Introduction a l’economie geographique cours complet

Introduction à l’économie géographique cours complet
1.1.1. PETITE INTRODUCTION D’ECONOMIE GEOGRAPHIQUE
A l’intersection de la Science Régionale et de l’économie industrielle, l’économie géographique s’est développée dans les années 1980, suite aux difficultés de l’analyse traditionnelle de la concurrence à traiter de l’inégale répartition de l’activité dans l’espace (Rallet et Torre, 1995). L’objectif de la discipline est de comprendre les mécanismes économiques qui ont conduit à la formation de structures d’agglomération ou de pôles de croissance, et ce à partir de l’interaction et des stratégies des acteurs publics ou privés.
Traditionnellement, on suppose que l’espace géographique est générateur de coûts de transaction, que ce soit des coûts de transport, des coûts de communication, de recherche d’informations ou d’acquisition des connaissances. La prise en compte de ces coûts de transaction remet en cause le cadre de la concurrence pure et parfaite et génère des imperfections qui justifient de l’inégale répartition des activités économiques dans l’espace. L’existence même de ces coûts de transaction fait de la proximité entre les agents économiques à la fois une contrainte – la minimisation de ces coûts – et une ressource, lorsque l’on étudie les externalités de différente nature que génère cette proximité. Une partie conséquente des recherches que nous avons développées s’intéresse à ces différentes externalités, sous formes de typologies ou de formalisations : Dang Nguyen et Vicente (2002) on dressé une typologie des formes d’externalités qui interviennent dans la dynamique de localisation des firmes en présence d’infrastructures de réseaux tels les réseaux métropolitains. Vicente (2002) et Suivre (2002) ont posé les bases d’une formalisation originale de ces externalités, formalisation qui permet d’expliquer l’émergence d’agglomérations d’entreprises et d’étudier les conditions de stabilité de ces dernières. Diallo (2002) a testé l’ensemble de ces résultats sur diverses structures d’agglomérations d’entreprises de la nouvelle économie de par le monde.
La question qui se pose, centrale dans ce rapport, est de savoir si le déploiement d’une économie du numérique (Brousseau et Curien, 2001) remet en cause le schéma centre-périphérie, bien connu des économistes géographiques. Alors même que les progrès technologiques dans le transport des hommes et des marchandises a tendanciellement conduit à l’agglomération des activités économiques, ceux réalisés dans les TIC parviendront-ils à inverser cette tendance ? Si une certaine pensée philosophique et certains discours politiques tendent à voir dans le développement de la nouvelle économie une abolition progressive du rôle de la distance géographique, la théorie économique semble y voir au contraire un renforcement de la tendance à l’agglomération des activités économiques. Il y aurait alors une sorte de paradoxe de la géographie de la nouvelle économie, formalisé par une inadéquation entre les caractéristiques intrinsèques de la technologie numérique – ses capacités décentralisatrices – et le résultat de son adoption collective au niveau de la société, c’est à dire un renforcement des agglomérations existantes (Suire et Vicente, 2002).
1.1.2. LA DECOMPOSITION SECTORIELLE DES ACTIVITES DE LA NOUVELLE ECONOMIE
Parallèlement aux recherches que nous avons menées dans le cadre de l’économie géographique, nous avons essayé de décomposer le secteur des TIC. Cette nécessité s’est présentée à nous en raison du large spectre de technologies et de fonctionnalités qui caractérise les TIC.
A l’inverse de l’économie géographique, la nouvelle économie ou l’économie des TIC ne peut constituer une branche de la science économique. C’est en terme d’économie appliquée que ce domaine doit être traité, et ce avec les outils traditionnels de l’analyse économique, qui trouve dans les changements techniques et organisationnels de ces dernières années de nouveaux terrains d’investigation. Dans ce cadre-là, il devient essentiel de décomposer les secteurs de la nouvelle économie, chacun d’eux n’obéissant pas aux mêmes règles et aux mêmes logiques économiques. L’économie du numérique ne peut d’ailleurs pas trouver sa place dans l’analyse traditionnelle des secteurs industriels, du fait de la convergence des secteurs de l’informatique, des médias et des télécommunications, qui répondent chacun d’eux à des logiques économiques différentes (Brousseau et Curien, 2001).
