Cours d’introduction a l’economie contemporaine
Cours d’introduction à l’économie contemporaine
GRANDS PROBLEMES ECONOMIQUES CONTEMPORAINS
- Croissance - Chômage - Inflation - Inégalités soci-économique - Environnement - Mondialisation - Globalisation financière - Les politiques économiques
LA CROISSANCE
Thème 1 : Grands problèmes économiques contemporains
QU’EST-CE QUE LA CROISSANCE ?
- Définition
Selon François Perroux, la croissance économique correspond à « l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’unindicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réel ». Pour rendre compte du changement de dimension d’une économie on a très souvent recours à des agrégats permettant de mesurer ’évolution de l’ensemble des productions tels que le PIB (Produit Intérieur Brut).
Les comptables nationaux utilisent deux variantes du PIB pour calculer la richesse créée dans l’économie française : lePIB en volume et le PIB en valeur (résultat d’un effet quantitatif et d’un effet prix).
La croissance est généralement assimilée au taux de variation du produit intérieur brut PIB), plus précisément lavariation relative du PIB en volumed’une année sur l’autre.
B. Quelques précisions de vocabulaire
- La croissance économique ne veut pas dire forcément amélioration du bien être, la croissance peut en effet s’accompagner d’un creusement des inégalités (exemple des Trente glorieuses).
- La croissance ne veut pas dire non plus économie saine, une croissance forte entraîne généralement un regain d’inflation (une hausse des prix), elle peut également se traduire par une hausse des importations et un déséquilibre de la balance commerciale (exemple d’un plan de relance).
- Quand l’augmentation de richesses enregistrée par le PIB est de courte durée (quelques trimestres), les économistes préfèrent parler ’dexpansion (phase d’un cycle).
- Quand l’augmentation de richesses provient d’une simple h ausse quantitative des facteurs de production (capital, travail), on parle de croissance extensive; quand cette augmentation de richesses a pour origine une meilleure organisation du travail (exemple du taylorisme, du fordisme ou du toyotisme), on parle de croissance intensive.
- Il est généralement admis que les politiques macroéconomiques visent à rapprocher le niveau réel de l’activité de ce que l’on pourrait appeler le niveau normal du PIB. L’écart relatif (Output Gap) entre le PIB observé et le PIB normal permet de mesurer la distance qui sépare temporairement une économie de ce niveau de référence. Pour mesurer le PIB normal, on déterminle niveau d’activité maximal compatible avec la stabilité du rythme de l’inflation. Il s’agit de la croissance potentielle.
- Les économistes parlent encore decroissance autocentréelorsqu’elle repose sur des dynamiques internes (rôle de la consommation des ménages) et de croissanceextravertie lorsqu’elle découle de l’ouverture de l’économie (les exportations allemandes représenten 47% du PIB).
C. La croissance équilibrée
Les économistes parlent généralement decroissance équilibrée, c’est-à-dire d’une croissance telle que le taux d’accroissement de l’off re soit égal à celui de la demande sur le marché des biens et services. Les forces du marché seraient ainsi autorégulées, dès qu’une hausse des prix apparaît, la demande diminue, et l’offre s’ajuste. Une croissance équilibrée satisfait les conditions du carré magique : création d’emplois, faible niveau d’inflation, budget et balance commerciale équilibrés.
II. COMMENT EXPLIQUER LA CROISSANCE ?
Depuis plus de deux siècles, les économistes s’interrogent sur les causes de la croissance
A. Les théories de la croissance
- Les précurseurs
Adam Smith (1776, Recherches sur la nature et les causes de la Richesse desNations), met en évidence le rôle de la division du travail (surplus, marché, gains de productivité comme facteur de croissance. Cette division du travail se trouve
renforcée par la participation du pays au commerce international (théorie des avantages absolus). L’optimisme de Smith apparaît à traver s les traits d’une croissance illimitée (elle dure tant que l’on peut étendre la division du travail et le marché).
