Les acteurs de l’economie et leurs relations d’echanges

Les acteurs de l’économie et leurs relations d’échanges
I. Les agents économiques et leurs opérations
L’approche macro-économique exige le regroupement en quelques catégories pertinentes des millions de participants à la vie économique et des millions d’opérations d’échange effectuées quotidiennement.
- Un agent économique est un centre de décision économique indépendant
A. Les participants à la vie économique
Les économistes utilisent la notion d’agent économique. Dans un souci d’homogénéisation, la comptabilité nationale dénomme les agents « unités institutionnels ».
Les unités institutionnelles sont regroupées en secteurs institutionnels. Un secteur institutionnel est un ensemble d’unités institutionnelles qui ont un comportement économique semblable.
La comptabilité nationale distingue six secteurs institutionnels résidents (les sociétés et quasi-sociétés non financières, les institutions financières, les entreprises d’assurances, les administrations publiques, les administrations privées, les ménages) et un secteur institutionnel non résident (le reste du monde).
Une unité institutionnelle est considérée comme résidente si elle a un centre d’intérêt sur le territoire économique (les DOM TOM ne sont pas considérés comme territoires économiques et font partie du « reste du monde »). On considère qu’une unité institutionnelle a un centre d’intérêt sur le territoire si elle réalise des opérations économiques sur ce territoire pendant un an ou plus
B. Les opérations des agents économiques
La comptabilité nationale distingue trois catégories d’opérations entre les agents économiques : les opérations sur biens et services, les opérations de répartition et les opérations financières.
1. Les opérations sur biens et services
Elles indiquent la provenance et la destination des biens et services.
Opérations sur biens et services :
- Ressources : production, importationsØ
- Emplois : consommation finale, consommation intermédiaire, investissements, variation desØ stocks, exportations.
…
C. La représentation des opérations des agents économiques
On peut représenter les opérations des agents économiques par des comptes ou, pour l’ensemble des agents, par un circuit économique.
1. Les comptes des secteurs institutionnels
Pour chaque secteur institutionnel, il est possible de présenter le compte des opérations réalisées au cours d’une année. Ce compte est décomposé en sous comptes qui enregistrent des flux monétaires : des flux de monnaie reçue, en ressource, et des flux de monnaie versée, en emplois. Les comptes sont nécessairement équilibrés car un déséquilibre signifierait que certains flux reçus n’auraient aucune affectation, ou que certains flux de monnaie versée seraient sans provenance.
2. La représentation des opérations par le circuit économique
Un circuit économique est une représentation modélisée de la réalité économique. Il s’agit d’identifier, de quantifier les principaux flux et opérations et d’en comprendre les grandes relations. L’élaboration d’un circuit économique relève d’une approche macro-économique ; cette dernière s’oppose à une approche micro- économique. On distingue alors quatre fonctions qui s’enchaînent : financement, production, répartition et dépense. Ainsi, la production conduit à la réalisation de biens et services à destination des agents économiques. Cette production entraîne une création de revenus qui sont ensuite répartis entre les agents, leur permettant de consommer, d’investir ou d’épargner. c’est en outre l’épargne de certains agents économiques qui permet à d’autres agent de financer leur production.
II. L’analyse de l’activité économique nationale
Toutes les grandes nations disposent d’une comptabilité nationale qui modélise la réalité économique complexe dans une optique « circuit ». Cette comptabilité enregistre toutes les opérations économiques (production, consommation, investissements, revenus…). Les résultats obtenus prennent la forme d’agrégats et de TES.
A. Les agrégats
- Les agrégats sont des grandeurs synthétiques qui mesurent les résultats de l’activité économique en termes de production et de revenu.
Le plus utilisé est produit intérieur brut (PIB), calculé à partir des valeurs ajoutées des entreprises. Mais en se situant à d’autres stades du circuit, la comptabilité nationale calcule également le produit national brut (PNB) et le revenu national.
…
b) Les agents à l’origine de la production non marchande
La quasi totalité (98%) de la production non marchande est réalisée par les administrateurs publiques, une plus faible part, par les administrateurs privée (2%). Les administrations publiques satisfont des besoins collectifs de sécurité, de justice, d’enseignement, de recherche, d’éclairage public, de défense nationale… Les administrations privées fournissent des services collectifs à leurs adhérents (associations culturelles et sportives, associations humanitaires et caritatives, syndicats, églises, partis politiques…).
c) L’évaluation de la production et du produit non marchand
La comptabilité nationale évalue la production non marchande à son coût de production.