Parmi les différentes décompositions proposées dans la littérature, celle de Curien (2000) dans le cadre de sa synthèse sur l’économie des réseaux semble la plus représentative. Selon Curien (2000), pour qui l’économie numérique est une économie des réseaux avec les spécificités économiques que les biens et services-réseaux engendrent, il convient de distinguer les activités et innovations liées aux infrastructures de celles liées aux info structures et à l’infomédiation. Les infrastructures concernent toutes les technologies de transports de l’information. Les infostructures concernent toutes les technologies d’optimisation de l’infrastructure et permettent à cette dernière de jouer son rôle d’intermédiation. L’infomédiation concerne les services finals dont la vocation est de fournir des prestations de différentes natures.

La décomposition en couche de l’économie numérique est très importante car elle évite de faire des généralisations hâtives sur la dynamique économique des biens et services de la nouvelle économie. Nos travaux se sont efforcés de bien spécifier la ou les couches des TIC qu’ils entendaient intégrer dans l’analyse des processus de localisation des entreprises : Les travaux de Dang Nguyen et Vicente (2002) se sont essentiellement consacrés à la première couche. Ils s’agissait d’étudier les conséquences du déploiement des réseaux métropolitains, c’est à dire d’étudier des conséquences de l’introduction d’une technologie de réseau dans la coordination des entreprises et les conséquences en terme de localisation. Les travaux de Legoff-Pronost et Lethiais (2002), dans le cadre du développement de la télémédecine, se sont essentiellement consacrés à l’infostructure, c’est à dire aux développements de nouveaux services que les infrastructures permettent de créer et d’optimiser. Les travaux de Vicente (2002), Suire (2002) et Diallo (2002), eux, se sont essentiellement consacrés à l’infomédiation, et plus particulièrement aux processus de localisation des entreprises du e-business.
1.1.3. QUELQUES DONNEES SUR LA LOCALISATION DES ENTREPRISES DE LA NOUVELLE ECONOMIE
Ce paradoxe géographique de l’agglomération des entreprises de la nouvelle économie se vérifie sur le peu de données géographiques que nous fournit à ce jour la littérature. Sur la figure 1, on constate le fort pouvoir d’agglomération des activités économiques dédiées aux TIC. Ce constat nous a amené à voir dans le paradoxe économique de la nouvelle économie (Suire et Vicente, 2002) le résultat de contingences historiques et géographiques. En effet, la géographie de ces activités se superposent à la géographie des activités traditionnelles, si bien que l’on retrouve « la banane » européenne et le poids des métropoles régionales et européennes dans la distribution spatiale des activités de la nouvelle économie. Comment justifier un tel paradoxe ? Plusieurs approches peuvent être confrontées. 1.2. Les facteurs classiques de la localisation des activités et l’économie traditionnelle Dans un premier temps, nos travaux ont testé la pertinence des modèles traditionnels de l’économie géographique face à la question de l’introduction des TIC, et ses différentes couches, dans les processus de localisation. L’essentiel de ces modèles traditionnels peut se résumer en deux approches : les externalités de communication et les externalités pécuniaires.
1.2.1. LES EXTERNALITES DE COMMUNICATION ET L’INFORMATION COMME BIEN PUBLIC
Les modèles de localisation intégrant des externalités de communication ont été initialement développés dans le but d’expliquer l’organisation des villes à travers leur répartition des activités et des agents en leur sein. Ces modèles peuvent être généralisés à des espaces plus vastes tels les régions ou les nations, à condition d’en préciser les hypothèses. L’hypothèse de base de ce type de modèle explicatif des processus d’agglomération est la suivante : l’utilité d’un agent dépend de la distance moyenne à l’ensemble des autres agents et de la quantité de sol qu’il acquiert sur le marché foncier.
C’est cette hypothèse qui a permis de montrer très tôt que l’arbitrage entre recherche de proximité et minimisation des coûts fonciers pouvait conduire à une répartition des agents prenant la forme d’une fonction de densité en forme de cloche, laquelle est soutenue par une courbe de rente foncière dont la forme est paradoxalement similaire. L’idée qui sous-tend l’émergence d’une telle configuration spatiale est la suivante : la force d’agglomération réside dans l’existence de communication entre entreprises autorisant l’échange d’informations. Une caractéristique de l’information en économie est qu’elle s’apparente à un bien public, c’est-à-dire un bien générateur d’externalités.
