-niale du dirigeant, transmission d’entreprise, succession), nouvelles technologies (surtout pour les PME). aux process et aux individus) était souvent prise en charge par l’auditeur interne au sein de l’entreprise. Aujourd’hui, la gestion des risques financiers est prise en charge par la plupart des métiers financiers : le cre-dit manager gère le risque client ; le trésorier doitveiller aux risques de liquidités, de taux de change, de matières premières et de contreparties ; le risk manager applique des solutions prioritairement assurantielles à toutes les menaces sur l’entreprise ; le directeur finan-cier est garant du dispositif de contrôle interne visant la protection des actifs. Enfin, les risques fiscaux relè-vent des activités du fiscaliste.
Gestion des risques : risk manager et auditeur interne, deux fonctions complémentaires
Jusque dans les années 1980, ce qu’on nommait « gestion des risques » se limitait en réalité à la gestion des sinistres. Progressivement le champ du risk manage-ment s’est étendu à l’ensemble des risques auxquels peutêtre confrontée une entreprise. Il ne s’agit plus unique-ment de gestion d’assurance mais d’anticiper l’ensemble des risques d’une entreprise, de les évaluer et de mettre en place des procédures de contrôle et de stratégie de gestion. On voit en effet émerger depuis plusieurs années un nouveau métier, celui de risk manager dont le rôle peut fortement varier d’une entreprise à une autre. Ces gestionnaires de risques prennent en charge une multitude de risques s’étendant des risques opéra-tionnels et de non-conformité aux risques financiers et stratégiques. Si le métier de risk manager était jusqu’à présent encore peu développé en France, la gestion des risques opérationnels (liés au système d’information,
La communication financière :une fonction de plus en plus stratégique
Avec le développement de la finance de marché, l’infor-mation financière s’est développée et a changé de visage : on voit désormais se créer dans les entreprises des postes dédiés spécifiquement à la communication financière : chargé et responsable de communicationfinancière. Satisfaire les actionnaires et réinstaurer unclimat de confiance est en effet devenu un axe majeur de la stratégie des entreprises.
Enfin, la communication financière intègre de plus en plus les questions sociales et environnementales. La loi NRE (Nouvelles Régulations Économiques) de 2001 a renforcé cet aspect en imposant aux sociétés françaises cotées la publication de données sur les conséquences environnementales et sociales de leur activité au sein de leur rapport annuel.
LA RÉGLEMENTATION COMPTABLE ET FINANCIÈRE EN ÉVOLUTION PERMANENTE
La réglementation comptable et financière ne cesse d’évoluer. La mondialisation, les échanges internatio-naux, la multiplication de firmes multinationales impo-sent aux différents États une réglementation commune en matière de comptabilité.
Les normes IFRS : un référentiel comptable à vocation internationale
Le changement majeur de ces dix dernières années en termes de réglementation comptable est l’adoption des normes IFRS.
Ce projet d’harmonisation des référentiels comptables est lancé en 1973, date à laquelle les instituts compta-bles de 10 pays (Allemagne, Australie, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Irlande, Japon, Mexique, Pays-Bas) décident de fonder l’IASCF (International accounting standards committee). Cet organisme sera remplacé ensuite par l’IASB.
IASB
L’IASB (International Accounting Standards Board) est un organisme privé sous tutelle de l’I.A.S.C.F. (Internatio-nal Accounting Standards Committee Foundation). Il est en charge de l’élaboration des normes internationales IFRS, International Financial Reporting Standards, remplaçant ainsi en 2001 l’IASC.
Au-delà de la nécessaire adaptation des systèmes d’information, il s’agit d’une modification profonde de l’approche financière des entreprises et de la comptabilité. L’objectif est de rendre comparable l’information financière des entreprises dans le but de garantir la protection des investisseurs et de préser-ver la confiance envers les marchés financiers tout en facilitant la négociation transfrontalière et interna-tionale des valeurs mobilières, les fusions et acquisi-tions transfrontalières ainsi que les opérations de financement.