Robert Malthus (1798, Essai sur le principe de population) considère que la croissance est limitée en raison de la démographie galopante. Il attribue la misère en Angleterre au décalage entre deux lois : la loi de progression arithmétique des subsistances et la loi de progression géométrique. La sortie de cet état passe par la mortalité, la baisse de la natalité et le célibat.
David Ricardo (1817, Des principes de l’économie politique et de l’impôt) , souligne que la croissance est limitée par la loi des rendements décroissants. La valeur ajoutée se répartit entre trois agents : les propriétaires fonciers (rente foncière), salariés (salaire de subsistance) et le capitaliste (profit). Précisons que le profit des capitalistes est résiduel, c’est-à-dire qu’il intervient une fois le salaire et la rente foncière payés. Lorsque la population s’accroît, il convient d’augmenter la production agricole, or les nouvelles terres mises en culture sont de moins en moins productives. Le coût de production va donc s’élever, entraînant inévitablement la hausse des salaires et de la rente foncière. Les profits vont se réduirejusqu’au moment les capitalistes ne seront plus incités à investir. L’économie atteint la situation d’état
stationnaire. Afin de retarder cette situation, Ricardo préconis d’augmenter les gains de productivité dans l’agriculture grâce au progrès technique et de s’ouvrir au commerce international (théorie des avantages comparatifs).
Karl Marx (1867, Le Capital) a été le premier économiste à proposer un modèle formel de croissance, à l’aide de ses schémas de reproduction élargie. Il considère que la croissance est limitée dans le mode de production capitaliste en raison de la baisse tendancielle des taux de profit. En effet, la recherche d’une plus-value toujours plus importante (notamment grâce à des salaires bas, que Marx app elle, Minimum de Subsistance) et la concurrence entre capitalistes devraient provoquer une paupérisation des ouvriers et un blocage dans le développement du système apitalistec (crise).
Joseph Schumpeter (1942, Capitalisme, Socialisme et démocratie)fait du progrès industriel la clé du changement. : «L’impulsion fondamentale qui met et maintient enmouvement la machine capitaliste est imprimée par les nouveaux objets de la consommation, les nouvelles méthodes de production et de transport, les nouveaux marchés, les nouveaux types d’organisation industrielle – tous éléments créés par l’initiative capitaliste ». En d’autres termes, le progrès industriel est porté par des innovateurs qui cherchent à emporter le gros lot (Schumpeter compare le j eu des affaires au poker).
L’analyse schumpeterienne est intéressant car elle ne repose pas seulement sur le progrès technique, sur l’évolution des connaissances ou les grandes inventions (avec le cycle des révolutions industrielles successives). Schumpeter y ajoute un héro – le chef d’entreprise qui prend le risque de lancer un nouveau produit ou une nouvelle façon de produire , et une structure (la concurrence monopolistique) qui assure à celui qui a réussi son pari d’en percevoir une rétribution financièreMais. attention, il y aura peu d’élus pour beaucoup d’appelés. La « Destruction – créatrice » laissera certains derrière elle, cependant elle finira par être bénéfique pour tous. Le système tout entier produira plus de richesse
2. Les postkeynésiens
A la suite de la crise de 1929, de nombreux économistes inspirés par les travaux de J.M Keynes, vont s’interroger sur les possibilités d’une croissance équilibrée. Lesmodèles de Domar et Harrod vont chercher à rendre compte des conditions et caractéristiques essentielles de l’équilibre d’une économie capitaliste en croissance.