Cela signifie que l’utilisation d’une information par une entreprise ne réduit pas le contenu et l’utilisation de cette même information pour les autres entreprises. Si l’on suppose que les entreprises disposent d’informations différentes, le bénéfice de la communication augmente avec le nombre de participants. De plus, puisque les communications mettent en jeu des coûts croissants avec la distance, les bénéfices seront d’autant plus élevés que les entreprises seront proches les unes des autres. En revanche, le regroupement de plusieurs entreprises dans une même région accroît la longueur du trajet moyen d’un salarié vers son entreprise ce qui à son tour conduit à décourager l’établissement d’autres entreprises dans la région considérée. En conséquence, la distribution d’équilibre des localisations des ménages et des entreprises est déterminée comme la résultante de ces deux forces opposées.
Un des développements les plus intéressants des modèles d’agglomération avec externalités de communication consiste à reprendre le même raisonnement et à l’appliquer dans le cas où une hypothèse supplémentaire est introduite, celle de l’existence de firmes multi-établissements. Par exemple, les banques, les compagnies d’assurance ou les compagnies aériennes ont déplacé une partie de leur activité en périphérie. De même les activités de direction et de management des entreprises de produits manufacturés sont exercées dans des quartiers d’affaire, alors que les activités de production sont en périphérie.
De manière générale, les activités se rapportant aux relations avec le clientèle et à l’échange d’informations avec les autres entreprises s’effectuent dans une unité centrale implantée au sein du district principal de la ville, alors que le reste de l’activité est replié dans les unités annexes installées en périphérie. Cet éclatement de l’activité des entreprises, qui trouve son origine dans de développement des TIC, joue un rôle grandissant dans les nouvelles formes d’organisation urbaine émergente. La configuration qui émerge, lorsque les coûts de communication diminuent sensiblement, à coûts de transport donnés, est un équilibre spatial caractérisé par un regroupement des unités centrales au centre de la ville, celuici étant entouré d’une zone résidentielle, tandis que les unités annexes s’installent avec leurs employés à la périphérie de la ville. Au-delà de la rigueur théorique de ce modèle, nos travaux ont montré qu’il présentait certaines limites. S’il permet, notamment dans sa version de la firme multi-établissements, de comprendre que la télémédecine peut se développer dans le cadre d’une délocalisation à la périphérie d’unités annexes des hôpitaux urbains (Legoff-Pronost et Lethiais, 2002), l’hypothèse relative aux externalités nous a semblé fragile. En effet, dans le cadre des modèles d’externalités de communication, le développement des TIC devrait tendanciellement diminuer cette pression agglomérative, puisque ces modèles s’appuient sur une corrélation fortement négative entre distance et bénéfice de la communication (Suire et Vicente, 2002).

1.2.2. LES EXTERNALITES PECUNIAIRES ET LES RENDEMENTS CROISSANTS
La littérature d’économie géographique montre également que les sources de l’agglomération sont à rechercher dans les externalités pécuniaires et les rendements croissants. Le principe général sur lequel se fondent ces modèles s’appuie d’une part sur le fait que la différenciation des produits et/ou des facteurs de production est une force d’agglomération, et d’autre part sur le fait que la recherche des rendements croissants dans la production, issus d’une meilleure division du travail, couplé à la baisse tendancielle des coûts de transport, entraîne une logique cumulative et parfois irréversible de ces effets d’agglomération.
Les modèles avec rendements croissants (Krugman, 1991) dans la production s’appuient sur les mécanismes de la concurrence imparfaite qui stipule que les liaisons dynamiques entre offre et demande sont génératrices d’externalités pécuniaires. Ce mécanisme complexe est appelé causalité circulaire, il relie le processus d’agglomération des producteurs et celui des travailleurs au travers d’effets d’entraînement en aval (la variété des biens industriels augmente le revenu réel des travailleurs) et amont (un nombre plus élevé de consommateurs attire plus d’entreprises). Autrement dit ces modèles stipulent que les revenus seront plus élevés là où l’activité est concentrée. Mais les travailleurs étant des consommateurs ayant une préférence pour la variété, le bassin d’emploi attirera d’autres entreprises. Le processus s’auto-entretient. C’est une configuration centre-périphérie qui émerge dès lors que les coûts de transport diminuent et qu’une ou quelques-unes des régions voient leur petit avantage initial se transformer en avantage définitif. Si ce type d’approche a permis d’expliquer l’émergence d’agglomération d’activités traditionnelles, une limite s’impose dès lors que sont introduites les TIC.
