• Objectif(s) :
o Evaluation des créances et dettes libellées en monnaies étrangères, o Traitements comptables : facturation, fin d'exercice, règlement, o Conséquences fiscales.
• Prérequi(s) : mécanisme des opérations commerciales :
o Créances - encaissements, o Dettes - paiements.
• Modalité(s) : situations diverses et variées :
o Exportations, o Importations, o Synthèse, o Application.
TABLE DES MATIERES
Le risque de change est dû aux variations du cours des devises par rapport à l’unité monétaire utilisée par l’entreprise soit l’euro. Ainsi, les contrats libellés en dollars américains sont soumis à un risque de change car cette monnaie peut s’apprécier ou se déprécier par rapport à l’euro entre la date du contrat et la date du règlement.
Le risque de change peut être de nature :
• commerciale pour les entreprises qui achètent et qui vendent des biens ou des services dont les factures sont libellées en monnaie étrangère. Ainsi, les créances peuvent se déprécier et les dettes au contraire s’apprécier
• financière pour les entreprises qui empruntent et qui prêtent dans une monnaie étrangère. Une entreprise qui emprunte en devise peut s’exposer à une augmentation de ses dettes et de ses remboursements.
C’est la différence entre le total des avoirs et créances et le total des dettes pour une devise donnée.
Exemple : cas d’une entreprise d’import – export :
Créances et avoirs | Dettes | |||
Postes | Montants en $ | Postes | Montants en $ | |
Prêts | 10 000 | Emprunts | 7 000 | |
Créances clients | 30 000 | Dettes | 8 000 | |
Banque | 6 000 | Position de change | 31 000 | |
Total | 46 000 | Total | 45 000 |
L’entreprise est exposée à un risque de change sur le montant de sa position de change soit 31 000 $.
La position de change calculée par échéance à 3 mois, 6 mois ou 1 an, est dite :
• courte quand les dettes sont supérieures aux créances et avoirs
• longue quand créances et avoirs sont supérieurs aux dettes.
« Lorsque l’évaluation des éléments d’actif ou de passif dépend des cours de change, les cours de change à utiliser sont pour des devises cotées les cours indicatifs de la Banque de France publiés au Journal officiel, et pour les autres devises les cours moyens mensuels établis par la Banque de France.»
« Les créances et les dettes en monnaies étrangères sont converties et comptabilisées en monnaie nationale sur la base du dernier cours du change.
Lorsque l’application du taux de conversion à la date de clôture de l’exercice a pour effet de modifier les montants en monnaie nationale précédemment comptabilisés, les différences de conversion sont inscrites à des comptes transitoires, en attente de régularisations ultérieures :
• à l’actif du bilan pour les différences correspondant à une perte latente,
• au passif du bilan pour les différences correspondant à un gain latent.
Les pertes de change latentes entraînent à due concurrence la constitution d’une provision pour risques, sous réserve de dispositions particulières. »
Avec l’EURO, depuis le 1er janvier 2002, les problèmes de conversion des monnaies nationales pour les échanges commerciaux à l’intérieur de l’Union Européenne ont disparu, d’où une simplification comptable et aussi fiscale pour les entreprises réalisant des opérations à l’intérieur des frontières européennes.
Cependant, ces problèmes de conversion demeurent pour les échanges avec les pays tiers, hors des limites de l’Union Européenne : conversion des créances et des dettes exprimées en euros par rapport au dollar, au yen par exemple.
A la date de l’inventaire, afin de respecter les principes généraux définis par le Plan Comptable Général, dont le principe de l’image fidèle, il est nécessaire d’évaluer avec exactitude, les créances et les dettes exprimées en monnaies étrangères, selon les cours des devises au jour de la clôture des comptes.
Se pose le problème de la conversion des devises en fonction des cours de change par rapport à l’unité monétaire européenne : l’euro. La variation du cours des devises peut faire varier la valeur des créances et des dettes d’où l’apparition d’un risque de change.
Ainsi, à la clôture de l’exercice peuvent apparaître :
• des gains latents de change, • des pertes latentes de change.
Il n’est pas possible de compenser les pertes et gains de change latents selon le principe de « noncompensation ».
Les pertes latentes conduiront logiquement, par respect du principe de prudence, à l’enregistrement d’une dotation aux provisions pour risques à caractère financier.
Au moment des encaissements des créances et des règlements des dettes seront constatés soit :
• des gains réels de change, comptabilisés dans les produits financiers,
• des pertes réelles de change, comptabilisées en charges financières, sans compensation.