Le point de départ de Domar est de considérer que l’investissement exerce une double influence sur l’économie. Dans un premier temps, il s’agit de l’effet revenu. A court terme, l’investissement constitue une demande supplémentaire et entraîne une hausse des revenus via le principe du multiplicateur (I Y R C et S). L’effet revenu associé à une augmentation de l’investissement I, est égal à I [1/(1-c)] c’est-à-dire I[1/s] où s=(1-c) sachant que c et s représentent respectivement les propensions marginales à consommer et
à épargne. Dans un second temps, il s’agit de l’effet capacité. A long terme, l’investissement doit engendrer une stimulation de la capacité de production, via le principe de l’accélérateur. L’investissement accroît les capacités de production dans une proportion égale à 1/v où v est le coefficient de capital et correspond à l’inverse de la productivité moyenne du capital soit v = K/Y (où K est le stock de capital et Y la production). L’effet de capacité est donc égal I(1/v).
Pour qu’il y ait croissance équilibrée, il faut que les revenus supplémentairesngendrés par l’effet multiplicateur permettent d’absorber la production supplémentaire obtenue. En d’autres termes, l’effet de revenu doit être égal à l’effet de capacité.Cette condition est vérifiée si l’investissement augmente à un taux constat égal au rapport entr la propension marginale à épargner et le coefficient de capital soit I/I = s/v. Harrod montrera par la suite que la croissance est par nature instable.
3. Le modèle néoclassique de Solow(1956)
Robert Solow (Prix Nobel en 1987) attribue l’origine de la croissance par tête au montant de capital technique investi (machines, équipements, logiciels, infrastructures…). Lorsque l’investissement par tête dépa sse le montant de la dépréciation du capital par tête existant, chaque travailleur dispose d’un équipement plus performant et peut produire davantage. Toutefois, lorsqu’on augmente le capital par tête, la production augmente, mais pas de façon proportionnelle (c’est le principedes rendements décroissants). Ainsi à force d’augmenter le capital par tête, va venir un moment où la production par têt augmentera moins vite que cela ne coûte. La
croissance par tête va cesser, c’est que Solow appellel’état régulier.L’état régulier dépend du coût relatif du capital. Si ce dernier diminue (un enchérissement du coût du travail incitera les entreprises à substituer du capital au travail), alors l’investissement par tête va augmenter de nouveau jusqu’à ce qu’un nouvel état régulier soit atteint.
Pour résoudre cette situation, Solow a dû imaginer l’intervention d’un autre facteur - le progrès technique – pour expliquer la croissance à long te rme. Ce facteur permet de produire plus. Il est miraculeux car il engendre des externalités positives.
4. Le rapport Meadows (1972) et l’approche systémique
Le Club de Rome a demandé en août 1970 au Groupe d’étude de dynamique des systèmes du MIT d’entreprendre l’étude des tendances d’un certain nombre de facteurs qui déréglaient la société. Ce groupe a ainsi cherché à définir les limites matérielles qui s’opposent à la multiplication des hommes et les contraintes résultant de leurs activités sur la planète. Afin d’obtenirune évaluation générale de la situation du monde, une méthode analytique mise au point par J.W Forrester (1971), la dynamique des systèmes,fût utilisée. Cette méthodemet en évidence
les nombreuses relations entre élément formant des boucles avec couplage, et pour certaines à effets décalés dans le temps. L’objectif principal du MIT était ainsi la reconnaissance dans un contexte mondial des interdépendances et interactions de 5 facteurs critiques : explosion démographique, production alimentaire, industrialisation, épuisement des ressources naturelles et pollution.
Pour les auteurs du rapport, le système global tendrait inéluctablement vers une surchauffe suivie d’un effondrement. Les cause de cet effondrement seraient
au nombre de trois : la disparition de matières premières, lapollution et la pression démographique sur la nourriture.
5. La théorie de la croissance endogène
Le modèle de Solow n’expliquait pas la croissance, il signalait simplement que grâ ce au progrès technique, la croissance peut perdurer. Pour les tenants de la théorie de la croissance endogène, le progrès technique ne tombe pas du ciel. La croissance est ainsi assimilée à un phénomène autoentretenu par accumulation de quatre facteurs principaux : la technologie, le capital physique, le capital humain et le capital public.
