Livre complet de cours et exercices corriges en electricite

Livre complet de cours et exercices corrigés en électricité
Chapitre 1
Notions de base sur les circuits
1.1 GRANDEURS ÉLECTRIQUES
1.1.1 Introduction
L’électricité est une forme d’énergie produite par la circulation de charges électriques dans un corps conducteur ou semi-conducteur. Certains corps, en particulier les mé-taux (aluminium, cuivre...) sont de très bons conducteurs parce qu’ils possèdent des électrons qui peuvent se libérer de l’attraction du noyau de l’atome pour participer à la conduction électrique. Dans d’autres matériaux appelés isolants, les charges élec-triques ne peuvent pas circuler.
L’étude du mouvement de ces charges électriques et des phénomènes qui s’y rat-tachent est l’électrocinétique. En réalité, la mise en mouvement des charges dans un conducteur n’est pas instantanée. Le champ électromagnétique se propage le long du conducteur à une vitesse proche de la vitesse de la lumière qui est : c = 3×108 m.s−1 (mètres par seconde).
Nous allons dans la suite de ce paragraphe rappeler les définitions de l’électrociné-tique.
Prenons par exemple le cas d’une batterie de voiture de 12 volts : cette batterie qui est appelée générateur de tension ou source de tension a pour rôle de fournir l’énergie sous forme d’un courant électrique. Une ampoule branchée directement aux bornes de la batterie reçoit le courant c’est pourquoi l’ampoule est appelée un récepteur. Le passage du courant électrique échauffe le filament de l’ampoule qui devient incan-descent et produit une lumière. D’une façon générale, un récepteur est un appareil qui transforme l’énergie électrique en diverses énergies.
Le rôle du générateur consiste non pas à fabriquer des charges, mais à mettre en mouvement simultané les charges mobiles situées dans les matériaux conducteurs du circuit électrique. C’est cette circulation des charges électriques dans les conducteurs que nous appelons le courant électrique.
1.1.2 Charge électrique et courant électrique
La charge élémentaire « −q » est celle de l’électron. Il s’agit d’une charge néga-tive exprimée en coulomb (C) et qui vaut : −q = −1,60 × 10 −19 C. Les charges en mouvement peuvent aussi être positives (ions positifs), mais pour les conducteurs, ce sont souvent les électrons qui contribuent majoritairement à la conduction élec-trique.
Supposons maintenant un conducteur de section dS : ( par exemple dS = 1 cm2 ), qui contient des porteurs de charges mobiles. Les collisions que subissent ces porteurs de charges sur les imperfections du réseau cristallin du conducteur, leur commu-niquent un mouvement désordonné dont la résultante du point de vue de transport de l’électricité, est nulle.
La batterie de l’exemple précédent est à l’origine de l’établissement d’un champ E qui permet le déplacement des charges électriques avec une vitesse électrique E . Cette vitesse notée v est égale à : proportionnelle à →−
→− | = m.→− | . V | − | 1. s | − | ||
v | E | m représente la mobilité des charges exprimée en m2 | 1 |
En un intervalle de temps égal à 1 seconde, un certain nombre de charges « N »
d S». | |||||
traversent la surface considérée «−→ | = v.n.1 cm .1 s | ||||
= v.n.−→. | |||||
N | →− | d S | d t | →− | 2 |
n étant la densité des charges ; c’est-à-dire le nombre de porteurs par unité de volume.La charge électrique qui traverse la section en 1 seconde devient :
−→−→
d Q = qN = q.v.n. d S. d t
Le flux d’électrons qui circule dans le conducteur est appelé courant électrique I. Son intensité s’exprime en ampère (A).
Généralement, « dQ » représente la quantité de charges (en coulomb) traversant la section « d S » pendant l’intervalle de temps « dt » (en seconde).
Section S du conducteur
Figure 1.1 Déplacement des charges négatives et sens du courant dans un conducteur.
J représente le vecteur densité de courant exprimé en A m2. La densité du courant est liée à la vitesse «v » d’ensemble des porteurs de charges mobiles, et à leur densité volumique de charges locale « rv ».
