Cours de formation d’initiation à l’économie du développement
Économie du développement.
L’économie du développement est une branche de l'économie qui applique des techniques modernes de l’analyse macroéconomique et microéconomique à l’étude des problèmes économiques, sociaux, environnementaux et institutionnels que rencontrent les pays dits en développement1. Elle s'intéresse aux déterminants de la pauvreté et dusous-développement ainsi qu'aux politiques à mettre en œuvre pour permettre une meilleure évolution des pays en développement.
L'économie du développement est un ensemble de pratiques publiques et privées encourageant le développement économique d'un pays ou d'une région, en favorisant par exemple la propension à investir, innover, entreprendre, se former, travailler.
L'objectif est de réunir une masse critique de facteurs de production pour atteindre une croissance économique suffisante, permettant notamment une amélioration sensible duniveau de vie des habitants de la zone concernée et leur autonomisation.
L'économie du développement, en tant que branche à part entière de l'économie, émerge à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Auparavant les études relatives aux pays pauvres faisaient partie de l'analyse de la croissance, sans qu'il y ait de théories spécifiques à ces pays. Ce n'est que dans les années 1950 que des économistes s'attachent à développer des outils propres aux pays en développement2. Parmi les pionniers du développement on peut citer Paul N. Rosenstein-Rodan, Albert O. Hirschman, Arthur Lewis,Ragnar Nurkse, Gunnar Myrdal et Raúl Prebisch. Les premiers travaux des pionniers du développement ne distinguaient pas développement économique et croissance économique. Le développement signifiait obligatoirement l'obtention d'une croissance économique sur une longue période. Et inversement toute croissance créerait une amélioration du bien-être de la population et une diminution de la pauvreté. Les travaux s'intéressaient donc aux déterminants de la croissance. Les premières politiques préconisées portaient sur un investissement massif de façon à sortir du sous-développement et mettre en œuvre un cercle vertueux. Par la suite les économistes du développement ont introduit la séparation entre développement et croissance. Le développement ne peut se faire sans un minimum de croissance, mais ce facteur n'est plus primordial et une politique de développement doit s'attacher également à réduire les inégalités ou satisfaire les besoins fondamentaux.
L'évolution de la pensée économique du développement est généralement découpée en trois phases.
Dans le contexte d'après-guerre marqué par la décolonisation en Asie et en Afrique, du développement des institutions de Bretton Woods et durant la guerre froide la lutte contre la pauvreté était vue comme un moyen de garder ces pays dans le camp occidental, l'économie du développement s'élabore. Les principaux travaux s'attachent à montrer les spécificités structurelles des pays en développement: les cercles vicieux de la pauvreté (Nurkse, John Kenneth Galbraith), le dualisme (Lewis 1955), la croissance équilibrée (Rosenstein-Rodan, Nurkse), la croissance déséquilibrée (Hirschman), les étapes de la croissance économique (Rostow), etc.
Le sentiment qui prédominait était un grand espoir, le sous-'développement pourrait être résolu rapidement. À cette période, le développement était synonyme de croissance du revenu national. Le manque de capitaux étant le principal obstacle au développement, les politiques de développement s'orientaient vers une aide publique au développement inspirée du plan Marshall. Étant donné le manque de capitaux, la question de la meilleure allocation possible de l'investissement se posait avec acuité.
Le secteur clé des pionniers du développement était l'industrie. Les politiques de développement prônées dans cette période d'après-guerre s'évertuaient à lancer l'industrialisation des PED sur l'exemple de l'industrialisation des pays avancés.
Le modèle de Harrod-Domar mettait en lumière le besoin de capitaux des PED. Le taux de croissance dépendait du taux d'épargne ; le niveau bas de ce dernier dans les PED devait être compensé par l'aide étrangère. Rosenstein-Rodan allait dans le même sens. Du fait de l'indivisibilité de certains investissements, une grande poussée (big push) était nécessaire.
L'allocation des capitaux restait un sujet débattu, entre les partisans d'un investissement limité à certains secteurs (croissance équilibrée, Nurkse) et les partisans d'un investissement plus large (croissance déséquilibrée, Hirschman).