Pour Romer (1986), le changement technique provient d’une idée mise en forme et testée. Cependant, entre l’émergence d’une idée nouvelle et sa mise en œuvre concrète, il peut y avoir un très long chemin (test, essais-erreurs…) qui nécessite le c oncours de plusieurs personnes. Bref des coûts de mise au point qui peuvent être très élevés. En revanche, une fois ces étapes franchies, si l’idée est acceptée, le produit quine résulte peut êtr multiplié avec un coût bien moindre (ainsi le premier disque compact, le premier ordinateur ont nécessité des efforts colossaux de la part de ceux qui les ont mis au point, cependant leur reproduction à l’identique a été beaucoup plus facile). Le propre des idées qui provoquent des changements techniques, est qu’une fois les plâtres essuyés, elles donnent naissance à des rendements croissants (les exemplaires suivants coûtent bea ucoup moins chers), voire fortement croissants (duplication d’un logiciel). Si bien que pour celui qui s’est efforcé de transformer l’idée en produit, le risque existe que des concurrents en profitent et que lui ne récupère jamais son investissement initial, alors que esc concurrents s’enrichissent. Des droits de propriété intellectuelle limiteront ce risque : brevets ou copyright protègent l’inventeur qui dispose d’un monopole d’exploitation (limité dans le temps) sur l’œuvre ou le produit tiré de son travail. Le changement technique serad’autant plus intense que les innovateurs espèreront en tirer un profit important.
Le capital physique, c’est l’équipement dans lequel investit une entreprise pour la production de biens et de services. Romer (1986) a cependant renouvelé l’analyse en proposant un modèle qui repose sur les phénomènes d’externalitésentre les firmes : en investissant dans de nouveaux équipements, une firme se donne les moyens d’accroître sa propre production mais également celles des autres firmes concurrentes ou non. L’explication à ce phénomène réside dans le fait que l’investissement dans de nouvelles technologies est le point de départ à de nouveaux apprentissages par la pratique. Parmi les formes d’apprentissage, on peut citer l’amélioration des équipements en place, les travaux d’ingénierie (agencement des techniques existantes), l’augmentation de la compétence des travailleurs…Or ce savoir ne peut être approprié par la firme qui le produit. Il se diffuse inévitablemen aux autres firmes. L’investissement a un double effet : il agit directement sur la croissance et indirectement sur le progrès technique.
Le capital humain a été mis en évidence par deux économistes de l’Ecole de Chicago, Theodor Schultz et Gary Becker, et est au centre des études menées par R.E Lucas (1988). Le capital humain désigne l’ensemble des capacités apprises par les individuset qui accroissent leur efficacité productive. Chaque individu est en effet, propriétaire d’un certain nombre de compétences, qu’il valorise en les vendant sur le marché du travail. Dans ce schéma, l’éducation est un investissement dont l’individu attend un certain retour.
Il est alors naturel de souligner que la tendance plus que séculaire dans les pays occidentaux à un allongement de la durée moyenne de la scolarité est une cause non négligeable de la croissance.
Le capital public correspond aux infrastructures de communication et de transport. Elles sont au cœur du modèle élaboré par Barro (1990). En théorie, le capital public n’est qu’une forme de capital physique. Il résulte des investissements opérés par l’Etat et les collectivités locales. Le capital public comprend également les investissements dans les secteurs de l’éducation et la recherche. En mettant en avant le capital public, cette nouvelle théorie de la croissance souligne les imperfections du marché. Outre l’existence de situations de monopole, ces imperfections tiennent aux problèmes de l’appropriation de l’innovation. Du fait de l’existence d’ externalités entre les firmes, une innovation, comme il a ét dit précédemmen se diffuse d’une façon ou d’une autre dans la société. La moindre rentabilité de l’innovation qui en résulte, dissuade l’agent économique d’investir dans la recherche-développement. Dans ce contexte, il pourra incomber à l’Etat de créer des structures institutionnelles qui soutiennent la rentabilité des investissements privés et de subventionner les activités insuffisamment rentables pour les agents économiques et pourtant indispensables à la société (exemple du Génoplanteinitié par l’Etat français).