En remplaçant la vitesse par son expression, nous obtenons :
→− | = | v. .→− | = .→− |
J | r m E | s E |
s représente la conductivité électrique du conducteur, exprimée en siemens parmètre (S.m−1). Cette expression représente la forme locale de la loi d’Ohm. Nous utilisons aussi couramment l’inverse de la conductivité qui est appelée la résistivité du conducteur.
1
r =sexprimé en ohm.m (V.m)
Dans le cas particulier d’un conducteur cylindrique à section constante « S », nous pouvons déterminer la résistance R ou la conductance G d’un tronçon du conducteur de longueur :
R =r. Sexprimée en ohm et G =s. Sexprimée en siemens ouV−1
Par convention, les physiciens du XIXe siècle, ignorant alors l’existence des élec-trons, ont défini le courant électrique comme une circulation de charges positives se déplaçant dans le circuit de la borne positive « + » du générateur vers la borne négative « − » de ce dernier.
Cette convention a été maintenue bien que nous sachions aujourd’hui que, dans la plupart des cas, ce sont des électrons qui circulent en sens inverse. Nous retenons :
- le sens du courant est identique au sens du déplacement des ions positifs (trous),
- le sens du courant est opposé au sens du déplacement des électrons.
Comme nous allons le voir au troisième paragraphe, nous trouvons dans les réseaux linéaires l’élément résistance (résistor) dont la valeur exprime la résistance que le composant oppose à la circulation des charges électriques.
La résistance, notée souvent « R », transforme ainsi l’énergie électrique reçue en énergie thermique par dégagement de chaleur. Ce phénomène est connu sous le nom d’effet Joule.
1.1.3 Potentiel électrique
Comme dans tous les domaines de la physique, le déplacement d’un objet quel-conque (une bille, des molécules d’eau, de l’air...) est dû à un apport d’énergie carac-térisé par le travail. L’unité du travail (ou énergie) est le joule. Souvent, pour mieux expliquer les phénomènes électriques, nous avons recours à des analogies hydrau-liques. Par exemple, l’intensité du courant est comparée à un débit d’eau, la section du conducteur correspondant à la section du tuyau.
En électricité, le générateur joue le rôle d’une pompe où l’eau est remplacée par des charges électriques. La différence d’état électrique (équivalent de la pression) est appelée différence de potentiel ou tension électrique. Nous pouvons aussi comparer le déplacement d’une charge électrique au déplacement d’une masse entre un niveau haut et un niveau plus bas, ce qui constitue la chute de la masse.
Dans tous les cas, nous avons affaire à un travail qui peut être exprimé par :
W = Q (UA − UB)= Q.U en joule (J)
La quantité U = UA−UB est appelée la différence entre le potentiel du point A et le potentiel du point B, nous parlons alors d’une différence de potentiel exprimée en « volt ». Cette différence de potentiel est définie comme étant le travail par unité de charge. Elle établit une comparaison entre deux points d’un circuit. La tension est symbolisée par la lettre U (ou V) et par une flèche sur le circuit tournée vers le point dont le potentiel est le plus élevé : c’est-à-dire la borne positive du générateur de l’exemple donné à la figure 1.2 qui représente une batterie (pile) du type 12 volts branchée aux bornes d’une ampoule ou d’une résistance.
A | A | i(t) | A | ||
12 V | + | u(t) 12 V | u(t) eg(t) | u(t) | |
- |
Figure 1.2 Représentation d’un générateur(12V)et d’un récepteur constitué, soit d’uneampoule électrique (a) et (b), soit d’une résistance (c).
1.1.4 Énergie et puissance électrique
Dans un conducteur, les porteurs de charges soumis à un champ électrique se trouvent en mouvement, ce qui leur procure une certaine énergie cinétique. Ils cèdent cette énergie au cours de collisions multiples qu’ils subissent durant leur trajet. Le conduc-teur s’échauffe et nous parlons dans ce cas d’échauffement par effet Joule. L’échauf-fement traduit la quantité d’énergie dissipée par le conducteur.
Soit u(t) la différence de potentiel entre le point A et le point B à un instant déterminé et soit i(t) le courant qui circule entre A et B au même instant. Nous parlons dans ce cas de grandeurs électriques instantanées. La puissance instantanée est :
p(t)= u(t).i(t) exprimée en watt (W)
Cette puissance représente le taux (en joule par seconde) selon lequel l’énergie est transférée. Il est donc possible de déterminer, pendant l’intervalle de temps considéré « Dt », la quantité d’énergie dissipée.