Production non marchande = Consommations intermédiaires nécessaires à la production + rémunération des salariés et des fonctionnaires + impôts liés à la production payés par les administrations
Le produit intérieur brut non marchand est obtenu en déduisant les consommations intermédiaires du total de la production non marchande.
PIB non marchand = Production non marchande – consommations intermédiaires = rémunération des salariés et des fonctionnaires + impôts liés à la production + consommation de capital fixe
…
4. Les imperfections des agrégats Comme toute mesure globale, les agrégats ne fournissent qu’une évaluation imparfaite de la production et du revenu. De plus les agrégats comptabilisent des productions nuisibles : on reproche au PIB de ne pas tenir compte de la dégradation du capital écologique ou humain que la production occasionne et même de comptabiliser comme productions des dépenses liées à la lutte contre les nuisances générées par la production. A l’inverse, ils négligent les productions domestiques et les activités souterraines. Enfin, le PIB et le PNB constituent des indicateurs de bien être discutables, dans la mesure où la relation entre quantité produite et qualité de vie est loin d’être établie.
Rappels du programme et explications préalables
Choix opérés dans le programme :
Le scénario présenté traite à la fois des thèmes 1 « Quels acteurs créent la richesse ? » et 2
« Quelles sont les relations entre les acteurs économiques ? ».
Eléments du programme traités par le scénario :
Les notions du programme abordées sont celles des :
- opérations économiques,
- échanges,
- circuit économique.
Les acteurs économiques et leur catégorisation en agents sont aussi des notions construites par le cheminement de découverte proposé dans ce scénario, comme le suggère les indications complémentaires du programme : « Les différents acteurs économiques et les opérations qu’ils effectuent (consommation, production, investissement, etc.) seront identifiés ».
Pour ce qui est des notions du thème 2 : « L'étude des échanges entre acteurs mettra en évidence les différents flux (réels et monétaires) qu’ils entretiennent entre eux et aboutira à une présentation simplifiée du circuit économique ».
Transversalité et complémentarité avec d’autres disciplines enseignées en seconde :
La méthode de la cartographie choisie pour constituer la trace écrite de l’exploration de l’espace économique environnant le lycée est proche des habitudes des géographes. Les « capacités et méthodes » présentées en préambule du programme d’Histoire-Géographie de la classe de seconde mentionnent la capacité « identifier et localiser » déclinée en « nommer et localiser un lieu dans un espace géographique ».
Le scénario, tout en étant une exploration économique, est aussi celle d’un espace géographique.
Aussi est-il possible d’intéresser le collègue en charge de cet enseignement à la démarche.
Choix dans l’ordre de traitement des thèmes du programme et pré-requis :
Le scénario présenté ne conviendrait pas pour le commencement de l’enseignement des PFEG, il nécessite quelques pré-requis. Mais il est à mener en tout début d’année.
Les notions de « nature des biens économiques » et d’ « activité économique » sont à établir avec les élèves avant d’aborder le scénario. En revanche, la notion de rareté à acquérir dans le thème 1, peut être étudiée ensuite dans le cadre d’un autre scénario.
Choix didactiques :
Le principe de l’exploration est à prendre au sens propre dans ce scénario. C’est un cheminement physique et une exploration territoriale qui est proposé ici. Les élèves vont littéralement découvrir leur environnement économique, puisque l’exploration se fait dans la rue.
Mettre en place une telle démarche didactique en début d’année de PFEG permet de plonger les élèves dans l’enseignement d’exploration et de bien le différencier des enseignements de tronc commun. Ils adhéreront plus facilement ensuite à des « explorations » moins factuelles organisées sur support documentaire.
Le scénario ne propose aucun document support. L’étude est celle de l’environnement économique proche des élèves, autrement dit l’espace économique commun le plus facile d’accès pour la classe : la rue du lycée.
Il est à noter que ce scénario ne comporte pas de phase d’évaluation. Il s’agit d’un scénario de tout début d’année scolaire, l’idée a été de privilégier la démarche de l’exploration en laissant volontairement de côté la phase d’évaluation. C’est une façon d’accoutumer les élèves aux principes de l’enseignement d’exploration. L’évaluation sera intégrée aux scénarii d’exploration ultérieurs.
Choix pédagogiques :
Nous pouvons évoquer une pédagogie « hors les murs » : l’enseignement prend source dans l’observation du réel. Pour la première séance du scénario les élèves travaillent dans la rue.