L'économie du développement s'est radicalisée au cours des années 1960. Le sous-développement est alors vu comme la résultante principalement de causes externes, relayées par la structure sociale interne (bourgeoisie "compradore" par exemple). Plusieurs théories vont dans ce sens: théorie de la dépendance, théorie de l'échange inégal (A. Emmanuel 1969), analyse centre-périphérie. Le principal auteur est sans doute Samir Amin, qui conclut à l'impossibilité pour les pays pauvres de se développer autrement qu'en coupant les ponts avec les pays industrialisés, et en mettant en œuvre un développement autocentré.
L'économie du développement s'est radicalisée au cours des années 1960. Le sous-développement est alors vu comme la résultante principalement de causes externes, relayées par la structure sociale interne (bourgeoisie "compradore" par exemple). Plusieurs théories vont dans ce sens: théorie de la dépendance, théorie de l'échange inégal (A. Emmanuel 1969), analyse centre-périphérie. Le principal auteur est sans doute Samir Amin, qui conclut à l'impossibilité pour les pays pauvres de se développer autrement qu'en coupant les ponts avec les pays industrialisés, et en mettant en œuvre un développement autocentré.
Les rapports économiques entre le centre et la périphérie sont marqués par le paradigme de la dépendance. L'économie monde est un système entretenu par les conséquences de ces rapports. Le sous-développement est la perpétuation de l'état néo-colonial, dans lequel les anciennes colonies sont devenues indépendantes, mais leur économie reste fortement dépendante des économies développées.
À partir de 1999, les institutions des accords de Bretton Wood (FMI, Banque mondiale) intègrent les critiques qui ont été adressées aux mesures d'ajustement structurel en raison des échecs constatés, critiques qui remettent en cause la légitimité de ces institutions. Elle réorientent leurs actions vers la lutte contre la pauvreté, et passent du financement de projets ciblés à des financements budgétaires globaux. L'objectif affiché est de laisser les pays bénéficiaires décider eux-mêmes de l'allocation des fonds, et des mesures à prendre 4.
Toutefois, ce renouvellement est malgré tout limité, et la fondation de ce courant opposé au « consensus de Washington », qui intervient à un moment où la déréglementation a gagné du terrain, se heurte selon Elsa Assidon, à des intérêts financiers et industriels puissants, et à des technocraties d'État gagnées à la pensée libérale5,6. Le consensus apparent est donc moins clair qu'il n'y parait, car il fait abstraction des antagonismes d'intérêt et des processus de domination6.
Depuis la fin des années 1990, certains économistes du développement (notamment Michael Kremer, Esther Duflo, Ted Miguel, Abhijit Banerjee, Sendhil Mullainathan, etc.) ont développé des outils pour appréhender les impacts des politiques économiques au niveau microscopique et du développement d'expériences sur le terrain comme méthode d'analyse des causalités en économie. Ils ont propulsé la théorie de la randomisation, l'évaluation aléatoire et insistent sur les projets comme les micro-projets comme une stratégie de développement efficace quand on s'y prend rationnellement.
Les pratiques favorisant le développement peuvent se situer au niveau des dispositions légales, de l'adaptation des infrastructures et de l'éducation, voire de certaines incitations financières. Robert Solow a examiné de près ces aspects, ainsi que les organismes publics (Banque mondiale) ou privés (Fondation Soros) chargés de promouvoir le développement.
La transition entre une économie sous-développée et une économie en développement suppose un cumul suffisant, dépassant un seuil critique d'initiative, d'adaptation culturelle, éducative, et législative, et de moyens matériels. En particulier, les exemples des pays émergents, y compris des plus importants en population tels que la Chine, l'Indeet le Brésil, ont montré que le démarrage économique a été favorisé par l'introduction de mesures d'encadrement économique relevant du keynésianisme comme la protection des industries naissantes (quoi que cela relève aussi du libéralisme à travers le protectionnisme des industries dans l'enfance de Friedrich List, la bonification des crédits à l'exportation et à l'investissement, le maintien structurel d'un taux de change très inférieur à la parité du pouvoir d'achat de leurs monnaies, l'existence d'un secteur public relativement fort et sur le plan de l'investissement social et humain, des politiques volontaires de réforme agraire surtout en Asie de l'Est. Et aussi des politiques d'éducation, de santé, d'amélioration du statut de la femme et de possibilité d'accès à la contraception, politiques n'étant pas vraiment marquée du point de vue économique. Ces mesures interventionnistes ont été complétées principalement à partir des années 1970-80 par une libéralisation des initiatives privées relevant du libéralisme économique. Thomas Sterner est notamment un des théoriciens modernes des moyens politiques comme leviers de modification des comportements.