Dt Dt
W = p(t) d t = u(t).i(t) d t (en J)
0 0
Remarque : Ne pas confondre l’unité de la puissance qui est le watt, no-tée « W » et l’énergie ou travail qui est souvent désigné en physique par la lettre « W ».
Souvent, l’évolution temporelle de la valeur de la tension u(t) et de la valeur du courant i(t) en fonction du temps n’est pas constante, mais elle est décrite par une expression mathématique connue f (t). La connaissance de l’énergie dissipée pendant l’intervalle du temps Dt permet de calculer la puissance moyenne.
Pmoyenne =Dt | = Dt | Dt | p(t) d t =Dt | Dt | ||||||
u(t).i(t) d t (en watt) | ||||||||||
W | 1 | 1 | ||||||||
En toute rigueur, la moyenne temporelle d’un signal électrique est une caractéristique propre qui doit être calculée sur toute l’existence de ce signal, en prenant un intervalle de temps infini. En pratique, nous nous contentons d’une estimation en prenant un intervalle de temps Dt déterminé.
1.2 FORMES D’ONDES ET SIGNAUX ÉLECTRIQUES
D’une manière générale, un circuit électrique linéaire peut être décrit par les élé-ments passifs (résistances, condensateurs et inductances) qui le constituent, et par les générateurs de tension et de courant qui l’alimentent.
Pour ces générateurs, nous pouvons distinguer les sources continues et les sources alternatives, sinusoïdales ou non.
➤ Le régime statique ou régime continu

Les grandeurs électriques sont invariantes dans le temps. Nous disons que les ten-sions et les courants sont continus. Le régime statique peut être utilisé seul dans des cas simples, mais ce régime constitue souvent une première étape pour étudier des systèmes plus complexes comme par exemple les amplificateurs.
➤ Le régime dynamique ou régime variable
Les grandeurs électriques évoluent dans le temps selon une loi de variation tempo-relle bien déterminée. Nous pouvons appliquer directement ce régime à des éléments passifs ou sur un schéma équivalent du circuit, auquel cas le modèle n’est valable que pour un régime statique particulier (point de fonctionnement déterminé).
1.2.1 Tensions et courants continus
Dans un circuit, nous souhaitons souvent déterminer la tension entre deux points ap-pelés dipôle électrique. Nous pouvons choisir d’avance soit la convention récepteur, soit la convention générateur :
- convention récepteur : les flèches du courant et de la tension sont en sens inverse ;
- convention générateur : les flèches du courant et de la tension sont dans le même sens.
Figure 1.3 Convention générateur (a) et convention récepteur (b).
Il est commode d’utiliser l’une ou l’autre des conventions selon la nature connue ou présumée du dipôle. Mais il arrive souvent qu’après avoir fini le calcul, l’une ou l’autre des quantités déterminées soit négative. Nous pouvons alors nous référer au tableau suivant :
Tableau 1.1 Tableau récapitulatif des conventions.
U | + | − | + | − |
I | + | + | − | − |
Convention | Le dipôle réel est | Le dipôle réel est | Le dipôle réel est | Le dipôle réel est |
récepteur | un récepteur | un générateur | un générateur | un récepteur |
v > 0 | v < 0 | v < 0 | v > 0 | |
Convention | Le dipôle réel est | Le dipôle réel est | Le dipôle réel est | Le dipôle réel est |
générateur | un générateur | un récepteur | un récepteur | un générateur |
v > 0 | v < 0 | v < 0 | v > 0 |
a) Source idéale de tension
Un générateur (source) de tension continue supposé idéal est un générateur qui four-nit, entre ses bornes, une différence de potentiel constante, quelle que soit l’intensité du courant qui le traverse, ou en d’autres termes quelle que soit la charge à ses bornes, à condition que cette charge ne soit pas nulle.
Nous appelons aussi la source de tension idéale, une force électromotrice U désignée par l’abréviation « f.é.m ». Nous trouvons souvent dans les documents produits en français trois types de notation indiquées à la figure 1.4.