En effet, ces modèles reposent sur une hypothèse forte relative au fait que les entreprises trouvent un avantage à se localiser dans des grandes agglomérations du fait de la proximité d’un dense bassin de consommateurs. Or, nous avons montré (Suire et Vicente, 2002, Diallo, 2002, Vicente, 2002) que le développement du commerce électronique et des activités du e-business en général possèdent la caractéristique de pouvoir s’affranchir de cette contrainte par l’utilisation des réseaux. De fait, il ne devient plus évident, du moins dans le cadre de cette approche, que le mécanisme d’auto-renforcement ait des conséquences en termes d’agglomération des activités. Or la réalité nous enseigne que ce type d’activités se concentre également, comme le montre le cas du Sentier à Paris, qui a fait l’objet dans le cadre de notre recherche d’une analyse empirique (Suire, Vicente, 2002). 1 .3. Les nouveaux facteurs de la localisation des activités et la nouvelle économie Répondre à ces limites des approches traditionnelles de l’économie géographique a constitué le cœur de notre réflexion scientifique. Pour garder une cohérence avec le cadre de l’économie géographique, nous avons axé nos recherches sur le concept d’externalité, en le déclinant et en le formalisant selon trois acceptions originales qui permettent chacune d’expliquer ce paradoxe.
1.3.1. LES EXTERNALITES DE RESEAUX
La définition généralement retenue des externalités de réseau issue de l’utilisation d’une technologie est la suivante : les externalités de réseau se présentent comme la satisfaction ou les bénéfices individuels que retirent les firmes de l’utilisation d’une technologie, satisfaction ou bénéfices individuels qui s’accroissent avec le nombre effectif ou potentiel d’utilisateurs de la technologie. Dans ce cadre-là, Dang Nguyen et Vicente (2002) ont étudié le déploiement des réseaux métropolitains à haut-débit, afin notamment de répondre à des préoccupations de l’OTV (Observatoire des télécommunication dans la Ville) et de la DATAR. S’agissant de l’investissement dans un GFU (Groupe fermé d’utilisateurs) médiatisé par un réseau métropolitain à haut-débit, et compte tenu de la définition retenue des externalités de réseau, la firme aura intérêt à investir dans une telle infrastructure que si un nombre suffisant d’autres entreprises avec lesquelles elle communique souhaite investir dans cette infrastructure, diminuant ainsi le coût pour chaque entreprise.
On assiste à la présence d’externalités de réseau lorsque le coût d’un bien et la satisfaction qu’on en retire dépendent du nombre d’utilisateurs. La problématique des externalités de réseau peut-être utilisée pour expliquer ce qui au premier abord pourrait apparaître comme un paradoxe : alors que l’on pourrait croire que l’utilisation d’infrastructures numériques permettrait de décentraliser géographiquement les relations entre producteurs, on observe à l’inverse un accroissement de la tendance à l’agglomération des entreprises et une adoption à un niveau local d’infrastructures numériques à haut-débit. Ce constat n’est pas un paradoxe si on étudie le processus de localisation des entreprises autour d’une part de la recherche des externalités de réseau par les entreprises et d’autre part autour des stratégies des offreurs d’infrastructures de réseau que peuvent être les collectivités locales et les opérateurs en télécommunication.
Du côté de la demande en infrastructures de réseau, les producteurs seront d’autant plus désireux d’investir dans une infrastructure de réseau que le nombre d’utilisateurs de cette infrastructure est d’autant plus important qu’il diminue les coûts d’utilisation individuelle, dans la limite des capacités techniques du réseau. Du côté des offreurs d’infrastructures de réseau intervient également la problématique des externalités de réseau. En effet, le déploiement d’infrastructures de réseau, type réseau de communication à haut-débit, se caractérise par des coûts fixes élevés. Une fois l’infrastructure installée, les recettes du fournisseur de l’infrastructure ne vont plus dépendre que du nombre d’abonnés au réseau, dans la limite des capacités techniques du réseau. Les fournisseurs ont donc intérêt à capter les externalités de réseau du côté des consommateurs de l’infrastructure pour rentabiliser leur investissement. On peut comprendre alors comment les stratégies des opérateurs privés et des collectivités locales renforcent les effets d’agglomération. En effet, par un effet qualifié de rétroaction positive, on va assister à un effet boule de neige qui au final va accentuer les effets d’agglomération.