6. L’Ecole de la régulation
Dans son ouvrage La théorie de la régulation : une analyse critique,Robert Boyer (1986) précise que la généralisation de l'échange marchandrend les crises possibles. Il introduit une notion intermédiaire, celle de régime d'accumulation, suggérant que de telles contradictions peuvent être surmontées: «On désignera sous ce termel'ensemble des régularités assurant une progression générale et relativement cohérente de l'accumulation du capital, c'est à dire permetant de résorber ou d'étaler dans le temps les distorsions et déséquilibres qui naissenten permanence du processus lui-même» (1986, p. 46). En ce sens, les crises économiques majeures sont des crises de mutation entre une régulatio ancienne qui ne permet plus la croissance économique et une nouvelle régulation qui permettra de résoudre les causes profondes de la crise. L'origine même de ces régularités apparaîtra autravers des formes institutionnelles, définies comme la codification d'un ouplusieurs rapports sociaux fondamentaux. R. Boyer introduit cinq formes institutionnelles (la monnaie, le rapport salarial, la concurrence, les modalités d'adhésion au régime international, l'Etat) intervenant dans la détermination du régime d'accumulation.
B. Les analyses empiriques de la croissance
Les analyses empiriques cherchent d’une part à rendre compt e de la dimension historique de la croissance, d’autre part à revenir sur les d éterminants de cette croissance (productivité du travail, productivité du capital et progrès technique).
1. Les étapes de la croissance de Rostow(1960)
Rostow (1960) considérait que l’on pouvait dire de toutes les sociétés qu’elles passent par l’une des cinq phases suivantes : la société traditionnelle, les conditions
préalable au démarrag (ou décollage) le démarrag (ou décollage) le progrè vers la maturité, et l’ère de la consommation.
Ce qui caractérise le plus la société traditionnelle,c’est que « le rendementpotentiel par individu ne peut dépasser un niveau maximum ». D’une façon générale, la société traditionnelle doit consacrer une partie conséquente de ses ressources à l’agriculture. Par la même occasion, la civilisation agricole lui a imposé une structure sociale hiérarchisée dans laquelle sleliens de famille et de clans jouent un rôle primordial. Le centre de gravité politique se trouve dans les régions, entre les mains de ceux qui possèdent la terre (le propriétaire foncier).
La seconde étape est une voie de transition pour les sociétés qui sont parvenues à créer les conditions nécessaires au décollage.D’un point de vue historique, cette étape est apparue en Europe Occidentale (fin du XVII et début du XVIII siècles). La Grande Bretagne a été le premier pays à réunir l’ensemble de ces conditions. Le progrès économique permet d’atteindre d’autres objectifs : amélioration des conditions de vie et de l’intérêt général, extension de l’instruction… De nouveaux hommes animés de l’esprit d’entreprise sont prêts à mobiliser leurs énergies et leurs moyens(épargne), à prendre des risques pour réaliser des profits. Les banques voient le jour. Les investissements se concentrent dans les transports, les communications et les matières premières. Le commerce international se généralise à un plus grand nombre debiens et de pays.
Durant laphasededécollage la sociét finit par renverser les obstacles économiques, sociaux, culturels et politiques qui s’opposaient à son émancipation. Dès lors, la croissance devient une fonction normale de l’économie.
D’une manière générale, la cause du décollage fût essentiellement d’ordre technologique. L’économie n’a pu démarrer que lorsqu’un capital social s’est constitué et que le progrès technique est passé de l’agriculture à l’industrie. Cette croissance est avant tout quantitative, elle se traduit par une hausse des taux d’investissement et d’épargne réels (de 5% à 10%). Les capitaux étrangers ont constitué une grande proportion des investissements réalisés. La mécanisation et l’industrialisation se développent rapidement grâce au réinvestissement des profits, elles entraînent avec elles, l’essor desservices et stimulent la demande. La classe des entrepreneurs s’élargit.