Figure 1.4 Différents symboles pour une source de tension.
Pour l’étude des circuits électriques, nous sommes souvent amenés à déterminer la tension entre deux points A et B, autrement dit aux bornes d’un dipôle AB. Dans ce cas, nous pouvons choisir la convention récepteur pour laquelle la flèche du courant et la flèche de la tension sont en sens inverse. Nous pouvons aussi choisir la conven-tion d’un générateur (émetteur) pour laquelle la flèche du courant et la flèche de la tension sont dans le même sens. Dans la convention récepteur représentée sur la fi-gure 1.5 (a), le générateur reçoit de l’énergie si le produit U.I est positif, il en fournit si au contraire U.I est négatif.
Figure 1.5 Source de tension avec la convention récepteur (a),la convention générateur (b) et courbe U=f(I) en (c).
Supposons maintenant un générateur idéal de tension qui fournit à une charge quel-conque un courant I. Nous pouvons tracer l’évolution de la tension en fonction du courant : U = f (I) aux bornes de la charge. Cette caractéristique présentée à la figure 1.5 (c) se réduit à une droite parallèle à l’axe des courants et d’abscisse à l’origine égale à E, ce qui représente la valeur de la tension fournie par la source.
La puissance Pf fournie par le générateur est égale à la puissance dissipée par la charge. Cette puissance varie proportionnellement avec l’intensité du courant qui circule dans le circuit.
U = UA − UB=constante et Pf= Pdissipée= U.I = E.I
La courbe représentant la variation de la puissance fournie par une source idéale de tension en fonction du courant débité est donnée à la figure 1.6.
Figure 1.6 Variation de la puissance fournie en fonction du courant débité.
b) Source idéale de courant
Un générateur (source) de courant continu supposé idéal est un générateur fixant l’intensité du courant électrique Ig qui le traverse quelle que soit la différence de potentiel U à ses bornes, autrement dit quelle que soit la charge à ses bornes, à condition que cette charge ne soit pas infinie. Le courant ainsi débité est aussi appelé courant de court-circuit.
Figure 1.7 Nouveaux symboles (a) et (b) et ancien symbole (c) d’une source de courant.
Comme pour le générateur de tension, en utilisant la convention récepteur, si le pro-duit U.I est négatif, le générateur fournit de l’énergie ; si le produit U.I est positif, le générateur reçoit de l’énergie. La figure 1.8 (a) donne le courant débité I en fonc-tion de U et la figure 1.8 (b) la puissance fournie Pf en fonction de la tension U aux bornes du générateur de courant.
c) Générateur réel de tension
Un générateur réel de tension possède souvent une résistance interne Rg placée en série avec le générateur idéal de tension Eg. La tension qui apparaît entre les deux bornes du dipôle est égale à la somme algébrique de la tension fournie par le généra-teur Eg et de la chute de tension produite par le passage du courant I circulant dans la résistance interne.
Figure 1.8 Variations du courantI(a)et de la puissance fourniePf(b), en fonction deU.
Selon le choix arbitraire du sens du courant, le dipôle ainsi constitué a pour équation l’une des deux relations suivantes :
U = Eg+ Rg.I cas de la figure 1.9 (a)
U = Eg − Rg.I cas de la figure 1.9 (b)
Figure 1.9 Générateur réel de tension chargé par une résistanceR.
La caractéristique courant-tension du générateur réel s’obtient facilement en ajoutant algébriquement la caractéristique courant-tension du générateur idéal (U = Eg) et celle de la résistance interne (Rg.I) à intensité I fixée. Si nous choisissons la conven-tion générateur de la figure 1.9 (b), la caractéristique est représentée sur la figure 1.10 par la droite d’équation :
U = Eg − Rg.I
Cette droite passe par les deux points dont les coordonnées sont :
U =0 et I = ICC=Rg | et | U = Eget I =0 | ||
Eg | ||||
ICCest appelé le courant de court-circuit de la source.
