Cours complet d’Economie et Marchés Financiers
Après une brève introduction sur la théorie de l'investissement dans la première leçon, nous allons étudier les grands concepts économiques qui gouvernent les marchés financiers.
Cette leçon qui paraîtra rébarbative aux baroudeurs de la bourse, n'est pourtant pas à négliger par les débutants. La compréhension des mécanismes économiques étant une des clés de l'analyse des marchés.
Cette partie a pour ambition de vous donner les rudiments économiques nécessaires à la compréhension des informations que vous entendez ou lisez dans les journaux sur la situation mondiale. Pourquoi la réserve fédérale américaine remonte ses taux d'intérêts ? quel est l'impact de l'inflation sur les cours de bourse ? etc. Autant de notions qu'il faut connaître pour aborder au mieux l'étude des marchés financiers.
Des paramètres complexes
Nous pouvons analyser le cours de l'action suivant des facteurs dont la classification est concentrique, tout d'abord il y a les qualités propres de la société qui constitue le premier cercle, le plus rapproché. Ensuite cette société fait partie d'un secteur d'activité spécifique qui influence son comportement. Et enfin toutes ces données évoluent en fonction de paramètres économiques nationaux puis internationaux.
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La complexité de l'analyse vient du fait que ces facteurs sont tous interdépendants et que la modification de l'un d'entre eux a des répercussions sur l'ensemble de la chaîne.
Les paragraphes suivants vous proposent donc une vision synthétique des notions économiques élémentaires à connaître pour aborder plus sereinement l'investissement boursier.
Les cycles économiques
L'activité économique est caractérisée par une alternance de phases plus ou moins longues d'expansion et de récession, la croissance économique d'un pays n'est pas linéaire. Ces fluctuations économiques constituent des cycles économiques.
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La mesure de ces variations de l'activité économique est réalisée par le biais d'indicateurs, le plus utilisé en France étant le Produit Intérieur Brut (PIB).
L'incidence des cycles économiques sur la bourse est particulièrement importante. En phase de croissance les carnets de commande des entreprises sont pleins, leurs chiffres d'affaires et leurs résultats augmentent et par conséquent leur valorisation boursière aussi.
L'essentiel pour l'investisseur étant de détecter la phase du cycle dans laquelle on se trouve et d'anticiper les retournements de cycles. Cette tâche est loin d'être aisée et sa mise en pratique est complexifiée par le fait que la bourse anticipe toutes les informations.
Le moment théoriquement idéal pour investir est situé en fin de phase de récession avant que la reprise ne soit constatée. C'est à ce moment que les investisseurs conscients du retour à moyen terme d'une phase d'expansion commenceront à anticiper cette future croissance. Les cours de bourse se redresseront donc avant que la reprise ne soit visible.
Inflation et déflation
L'inflation se définit comme un phénomène de hausse permanente et généralisée du niveau moyen des prix. En France l'outil de mesure de l'inflation est l'indice INSEE des prix qui mesure de manière mensuelle, l'évolution moyenne des prix à la consommation.
Chaque pays possède ainsi son propre index qu'il convient de suivre régulièrement. L'indice des prix le plus suivi par les analystes est certainement celui des États-Unis, toute hausse de cet indice étant un signe d'inflation, cela entraîne une peur de durcissement de la politique monétaire des états (augmentation des taux d'intérêts), qui est négative pour les cours de bourse.
En période d'inflation la monnaie perd de sa valeur, les consommateurs voient leur pouvoir d'achat diminuer si leurs revenus n'évoluent pas ou si leurs revenus augmentent moins vite que les prix.
Le comportement typique en cas d'inflation élevée est une fuite devant la monnaie. En effet l'argent perdant de sa valeur chaque jour, les consommateurs réorientent leurs flux monétaires vers des actifs résistant à cette érosion.
Les valeurs mobilières font partie de cette classe d'actifs. Généralement les facturations des sociétés suivent l'inflation ce qui a pour conséquence d'augmenter leurs chiffres d'affaires et de tirer leurs cours de bourse vers le haut.
L'inflation est donc bénéfique sur la valorisation boursière des sociétés, mais il ne faut pas perdre de vue que la progression réelle ne sera pas l'augmentation des cours en valeur absolue mais l'écart d'évolution entre les cours de bourse et l'inflation. Si les cours progressent sur une année de 10% avec une inflation de 5%, la hausse réelle est seulement de 5%.
Le phénomène de déflation qui est l'inverse de l'inflation se traduit par une baisse généralisée des prix. Son incidence sur l'évaluation de la bourse est donc négative.
On entend souvent parler de " taux d'intérêts ", qu'ils sont trop hauts ou trop bas, que les autorités monétaires vont les modifier, etc. Cependant on ne cerne pas toujours bien sa définition précise.
Le taux d'intérêt est la rémunération que vous êtes en droit d'attendre pour la renonciation à une consommation immédiate.