Le principe de la juste valeur au cœur de la normalisation comptable
L’information financière peut être très différente de l’information comptable. La première prend en compte l’évolution financière d’un titre, la seconde est une valeur historique. Pour un bien acheté à un moment T, sa valeur comptable sera celle prise au moment de son acquisition. Cette manière de compta-biliser les actifs est celle adoptée par le système comptable français.
Les normes IFRS ont bouleversé les directions compta-bles et financières en France, puisqu’elles reposent sur un principe antagoniste : le principe de la juste valeur. Ce principe a été introduit par l’IASB en 1998 au travers de la norme IAS 39 et correspond au « montant pourlequel un actif pourrait être échangé, un passif éteint ou un instrument de capitaux propres octroyé, entre parties bien informées, consentantes et agissant dans des condi-tions de concurrence normales1»
La normalisation IAS/IFRS rapproche la valeur compta-ble d’un titre de sa valeur de marché.
• État des lieux des normes comptables
En 2011, environ 120 pays utilisent les normes IFRS. Depuis le 1er janvier 2005, les sociétés cotées européen-nes ont été tenues par la commission européenne de pré-senter leur compte sous référentiel IFRS. La plupart des pays du G20 ont adopté les normes IFRS (mais de manière obligatoire ou optionnelle) ou sont en période de conver-gence et modifient leur propre référentiel pour qu’il soit conforme aux normes IFRS (c’est le cas de la Chine, de l’Inde, de l’Indonésie). Au final, en dix ans de nombreux pays ont adopté ce référentiel international. Toutefois les variations dans l’adoption en limitent l’harmonisation. Aujourd’hui, les États-Unis ont encore un référentiel comptable qui leur est propre (les « US GAAP »).
L’arrivée des normes IFRS a transformé la fonction comptable
Le rôle du responsable des normes comptables est devenu d’autant plus central qu’il doit veiller sur les évo-lutions des normes françaises et IFRS. Il se pose en expert au sein des entreprises et conseille la direction sur les choix comptables à faire. Toutefois toutes les entreprises ne disposent pas d’un expert en normes comptables. C’est alors le contrôleur de gestion qui le plus souvent est le référent sur ce sujet.
La réglementation en matière de sécurité financière
Face aux différents scandales financiers (Enron, Tyco International ou encore WorldCom…), les États-Unis ont instauré la loi Sarbanes Oxley dite « Sox » adoptée en 2002 et la France a adopté la LSF (Loi de Sécurité Financière), directement inspirée de la loi Sox. Ces deux lois sont guidées par trois impératifs : sécurité, transparence et contrôle de l’information.
La loi Sarbanes Oxley
Elle s’impose à toutes les entreprises cotées aux États-Unis. Elle est axée sur trois grands principes :
– l’exactitude et la fiabilité des informations financières garanties par un contrôle de la SEC, Securities and ex-change commission.
– l’indépendance des organes vérificateurs : le contrôle des auditeurs par un organisme rattaché à la SEC : le PCAOB, Public company accounting oversight boar
– les gestionnaires des sociétés cotées concernées, coupables de malversation, encourent jusqu’à 20 ans de prison.
1. Dictionnairecomptable et financier 2008, Groupe Revue Fiduciaire
La LSF (loi de sécurité financière)
Votée en France en 2003, la LSF impose aux directions générales des sociétés cotées de publier un rapport de contrôle interne examiné ensuite par un commissaire aux comptes. Les objectifs sont les mêmes que ceux de la loi Sox : plus de transparence financière et de contrôle des comptes :
– augmenter la transparence de la gestion et la qualité de l’information financière,

– mieux équilibrer les pouvoirs des différents organes de la société : actionnaires, administrateurs, dirigeants,
– protéger les intérêts des différents acteurs : salariés, clients, fournisseurs, actionnaires, État, investisseurs,
– anticiper les difficultés des entreprises pour mieux les gérer dans le temps,
– limiter les risques de fraude,
– utiliser une même base de règles et de référents pour mieux communiquer, tendre vers une harmonisation euro-péenne et internationale.1
• Le renforcement du contrôle interne
Pour ces deux lois, la fiabilité de l’information dépend du contrôle interne. Celui-ci doit donc être normalisé pour gagner en efficacité et assurer une information financière de qualité.