Si nous utilisons, comme nous l’avons représenté à la figure 1.9 (b), la convention générateur pour la source et la convention récepteur pour la résistance, lorsqu’une source réelle de tension est chargée par une résistance R, la tension U et le courant I doivent vérifier :
U = Eg − Rg.I et U = R.I
U | |
Eg | Droite d’équation : U = R.I |
- Droite d’équation : U = Eg – Rg.I
ICC
Figure 1.10 Caractéristique tension-courant d’une source réelle de tension.
Sur la figure 1.10, le point M de coordonnée (U,I) est représentatif de l’état du circuit. Il se trouve à l’intersection des deux droites d’équation :
- U = Eg − Rg.I ;
- U = R.I.
Ce point est appelé point de repos ou point de fonctionnement du circuit. Parfois, pour des circuits complexes, si nous superposons une tension continue et une tension alternative, afin d’éviter des confusions, nous pouvons mettre des indices zéro (U0,I0) à la place de (U,I).
- Générateur réel de courant
Un générateur réel de courant présente toujours une résistance interne de fuite de courant. Cette résistance Rg est montée en parallèle avec le générateur idéal. Le cou-rant total I qui traverse le dipôle est égal à la somme algébrique du courant dans la résistance interne Rg et du courant Ig fourni par le générateur.
…
Figure 1.11 Source réelle de courant chargée par une résistanceR.
La caractéristique courant-tension s’établit (comme pour le générateur réel de ten-sion) en ajoutant l’intensité Ig à celle traversant la résistance R pour une différence de potentiel fixée.
Nous prenons la convention générateur pour la source de courant et la convention récepteur pour la résistance R. Lorsque la source est utilisée pour alimenter une ré-sistance R, le point M représentatif de l’état du circuit de coordonnées (U,I) se trouve à l’intersection :
• de la caractéristique de la source dont l’équation est : I = Ig − U Rg
• et de la caractéristique de charge d’équation : I =
Le point d’intersection de la caractéristique de la source avec l’axe des abscisses, donne une tension notée UV = Rg.Ig qui représente la tension à vide de la source de courant.
I | |
Ig | Droite d’équation : I = U/R |
M | Droite d’équation : I = Ig – U/R |
Rg .Ig
Figure 1.12 Variation du courant en fonction de la tension d’une source réelle de courant.
Remarque : Souvent, les résistances internes n’ont pas plus de réalité physiqueque les sources idéales auxquelles elles sont associées pour représenter les sources réelles. Ces représentations permettent de modéliser le comportement des sources vis-à-vis de l’extérieur. La résistance interne traduit un phénomène physique qui limite l’énergie tirée d’une source.
1.2.2 Tensions et courants périodiques
a) Fonction périodique

Un signal u(t) ou i(t) est périodique, de période « T » si, quel que soit l’instant t, nous avons :
u(t)= u(t + T) ou i(t)= i(t + T)
La connaissance du signal sur une durée égale à T, c’est-à-dire la connaissance de l’évolution de la fonction qui représente le signal est suffisante pour le déterminer complètement.
- T est la période du signal exprimée en seconde (s) ; nous utilisons les multipleset sous-multiples de cette unité. Cette période représente le temps qui sépare deux passages successifs par la même valeur avec le même sens de variation.
- La fréquence « f » qui est exprimée en hertz (Hz) donne le nombre de périodes par seconde. Nous pouvons aussi utiliser surtout les multiples de cette unité : kHz, MHz et même des GHz dans le cas de l’hyperfréquence.
Nous pouvons aussi rencontrer dans des documentations anciennes le terme de cyclepar seconde qui a été remplacé par le hertz.
f =1/T en Hz (ou s−1)
En électronique, nous avons affaire fréquemment à des fonctions périodiques. Par exemple, le spot lumineux d’un téléviseur ou d’un oscilloscope doit se déplacer d’une façon linéaire, de gauche à droite et de haut en bas. Nous appliquons pour cela sur les plaques de déviation horizontale et sur les plaques de déviation verticale deux tensions triangulaires.
Nous utilisons aussi des signaux carrés (signaux d’horloge) pour commander des composants en électronique digitale (numérique).