Article 444-47 du PCG : « Les comptes 476 « Différences de conversion – Actif » et 477 « Différences de conversion – Passif » enregistrent les différences de conversion résultant de l’actualisation, au taux de change de fin d’exercice, des comptes de créances et de dettes libellées en monnaies étrangères.
Le compte 476 « Différences de conversion – Actif» est débité des pertes latentes par le crédit des comptes de créances ou des comptes de dettes selon qu’elles correspondent à une diminution des créances ou à une augmentation des dettes.
Le compte 477 « Différences de conversion – Passif » est crédité des gains latents par le débit des comptes de créances ou des comptes de dettes selon qu’elles correspondent à une augmentation des créances ou à une diminution des dettes. »
Ces comptes transitoires ou d’attente seront soldés, par des écritures d’extourne ou de contrepassation :
Pour les créances et les dettes trois dates doivent être repérées :
1°) A la date du contrat ou de la facturation :
• les factures reçues et émises sont libellées en monnaies étrangères,
• faire la conversion en Euros selon le cours du jour.
2°) A la date d'arrêté des comptes, lors des travaux d’inventaire :
• évaluation des créances et des dettes selon les cours à la date de l’inventaire,
• enregistrement d’un gain latent de change ou d’une perte latente de change avec dotation aux provisions (principe de prudence).
3°) A la date de règlement de la dette ou d’encaissement de la créance :
• enregistrement des paiements des factures reçues et encaissements des factures émises selon le cours du jour du règlement,
• constat d’un gain réel de change ou d’une perte réelle de change.
Les traitements comptables suivent la chronologie des différentes opérations soit :
(1) dont droits de douane
(2) TTC si transitaire
(3) pas d'intermédiaire
Puis constitution d’une provision pour risque d’un montant égal à la perte latente de change.
Il est possible de contrepasser les écritures relatives aux diférences de conversion. Sinon, les comptes de différences de conversion seront soldés lors des enregistrements des flux financiers définitifs.
En fonction de l’évolution des cours des devises, un ajustement de la provision pour pertes de change devra être effectué par dotation ou par reprise.
Article 342-6 « Lorsque les circonstances suppriment en tout ou partie le risque de perte, les provisions sont ajustées en conséquence. Il en est ainsi … lorsque l’opération traitée en devises est assortie par l’entité d’une opération symétrique destinée à couvrir les conséquences de la fluctuation du change, appelée couverture de change, la provision n’est constituée qu’à concurrence du risque non couvert… »
Pour couvrir en partie le risque de change, elle emprunte simultanément 40 000 $.
Le 31/12/200N, le cours est de 1 € = 1,25 $.
TRAVAIL A FAIRE: en utilisant l’annexe ci-après :
• Annexe : Bordereau de saisie – Journal unique
1°) Calculer les différents gains et pertes de change ainsi que le montant de la provision nécessaire au 31/12/200N.
2°) Comptabiliser les écritures nécessaires.
• Perte latente sur la créance :
(60 000 / 1.20) – (60 000 / 1.25) = 50 000 € - 48 000 € = 2 000 €.
• Gain latent sur dette d’emprunt :
(40 000 / 1.20) – (40 000 / 1.25) = 33 333,33 – 32 000 = 1 333,33 €.
• Provision pour risque de change nécessaire au 31/12/200N :
2 000 – 1 333,33 = 666,67 €.
Les entreprises et commerces qui détiennent des espèces en devises doivent convertir leurs avoirs à la fin de l’exercice en €.
Il en découle un gain réel ou une perte réelle de change.
1°) Cas de gain réel de change :
2°) Cas de perte réelle de change :
Les opérations de crédits bancaires en devises peuvent générer elles aussi des gains réels ou des pertes réelles de change.
1°) Cas de gain réel de change :
2°) Cas de perte réelle de change :
Cas des exportations vers des clients installés dans des pays tiers, hors zone Euro.
Le 02/03/200N : vente de marchandises à un client américain. Le montant net de la facture s’élève à 4 000 $.