La société entame une longue période de progrès soutenu, c’estla marche vers lamaturité. L’économie se développe à un rythme important dans tous les secteurs. Le volume des investissements passe de 10 à 20% du revenu national. Les industries lourdes (charbon, sidérurgie, industries mécaniques) cèdent progressivement leurplace aux industries de machines-outils, aux industries électriques et chimiques. Le commerce international se structure autour des spécialisations et de la division internationale du travail. La société renonce aux valeurs et aux institutions anciennes de manièreà stimuler le processus de croissance.
Durant l’ère de la consommation de masse, la production de biens de consommation durables (bicyclettes, appareils électriques, machines à coudre…) et de services constitue l’essence du capitalisme et le symbole du consommateur souverain.
D’un point de vue historique, l’élément décisif seraitl’apparition de l’automobilepopulaire à bon marché. Rostow situe le tournant en 1913-1914, période durant laquelle Ford mit au point la première chaîne de montage aux Etats-Unis. Rostow considèreque deux phénomènes sont à l’origine de cette transformation : 1° le revenu réel par habitant s’est élevé à un niveau tel que de nombreux individus peuvent satisfaire leurs besoins élémentaire et consacrer une part importante de leur budget à d’autres fins ; 2° la composition de la main d’œuvre s’est modifiée sous l’effet conjugué d’une montée de la population urbaine et d’un accroissement de la population d’ouvriers qualifiés et d’employés de bureau. Le progrès technique n’est plus une fin en soi, une grande partie des ressources sont en effet destinées à la prévoyance et la Sécurité sociale (c’est l’ère
2. Les travaux de Carré, Dubois et Malinvaud (1973)
Dans leur ouvrage Abrégé de la croissance française, Carré, Dubois et Malinvaud ont montré qu’une partie significative de la croissance économique française s’expliquait non par l’augmentation des quantit és de facteurs de production utilisés, mais par l’introduction du progrès technique. Alors que le taux de croissance de l’économie française avait été de 5,2%par an de 1951 - 1973, les contributions des facteurs travail et capital étaient respectivement de 0.55% et 1.55%. Le progrès technique expliquerait à lui seul plus de 3% de cette croissance. Le progrès technique joue en effet un double rôle sur la croissance économique. Il stimule la demande (création de nouveaux biens et nouveaux besoins, amélioratio des produits arrivé à maturité ou en déclin. Il stimule l’offre (amélioration de la productivité des équipements, meilleure organisation du travail) tout en modifiant l’utilisation des facteurs de production. Il contribue, d’une part à la substitution du travail qualifié au travail non qualifié (l’introduction de machines plus sophistiquées nécessite des niveaux de qualification plus élevés, on observe ainsi une modification de la structure des emplois), d’autre part, à la substitution du capital au trav ail (le progrès technique en perfectionnant les équipements les rend plus productifs et permet d’économiser du travail. Ceci a bien sûr une conséquence nonnégligeable sur la montée du chômage et la réduction de la durée du travail).
Table des Matières :
I. QU’EST CE QUE LA CROISSANCE ?
- Définition
- Quelques précisions de vocabulaire C. La croissance équilibrée
II. COMMENT EXPLIQUER LA CROISSANCE ?
- Les théories de la croissance
- Les précurseurs
- Les postkeynésiens
- Le modèle néoclassique de Solow (1956)
- Le rapport Meadows (1972) et l’approche systémique
- La théorie de la croissance endogène
- L’école de la régulation
- Les travaux empiriques
- Les étapes de la croissance de Rostow (1960)
- Les travaux de Carré, Dubois et Malinvaud (1973)
- Les travaux de Maddison (1994, 1998)
- COMMENT MESURER LA CROISSANCE ?
- Le PIB
- Les indicateurs alternatifs
- Quelques pistes de réflexion