En clair cela veut dire que si vous ne dépensez pas instantanément l'argent que vous possédez mais que vous choisissez de le placer, la renonciation à cette utilisation immédiate se traduit par un intérêt que l'on vous sert sur votre placement. Suivant la même logique, plus cette renonciation est longue, plus le taux d'intérêt servi est important.
Taux d'intérêt et inflation sont intimement liés, en effet si vous laissez 10000 euros sur votre compte et que l'inflation annuelle est de 5% alors à la fin de l'année vous aurez toujours ces 10000 euros néanmoins en terme de pouvoir d'achat il ne " vaudront " que 9500 euros.
Dans cet exemple un taux d'intérêt de 5% vous permet juste de conserver votre pouvoir d'achat, il doit être supérieur pour rémunérer votre privation de consommation.
Le niveau des taux d'intérêt est d'une importance capitale pour la valorisation des marchés financiers. Les deux produits majeurs négociés en bourse sont les actions et les obligations. On considère que du fait du niveau de risque plus élevé des actions, celles ci doivent offrir un rendement plus important que les obligations, c'est la prime de risque que nous avons vu dans la première leçon.
Afin de bien ajuster le couple rentabilité/risque, les investisseurs comparent en permanence la prime de risque existant entre ces deux actifs financiers et procèdent à des arbitrages entre l'un ou l'autre en fonction du niveau de la prime de risque.
La conséquence d'une hausse des taux d'intérêt entraîne un meilleur rendement des obligations et réduit par-là même le niveau de la prime de risque, les investisseurs se détournent alors des actions pour se placer sur les produits obligataires.
En conclusion il faut retenir qu'une augmentation des taux d'intérêt est négative pour les marchés actions, la baisse des taux les favorisant.
On comprendra facilement pourquoi le président de la FED a autant d'impact. La FED est une institution indépendante du gouvernement des États Unis, elle est la représentante les banques.
Ainsi chaque fois que Janet Yellen (la présidente) prononce un discours, on constate instantanément des mouvements qui peuvent être violents sur les indices boursiers en fonction de ses phrases. Les marchés spéculent même sur ses prochains discours et sur les décisions qu'elle serait amenée à prendre.
De même, chaque fois que le Dow Jones avait tendance à consolider ses gains, ce président tout puissant venait annoncer qu'il baissait les taux, et la bourse repartait de l'avant immédiatement.
Néanmoins au-delà de cette libre fluctuation, les pays disposent d'armes pour ajuster le cours de leur monnaie par rapport aux autres, l'une d'entre elles est la modification des taux d'intérêts. Une augmentation des taux d'intérêts entraîne une revalorisation du loyer de l'argent, par conséquent, les investisseurs vont acheter cette monnaie en délaissant les autres car sa rémunération est meilleure. La demande de monnaie étant importante celle-ci va augmenter par rapport aux autres.
Cependant cette technique a un revers c'est la baisse du marché boursier, effet que nous avons vu dans le paragraphe sur les taux d'intérêts.
Le deuxième élément important des taux de change est le placement à l'étranger. Imaginons que résident français vous achetiez des actions américaines, au bout d'un an le cours de bourse de cette entreprise a augmenté de 10% et vous pensez avoir fait une plus-value. Si le dollar a baissé de 10% par rapport à l'euro, alors votre plus-value est nulle. Par ailleurs, si le dollar a augmenté de 5% votre plus-value réelle est de 15% (10% + 5%).
Lorsque l'on investit dans des sociétés étrangères il faut veiller à l'évolution de la monnaie et bien l'anticiper auparavant au risque de voir sa plus value annulée par une évolution défavorable du taux de change.
Le deuxième élément important des taux de change est le placement à l'étranger. Imaginons que résident français vous achetiez des actions américaines, au bout d'un an le cours de bourse de cette entreprise a augmenté de 10% et vous pensez avoir fait une plus-value. Si le dollar a baissé de 10% par rapport à l'euro, alors votre plus-value est nulle. Par ailleurs, si le dollar a augmenté de 5% votre plus-value réelle est de 15% (10% + 5%).
Le temps est compté
Toute décision d'investissement raisonnable repose sur une étude préalable, étude dont les résultats on donné un signal clair qui permet à l'investisseur de penser que telle ou telle entreprise est sur ou sous évaluée et par conséquent qu'il peut acheter ou vendre les actions de ces entreprises.
Cependant dans le processus de décision utilisant l'analyse financière ou fondamentale, la phase d'étude préalable est longue et la quantité d'informations nécessaires à une analyse de qualité rendent cette étude impossible pour tous les titres de la cote.
Il faut donc prendre en compte cette donnée pour effectuer un premier débroussaillage qui aboutira à une sélection restreinte de valeurs.
Importance de l'analyse sectorielle
Commencer par une étude sectorielle permet de faire ce premier tri. En effet tous les secteurs présentent des différences dans leurs développements, certains seront plus sensibles à la conjoncture économique et on parlera de secteurs cycliques, alors que d'autres seront des secteurs de croissance moins influencés par ces errements économiques.