Les consignes sont toutes données à l’oral et doivent être notées par les élèves sur leur cahier de travail. C’est ainsi l’occasion d’introduire l’utilisation du cahier comme outil de prise de note et de réflexion. La trace écrite sera d’abord constituée d’ « écrits intermédiaires » avant d’arriver à des « écrits de synthèse », l’ensemble du cheminement intellectuel étant consigné dans le cahier de travail. Ces formes d’écrit différencient également l’enseignement d’exploration des enseignements de tronc commun où le cahier-élève est souvent le lieu de l’écrit final support d’apprentissage post-réflexion.
Les traces écrites seront à la fois des rédactions et des dessins. La multiplicité des langages permet d’attirer les élèves en difficulté avec les usages scolaires de la langue et est en phase avec le choix d’exploration « géographique » de l’espace économique. Au besoin, selon la sensibilité du groupe-élève, il est possible de remplacer les dessins par des photographies prises lors de la sortie dans la rue.
Démarche
Séance 1 – Observation du quartier(durée : 1 h 30 + travail à la maison)
Organisation à prévoir en amont par l’enseignant :
Il est nécessaire de délimiter le périmètre d’exploration à la fois pour circonscrire la zone de sortie autorisée pour les élèves et pour repérer les quelques rues autour de l’établissement comportant assez de commerces ou de lieux d’activités représentatives de la diversité économique.
Les élèves doivent de leur côté prévoir un minimum de matériel nécessaire au déroulement de l’« exploration économique » du quartier :
- feuilles (ou cahier) de brouillon ;
- crayon de papier ;
- éventuellement la fonction appareil photo de leur téléphone portable.
Déroulement de la séance :
Consigne d’« exploration » à donner aux élèves :
1) Repérer différents lieux, différentes personnes, sources d’activité économique (remarques : la notion d’activité économique est un pré-requis à l’animation de cette première séance. D’autre part, l’enseignant se gardera de citer le terme d’« agent » pour permettre une réflexion ultérieure sur le concept).
2) Prendre en note (ou en photo) toutes les informations utiles dans l’espace géographique déterminé.
Les équipes de recherche pourront être autorisées pour ce moment d’exploration (4 élèves environ) afin de dynamiser la collecte. Toutefois il est important que chaque élève ait son propre relevé d’information. À ajouter
Travail à faire pour la séance suivante :
La séance de repérage dans la rue ne peut être utilisée telle quelle en classe. Elle nécessite une exploitation synthétique pour pouvoir être retraitée avec l’ensemble du groupe-élève par la suite.
Ainsi, les élèves ont à reprendre leurs notes à la maison.
Consignes de travail :
- Demander individuellement (plus question d’équipe) aux élèves de représenter une carte du quartier (ou de la rue) sur laquelle ils vont replacer les éléments qu’ils auront observés lors de la sortie.
- La carte pourra se présenter sous la forme de dessin, schéma ; elle pourra éventuellement être illustrée de photos prises lors de l’exploration.
Il est important que le travail soit fait « à la main » (donc pas de logiciel de cartographie, ni de Google map) car l’échelle, certainement peu rigoureuse qu’ils vont adopter va refléter l’importance qu’ils donnent à chaque élément. On peut conseiller aux élèves de faire ce travail sur une grande feuille de type A3 (ou deux feuilles A4 collées) pour que ce soit plus visuel.
…
Séance 2 – Découverte des agents économiques(durée : 1 h 30)
Organisation à prévoir par l’enseignant :
Matériellement pour animer la séance 2, il est nécessaire d’être équipé de feutres de couleur pour le tableau blanc (ou de craies), de pastilles adhésives (de type « patafix ») ou de ruban adhésif, de feuilles A4 en grand nombre.
Chaque élève devra avoir réalisé la carte demandée et l’avoir apportée en classe pour que le travail puisse être réalisé. Il lui sera demandé également de venir avec, outre son cahier de travail habituel, une série de crayons de couleur.
Déroulement de la séance :
Consignes à donner aux élèves :
1) Demander aux élèves de choisir deux ou trois lieux ou personnes (encore une fois, l’enseignant veillera à ne pas parachuter la terminologie exacte « agent économique » pour se réserver la possibilité de la faire découvrir par les élèves en fin de séance.
Toutefois, si un ou des élèves emploient ce terme ou un vocable proche, il ne serait pas judicieux de ne pas l’exploiter dès lors. Dans ce cas, l’explication de la notion d’ « agent économique » évoquée en consigne 3, sera formalisée dès cette consigne 1) figurant sur leur carte et les représenter sur une feuille A4 préalablement distribuée en début de séance (un lieu ou une personne par feuille).