La figure 1.13 représente trois cas particuliers de fonctions périodiques, à savoir :
- La fonction : tension sinusoïdale u1(t)
- La fonction : tension dents de scie u2(t)
- La fonction : tension carrée sans offset (tension de décalage) u3(t)
Figure 1.13 Exemples de fonctions périodiques de périodeT.
b) Fonction sinusoïdale
Le signal sinusoïdal est un signal périodique particulier. Sa loi d’évolution s’exprime à l’aide des fonctions sinus et cosinus. On dit qu’un réseau linéaire fonctionne en régime sinusoïdal ou régime harmonique si ses tensions et courants ont pour expres-sions algébriques :
s(t)= SMaxcos(vt +f) ou s(t)= SMaxsin(vt +f)
Pour des raisons de commodité, en vue de ce qui va suivre (représentation de Fresnel et représentation complexe), nous préférons définir le signal sinusoïdal par la pre-mière expression qui correspond à une cosinusoïde. Nous avons présenté à la figure 1.14 (a) le signal cosinusoïdal s1(t) et à la figure 1.14(b) le signal sinusoïdal s2(t) :
s1(t)= SMaxcos(vt) et s2(t)= SMaxsin(vt)
La variable temps « t » est supposée varier de « −∞ » à « +∞ », s(t) est la valeur (ou amplitude) instantanée exprimée en volt ou en ampère.
Figure 1.14 Représentation temporelle (cartésienne) d’un signal cosinusoïdal (a)et d’un signal sinusoïdal (b).
- 2SMax représente la valeur crête à crête de s(t) ;
- SMaxest la valeur maximale ou crête du signal s(t) ;
- v est lapulsation(appelée parfois vitesse angulaire) du signal. La pulsation estreliée à la fréquence et à la période T par :
v =2pf= | 2p | exprimée en radian par seconde (rad.s−1) |
T |
- vt+ f représente l’angle de phase instantanée appelé souventphase instantanée,qui est exprimée généralement en radian et parfois en degré ;
- f est l’angle de phase appelé souventphase à l’origineexprimée en radian ou endegré.
c) Décalage et déphasage
Considérons par exemple un courant (ou une tension) sinusoïdal :
s(t)= SMaxcos(vt +f) ;
ce courant passe dans un circuit électrique. La sortie obtenue est notée :
s (t)= SMaxcos(vt +f). Nous notons les phases instantanées :uetuavec :u = vt+ f et u = vt+ f
Nous appelons différence de phase (ou déphasage) instantanée entre s(t) et s (t) la quantité :
u − u =(vt+ f )−(vt+ f)= f − f
Cette différence de phase Df = f−f est une constante. Nous pouvons alors écrire :
s (t)= SMaxcos(vt +f+f − f)= SMaxcos(v(t − (f − f)/v) +f)
L’expression précédente montre que s (t) à l’instant t1 se trouve dans la même situa-tion que s(t) à l’instant : t2 = t1− (f−f )/v. Deux cas se présentent :
– si f>f, t2 est antérieur à t1, le signal s (t) est en retard de phase sur s(t). C’est le cas représenté à la figure 1.15 (a) ;
– si f<f, t1 est antérieur à t2, le signal s (t) est en avance de phase sur s(t). Ce cas est représenté à la figure 1.15 (b).
s (t),s’(t) | s (t),s’(t) | |
s (t) s’(t) | s’(t) | s (t) |
t ou (ωt) | t ou (ωt) | |
φ | φ |
(a) (b)
Figure 1.15 Représentation du déphasage entres(t)ets(t) :s(t)est en retard de phase (a) ou
en avance de phase (b) par rapport à s(t).
Remarque 1 : Le raisonnement concerne deux signaux de même fréquence.Dans le cas contraire, nous ne pouvons plus utiliser la notion de déphasage.
Remarque 2 : Souvent, nous pouvons tracers(t) ets(t) en fonction du tempsou en fonction de vt. Dans ce dernier cas, nous pouvons lire directement le déphasage sur l’axe des abscisses.
Nous voyons donc que la différence de phase f−f s’interprète physiquement comme étant, à une constante multiplicative près (qui est la pulsation v), le retard compté algébriquement du signal s (t) sur le signal s(t).