Les théories modernes de développement (Michael Porter) insistent par ailleurs sur la notion de pôle de compétence géographique, où se regroupent des savoir-faire apportant une excellence, source d'avantage compétitif. Le pivot peut être une université dotée d'un centre de recherche de renom et très motivée par la coopération avec les entités économiques et financières. Deux exemples :
Des pays émergents, comme l'Inde (Bangalore, Bombay pour la sous-traitance de logiciels informatiques et pour les p
Réunis en septembre 2000 à l'occasion du Sommet du Millénaire, les dirigeants politiques du monde entier, sous l'égide des Nations unies, ont fixé un ensemble d'objectifs mesurables appelés les Objectifs du millénaire pour le développement, à atteindre d'ici à 2015. Ces objectifs sont les suivants :
Après 2015, les Nations Unies ont fait adopter des objectifs pour le développement durable, qui portent sur un beaucoup plus grand nombre d'indicateurs
Une distinction peut être faite entre
Les aspects sociétaux diffèrent les uns des autres et leur étude fait l'objet de la sociologie du développement.
À noter qu'il peut y avoir déclin économique de pays jusque-là développés (par exemple, l'Argentine était une puissance économique au début du xxe siècle). Il peut provenir indépendamment de circonstances imprévisibles internes ou externes,
Certains prônent le développement durable ou la croissance durable, en gérant de façon parcimonieuse tout ce qui est ressources naturelles dont certaines pourraient se tarir ou se dégrader.
Cette gestion est certes nécessaire. L'économie moderne, dite économie post-industrielle, est devenue plus sophistiquée. Elle relève de l'économie du savoir, dont l'un des déterminants est l'éducation, l'information, le savoir-faire, l'innovation.
En fait, malgré l'avènement de l'économie du savoir, il s'avère que les pays développés continuent d'être dépendants des ressources naturelles. Les pays émergents vont de leur côté passer par une phase industrielle, et consommer davantage de ressources naturelles.
En tous cas, le développement durable est considéré comme un objectif pour l'humanité et il conditionne les conditions de vie des générations futures.
Cette notion s'est imposée à la suite de la prise de conscience progressive, depuis les années 1970, de la finitude écologique de la Terre, liée aux limites planétaires.
Pour l'AFNOR en 2012, un état est dit « durable » si « les composantes de l'écosystème et leurs fonctions sont préservées pour les générations présentes et futures »1. Dans cette définition, « les composantes de l’écosystème incluent, outre les êtres humains et leur environnement physique, les plantes et les animaux. Pour les êtres humains, leconcept sous-entend un équilibre dans la satisfaction des besoins essentiels : conditions économiques, environnementales, sociales et culturelles d'existence au sein d'une société. »2.
La ressource naturelle qu'est le ventalimente cette éolienne de 5 MW dans un parc éolien à 28 km au large de laBelgique.
Le concept de durabilité a été défini quelques années auparavant. En 1991 et 1993, Ignacy Sachs définit l'écodéveloppement comme un« développement endogène et dépendant de ses propres forces, soumis à la logique des besoins de la population entière, conscient de sa dimension écologique et recherchant une harmonie entre l'homme et la nature »3,4. En 1987, la Commission mondiale sur l’environnement et le développement dans le rapport BrundtlandN 1 définissait le développement durable de la façon suivante5 :
« Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion :
1. Définition et objectifs
2. Moyens du développement
3. Types de pays par rapport au développement
4. Évolution des types de développement
5. La question du modèle de développement
6. Dans la fiction
7. Notes et références
8. Bibliographie