Cours de l’Euro : 1 € = 0,9000 $ ou 1 $ = 1 / 0,9 = 1,11111 € Le 31/12/200N (date de fin d’exercice) :
Cours de l’Euro :
• Cas 1 : 1 € = 0,8800 $ ou 1$ = 1 / 0,88 = 1,13636 €
• Cas 2 : 1 € = 0,9300 $ ou 1$ = 1 / 0,93 = 1,07526 €
Le 11/04/200N+1 : encaissement de la créance par virement bancaire
Cours de l’Euro :
• Cas 1 : 1 € = 0,8700 $ ou 1 $ = 1 / 0,87 = 1,14943 €
• Cas 2 : 1 € = 0,9400 $ ou 1 $ = 1 / 0,94 = 1,06383 €
TRAVAIL A FAIRE: en utilisant les annexes suivantes :
En envisageant le cas 1 :
1°) Evaluer le montant de la créance et les différences de change.
2°) Présenter les écritures nécessaires : le jour de la vente, à la clôture de l'exercice 200N, à l'ouverture de l'exercice 200N+1 et à la date d'encaissement de la créance en 200N+1.
En envisageant le cas 2 :
3°) Evaluer le montant de la créance et les différences de change.
4°) Présenter les écritures nécessaires : le jour de la vente, à la clôture de l'exercice 200N, à l'ouverture de l'exercice 200N+1 et à la date d'encaissement de la créance en 200N+1.
Le 02 mars 200N :
• Cours de l'Euro : 1 € = 0,9000 $ => 1 $ = 1 / 0,9 = 1,11111 €
• Créance initiale = 1,11111 x 4000 = 4 444,44 € Le 31 décembre 200N (date de fin d'exercice) :
• Cours de l'Euro : 1 € = 0,8800 $ => 1$ = 1 / 0,88 = 1,13636 €
• Créance = 1,13636 € x 4 000,00 = 4 545,44 € Le 11 avril N+1 :
• Cours de l'Euro : 1 € = 0,8700 $ => 1 $ = 1 / 0,87 = 1,14943 €
• Encaissement = 1,14943 € x 4 000,00 = 4 597,72€
Le 02 mars 200N :
• Cours de l'Euro : 1 € = 0,9000 $ => 1 $ = 1 / 0,9 = 1,11111 €
• Créance initiale = 1,11111 x 4000 = 4 444,44 € Le 31 décembre 200N (date de fin d'exercice) :
• Cours de l'Euro : 1 € = 0,9300 $ => 1$ = 1 / 0,93 = 1,07526 €
• Créance = Créance = 1,07526 € x 4 000,00 = 4 301,04 € Le 11 avril N+1 :
• Cours de l'Euro : 1 € = 0,9400 $ => 1 $ = 1 / 0,94 = 1,06383 €
• Encaissement = 1,06383 € x 4 000,00 = 4255,32 €
Cas des importations auprès de fournisseurs implantés dans des pays tiers, hors zone Euro.
Le 06 septembre 200N : achat de marchandises à un fournisseur japonnais. La facture reçue s'élève à 1 000 000,00 JPY.
Cours de l'Euro le 31 décembre 200N (date de fin d'exercice) :
• Cas 1 : 1 € = 108,00 JPY ou 1 JPY = 1 / 108 = 0,00926 €.
• Cas 2 : 1 € = 111,00 JPY ou 1 JPY = 1 / 111 = 0,00901 €.
Cours de l'Euro le 11 avril 200N+1 (paiement de la dette par virement bancaire) :
• Cas 1 : 1 € = 109,00 JPY ou 1 JPY = 1 / 109 = 0,00917 €.
• Cas 2 : 1 € = 112,00 JPY ou 1 JPY = 1 / 112 = 0,00893 €
TRAVAIL A FAIRE: en utilisant les annexes suivantes :
• Annexe 1 : Bordereau de saisie (à compléter pour le cas 1).
• Annexe 2 : Bordereau de saisie (à compléter pour le cas 2).
En envisageant le cas 1 :
1°) Evaluer le montant de la dette et les différences de change.
2°) Présenter les écritures nécessaires : le jour de l'achat, à la clôture de l'exercice 200N, à l'ouverture de l'exercice 200N+1 et à la date de paiement de la dette en 200N+1.
En envisageant le cas 2 :
3°) Evaluer le montant de la dette et les différences de change.
4°) Présenter les écritures nécessaires : le jour de l'achat, à la clôture de l'exercice 200N, à l'ouverture de l'exercice 200N+1 et à la date paiement de la dette en 200N+1.