D’après la définition précédente, le déphasage peut être supérieur ou inférieur à 2p. Or un angle, donc un déphasage, est toujours défini à 2kp près. C’est le problème essentiel des mesures en régime sinusoïdal. Dans ce cas, le seul moyen d’apprécier réellement le déphasage est d’étudier le comportement du circuit en régime transi-toire, c’est-à-dire lorsque la tension ou le courant passent brusquement d’une valeur
à une autre.
- Valeurs moyennes et valeurs efficaces
La valeur moyenne d’une fonction sinusoïdale s(t) = SMax cos(vt + f) est :
Smoyenne= s(t)=T | T | s(t) d t =T | T | ||
SMaxcos(vt) d t | |||||
Smoyenne = | SMax | [sin (vt)]0T = 0 | |||
v.T | |||||
Puisque la valeur moyenne d’une fonction sinusoïdale pure est nulle, nous n’utilisons que rarement en électricité la notion de la valeur maximale SMax d’une fonction pé-riodique. En revanche, nous préférons lui substituer une grandeur plus significative Seff, appelée valeur efficace, telle que :
1 | T | ||
Seff= | s2(t) d t | ||
T |
Si nous prenons le cas particulier d’un signal sinusoïdal s(t) avec :
s(t)= SMaxcos(vt +f), la valeur efficace devient :
…
Les forces électromotrices, les tensions et les courants d’un circuit électrique en ré-gime sinusoïdal ont pour expression la forme suivante :
√√
s(t)= 2Seff cos(vt + f) ou s(t)= 2Seff sin(vt + f)
Les grandeurs de ces variables sont toujours données (ou lues), sur la plupart des appareils, en valeurs efficaces. Une tension alternative dite de 220 volts, varie entre
√
± 220 2 soit ± 310 volts en changeant de sens deux fois par période.
Remarque : Dans le cas général d’une tension périodique, lavaleur efficacevraie connue sous le sigle TRMS (True Root Mean Square) est la valeur d’unetension continue qui produirait, dans une résistance identique, le même déga-gement de chaleur dans le même temps, autrement dit une même dissipation de puissance. Dans le cas d’une sinusoïde, nous utilisons souvent juste les deux premiers mots « valeur efficace ».
1.2.3 Compléments sur les sources
a) Tensions et courants non périodiques
Il n’existe pas de régime permanent, qu’il soit statique ou harmonique au sens strict. Il a fallu, à un moment donné, mettre le circuit sous tension. Les grandeurs élec-triques ont changé de valeur à la mise sous tension. L’établissement de ces grandeurs prend un certain temps et le passage d’un régime permanent (souvent état de repos) à un autre régime permanent est alors appelé régime transitoire.
Souvent, nous utilisons des fonctions mathématiques pour modéliser l’évolution de la tension ou du courant en fonction du temps (voir chapitre 5 consacré aux régimes transitoires). Certaines d’entre elles présentent un grand intérêt.
➤ La fonction porte p(t)
La fonction porte ou fenêtre, représentée à la figure 1.16 (a), est la fonction p(t) définie par :
p(t)=1 pour |t| < T/2 et p(t)=0 pour |t| > T/2
Cette fonction permet de modéliser la mise sous tension puis la coupure de l’électri-cité.
➤ La fonction impulsion de Dirac d(t)
Pour trouver la fonction impulsion de Dirac présentée à la figure 1.16 (b), nous pre-nons la fonction porte et nous supposons que T tend vers zéro. Nous obtenons :
- d(t)=lim p(t) lorsqueTtend vers 0 ;
- d(t)=0 pourt=0 ;
- d(t)=∞pourt=0.
Physiquement, l’impulsion de Dirac ne peut être obtenue puisque cette impulsion présente un temps de montée nul. Cette fonction est importante dans l’analyse de circuits (filtres).
➤ La fonction échelon unité de Heaviside u(t)
La fonction échelon unité présentée à la figure 1.16 (c), est définie comme suit :
- u(t)=0 pour t < 0 et
- u(t)=1 pour t =0.
Nous utilisons souvent aussi la notion de u(0−) = 0 et u(0+) = 1
Cette fonction est intéressante puisqu’elle permet de modéliser l’établissement de manière instantanée d’un régime continu, d’où son rôle pour l’étude des régimes transitoires.
π(t) | δ(t) | u(t) |
1 | 1 |
t t t
-T/2 T/2
(a) (b)