Quelques secteurs sont représentés ci-dessous avec leur sensibilité principale.
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Quel que soit le choix de l'investisseur, une fois qu'il aura focalisé son attention sur un secteur particulier il pourra s'intéresser en profondeur aux valeurs qui le composent. Ces valeurs présentant souvent des caractéristiques proches en terme de sensibilité aux facteurs extérieurs, il sera plus facile de les départager sur leurs comptes et leurs résultats.
Le raisonnement des professionnels est exactement le même, mais la dichotomie opérée pour sélectionner les valeurs se base sur un champ plus large. Ils détermineront tout d'abord le marché le plus porteur en terme géographique (Europe, Etats-Unis, pays émergents...), puis le secteur et enfin les valeurs à l'intérieur de ces secteurs.
Tout comme pour le choix des valeurs, le choix d'un secteur d'activité que l'on connaît facilite la compréhension des mécanismes qui le dirigent. En effet dans le domaine de l'investissement les idées les plus simples sont souvent les meilleures.
Il ne sert à rien de s'enticher du secteur des hautes technologies si on est complètement hermétique à ces technologies, certaines données nous échapperons alors et nous ne maîtriseront pas les éléments qui ont une influence sur les cours.
Une fois que nous aurons défini les secteurs les plus porteurs nous pourront nous intéresser aux valeurs qui les composent, ceci fera l'objet de la prochaine leçon.
Nous verrons une méthode d'approche globale qui permet de se faire une idée solide d'une société avant de se lancer tête baissée dans les comptes.
Vous trouverez ci-dessous en exemple, une liste de quelques secteurs de la bourse de Paris ainsi que les principales valeurs qui les composent (cette liste n'est pas officielle).
Pour aller plus loin avec les secteurs d'activité, nous vous recommandons de consulter notre module sectoriel dans lequel sont listées toutes les sociétés.
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Après avoir sélectionné quelques secteurs - ou thèmes d'investissements - vous avez donc une poignée de valeurs susceptibles d'être acquises pour rentrer dans votre portefeuille.
Avant de se lancer tête baissée dans les rapports d'activité et de commencer de longues et fastidieuses analyses des comptes de chaque société, il convient de se poser quelques questions de base qui vous permettront d'éliminer encore quelques valeurs de l'analyse finale. Pour cela nous vous présentons ci-dessous une série de thèmes types qui vous simplifieront la démarche.
Connaître et comprendre les produits vendus
Les meilleures idées sont souvent les plus simples, n'oublions pas que nous allons être à l'affût des nouvelles concernant la société que nous aurons mise dans notre portefeuille. Il faudra être en mesure de les comprendre et de pouvoir en tirer des conclusions quant à l'évolution de notre poulain.
Un leurre très fréquent survient à l'égard des sociétés intervenant sur des marchés très porteurs (Internet, biotechnologies ...), souvent les marchés ont anticipé le futur et les plus-values annoncées ne sont pas forcément au rendez-vous. Il vaudra mieux se placer sur un secteur traditionnel actuellement délaissé, les retournements de tendance ou de cycle étant souvent violents.
La taille de la société
L'économie moderne et la globalisation des échanges mondiaux ont favorisé le rapprochement des sociétés et la constitution de géants mondiaux, ces valeurs que l'on appelle les " blue chips " sont souvent acquises pour constituer un fonds de portefeuille. Leurs performances boursières sont généralement dans la moyenne du marché, elles offrent une sécurité relativement importante mais aussi une certaine inertie.
A côté de ces mastodontes cohabitent des sociétés de taille modeste, il est bon de s'y intéresser car leur situation est rarement pérenne. Sous la pression concurrentielle, deux choix s'offrent à elles : le rapprochement avec un grand groupe ou leur disparition du marché.
Les stratégies boursières seront donc différentes en fonction de la place occupée par l'entreprise sur son marché. Si on veut minimiser le risque on se contentera des grandes valeurs, par contre on pourra s'intéresser aux sociétés de taille modeste dans une optique plus spéculative, consistant à parier sur une croissance très rapide ou un rapprochement avec un grand groupe.
Certaines sociétés sont très dépendantes des matières premières, c'est le cas notamment de tous les producteurs de matières (papier, or, pétrole...) dont le cours de bourse est très fortement corrélé à l'évolution des cours de ces produits. Ces entreprises ne maîtrisent pas du tout leurs prix de vente et les investisseurs les jouent souvent comme des vecteurs multiplicateurs des cours des matières premières.
Pour les autres sociétés le prix de ces matières premières influence le prix de leurs produits finis de manière moins directe, mais affecte quand même leurs marges. En fonction des stocks constitués par l'entreprise et de la rapidité d'adaptation du prix du produit fini à ces fluctuations de cours l'effet se fera plus ou moins sentir sur les marges.