Ce mécanisme de rétroaction positive peut être résumé ainsi : si une infrastructure commence à être adoptée par plusieurs entreprises, elle permet à son fournisseur de réaliser des économies d’échelle et ainsi d’abaisser le prix de vente. Cette baisse de prix va entraîner une hausse de la demande qui suscitera des externalités de réseaux et stimulera la demande. Cet afflux de demande va de nouveau rétroagir sur l’offre, par le biais des économies d’échelle et faciliter la baisse des prix, permettant à nouveau d’élargir la demande jusqu’à saturation du réseau.

Mais cet effet boule de neige ne peut se déclencher que s’il existe un nombre potentiel d’utilisateurs suffisant au-delà duquel apparaissent les externalités de réseaux, car un nombre insuffisant de premiers adopteurs ne permet pas de proposer des tarifs suffisamment faibles et des possibilités d’interconnexions suffisamment nombreuses pour attirer une nouvelle partie de la demande. On comprend ainsi pourquoi les opérateurs de télécommunication installent des réseaux à haut débit dans les agglomérations existantes, donc des réseaux de taille faible mais fortement maillés, plutôt que des réseaux longues distances desservant des espaces où l’activité est faible ou inexistante.
En effet, pour atteindre la taille critique de l’ensemble des premiers adopteurs nécessaire à l’apparition de rétroactions positives, les opérateurs, qui ne sont plus contraints par des objectifs d’aménagement du territoire, vont chercher la demande là où elle existe, c’est à dire dans les zones fortement peuplées d’entreprises, renforçant ainsi leur attraction, si bien que les effets d’agglomération se renforcent. La même logique d’agglomération peut être également le résultat de politiques publiques. En effet, dans le cas de la France, comme nombre de pays d’Europe, la compétitivité nationale s’inscrit dans le cadre d’une concurrence territoriale, c’est-à-dire d’une concurrence entre régions.
Les lois de décentralisation ont progressivement conféré à des autorités locales de différentes échelles le pouvoir d’attirer les investissements productifs. Alors que l’Etat, durant les Trente Glorieuses avait des prérogatives fortes sur la localisation des investissements productifs dans un objectif d’aménagement équilibré du territoire, aujourd’hui l’organisation de l’espace national est la conséquence et le résultat des stratégies des collectivités locales. Dans un tel contexte, pour attirer des investissements productifs, des entreprises, les régions ont intérêt à être plus compétitives que les autres régions et en particulier les régions voisines. Ainsi, pour être plus attractive, une région à intérêt également à faire jouer les externalités de réseau afin de proposer des services aux meilleurs prix aux entreprises recherchant un site de localisation.
De fait, les collectivités locales pouvant financer le déploiement d’infrastructures numériques à haut-débit et proposer l’usage de ces infrastructures aux entreprises, depuis la nouvelle loi sur la société de l’information, elles rechercheront à bénéficier des économies d’échelle en superposant le réseau à l’activité actuelle afin d’atteindre la masse critique au-delà de laquelle les rétroactions positives apparaissent. De fait, les effets d’agglomération se renforcent au niveau des régions. Les métropoles de développant au détriment des espaces périphériques. C’est là une des conclusions des recherches menées par Dang Nguyen, Vicente (2002) dans le cadre de la première couche des TIC relative aux infrastructures.
1.3.2. LES EXTERNALITES INFORMATIONNELLES
Suivre (2002), Diallo (2002) et Vicente (2002) se sont intéressés à la troisième couche relative aux activités d’infomédiation. Le dénominateur commun de ces trois recherches menées en parallèle s’appuie sur le rôle de l’incertitude dans les processus de localisation des entreprises du e-business. Cette prise en compte de l’incertitude entraîne l’apparition d’externalités informationnelles, lesquelles se définissent comme le gain que retire un agent de l’observation des actions d’autres agents. Ces externalités informationnelles ont été formalisées dans le cadre des modèles de cascades informationnelles (Suire, 2002, Vicente, 2002).