Le 06 septembre 200N :
• Cours de l'Euro : 1 € = 110,00 JPY => 1 JPY = 1 / 110 = 0 ,009909 €
• Dette initiale = 0,009909 € x 1 M JPY = 9 090,00 € Le 31 décembre 200N :
• Cours de l'Euro : 1 € = 108,00 JPY => 1 JPY = 1 / 108 = 0,00926 €
• Dette = 0,0926 € x 1 M JPY = 9 260,00 € Le 11 avril 200N+1 :
• Cours de l'Euro : 1 € = 109,00 JPY => 1 JPY = 1 / 109 = 0,00917 €
• Paiement = 0,00917 € x 1 M JPY = 9 170,00 €
Le 06 septembre 200N :
• Cours de l'Euro : 1 € = 110,00 JPY => 1 JPY = 1 / 110 = 0 ,009909 €
• Dette initiale = 0,009909 € x 1 M JPY = 9 090,00 € Le 31 décembre 200N :
• Dette = 0,00901 € x 1 M JPY = 9 010,00 € Le 11 avril 200N+1 :
• Cours de l'Euro : 1 € = 112,00 JPY => 1 JPY = 1 / 112 = 0,00893 € • Paiement = 0,00893 € x 1 M JPY = 8 930,00 €
Lors du passage du résultat comptable de l’exercice au résultat fiscal des réintégrations et déductions doivent être réalisées (tableau n° 9 « Détermination du résultat fiscal » DGI n° 2058 A).
• Les gains latents de change sont imposables d’où leur réintégration.
• A contrario, les pertes latentes de change sont déductibles fiscalement.
• Pour éviter une double déduction (pertes latentes et dotations aux provisions), les dotations aux provisions pour pertes de change doivent être réintégrées
• A l’inverse, les reprises de provisions pour pertes de change sont déductibles.
Une société d'Import-Export réalise des opérations avec des fournisseurs et des clients implantés dans de nombreux pays situés hors de la zone Euro.
Le 31 décembre 200N, à la date de fin d'exercice, l'état des créances et des dettes en devises est le suivant :
Au 31 décembre 200N-1, une provision pour risques de change avait été constituée pour 500,00 €.
Le résultat d'exploitation de l'exercice 200N s'élève à 20 000,00 €.
Les pertes réelles de change de l'exercice 200Ns'élèvent à 900,00 €.
Les gains réels de change de l'exercice 200N s'élèvent à 800,00 €.
TRAVAIL A FAIRE: en utilisant les annexes suivantes :
• Annexe 1 : Tableau de calcul des gains et pertes latents de changes (à compléter).
• Annexe 2 :Bordereau de saisie (à compléter).
• Annexe 3 :Tableau d'évaluation du résultat comptable (à compléter).
• Annexe 4 :Tableau d'évaluation du résultat fiscal (à compléter).
1°) Compléter le tableau de calcul des gains et pertes latents de changes(ne pas tenir compte de la TVA).
3°) Evaluer le résultat comptable de l'exercice 200N.
4°) Déterminer le résultat fiscal de l'exercice 200N.
Client BROWN : | Client YOKO : |
5 600.00 € = 5 000.00 $ x 1.12 | 17 600.00 € = 2 000 000.00 JPY x 0.0088 |
5 400.00 € = 5 000.00 $ x 1.08 | 18 000.00 € = 2 000 000.00 JPY x 0.0090 |
200.00 € = 5 600.00 - 5 400.00 => Perte | 400.00 € = 18 000.00 - 17 600.00 => Gain |
200.00 € = Provision car perte latente | 0.00 € = Pas de provision car gain latent |
5 750.00 € = 5 000.00 $ x 1.15 | 17 200.00 € = 2 000 000.00 JPY x 0.0086 |
150.00 € = 5 750.00 -5 600.00 => Gain | 400.00 € = 17 600.00 -17 200.00 => Perte |
Client JAKSON : | Client YAMAMOTO : |
3 180.00 € = 3 000.00 $ x 1.06 | 11 040.00 € = 1 200 000.00 JPY x 0.0092 |
3 240.00 € = 3 000.00 $ x 1.08 | 10 800.00 € = 1 200 000.00 JPY x 0.0090 |
60.00 € = 3 240.00 - 3 180.00 => Perte | 240.00 € = 11 040.00 - 10 800.00 => Gain |
60.00 € = Provision car perte latente | 0.00 € = Pas de provision car gain latent |
3 420.00 € = 3 000.00 $ x 1.14 | 10 560.00 € = 1 200 000.00 JPY x 0.0088 |
240.00 € = 3 420.00 -3 180.00 => Perte | 480.00 € = 11 040.00 -10 560.00 => Gain |