La fonction contrôle interne a beaucoup évolué, pas-sant de la simple organisation de la comptabilité aux moyens permettant de limiter les erreurs et les fraudes. Il comprend le contrôle financier et comptable mais aussi les contrôles plus opérationnels.
En 2005, l’AMF a élaboré un cadre de référence portant sur le contrôle interne à destination des entreprises fai-sant appel publique à l’épargne.
L’AMF
L’autorité des marchés financiers est un organisme public indépendant crée par la LSF. Elle est le fruit d’une fusion entre plusieurs autorités de marché : le CMF (Conseil des marchés financiers), la COB (Commission des opérations de bourse), le CDGF (Conseil de discipline de la gestion financière).
Ses missions :
– veiller à la protection de l’épargne investie dans les instruments financiers,
– veiller à l’information des investisseurs,
– veiller au bon fonctionnement des marchés d’instruments financiers.2
Des lois qui renforcent le rôle et les missions de l’auditeur interne et du commissaire aux comptes
Les deux lois (Sarbanes Oxley et LSF) ont renforcé le rôle et les missions de contrôle et d’évaluation de l’auditeurinterne et du commissaire aux comptes (auditeurlégal), notamment sur l’évaluation d’entreprises ou d’actifs, la publication des rémunérations des dirigeants des sociétés anonymes dans le rapport de gestion.
Si ces lois ont permis de voir des améliorations dans les systèmes de contrôle interne des sociétés cotées, notam-ment une plus grande formalisation de leurs systèmes de contrôle, leur efficacité en a cependant été contestée.
La loi Sox a fait l’objet de critiques, notamment sur l’incapacité à prévenir de futurs scandales financiers mais aussi les contraintes juridiques qu’elle impose. En effet, l’application de cette loi, et notamment l’évalua-tion par un contrôleur externe, est porteuse de coûts parfois lourds pour les sociétés.
Contrairement à la loi Sox, la LSF n’impose pas de contenu précis dans le rapport de contrôle interne que doivent publier les entreprises. Par conséquent, les rapports varient fortement d’une société à l’autre. On peut alors s’interroger sur le degré de transparence financière que cette loi assure aux marchés.
SOMMAIRE–
INTRODUCTION ■
ENTREPRISES ET CADRES DE LA FINANCE D’ENTREPRISE
ET DE LA COMPTABILITÉ ■
Les acteurs de la finance d’entreprise et de la comptabilité — p. 8
Les évolutions dans le domaine de la finance d’entreprise et de la comptabilité et l’impact sur les métiers cadres — p. 10
LES FICHES MÉTIERS ■
Les cartographies — p. 21
Cartographie des métiers par famille — p. 22
Cartographie des métiers par type d’employeur — p. 23
Cartographie des métiers selon l’expérience — p. 24
Direction — p. 25
N° 1 – Directeur administratif et financier — p. 27
N° 2 – Directeur financier — p. 33
N° 3 – Directeur de la comptabilité — p. 39
Finance — p. 45
N° 4 – Credit manager — p. 47
N° 5 – Responsable communication financière — p. 53
N° 6 – Trésorier d’entreprise — p. 59
N° 7 – Responsable des normes comptables — p. 65
N° 8 – Fiscaliste — p. 71
Comptabilité — p. 77
N° 9 – Responsable comptable — p. 79
N° 10 – Consolideur — p. 87
Contrôle et gestion des risques — p. 93
N° 11 – Contrôleur de gestion — p. 95
N° 12 – Auditeur interne — p. 101
N° 13 – Risk manager (gestionnaire de risques) — p. 107
Conseil et audit légal — p. 113
N° 14 – Consultant transactions services — p. 115
N° 15 – Consultant fonctionnel finance — p. 121
N° 16 – Expert-comptable — p. 127
N° 17 – Commissaire aux comptes — p. 133
POUR ALLER PLUS LOIN ■
Organismes institutionnels — p. 141
Associations et fédérations professionnelles — p. 142
Organisations professionnelles internationales — p. 143
Établissements de formation — p. 144
Publications — p. 144
Site Internet — p. 144
ANNEXES ■
Abréviations et sigles — p. 153
Lexique — p. 155