Exemples de représentations réalisées par des élèves :
2) Faire positionner par les élèves sur le tableau (grâce aux pastilles adhésives) les différentes feuilles A4. Préciser qu’il faut regrouper les éléments en catégories ; aux élèves de déterminer les groupes pertinents. Exemple : la Mairie avec le lycée ; l’hôtel avec le restaurant et le fleuriste ; les banques ensemble…
Vue générale d’un regroupement fait au tableau par la classe-test :
…
Pour faciliter l’animation de la séance, le professeur peut être le porte-parole des élèves et coller lui-même les feuilles A4 au tableau selon les propositions de regroupement des élèves. Il peut ainsi guider la réflexion de la classe et éviter les catégorisations malheureuses. Toutefois il veillera à ne pas précéder les élèves et les laisser réfléchir, débattre et déterminer eux-mêmes le tri des activités économiques.
Réflexion à l’oral à animer avec l’ensemble du groupe-classe :
3) Faire émerger les catégories d’agents économiques.
Le professeur fera ensuite réfléchir les élèves sur la façon de nommer les catégories qu’ils ont déterminées. Il est intéressant de les laisser choisir eux-mêmes un terme décrivant la composition de chaque groupe. Ce n’est qu’ensuite que le professeur apportera la connaissance de la terminologie classique de :
- agent économique pour désigner les regroupements ;
- entreprises ;
- banques ou sociétés financières ;
- Etat ;
- ménages.
Exemples de regroupements titrés lors du test de ce scénario en classe :
4) Faire définir la notion d’agent économique.
Le travail de définition n’est qu’une reprise synthétique de tout le raisonnement mené au travers de cette manipulation concrète. Le professeur pourra faire formuler les élèves à l’oral et reprendre la définition la plus représentative à la fois des attendus disciplinaires et des propositions de la classe.
Trace écrite :
Les élèves notent en fin de séance dans leur cahier (ou classeur) de travail la définition d’un agent économique telle qu’elle a été formulée à l’oral et la liste des catégories avec leur désignation académique suivie des termes proposés par la classe.
Séance 3 – Réalisation d’un circuit simplifié(durée : 1 h 30)
Organisation à prévoir par l’enseignant :
Les élèves devant tracer un circuit économique et travailler sur leur carte, il leur sera demandé d’apporter, outre leur cahier de travail avec leur carte collée à l’intérieur, une série de crayons de couleur.
De son côté le professeur n’oubliera par de rapporter quelques feuilles A4 illustrant des exemples d’agents économiques, issues de la séance précédente.
Déroulement de la séance :
En introduction de séance, le professeur devra faire rappeler aux élèves les catégories d’agents évoquées lors de la séance précédente. Il les listera sous la dictée des élèves et les illustrera en fixant quelques pages A4 produites par les élèves à la séance précédente.
Etapes de travail :
1) À l’oral, demander aux élèves de réfléchir aux relations pouvant exister entre les groupes (ex : le fleuriste avec la banque ; la proviseure habitant le lycée avec la
Mairie…).
Ainsi les élèves vont faire émerger les grands types de relations économiques : production / consommation, travail / salaire, emprunt / remboursement avec intérêts, service public / impôts…).
2) Après avoir placé, de façon judicieuse, les feuilles A4 symbolisant un exemple pertinent par type d’agent économique, faire tracer par un élève l’ensemble des relations économiques existant entre chaque acteur représenté.
Un circuit économique simplifié apparaît.
Exemple de circuit économique élaboré par la classe-test :
3) À l’écrit, demander à l’élève de se positionner au centre de sa carte des acteurs du quartier puis de représenter les relations qu’il (ou ses parents) peut avoir avec les agents économiques.
Le professeur prendra soin de valider les schémas de flux (symbolisation des échanges économiques) seulement si le choix des élèves permet de montrer des échanges entre toutes les catégories d’agents économiques (ménages, entreprises, banques, État) pour tous les grands types de relations économiques (par souci de simplification, l’agent « Reste du Monde » n’est pas
pris en compte).
4) Interroger les élèves sur le nom qui pourrait correspondre au schéma réalisé et leur faire formuler une explication de ce qu’est un « circuit économique ».
Comme pour la terminologie des agents économiques, c’est en laissant les élèves proposer des dénominations différentes de « circuit économique » que le professeur réussira le mieux à faire accepter cette dernière comme valable.
Trace écrite :
Les élèves notent dans leur cahier (ou classeur) de travail la définition d’un circuit économique.
La carte des acteurs économiques du quartier peut rester une référence dans la classe pour la suite de la découverte de l’économie et de la gestion pendant l’année de seconde. L’affichage en classe n’étant pas toujours chose aisée, le professeur pourra photographier quelques cartes représentant le quartier et support de circuit économique pour le déposer sur une plateforme collaborative de type ENT